4.1.2 Justification de l’approche consistant à corréler flux d’énergie et variables
4.1.2.2 Corrélations au pas de temps journalier
Nous avons effectué un exercice de corrélation similaire au précédent mais en
passant à un pas de temps journalier sur la période 2002-2003. Au cours de cette
période, le bilan radiatif net de courtes longueurs d’onde était de loin la variable la plus
fortement impliquée dans les processus de fonte (r = 0,88, n = 530, p = 0,001) (Tableau
4.6), cf. Favier et al. (2004a et b) pour plus de détails). La fusion peut donc être
modélisée avec une précision raisonnable à partir de cette variable uniquement.
Reproduire les variations d'albédo est donc crucial en Equateur. Ici, nous observons que
l'albédo est la seule variable présentant une corrélation significative avec la température
au niveau journalier (même si les corrélations sont plutôt faibles avec T (r = -0,53), et
avec le cumul des valeurs de température demi-horaires positives (notée T+, r = -0,53)
celles-ci sont significatives à p = 0,001). Ce point reflète l'impact important du
l’altitude de l’isotherme 0°C sur la phase de précipitation et explique pourquoi la fusion
est également significativement corrélée avec la température (r = 0,62 et 0,62, avec T et
T +, respectivement). Inversement, les corrélations entre la fusion et la vitesse du vent
53
ou les précipitations sont inexistantes (Tableau 4.6). La construction d'un modèle de
fusion basé sur les valeurs journalières de la température apparaît donc en partie
justifiée.
Néanmoins, la faiblesse des corrélations observées ne permet pas de justifier de
façon indiscutable l’existence d’une relation entre bilan de masse et température. Ecrire
un modèle sur la base de la relation existant entre température et fusion serait donc
hasardeux. Nous avons donc décidé d'aller plus loin dans cette analyse et avons
examiné si les corrélations entre la température, la fonte ou les valeurs des flux de
chaleur entrants étaient stables au cours de l'année.
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Tableau 4.6. Coefficients de corrélation (r) calculés entre les valeurs journalières de température, température positive cumulée (T +), fusion (Q), la vitesse du vent (u) et les différents flux d'énergie mesurés à AWSG1 au cours de la période 2002-2003 (n = 530 jours). Les périodes de haute et basse vitesse du vent (période 1 et période 2 (dénommées P1 et P2 dans ce tableau)) représentent 240 et 290 jours, respectivement. Une séparation additionnelle est effectuée pour la période 1 pour garder les observations. Sont notés en gras les coefficients de corrélation significatifs (p = 0,001).
r Significatif à 0.001 si |r| est plus élevé que ΔQ S↓ S↑ S L↓ L↑ L R H LE LE+H T, °C, P1+P2 0.15 0.62 0.13 0.37 0.45 -0.53 -0.16 -0.23 -0.21 0.46 0.09 0.14 0.45 P1(P1 & 𝑢̅ < 4 m s-1) 0.22(0.45) 0.60(0.48) 0.15(0.43) 0.39(0.09) 0.47(0.48) -0.53(-0.44) -0.28(-0.54) -0.13(0.22) -0.32(-0.56) 0.43(0.36) 0.07(0.52) 0.05(-0.25) 0.23(0.28) P2 0.20 0.60 0.45 0.11 0.56 -0.50 -0.47 -0.02 -0.51 0.46 0.53 -0.20 0.60 T+, °C, P1+P2 0.15 0.62 0.21 0.29 0.49 -0.53 -0.23 -0.10 -0.27 0.47 0.08 0.13 0.43 P1(P1 & 𝑢̅ < 4 m s-1) 0.22(0.45) 0.58(0.54) 0.16(0.48) 0.34(0.10) 0.44(0.53) -0.49(-0.47) -0.26(-0.56) -0.04(0.25) -0.29(-0.58) 0.41(0.42) 0.04(0.44) 0.08(-0.21) 0.25(0.24) P2 0.20 0.61 0.51 0.07 0.60 -0.51 -0.54 0.12 -0.57 0.48 0.44 -0.14 0.54 Precipitation, mm, P1+P2 0.15 -0.28 -0.20 -0.13 -0.34 0.37 0.32 -0.16 0.33 -0.25 -0.19 0.13 -0.09 P1(P1 & 𝑢̅ < 4 m s-1) 0.22(0.45) -0.30(-0.39) -0.23(-0.06) -0.15(-0.44) -0.36(-0.40) 0.38(0.47) 0.40(0.32) -0.12(-0.07) 0.41(0.35) -0.24(-0.35) -0.24(-0.07) 0.17(0.15) -0.07(0.10) P2 0.20 -0.30 -0.19 -0.17 -0.32 0.39 0.29 -0.22 0.28 -0.27 -0.14 0.06 -0.14 u, m s-1, P1+P2 0.15 0.05 0.66 -0.53 0.32 0.03 -0.53 0.27 -0.54 0.09 0.82 -0.79 -0.04 P1(P1 & 𝑢̅ < 4 m s-1) 0.22(0.45) -0.17(-0.05) 0.62(0.18) -0.56(-0.18) 0.18(0.04) 0.11(0.07) -0.50(-0.11) 0.22(-0.19) -0.50(-0.17) -0.06(-0.03) 0.79(0.62) -0.75(-0.62) -0.13(-0.01) P2 0.20 0.43 0.52 -0.17 0.45 -0.22 -0.32 -0.11 -0.36 0.40 0.75 -0.75 0.21 ΔQ, mm eq.e,, P1+P2 0.15 0.44 0.46 0.88 -0.86 -0.29 -0.19 -0.34 0.94 0.15 -0.02 0.23 P1(P1 & 𝑢̅ < 4 m s-1) 0.22(0.45) 0.34(0.62) 0.62(0.49) 0.85(0.97) -0.90(-0.92) -0.33(-0.55) -0.22(-0.11) -0.38(-0.64) 0.91(0.96) 0.01(0.14) -0.02(-0.33) -0.03(-0.22) P2 0.20 0.73 0.26 0.97 -0.83 -0.52 -0.01 -0.56 0.96 0.52 -0.34 0.40
55
Il apparaît que la vitesse du vent est la seule variable conduisant à une saisonnalité
significative des variables météorologiques sur le site du glacier 15a. Forts de ce constat,
nous avons analysé les corrélations en fonction de la vitesse du vent. Nous regardons ici les
corrélations existant entre S↓, L↓, LE, H et la fusion, et montrons que celles-ci sont
grandement affectées par les épisodes de vents forts. En effet, les choses s’éclairent si nous
divisons la période étudiée en fonction de la vitesse du vent [période 1 = période ventée, et
période 2 = sans vent, voir [Favier et al., 2004a]. Nous considérons ici la période 1 comme
la période allant du 1 juillet au 15 octobre, et la période 2 comme la partie restante de
l’année. S↓ apparaît alors significativement corrélée avec la fusion pendant la période 2
(Tableau 4.6), alors que ce n’est plus le cas au cours de la période 1. Il arrive aussi que des
conditions de vent faible surviennent lors de la période 1 (nous considérons ici une période «
sans vent » lorsque la moyenne mobile sur 7 jours de la vitesse du vent est inférieure à 4 m
s
-1). Dans ce cas, la corrélation redevient significative de façon intermittente. Le vent a donc
un rôle important sur la relation existant entre T et les flux d’énergie. Lors des jours « sans
vent », les flux turbulents de chaleur sont faibles. La fonte est alors fortement reliée á S. Le
brassage de l’air n’est pas non plus suffisant pour altérer la relation existant entre S et le
réchauffement de surface. La température de l'air est donc modérément mais
significativement corrélée avec S (p = 0,001). Cependant, cette relation disparaît
totalement lorsque les vents sont forts car les flux turbulents jouent un rôle de plus en plus
important dans le bilan d’énergie de surface et dans les processus de fusion. Ces
observations sont confirmées lorsque nous analysons en détail les relations existant entre T+
et les différents flux du bilan d’énergie de surface au cours des jours pour lesquels des
mesures directes de fusion ont été effectuées sur le terrain (Figure 4.2). En effet, les valeurs
de T+ sont alors corrélés significativement (p = 0,001) avec le rayonnement incident de
courtes longueurs d’onde et avec le rayonnement net de courtes longueurs d’onde
uniquement au cours des périodes sans vent. Les corrélations disparaissent là-encore lorsque
les flux turbulents deviennent élevés, (en raison des vents forts).
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Figure 4.2. Comparaison entre les valeurs de températures cumulées positives sur la journée et la fonte mesurée dans les boîte de fusion et a) rayonnement de courtes longueur d’onde incident, b) rayonnement net de courtes longueurs d’ondes, c) rayonnement de grandes longueurs d'onde incident, d) flux turbulent de chaleur latente, e) flux turbulent de chaleur sensible, et f) flux turbulents de chaleur (LE + H). Les carrés bleus se réfèrent à la période 1 (période de vent) et des cercles rouges se réfèrent à la période 2 (période « sans vent »). Les droites de régression et les coefficients de corrélation sont effectuées à partir des données de la période 2 seulement.