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La crise de l'urbanisme contemporain

Dans le document L'Homme et la Ville dans le monde actuel (Page 22-25)

I. La problématique urbaine

Que l'on puisse parler d'une crise de l'urbanisme, cela ne fait aucun doute. C'est une crise parmi toutes les crises dont la somme, l'ensemble ou plutôt les enchevêtrements et les interférences constituent la crise globale de notre civilisation et de notre société et le témoignage de ce qu'il est habituel d'appeler une mutation radicale, le terme « mutation » étant un terme favorable qui implique que l'on sache où l'on va alors que, dans la mutation de cette société, nous ne savons pas très bien où nous allons.

La crise de l'urbanisme est une crise de plus parmi ces multiples crises, de l'art, du langage, de l'éthique, et de toutes les régions et de toutes les activités de la pensée.

Je vais d'abord essayer de situer cette crise.

La ville est une réalité très ancienne, contemporaine des débuts de la civilisation et qui a probablement suivi de très près l'agriculture. Elle a été une réalité sociale pleine et ac- complie dans l'époque que les uns appellent pré-industrielle et que j'appellerais plutôt pré-capitaliste (c'est le même con- tenu dans deux langages différents. Cette réalité pleine et ac- complie - la cité antique, par exemple - a pris spontanément dans l'histoire plusieurs types. La cité gréco-latine n'est qu'un type ; à côté de ce type, on peut mentionner également la cité médiévale, assez différente, parce que la centralité de la cité antique est constituée par un lieu de rassemblement (agora ou forum), tandis que la centralité de la cité médiévale est constituée par le marché, ce qui situe ces deux types de villes dans deux modes de production différents. Mais il y a aussi la cité islamique, et la cité orientale dont l'étude, extrêmement

difficile, renvoie à une question que, peut-être, certains d'entre vous connaissent : celle du mode de production asiatique.

Cette ville, puissamment constituée et organique, dans le ca- dre de laquelle sont nées tant d'œuvres, dans le cadre de la- quelle est né ce que nous appelons encore la beauté, cette ville a éclaté avec l'industrialisation. L'industrialisation intervient comme un processus extérieur, mais lié à la ville parce que l'industrie, qui peut s'implanter en dehors et qui même, sou- vent, à ses débuts, s'implante en dehors, trouve, dans les villes anciennes, à la fois le marché, les sources de capitaux, les organes de l'accumulation du capital, la main-d'œuvre, ou tout au moins une partie de ces éléments sinon tous. De telle sorte que l'industrie naissante livre un assaut gigantesque, depuis quelques siècles, aux villes anciennes, à ces villes qui incarnaient et réalisaient la beauté terrestre. On ne compte plus les villes saccagées. Mais il ne s'agit pas seulement de vil- les saccagées, il s'agit d'éclatement de la ville, avec la pro- duction de ces débris que sont les périphéries et les banlieues.

Ceci n'est pas nouveau. Cela a été largement et longuement décrit par d'excellents auteurs, par exemple par Lewis Mum- ford dans un livre célèbre. Mais ce qu'il faut remarquer, c'est que l'impact de l'industrie sur la ville, sur la réalité urbaine, ne se réduit pas à cette destruction, à ce choc, à ce saccage.

L'industrie, dans sa croissance et son développement, tend à l'urbanisation de la société tout entière. C'est-à-dire que - situation paradoxale - l'éclatement de la ville accompagne l'urbanisation globale de la société. Et c'est ce qui marque l'étape où nous sommes. Nous tendons vers une société entiè- rement urbaine, mis à part les îlots de non-développement ou de sous-développement qui, dans les pays industriels déve- loppés, sont des taches destinées à être réduites.

Donc, une urbanisation à cent pour cent, dans laquelle même les paysans ou les producteurs agricoles habiteront des agro- villes : la société qui se forme, c'est la société urbaine.

Premier aspect : éclatement de la ville ; deuxième aspect : urbanisation globale de la société. Voilà où nous en sommes.

Ces phénomènes ont, pour le sociologue (je parle ici person-

Comment penser la ville ? Peut-on mettre en formule l'équation de l'habitat humain ? Quelles sont les méthodes proposées et leurs mérites respectifs ? Désert ou prison, la ville engendre- t-elle la violence ? Y a-t-il un remède à ce mal du monde actuel ?

« La véritable société urbaine - écrit Jean Onimus dans sa présentation de ce troisième volume de la collection du

« Centre d'Etudes de la Civilisation contemporaine » - n'existe pas encore. Son approche angoisse les uns, exalte les autres.

Nous dérivons inéluctablement vers un type d'habitat qui ne nous enchante guère. Mais la ville est la plus forte : elle est notre destin. »

Sociologues, géographes, urbanistes, architectes s'interrogent ici sur ce défi lancé à l'homme par la vie urbaine.

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Dans le document L'Homme et la Ville dans le monde actuel (Page 22-25)

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