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Les cours du MIT

Dans le document Le livre, de l'imprimé au numérique (Page 59-61)

Professeur à l’Université d’Ottawa (Canada), Christian Vandendorpe salue en mai 2001 «la décision du MIT [Massachusetts Institute of Technology] de placer tout le contenu de ses cours sur le web d’ici dix ans, en le mettant gratuitement à la disposition de tous. Entre les tendances à la privatisation du savoir et celles du partage et de l’ouverture à tous, je crois en fin de compte que c’est cette

dernière qui va l’emporter.»

Le MIT décide en effet de publier le contenu de ses cours en ligne dans un OpenCourseWare, une initiative menée avec le soutien financier de la Hewlett

Foundation et de la Mellon Foundation. Un OpenCourseWare peut être défini comme la publication électronique en accès libre du matériel d’enseignement d'un ensemble de cours.

Mise en ligne en septembre 2002, la version pilote du MIT OpenCourseWare (MIT OCW) offre en accès libre le matériel d’enseignement de 32 cours représentatifs des cinq facultés du MIT. Ce matériel d’enseignement comprend des textes de conférences, des travaux pratiques, des exercices et corrigés, des bibliographies, des documents audio et vidéo, etc. Le lancement officiel du site a lieu un an plus tard, en septembre 2003, avec accès à quelques centaines de cours. En mars 2004, 500 cours sont disponibles dans 33 disciplines. En mai 2006, 1.400 cours sont disponibles dans 34 disciplines. La totalité des 1.800 cours dispensés par le MIT est en ligne en novembre 2007, avec actualisation régulière ensuite. Certains cours sont

traduits en espagnol, en portugais et en chinois avec l’aide d’autres organismes. Le MIT espère que cette expérience de publication électronique – la première du genre - va permettre de définir un standard et une méthode de publication, et inciter d’autres universités à créer un OpenCourseWare pour la mise à disposition gratuite de leurs propres cours. A cet effet, le MIT lance l’OpenCourseWare

Consortium (OCW Consortium) en décembre 2005, avec accès libre et gratuit au matériel d’enseignement de cent universités dans le monde un an plus tard.

La Public Library of Science

A l’heure de l’internet, il paraît assez scandaleux que le résultat de travaux de recherche – travaux originaux et demandant de longues années d’efforts – soit détourné par des éditeurs spécialisés s’appropriant ce travail et le monnayant à prix fort. L’activité des chercheurs est souvent financée par les deniers publics, et de manière substantielle en Amérique du Nord. Il semblerait donc normal que la

communauté scientifique et le grand public puissent bénéficier librement du résultat de ces recherches.

Dans le domaine scientifique et médical par exemple, 1.000 nouveaux articles sont publiés chaque jour, en ne comptant que les articles révisés par les pairs. Se basant sur ce constat, la Public Library of Science (PLoS) est fondée en octobre 2000 à San Francisco à l’initiative de Harold Varmus, Patrick Brown et Michael Eisen, chercheurs dans les universités de Stanford et Berkeley (Californie). Le but est de contrer les pratiques de l’édition spécialisée en regroupant tous les

articles scientifiques et médicaux au sein d’archives en ligne en accès libre. Au lieu d’une information disséminée dans des millions de rapports et des milliers de périodiques en ligne ayant chacun des conditions d’accès différentes, un point d’accès unique permettrait de lire le contenu intégral de ces articles, avec moteur de recherche multi-critères et système d’hyperliens entre les articles.

Pour ce faire, PLoS fait circuler une lettre ouverte demandant que les articles publiés par les éditeurs spécialisés soient distribués librement dans un service d’archives en ligne, et incitant les signataires de cette lettre à promouvoir les éditeurs prêts à soutenir ce projet. La réponse de la communauté scientifique internationale est remarquable. Au cours des deux années suivantes, la lettre ouverte est signée par 30.000 chercheurs dans 180 pays. Bien que la réponse des éditeurs soit nettement moins enthousiaste, plusieurs éditeurs donnent leur accord pour une distribution immédiate des articles publiés par leurs soins, ou alors une distribution dans un délai de six mois. Mais dans la pratique, même les éditeurs ayant donné leur accord formulent nombre d’objections au nouveau modèle proposé, si bien que le projet d’archives en ligne ne voit finalement pas le jour.

Un autre objectif de la Public Library of Science est de devenir elle-même éditeur. PLoS fonde donc une maison d’édition scientifique non commerciale qui reçoit en décembre 2002 une subvention de 9 millions de dollars US de la part de la Moore Foundation. Une équipe éditoriale de haut niveau est constituée en janvier 2003 pour lancer des périodiques de qualité selon un nouveau modèle d’édition en ligne basé sur la diffusion libre du savoir.

Le premier numéro de PLoS Biology est disponible en octobre 2003, avec une version en ligne gratuite et une version imprimée au prix coûtant (couvrant uniquement les frais de fabrication et de distribution). PLoS Medicine est lancé en octobre 2004. Trois nouveaux titres voient le jour en 2005: PLoS Genetics, PLoS Computational

Biology et PLoS Pathogens. PLoS Clinical Trials voit le jour en 2006. PLoS Neglected Tropical Diseases est lancé à l’automne 2007 en tant que première

publication scientifique consacrée aux maladies tropicales négligées, ces maladies affectant les populations pauvres dans les villes comme dans les campagnes.

Tous les articles de ces périodiques sont librement accessibles en ligne, sur le site de PLoS et dans PubMed Central, le service d’archives en ligne public et gratuit de la National Library of Medicine (États-Unis), avec moteur de recherche multicritères. Les versions imprimées sont abandonnées en 2006 pour laisser place à un service d’impression à la demande géré par la société Odyssey Press. Ces

articles peuvent être librement diffusés et réutilisés ailleurs, y compris pour des traductions, selon les termes de la licence Creative Commons, la seule contrainte étant la mention des auteurs et de la source. PLoS lance aussi PLoS ONE, un forum en ligne permettant la publication d’articles sur tout sujet scientifique et médical.

Le succès est total. Trois ans après les débuts de la Public Library of Science en tant qu’éditeur, PLoS Biology et PLos Medicine ont la même réputation d’excellence que les grandes revues Nature, Science ou The New England Journal of Medicine. PLoS

reçoit le soutien financier de plusieurs fondations tout en mettant sur pied un modèle économique viable, avec des revenus émanant des frais de publication payés par les auteurs, et émanant aussi de la publicité, des sponsors et des activités destinées aux membres de PLoS. PLoS souhaite en outre que ce modèle économique d’un genre nouveau inspire d’autres éditeurs pour créer des revues du même type ou pour mettre des revues existantes en accès libre.

Citizendium

Une nouvelle étape s’ouvre avec les débuts de Citizendium - acronyme de «The Citizens’ Compendium» -, une grande encyclopédie collaborative en ligne conçue en novembre 2006 par Larry Sanger, un des co-fondateurs de Wikipédia, et lancée en mars 2007 (en version bêta).

Citizendium est une encyclopédie coopérative et gratuite, tout comme Wikipédia, mais sans ses travers, à savoir le vandalisme, le manque de rigueur et

l'utilisation d'un pseudonyme pour y participer. Les auteurs signent leurs articles de leur vrai nom, et ces articles sont relus et corrigés par des experts

(«editors») âgés d'au moins 25 ans et titulaires d'une licence universitaire. De plus, des «constables» sont chargés de la bonne marche du projet et du respect du règlement. Citizendium comptabilise 1.100 articles, 820 auteurs et 180 experts en mars 2007, 9.800 articles en janvier 2009 et 15.000 articles en septembre 2010. Dans Why Make Room for Experts in Web 2.0? (Pourquoi faire une place aux experts dans le web 2.0?), une communication datée d’octobre 2006 et régulièrement

actualisée depuis sur le site de l'encyclopédie, Larry Sanger voit dans Citizendium l’émergence d’un nouveau modèle de collaboration massive de dizaines de milliers d’intellectuels et scientifiques, non seulement pour les encyclopédies, mais aussi pour les manuels d’enseignement, les ouvrages de référence, le multimédia et les applications en 3D. Cette collaboration est basée sur le partage des connaissances, dans la lignée du web 2.0, un concept lancé en 2004 pour caractériser les notions de communauté et de partage et qui se manifeste d’abord par une floraison de blogs, wikis et sites sociaux. D’après Larry, il importe aussi de créer des structures permettant des collaborations scientifiques, et Citizendium pourrait servir de prototype dans ce domaine.

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