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Contextualisation des résultats : les apports de nos travaux à la recherche sur les troubles du sommeil

L’homme est le seul animal qui prend sur son temps de sommeil pour se reproduire.

Cavanna

Le sommeil est une fonction complexe et primordiale pour l’organisme. Cependant, comme nous l’avons mentionné dans l’introduction générale, les pathologies du sommeil et les restrictions dont il fait l’objet, volontaires ou non, sont extrêmement répandues au sein de la population. Elles participent vraisemblablement à des cercles vicieux où les déséquilibres s’entraînent les uns les autres, pour aboutir à un ensemble de répercutions physiques et psychiques néfastes pour l’individu. Aujourd’hui, autant par désinformation que par manque de moyens de diagnostic et de traitements adaptés, les troubles et le manque de sommeil ne sont pas suffisamment déclarés ni pris en charge dans la population (68). Deux voies d’action complémentaires permettent d’espérer avancer dans la solution de ce problème. En tout premier lieu, il est capital de réhabiliter le rôle et l’importance du sommeil pour l’organisme et d’en faire un véritable enjeu de santé publique (informer le public, le personnel de santé, mais aussi obtenir des pouvoirs publics une législation ad hoc). Il est en effet particulièrement inquiétant que dans nos sociétés industrialisées, où les troubles du sommeil et l’obésité prennent des proportions d’épidémies, le sommeil soit encore considéré comme une perte de temps, ou quelque chose qu’on peut limiter, à l’instar d’autres activités non rentables et non productrices de capitaux à court terme. La deuxième priorité est de trouver de nouvelles solutions thérapeutiques pour combattre les problèmes de sommeil et leurs conséquences pour l’organisme.

Qu’apportent nos propres travaux dans ce contexte ?

Nous espérons avoir assez insisté sur l’importance du sommeil pour l’organisme, en soulignant ses interactions avec le métabolisme énergétique et la régulation pondérale, ainsi qu’avec les mécanismes de la réponse au stress. Il est toutefois évident que nos travaux sur

l’influence de l’alimentation dans la régulation du sommeil s’inscrivent avant tout dans la deuxième voie d’action : ils tendent à ouvrir des pistes vers une possible utilisation de l’alimentation et même de certains facteurs alimentaires, pour combattre les troubles du sommeil, et les pathologies qui lui sont associées (métaboliques ou psychiques).

Dans la première partie, notre travail a permis de montrer que des variations brutales de l’apport protéino-énergétique entraînent des modifications quantitatives mais aussi qualitatives du sommeil et de sa répartition en SOL et SP. Même si d’autres travaux sont nécessaires pour les confirmer, ces résultats sont cohérents avec le postulat d’un rôle différentiel du SOL et du SP, modulés par des signaux internes liés au statut métabolique et à l’alimentation, dans la régulation du métabolisme périphérique. Nos travaux, qui invitent donc à de nouvelles recherches pour éclairer l’implication du sommeil dans le métabolisme énergétique et protéique, n’ouvrent que peu de perspectives cliniques directes dans leur stade actuel d’avancement, si ce n’est de souligner la nécessité de considérer les troubles du sommeil, les troubles métaboliques et les troubles de l’alimentation de manière globale, et de montrer que l’apport protéino-énergétique peut non seulement influer sur la durée de sommeil mais également sur sa répartition en SOL et SP. Par ailleurs, ils ouvrent une piste de recherche importante vers la compréhension de l’association délétère qui semble exister entre les troubles de sommeil et les troubles métaboliques.

Dans la deuxième partie, les résultats sur l’effet de la supplémentation au lactium suggèrent un rôle bénéfique de ce produit administré par voie orale sur les perturbations de sommeil induites par le stress. Ils permettent donc, entre autre, d’ouvrir une nouvelle piste de recherche sur une éventuelle application thérapeutique de ce facteur alimentaire dans la correction des problèmes de la régulation du sommeil, notamment de ceux qui comme l’insomnie, sont liés à l’anxiété et à la dépression. Il est important de signaler que beaucoup reste à faire pour comprendre à la fois les mécanismes d’action (substance active, cibles, voies d’action), la nature exacte de l’effet (avec ses effets secondaires possibles) et ses potentialités en conditions réelles, y compris par rapport aux traitements pharmaceutiques déjà existants. Pour l’heure, les résultats obtenus nous invitent simplement à considérer le lactium comme une piste de recherche intéressante pour un traitement alternatif aux traitements pharmaceutiques, et qui plus est, susceptible de restaurer un sommeil équilibré en SOL et SP.

Cependant, pas plus que les traitements pharmaceutiques l’alimentation ne constitue une solution suffisante au problème de santé publique que sont les troubles du sommeil. Ici

comme ailleurs, s’atteler à des actions curatives hasardeuses et coûteuses pour la collectivité sans s’appliquer à éviter la maladie, c’est d’abord favoriser le mal. Jusqu’à présent, les traitements pharmaceutiques disponibles se sont d’ailleurs révélés insatisfaisants (coûteux, souvent inefficaces, et surtout potentiellement riches en effets secondaires), et lorsqu’on connaît les incertitudes qui subsistent encore face à la complexité de l’organisation et de la régulation du sommeil, on peut douter de l’arrivée immédiate de la solution thérapeutique idéale sur le marché. La première voie d’action, absolument nécessaire, est donc bien celle d’une réhabilitation de la place du sommeil dans notre quotidien.

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