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Des courses de chevaux animées par un même esprit carnavalesque

Chapitre 2. Un carnaval adapté au climat nordique

2. Le carnaval détroitien

2.1 L’environnement géographique, social et culturel de la région de Détroit

2.2.1 Des courses de chevaux animées par un même esprit carnavalesque

La fonction de divertissement associée aux surfaces gelées est très populaire auprès des francophones de la région. Comme au Canada, ils se déplacent en carriole pour se rassembler. Les principaux lieux extérieurs où ils se réunissent sont les ponts de glace. Ainsi, leur volonté de se regrouper dans un endroit lié à l’amusement expose le lien entre les promenades à cheval

folklore des Pays d’en haut au XIXe siècle : le témoignage de Marie Caroline Watson Hamlin, Francophonies

d’Amérique, nos 40-41 (automne 2015, printemps 2016), p. 163-184.

149 Marie Caroline Watson Hamlin, « 1813. La veille de l’Épiphanie », dans Le Détroit des légendes, Sudbury,

Ontario, La Société historique du Nouvel-Ontario, 1991, p. 157.

150 Benoît-Joseph Flaget, Carnet daté du 1er avril 1817 au 25 février 1818, Maison des Chartreux, Lyon, p. 19. 151 John Howison arrive au Bas-Canada en 1818. Il voyage ensuite à travers le Haut-Canada et ouvre un cabinet de

médecine à Saint Catharines. Il quitte l’endroit en 1820. À son retour en Écosse, il publie le récit de son séjour dans lequel on retrouve des informations géographiques, sociales et économiques sur la colonie canadienne. Pour plus de détails, voir Elizabeth Waterston et James John Talman, « HOWISON, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval / University of Toronto, 2003– , consulté le 13 juin 2018, http://www.biographi.ca/fr/bio/howison_john_8F.html.

152 John Howison, Sketches of Upper Canada, Domestic, Local, and Characteristic: to Which Are Added, Practical

Details for the Information of Emigrants of Every Class; and Some Recollections of the United States of America, Édimbourg, Oliver & Boyd, 1821, p. 200.

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et le côté festif du carnaval. La meilleure façon de mettre en lumière ce lien est d’analyser le divertissement par excellence du pont de glace : les courses de chevaux. En 1833, l’auteur new- yorkais Charles F. Hoffman passe quelque temps à Détroit153. Dans le récit de son voyage, il

affirme que la passion première des francophones « is to turn out the fastest trotting pony when the carriole races commence on the ice at mid-winter154 ». À la même époque, un jeune avocat

américain nommé William C. Hoyt vient s’installer à Détroit. Il prétend que les francophones de la ville pratiquent de nombreux divertissements parmi lesquels figurent les courses de chevaux sur la glace en hiver155. Comme dans la vallée du Saint-Laurent, les moments

privilégiés pour s’affronter sur les cours d’eau gelés surviennent le dimanche à la sortie de l’église. Dans les années 1830, le géologue américain Bela Hubbard décrit que les jeunes hommes se disputent après la messe lors de compétions longues et trépidantes afin de savoir qui est le plus habile et le plus rapide156. En quittant le centre-ville, ils se dirigent à la hâte sur la

glace de la rivière Rouge157. De son côté, le militaire Friend Palmer assiste à l’une de ces courses

le jour de Noël158 :

The starting point was from in front of the residence of DeGarmo Jones (about where Third Street now is.) The objective points were usually Mother Weaver’s, near the foot of Twelfth Street, and “Coon” Ten Eyck’s, on the Rouge, this side of Dearborn. Major “Bob” Forsythe with his fast pony “Spider,” and Lieutenants Grant and

153 Charles F. Hoffman entame un voyage dans l’intérieur des États-Unis en 1833. Il passe par la Pennsylvanie,

l’Ohio, le Michigan, l’Indiana, l’Illinois et le Missouri. Pendant son périple, il écrit des lettres relatant ses aventures qui sont publiées dans le New-York American. En 1835, il décide de publier l’ensemble de ses lettres dans un récit de voyage. Pour plus de détails, voir Homer F. Barnes, Charles Fenno Hoffman, New York, Columbia University Press, 1930, p. 47-57.

154 Charles F. Hoffman, op. cit., p. 121.

155 Frederick Carlisle (éditeur), Chronography or Notable Events in the History of the Northwest Territory and

Wayne County, Détroit, O.S. Gulley, Bornman & Co. Printers, 1890, p. 41.

156 Bela Hubbart est né à Hamilton, dans l’État de New York, en 1814. En 1834, il déménage à Détroit pour

s’occuper de la ferme familiale qui vient d’être achetée. Au cours des décennies suivantes, il devient l’un des principaux géologues du territoire du Michigan. Vers la fin de sa vie, il écrit ses mémoires dans lesquels il fournit de nombreux détails sur la vie socioculturelle des habitants francophones au cours des années 1830, c’est-à-dire au moment où il est arrivé dans sa ville d’adoption. Pour plus de détails, voir « Bela Hubbard papers: 1837-1893 », dans Bentley Historical Library, University of Michigan, consulté le 14 juin 2018, https://quod.lib.umich.edu/b/ bhlead/umich-bhl-851637?view=text.

157 Bela Hubbard, Memorials of a Half-Century in Michigan and the Lake Region, New York et Londres, G. P.

Putnam’s Sons, 1888, p. 141.

158 Friend Palmer est né en 1820. À l’âge de sept ans, il déménage avec sa famille à Détroit. Avant d’occuper une

carrière d’officier dans l’armée, il travaille dans l’industrie des reliures de livre et se montre très actif dans le secteur immobilier. Peu avant sa mort, il publie ses mémoires dans lesquels il relate de nombreuses informations sur la vie socioculturelle des francophones de Détroit au cours des années 1830. Pour plus de détails, voir « Friend Palmer », dans Historic Elmwood Cemetery & Foundation, consulté le 14 juin 2018, https://www.elmwoodhistoriccemetery. org/biographies/friend-palmer/.

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Henry, U. S. A., Cicotte, Daniel J. Campau, the Beaubiens, etc., all with the most spirited French nags, made things hum. There are some, perhaps, that can call to mind the races on the avenue and on the river in that far off time, when all hearts with youth and pleasure bounded159.

Cette description montre que les francophones semblent avoir inculqué à leurs concitoyens anglophones le goût de s’affronter sur la glace. Toujours selon Palmer, les courses se font surtout nombreuses le dimanche lorsque les habitants se rendent à l’église. Ces compétitions équines sur la glace de la rivière Rouge l’inspirent tellement qu’elles sont à la source de l’un de ses poèmes :

The rapid pacers come and go Like phantoms o"er the beaten snow And jumper, cutter, train and pung, Behind the nimble ponies swung. The swan neck carioles make the scene Lively with scarlet gold and green, The brightest pacers, roan and bay. Caper like little boys at play,

And toss their heads as if they knew As much as human horses do160.

Ce poème offre une image certes très champêtre des courses de chevaux, mais en insistant sur leur côté joyeux, ludique et festif, il montre que ce ne sont pas uniquement des affrontements âprement disputés entre les habitants. Elles servent aussi à se distraire dans une ambiance conviviale où l’esprit compétitif ne règne pas nécessairement en maître absolu.

Dans son roman dont l’action se déroule à Détroit dans les années 1830, l’auteur Orlando Bolivar Willcox met en scène la sociabilité hebdomadaire qui a lieu tous les dimanches de l’année, c’est-à-dire les gens des villages environnants qui se rassemblent dans la ville pour assister aux courses de chevaux161. Willcox raconte que ces courses ne se déroulent pas

uniquement en hiver, mais prennent une ampleur remarquable lorsque le pont de glace se forme :

159 Friend Palmer, Early Days in Detroit, Détroit, Hunt & June, 1906, p. 669-670. 160 Ibid., p. 573.

161 Orlando Bolivar Willcox est né à Détroit en 1823. Au cours de son enfance et de son adolescence, il côtoie de

nombreux francophones de l’endroit. À l’âge adulte, il s’engage dans l’armée américaine et participe à la guerre américano-mexicaine et à la guerre de Sécession. Il est également écrivain. En 1856, alors qu’il est en service, il publie un roman qui se déroule dans le Détroit des années 1830 et qui met en scène de manière bucolique plusieurs épisodes de la vie quotidienne des habitants francophones de la ville. Pour plus de détails, voir « Orlando Bolivar Willcox: Heroic Author », dans Dave Dempsey et Jack Dempsey, Ink Trails II: Michigan’s Famous and Forgotten Authors, East Lansing, Michigan State University Press, 2016, p. 153-164.

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Especially, was there ever anything like it in the winter season, when the wicked river would even wink at these atrocities by freezing over, so that nothing was seen on Sunday afternoons but carioles turned up in front, in a curl like a skate, gliding, or rather flying, over the ice, two and two? The little Canadian ponies held their tails up in the air like banners, and their noses protruding into the clouds, or snorting between their legs—they trotting like mad, while the garçons whooped like Indians, shouting, whey ! avance ! arriez ! ever and anon stealing a flashing kiss from the bright demoiselles at their sides162.

La description de l’auteur américain ressemble beaucoup à celle de George Barnard. Comme au Canada, les habitants francophones profitent de la fin de la messe pour se rassembler pêle-mêle sur la rivière glacée. Au milieu de leurs déambulations, ils aiment initier une course avec le cocher de la carriole qui se retrouve à côté d’eux. Ces courses spontanées se succèdent rapidement l’une à la suite de l’autre, comme si l’enjeu et le résultat importent peu à leurs yeux. De plus, le sérieux affiché par les jeunes cochers semble servir davantage à charmer la jeune fille à leur côté qu’à s’assurer de gagner devant leur rival du moment. Ces éléments donnent l’impression que les courses ne sont pas des plus compétitives. En fait, Willcox offre un portrait stéréotypé des francophones de Détroit, qui est la marque d’une domination de classe, en les présentant comme des personnes appréciant la fête et le badinage amoureux163. Malgré cela, il

ressort de sa description que les courses pendant le carnaval servent à montrer les qualités athlétiques des chevaux dans une ambiance décontractée. Comme dans la description de Barnard, les habitants cherchent peut-être à produire symboliquement l’image d’une communauté unie. Ces éléments témoignent de l’influence de l’esprit gai du carnaval sur les courses de chevaux.

Toutefois, comme dans la vallée du Saint-Laurent, l’aspect subversif associé au carnaval traditionnel peut également se faire sentir sur les surfaces gelées. Si, tel que le décrivait Friend Palmer un peu plus tôt, les francophones et les anglophones de l’élite s’affrontent parfois sur la glace de manière amicale et festive, cela n’est pas toujours le cas entre les habitants de condition modeste issus des deux groupes linguistiques. La gaieté habituelle du carnaval peut faire place à une rivalité sérieuse. L’auteur américain Charles Lanman est né à Rivière-aux-Raisins

162 Orlando Bolivar Willcox, Shoepac Recollections: A Man-Side Glimpse of American Life, New York, Bunce &

Brother, 1856, p. 18.

163 Dave Dempsey et Jack Dempsey expliquent que Willcox présente les francophones de Détroit comme des êtres

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(aujourd’hui Monroe) en 1819. Il y grandit au milieu des familles francophones de l’endroit164.

Dans l’un de ses ouvrages qu’il publie à l’âge adulte, il se remémore de nombreux souvenirs de son enfance dans son village natal. L’un d’eux concerne une course de chevaux qui prend place sur la rivière gelée entre un dénommé Beaubien, dont le cheval n’avait jamais perdu, et un Américain provenant de l’extérieur de Monroe. Au lieu de se dérouler dans un cadre comme celui de la sortie de la messe dominicale, où les carrioles des francophones se rencontrent sur la glace et coursent de manière ludique et aléatoire, cette course est un face à face réglé. La distance à parcourir est de deux miles et l’enjeu est une somme de cinq cents dollars. De plus, plusieurs spectateurs francophones et anglophones se rassemblent autour d’eux pour les encourager et regarder le spectacle qui se met en branle. Voici comment Lanman décrit la scène :

Hark! hear you not the clattering of hoofs, resounding far over the plain, as if in search of an echo? Aye, and with wondrous speed they are coming! How exciting is the scene! In three minutes more the contest will be ended. See!—Beaubien is ahead, and the victory undoubtedly his! But now the stranger tosses up his cap, and as it falls, the flying pacer understands the signal—he increases his already almost matchless speed, he passes the Frenchman with a look of triumph in his eye,—one minute more,—and the unknown is triumphant. Most unexpected is the result. The people are bewildered and perplexed, but when Beaubien delivers up the lost money, not a word escapes him, and he seems to be broken-hearted. His darling steed has been eclipsed, the swiftest pacer in all the country does not belong to him, and he is miserable. The sport ended, and not caring for the jabbering of a band of excited Frenchmen, we come together again, and continue on our course165.

La course entre les deux cochers s’avère intense, car l’enjeu est important. Outre le gros montant misé, elle oppose deux personnes en particulier dont les actions sont scrutées par un large public. Chacun des protagonistes a son orgueil et veut montrer qu’il possède la meilleure monture afin d’éviter d’être surclassé devant les spectateurs. En plus de cet enjeu individuel, la course comporte un enjeu culturel, car il s’agit d’un affrontement qui personnifie la rivalité entre des habitants francophones et anglophones. Lorsqu’il s’incline devant un étranger américain, Beaubien est humilié devant les siens. Cet homme, qui n’avait soi-disant jamais perdu une seule course avec son cheval, constitue une source de fierté pour les francophones de Rivière-aux- Raisins, car ils voient en lui un symbole de réussite qui peut tenir tête à ceux qui ont tendance à

164 Pour plus de détails sur cet auteur qui a occupé également différents postes dans la fonction publique américaine,

voir Dorothy McNeilly, « Charles Lanman », The American Fly Fisher, vol. 11, no 3 (été 1984), p. 14-19.

165 Charles Lanman, Adventures in the Wilds of the United States and British American Provinces, Philadelphie,

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les mépriser166. Ceci explique pourquoi, après sa défaite, Beaubien est attristé et silencieux,

tandis que ses compatriotes sont confus et perplexes. Il sait que son revers n’est pas que personnel.

Comme il a été observé dans le cas des Canadiens, les courses de chevaux pendant la saison du carnaval deviennent une compétition plus sérieuse pour les francophones de la région de Détroit lorsqu’elles les opposent à des étrangers anglophones. Il s’agit d’un moyen d’affirmer énergiquement leur identité. Dans l’exemple de Lanman, lorsque Beaubien confronte l’étranger anglophone, il tente de renverser symboliquement une personne qui représente le pouvoir américain. Peut-être est-ce le froid hivernal du climat de la région de Détroit (responsable du gel des rivières) qui explique pourquoi ce genre de course, comme dans la vallée laurentienne, se produit plus fréquemment lors du carnaval que pendant le reste de l’année. Toutefois, l’évocation de l’esprit de contestation de l’ordre social – ici l’avancée de la colonisation américaine – associée au carnaval traditionnel est trop manifeste pour qu’on n’établisse pas une corrélation entre les deux éléments.

Les différents exemples qui ont été présentés exposent que le rapport entretenu par les habitants francophones de la région de Détroit avec leurs chevaux est sensiblement le même que celui des Canadiens. Ce n’est guère surprenant en considérant qu’ils vivent dans un environnement où la division du territoire, le climat hivernal, le mode de vie agricole et la vie sociale ressemblent beaucoup à ce qui existe dans la vallée du Saint-Laurent. Les nombreux déplacements en carriole entrepris pendant l’hiver servent également à s’amuser et à se rassembler. Les ponts de glace deviennent les principaux lieux extérieurs de célébration et de regroupement167. Les sources montrent que les habitants aiment se masser en grand nombre à la

166 Ronald P. Formisano, The Birth of Mass Political Parties: Michigan, 1827-1861, Princeton, Princeton

University Press, 1971, p. 174-179 ; Wallace Genser, « “Habitants,” “Half-Breeds,” and Homeless Children: Transformations in Métis and Yankee-Yorker Relations in Early Michigan », Michigan Historical Review, vol. 24, no 1 (printemps 1998), p. 23-47 : Brian C. Wilson, Yankees in Michigan, East Lansing, Michigan State University

Press, 2008, p. 36-37.

167 Les courses de chevaux sur les ponts de glace semblent demeurer populaires parmi les habitants francophones

vivant de part et d’autre de la rivière Détroit jusqu’au milieu du XIXe siècle. Le curé Pierre Point, en poste à

Sandwich au Haut-Canada, raconte, en 1848, que « Le grand et solennel plaisir consiste en courses à cheval ou en car[r]ioles ». De son côté, dans un article publié dans les années 1870, la folkloriste américaine Marie Caroline Watson Hamlin précise qu’auparavant « The habitans were passionately fond of racing on the ice, on the Rouge and up at the Grand Marais ». Pour plus de détails, voir Pierre Point, « Le p. Pierre Point à un Père Jésuite de France ; Sandwich, 10 février 1848 », dans Lorenzo Cadieux (éditeur), Lettres des Nouvelles Missions du Canada 1843- 1852, Montréal, Les Éditions Bellarmin ; Paris, Maisonneuve et Larose, 1973, p. 476 ; Marie Caroline Watson Hamlin, « Old French Traditions », Report of the Pioneer Society of the State of Michigan, vol. IV (1883), p. 75.

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sortie de la messe sur les rivières gelées pour se promener et initier des courses spontanées, où ils rivalisent parfois d’adresse, mais dont l’enjeu est souvent moins important que le plaisir qu’ils en ressortent. Les courses plus compétitives semblent se produire davantage lorsqu’ils affrontent des étrangers américains, comme s’ils cherchaient à consolider leur identité francophone devant ceux qui la menacent. Ces exemples mettent en lumière que certains aspects du carnaval traditionnel, tels que le côté joyeux et ludique ainsi que l’esprit de transgression et de contestation de l’ordre établi, sont très présents dans les courses qui se déroulent durant cette période festive.

2.3 Les veillées hivernales

À l’instar des habitants de la vallée du Saint-Laurent, ceux de la région de Détroit semblent privilégier la veillée comme principal divertissement intérieur lors du carnaval. Au XVIIIe siècle, les sources disponibles ne relatent toutefois pas précisément comment se

déroulent ces soirées campagnardes. En 1767, le curé de Détroit, nommé Simple Le Bocquet, écrit à l’évêque de Québec Jean-Olivier Briand pour lui signifier qu’il a « arreté un peu les bals et les danse cet hiver168 ». Une autre source, datant des années 1780, évoque plutôt les repas et

les bals de l’élite. Cette source est le journal personnel du militaire britannique Thomas Hughes169. Si cet officier décrit grandement l’abondance de nourriture et de boisson dans ces

bals, il fournit également de précieuses informations quant à l’impact du climat hivernal sur la tenue des festivités pendant le carnaval. Par exemple, en 1787, il souligne que « a Detroit winter is in all respects like a 1787 Canadian one except that its duration is not so long170 ». L’année

suivante, il précise que l’hiver débute seulement le 6 janvier, « but it came in with such cold weather that if frightened us ». Il semble que le froid puisse être aussi puissant que dans la vallée laurentienne, car il note que, le 4 février, le vin de Madère gèle dans une pièce qui est chauffée

168 AAQ, 7 CM, États-Unis, vol. 5, folio 2.

169 Thomas Hughes est officier dans l’armée britannique. Il est envoyé en Amérique du Nord pendant la guerre de

l’Indépendance américaine. Après être retourné en Angleterre, il regagne à nouveau Québec en 1784. Deux ans plus tard, il se dirige à Détroit. Il y meurt de la tuberculose en 1790. Pendant son séjour en Amérique du Nord, il