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Le courant du « New Economic Thinking »

Les dysfonctionnements de plus en plus saillants de la mondialisation, réalisée selon les préceptes de la pensée néo-libérale, ont amené certains économistes à proposer une nouvelle façon de penser l’économie, y compris dans les cursus d’enseignement universitaires. Cette initiative s’est traduite en 2012 par la création d’un institut au sein de l’université d’Oxford (Angleterre) : the Oxford Martin School, à l’initiative notamment de David HENDRY.

La philosophie du New Economic Thinking est fondée sur la multidisciplinarité (sciences

sociales et sciences dures). Il s’agit de « repenser » le monde dans une veine humaniste, plus réaliste, et non plus dans une logique de profit à outrance – la crise financière mondiale de 2008 définissant une nouvelle étape dans l’accroissement des inégalités économiques. Mais cette recomposition de l’enseignement de l’économie doit passer par un élargissement disciplinaire, une multidisciplinarité ouverte autant sur les sciences sociales qu’exactes. Ainsi, sont mobilisées l’informatique, la physique, les mathématiques, la biologie, l’écologie, la psychologie, la sociologie, l’anthropologie, la science politique et la philosophie, à partir

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“I taught the advanced econometrics option for the undergraduate degree, and the first year of the two-year MSc. It was an exciting time because LSE was then at the forefront of econometric theory and its applications. I also taught control theory based on Bill Phillips’s course notes and the book by Peter Whittle (1963).”

119 d’analyses quantitatives et non quantitatives, en conservant une place importante à la parfaite maîtrise de l’histoire économique.

L’objet du New Economic Thinking est de former les étudiants en économie à une

compréhension et à un raisonnement plus ouvert sur la réalité du monde, au-delà de la théorie néo-classique. L’économie s’inscrit dans une dynamique complexe, en lien avec toutes les sphères de la vie sociale. Le rapport 2012-2014 de l’institut stipule (voir l’encadré) :

Les objectifs vont au-delà du système éducatif. Ainsi, peut-on lire :

« Les chercheurs de l’Institut travaillent également en étroite collaboration avec les décideurs politiques, les dirigeants d’entreprise et la société civile afin d’apporter de nouvelles idées économiques dans les débats et la pratique. »

Dans les programmes de l’Institut, sont abordés :

• la modélisation économique, • la complexité de l’économie, • l’emploi, l’équité, la croissance • l’économie du développement

durable,

• l’éthique et l’économie.

La recherche à l’Institut porte sur la dimension macroéconomique de l’économie :

• La stabilité du système financier : réfléchir à un système financier plus stable, moins en prise avec les chocs de l’économie et surtout qui prenne en considération « les objectifs sociétaux d’une croissance économique partagée ».

• Les inégalités économiques : les écarts de richesse se sont accrus depuis les années 1980, période de la mise en place de la mondialisation, y compris dans les pays développés, ce qui s’est traduit par une stagnation des revenus des classes moyennes et une diminution de la mobilité sociale. Quelles en sont les causes et quels pourraient être les remèdes ?

• La croissance économique et l’innovation : réfléchir à une théorie ascendante (bottom-up) de la croissance économique à partir du réseau de technologies qui permet de développer un réseau de capacités de production, tout en tenant compte des effets sur les inégalités et le développement durable.

• L’économie du développement durable : définir un nouveau modèle économique capable d’intégrer les contraintes physiques et écologiques de la planète.

• Risque et résilience : les dernières années ont été dramatiquement la scène de catastrophes économiques et écologiques. Réfléchir à une meilleure compréhension, mesure et gestion du risque à partir d’un travail interdisciplinaire.

120 • Éthique et économie : rationaliser l’activité économique et financière dans le respect

des préoccupations sociales et politiques.

• Dès sa création, l’institut Oxford Martin School a été soutenu par l’Institut pour la nouvelle pensée économique (INET) basé à New York qui est un groupe de réflexion à but non lucratif, fondé en octobre 2009 à la suite de la crise financière de 2007-2012, et dont la mission clairement affichée est de favoriser l’émergence d’une nouvelle génération de dirigeants économiques à l’échelle mondiale, de provoquer une nouvelle façon de penser l’économie et d'inspirer la profession pour s’engager dans les défis du XXIe siècle. L’institut bénéficie également du soutien de nombreux mécènes : the Open Society Foundations, Resolution Foundation, la Commission Européenne, Economic and Social Research Council (ESRC), Engineering and Physical Sciences Research Council (EPSRC), US Department of Energy, US National Science Foundation (NSF), Rockefeller Foundation, James Martin 21st Century Foundation, the Nuffield Foundation, Saïd Business School Foundation, the Ocean Conservancy, the Bill and Melinda Gates Foundation, Dr Otto Poon et la Nick and Leslie Hanauer Foundation.

La longue liste de mécènes confirme l’intérêt du monde occidental pour une nouvelle orientation de l’économie vers plus d’humanisme. Les chocs, notamment financiers, répétés et subis par l’ensemble de la planète ont eu pour conséquence de favoriser la constitution de groupes d’intellectuels à réfléchir ensemble (et dans l’interdisciplinarité) et de façon concrète à une amélioration des conditions économiques et sociales, favorables au plus grand nombre et dans le respect du développement durable.

DES RENCONTRES DECISIVES

Au milieu des années 1970, la discipline compte deux pôles exclusivement occidentaux et anglo-saxons. Nous pouvons retracer les itinéraires de la recherche scientifique du champ des séries temporelles entre 1974 et 198272 entre l’Angleterre et la Californie à partir des rencontres entre Clive GRANGER, David HENDRY, Robert ENGLE (auxquels nous associons pour une meilleure compréhension des évolutions de la discipline Christopher SIMS) :

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Les positions géographiques des économètres anglo-saxons