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Courtier d’assurance, un métier méconnu !

Les entreprises algériennes sont très mal assurées. Un constat partagé par les spécialistes du secteur, et confirmé lors du séminaire sur les assurances des entreprises organisé, le 6 novembre dernier à Alger, par la Compagnie centrale de réassurance (CCR).

Par Nadia Aït Larbi

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Cependant, le courtier se charge malgré tout de la gestion considérant que c’est un accompagnement nécessaire et le seul moyen de fidéliser son client. Pourtant, il n’est pas rémunéré pour ce volet de sa prestation. C’est un handicap des plus contraignants, poussant les plus hardis à renoncer à s’y engager.

Aujourd’hui, il n’y a que 28 courtiers d’as-surance à travers tout le pays. La plupart sont des retraités qui ont la sécurité de leur pension durant les jours difficiles. Ce n’est pas le cas de Kouider Boutra et Noura Fer-roukhi du cabinet Maher Assurance, crée initialement par leur ami, aujourd’hui décé-dé, M. Yacine Benlalam, juste par passion pour ce secteur d’activité.

« Nous faisons ce travail par amour et nous voulons réellement avancer. Notre rêve c’est de bâtir une grande société de cour-tage et de renforcer notre effectif. Nous avons tout abandonné pour cet objectif et nous tenons à le réaliser. Contrairement à beaucoup d’autres, nous n’avons pas de retraite ni aucune sécurité financière. Nous sommes, toutefois, décidés à relever le défi, mais pour cela, nous souhaiterions que l’association des courtiers Algériens soit mieux reconnue car elle constituera le cadre légal pour défendre au mieux les in-térêts de la corporation. Ceci permettra à coup sûr de garantir le développement de ce métier encore méconnu en Algérie », plaident les dirigeants du cabinet Maher Assurance.

Les entreprises ne paient rien pour les ser-vices rendus par le courtier, c’est la compa-gnie d’assurance qui s’en charge. Cepen-dant, peu d’entreprises demandent au courtier de les accompagner.

D’autre part, les courtiers souhaiteraient que les compagnies d’assurance appré-cient d’avantage leurs services en tant que valeur ajoutée et les considèrent comme des partenaires et non pas des concur-rents.

Insistant sur l’importance du rôle du cour-tier d’assurance dans l’achat d’un meilleur

contrat, M. Ouadah Hocine, également courtier, rappelle: «Si on est mal assuré, on est mal indemnisé et il est impossible de reconstituer son outil de production». En outre, «le courtier a une responsabilité ci-vile vis-à-vis de son client. Si demain, il y a un mauvais conseil qui est fourni à l’assuré et qu’après un sinistre il est constaté une insuffisance de couverture, l’assuré peut se retourner contre le courtier et lui récla-mer une réparation du préjudice subi», pré-cise-t-il.

Par ailleurs, et en plus de la protection juri-dique, M. Ouadah insiste sur la nécessité de susciter l’intérêt des jeunes pour inté-grer ce métier. « Il faut qu’il y ait relève pour, à la fois, protéger les entreprises et promouvoir l’assurance, de façon géné-rale, en Algérie », conclu-t-il.

N. A. L.

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M. Abdelaziz Boudraâ , Président de l’Association nationale des Courtiers d’assurance

«Il y a un climat hostile à l’exercice de notre métier»

Entretien réalisé par Nadia Ait Larbi

Créée il y a une année, l’Association nationale des courtiers d’assurance est dans l’attente de son agrément. Dans cet entretien, son président, M. Boudraâ Abdelaziz exprime la détermination de ses collègues de profession à défendre la notoriété du métier et à le faire connaitre au grand public.

La revue de L’ASSURANCE : Pour com-mencer, voulez-vous nous présenter votre association…

M. Abdelaziz Boudraâ : L’association des courtiers d’assurance est née de la volonté de ses membres de se constituer en orga-nisation conforme à la loi. Nous avons dé-posé, il y a près d’une année, notre dossier de demande d’agrément au niveau du mi-nistère de l’Intérieur et des Collectivités Locales. Mais à ce jour, notre demande n’est toujours pas satisfaite par le ministère

de l’Intérieur, qui nous a demandé de nous rapprocher des services du ministère du Commerce pour avoir leur accord. Ce der-nier ne voit pas d’inconvénient à nous déli-vrer l’agrément. Donc, nous attendons tou-jours notre agrément.

Cette situation vous empêche-t-elle d’activer ?

Le blocage administratif de notre dossier d’agrément ne nous a pas empêchés d’ac-tiver. Nous avons tenu, dernièrement, deux assemblées générales, à l’issue des-quelles nous avons décidé de mettre sur pied des commissions de travail chargées d’examiner plusieurs projets qui intéressent notre profession. Entre autres, un projet de code moral et éthique, un projet de code de déontologie devant régir nos relations avec les compagnies d’assurance, et une étude sur la révision des conditions d’exercice et des protocoles d’accord, c’est-à-dire tout ce qui touche à nos relations avec les so-ciétés d’assurance. L’activité internationale est une autre question qui nous préoccupe, nous voulons savoir pourquoi le courtier algérien n’a-t-il pas le droit de pratiquer le courtage en réassurance?

L’activité de courtier d’assurance exis-tait déjà au lendemain de l’indépen-dance, toutefois elle reste très peu connue en Algérie. Pourquoi?

En réalité, il n’y avait pas, du moins à ma

connaissance, de courtiers algériens à l’in-dépendance. Il y avait des compagnies françaises et des représentants de cabi-nets de courtage étrangers. L’activité a dis-paru des radars à partir de 1966 avec la nationalisation des banques et des assu-rances, pour ne réapparaître qu’en 1995 avec l’ordonnance 95-07 qui a levé le mo-nopole de l’Etat sur l’activité des assu-rances.

L’éclipse du métier a duré presque 30 ans, cela veut dire que toute une génération d’Algériens ne sait pas ce qu’est un cour-tier d’assurance, alors que sous d’autres cieux, comme en Tunisie et au Maroc, le métier a évolué normalement.

En Algérie, le plus ancien des courtiers to-talise 14 à 15 ans de pratique. Les pre-miers courtiers ont vu le jour en 1998/1999.

Personnellement, j’ai été agréé en 1999.

Deux de mes collègues ont reçu leur agré-ment en 1998. D’autres sont venus après nous. Aujourd’hui, nous sommes 28 cour-tiers d’assurance en exercice au niveau national.

28 courtiers seulement en activité, cela semble très peu ?

C’est très peu effectivement, alors que le marché est demandeur. La loi est ouverte à toutes les demandes d’agrément et la Commission d’agrément se réunit chaque fois qu’il y a demande. Il n’y a pas de res-trictions, mais il n’y a pas de demandes.

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Il n’y a pas de demandes d’agrément?

Pour qu’elle raison?

Il y en a peu et cela pour plusieurs raisons.

En premier lieu, le climat hostile à cause des mentalités rétrogrades de certains res-ponsables de compagnies d’assurance qui continuent d’avoir l’esprit du monopole. Au lieu de collaborer avec le courtier et de le considérer comme un acteur du marché, ces derniers font tout pour le neutraliser, convaincre l’assuré de se passer de ses services et de travailler directement avec la compagnie, allant jusqu’à leur proposer une réduction de la prime d’assurance. Je dis bien certains responsables de compa-gnies, pas tous heureusement. Il y a des cadres et des compagnies qui honorent la profession et avec qui nous collaborons très bien. Je leur rends hommage. En pa-rallèle, il y a quelques égarés qui conti-nuent dans ces pratiques illégales.

L’autre facteur décourageant, c’est que le courtier est seul. A l’opposé de l’Agent gé-néral d’assurance, le courtier n’est pas aidé. L’Agent général d’assurance est as-sisté par la société d’assurance parce que c’est son agent, il bénéficie de tous les moyens logistiques et de gestion, de même que de la formation. Le courtier, lui, est in-dépendant, il a le statut de commerçant.

C’est comme la compagnie d’assurance, à la différence qu’ils ne représentent pas les mêmes intérêts. Le courtier d’assurance n’est assisté par aucune partie, s’il a le sa-voir-faire, il a des chances de réussir. S’il ne l’a pas, il n’ira pas loin. Nous avons en-registré beaucoup de départs. Nous n’avons jamais dépassé la trentaine de courtiers au niveau national.

Il y a aussi cette histoire de suppression de la gestion qui vous dérange…

Justement, cela est un autre problème et des plus contraignants. Auparavant, le courtier percevait les deux commissions

«apport» et «gestion», mais, depuis deux ans, il n’en perçoit qu’une seule, celle de l’apport, liée au volume d’affaires que le courtier apporte au bénéfice du portefeuille de la compagnie d’assurance.

La «commission de gestion», c’est la prise en charge de toutes les procédures, de la déclaration jusqu’au stade de règlement.

La formalisation des dossiers nécessite un savoir-faire et un suivi que le courtier fait pour le compte de la compagnie.

La « commission de gestion » a été suppri-mée, il y a environ deux ans, suite à un conflit entre une compagnie et un courtier.

C’est une décision de la Commission de supervision des assurances qui s’est basé sur l’article 22 du décret régissant l’activité d’intermédiaire.

De toutes manières, nous allons revenir à la charge parce que nous avons un avis contraire à la décision de la Commission de supervision. Certes, l’article 22 ne parle pas de « commission de gestion », il ne l’interdit pas non plus. Et ce qui n’est pas interdit, peut être permis. D’autre part, à mon avis, rien n’empêche deux commer-çants, courtier et compagnie, de s’entendre sur n’importe quoi, si ce n’est pas contraire à la réglementation et à l’ordre public. Je vois mal l’administration s’immiscer dans des relations contractuelles et commer-ciales. Ailleurs, en Europe et un peu par-tout dans le monde, les courtiers sont ré-munérés normalement pour n’importe quelle tâche que la compagnie leur confie.

C’est laissé à l’appréciation contractuelle.

Malgré les contraintes, vous continuez quand même à exercer le métier ?

Nous continuons notre travail parce que nous y croyons. C’est un métier noble.

Qu’est-ce qu’il y a de plus noble que de prendre en charge un client qui ne connaît rien en les assurances et lui montrer ses droits et la manière de défendre ses inté-rêts?

Quelles sont vos attentes ?

Nous espérons améliorer davantage les relations avec les compagnies parce que ce sont nos partenaires. Nous devons tra-vailler en collaboration, avoir la même vi-sion, parce que finalement, nous servons qui ? Nous servons l’assuré. Je pense que cette vision de complémentarité doit pri-mer. Elle doit prendre le dessus. Nous ne sommes pas des concurrents des compa-gnies d’assurance. Nous sommes des compléments, bien que nous représentons les intérêts de l’assuré. Aussi, pour que nous puissions accomplir notre mission, nous espérons voir un jour toutes les com-pagnies dotées d’un système d’information adéquat. Actuellement, dans nos relations avec les compagnies, nous souffrons énor-mément d’une certaine bureaucratie due, à mon avis, au manque de système d’infor-mation fiable qui permet l’échange de l’in-formation, en aval et en amont, entre cour-tiers et compagnies d’assurance.

N. A. L.

International : La Microassurance

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L

a microassurance a connu un es-sor considérable dans le monde durant les six dernières années.

Entre 2008 et 2013, le nombre de bénéficiaires dans le monde a été multiplié par 6,4 comme l’indique le Fonds pour l’in-novation en microassurance de l’Organisa-tion Internal’Organisa-tionale du Travail (OIT).

Dans son rapport 2013, analysant l’évolu-tion de la microassurance au cours de

cette période, ce Fonds estime que 500 millions de personnes ont désormais accès à la microassurance, contre 78 millions seulement en 2008, tandis que 33 des 50 plus grandes compagnies d’assurance au monde offrent aujourd’hui des produits de microassurance, contre 7 seulement en 2005.

La microassurance est définie par l’OIT comme un mécanisme de protection des

personnes à faibles revenus contre les risques (accident, maladie, décès dans la famille, catastrophe naturelle, etc.) en échange du paiement de primes d’assu-rance adaptées à leur besoin et niveau de risque.

En gros, ce système d’assurance est une adaptation de services d’assurance clas-siques à une clientèle-cible : celle n’ayant

pas accès aux services ou mal desser-vie par le système d’assurance tradition-nel. Ce marché se localise naturellement dans les pays en voie de développe-ment où pullulent microfinances et mi-croactivités, véritables terreaux de ce nouveau système qui a fait son appari-tion durant les 20 dernières années en Afrique, Asie et Amérique latine.

Un système

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