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Le taux de counseling lié aux habitudes de vie (activité physique/alimentation) observé dans le cadre de ce projet (38 %) est légèrement supérieur aux hypothèses mentionnées à la section 3.4. Le taux est similaires aux résultats des études analysées dans le cadre de la recension des écrits (Bardia et al., 2007; Farran et al., 2013; Ibrahim et al., 2015; J L Kraschnewski et al., 2013; Pickett-Blakely et al., 2011; Ruser et al., 2005; Waring et al., 2009).

Encore une fois, la similarité entre nos résultats et le reste de la littérature est préoccupante.

Nos données suggèrent que la majorité des patients souffrant d’obésité n’ont pas bénéficié de counseling de la part d’un PPL au cours de leur période de suivi. Pourtant, il s’agit de l’intervention ayant le plus grand impact sur la probabilité qu’un individu débute un processus de perte de poids et un changement de ses habitudes de vie (S. E. Jackson et al., 2013). Ce résultat suggère que le counseling lié aux habitudes de vie est une intervention qui devrait être abordée plus en profondeur dans les programmes de formation continue de PPL. L’un des résultats les plus intéressants de ce projet de maîtrise a toutefois été observé à propos des taux de counseling. En effet, il s’agit du type d’intervention où les infirmières ont été le

plus impliquées. En effet, parmi les 38 % de patients ayant reçu du counseling, 23 % l’ont obtenu de la part de leur médecin, 11 % de la part d’une infirmière et 3 % de la part des 2 PPL. Ce résultat encourageant s’est d’ailleurs transposé au niveau des déterminants associés à l’obtention de counseling chez les patients souffrant d’obésité. Dans le modèle de régression logistique mixte généralisé, le nombre de visites avec une infirmière au cours des 18 mois de suivi était le déterminant indépendant le plus significatif de l’obtention de counseling lié aux habitudes vie.

Ce résultat est intéressant, car il suggère qu’un meilleur accès à une infirmière pourrait améliorer de manière significative la qualité des soins desservis aux patients souffrant d’obésité dans les établissements de première ligne.

Une réflexion doit d’ailleurs être effectuée au sujet du rôle des infirmières pratiquant dans les GMF vis-à-vis la prise en charge de l’obésité. Tel que mentionné à la section 7.1, les infirmières évoluant dans ce type d’établissement effectuent des consultations auprès des individus souffrant d’obésité (et/ou à risque de développer la maladie) suite au référencement d’un médecin de famille. Afin d’optimiser les consultations menées par les infirmières, il semble qu’un travail de dépistage, de diagnostic et d’évaluation de la réceptivité au changement doit avoir été réalisé par les médecins avant de procéder au référencement. En identifiant les patients souffrant d’obésité qui risquent de répondre le mieux aux conseils et aux suivis périodiques fournis par les infirmières, les médecins peuvent jouer un rôle important dans l’efficacité de la prise charge de l’obésité menée par ces dernières. Puisque le counselling lié aux saines habitudes de vie de même que le suivi régulier des progrès d’un patient désirant perdre du poids constituent des tâches à long terme qui nécessitent de nombreuses interventions, il semble pertinent de se questionner sur l’implication des infirmières pour ces étapes spécifiques de la prise en charge de l’obésité. Contrairement aux omnipraticiens, qui sont fortement limités, en terme de temps allouable pour chaque consultation, les infirmières peuvent effectuer des suivis ayant une durée plus longue, et ce, de manière régulière si elles sont formées adéquatement. Leur contexte de pratique semble donc mieux adapté que celui des omnipraticiens pour réaliser les interventions de prise en charge qui suivent le diagnostic d’obésité, dans un contexte de collaboration

interprofessionnelle. Dans le cadre de ce projet, l’implication des infirmières était particulièrement marquée au niveau du counselling lié aux habitudes de vie. Cette situation apparait souhaitable. Les prochaines études menées en lien avec l’amélioration de la qualité de la prise en charge de l’obésité en première ligne devraient d’ailleurs se concentrer sur les moyens pouvant être déployés afin d’augmenter l’implication des infirmières spécifiquement au niveau de cette étape de la prise en charge de l’obésité.

Une récente étude australienne (Karnon et al., 2013) a d’ailleurs dévoilé qu’une plus grande implication des infirmières dans la prise en charge de l’obésité est une adaptation du système de santé qui présente un excellent rapport coût-efficacité. Dans cette étude, deux modèles d’implication des infirmières ont été testés. Les établissements où les infirmières consacraient au moins 50 % de leur temps avec des patients obèses afin d’effectuer des activités de prise en charge ont été considérés à « fort niveau d’implication » tandis que les établissements où les infirmières consacraient moins de 50 % de leur temps avec des patients obèses étaient considérés à « faible niveau d’implication ». Dans les établissements où les infirmières étaient plus fortement impliquées dans la prise en charge de l’obésité :

 Une meilleure collaboration interdisciplinaire était observée.

 La réduction de l’IMC des patients obèses (sur 1 an) était significativement supérieure aux établissements à « faible niveau d’implication ».

 Les coûts directs de l’obésité étaient significativement inférieurs.

Dans le cadre d’une prochaine étude, il serait particulièrement intéressant de tester la généralisation des résultats de cette étude australienne dans le contexte des GMF Québécois.

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