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DEUXIÈME PARTIE : MÉTHODOLOGIE

II. Le contexte de notre recherche

Décrivons à présent le contexte détaillé de notre recherche à partir des quatre unités principales qui le composent, à savoir : son lieu, le public qu'il concerne, le contrat didactique qui l'accompagne, et sa durée.

II. 1. Le lieu

Le terrain de notre enquête n'est autre que l'université de Shanghai où nous enseignons le FLE depuis septembre 2012. Il s'agit du département « business et économie » de l'Université Normale de Shanghai. Ce département accueille en son sein le département de français de cette même université, étant donné les partenariats qu'il entretient avec différentes universités et grandes écoles françaises. Il n'est pas inutile de préciser que l'Université Normale de Shanghai est un établissement de rang moyen dans

le système d'éducation supérieur chinois. Ceci signifie qu'elle recrute essentiellement des étudiants qui ont obtenu le Gaokao (le bac chinois) mais avec des résultats moyens - les meilleurs étudiants seuls étant reçus dans les universités les plus cotées du pays. Ce dispositif de sélection est une réalité, il commence en fait bien avant l'entrée à l'université, et fait selon nous avant tout partie de la description du lieu même s'il se répercute comme nous le verrons sur le profil des apprenants à qui nous enseignons le français.

II. 2. Le public

Le département de français de l'Université Normale de Shanghai est constitué de neuf enseignants chinois et deux enseignants français. Les collègues chinois n'ont pas été mobilisés pour le recueil de données, car notre étude concerne essentiellement les situations de classes de FLE enseignées par les enseignants français.

L'enseignant-chercheur est français, il conçoit l'intégralité de ses cours et des manuels qu'il utilise librement avec son collègue français et sans lien avec les collèges chinois. Il enseigne depuis sept ans en Chine (deux ans à Yangzhou, puis cinq ans à Shanghai) et suit actuellement un M2 FLE recherche à distance à L'Université Grenoble- Alpes. La qualité de son travail en tant qu'enseignant reste en suspens en l'absence d'étude évaluative de celle-ci. Nous estimons que les évaluations positives des étudiants à l'attention de l'administration de l'université ne suffisent pas à rendre compte de la valeur réelle de son travail d'enseignement.

Les apprenants concernés par notre recherche sont tous chinois. En revanche, conformément à la politique de répartition des étudiants sur le territoire chinois, ils proviennent (de plus en plus) de régions très différentes de la Chine (Shanghai, Anhui, Gansu, Zhejiang, Jiangsu, Jiangxi, Guizhou, Guangxi, Guangdong, etc.). Les classes sont composées majoritairement d'étudiantes, en particulier en spécialité français. Il n'y a qu'en informatique que les apprenants soient majoritairement de sexe masculin. Par commodité, nous avons choisi d'utiliser systématiquement les vocables « étudiant » et « apprenant » au masculin, mais notre étude ne fera pas, sauf exceptions, de distinction particulière en

fonction du sexe des élèves étudiés. Une analyse plus fine pourrait certainement être menée en différenciant les points de vue masculins et féminins. La quantité d'étudiants pour chaque promotion est variable en fonction des années (144 pour la promotion 2013, 130 pour la promo 2015, plus de 200 pour la promo 2016). ils apprennent tous le français, ils commencent pour la plupart à l'apprendre à l'université, et sont répartis dans des spécialités différentes : l'économie, l'informatique, la publicité et le français. ils ont la majorité de leurs cours de français, notamment de grammaire, de lecture ou d'écriture, avec leurs enseignants chinois.

Ils suivent principalement avec l'enseignant-chercheur des cours de communication orale (法语视听说, qu'on peut traduire littéralement par « regarder, écouter et parler ») en première et en seconde années de Licence. Ce cours dure deux heures quinze minutes chaque semaine et commence le second semestre de la première année jusqu'au deuxième semestre de la seconde année. Une séquence est généralement découpée en trois parties différentes : 1/ activités orales de « remue-méninges » afin de se remémorer le cours (lexique, grammaire, etc.) lié au thème qui sera abordé dans la séquence ; 2/ activités de compréhension orale pour travailler la compétence de compréhension, définir des modèles d'actes de langage associés au thème de la séquence, découvrir de nouveaux outils langagiers et socioculturels relatifs au thème de la séquence : 3/ activités d'expression orale pour travailler la compétence d'expression (et de compréhension), réutiliser ce qui a été formalisé dans les étapes précédentes. Les classes sont composées de 25 à 30 étudiants, l'enseignement se déroule dans des salles de classe avec tableau noir et pupitre pour l'enseignant face aux apprenants. D'autres cours, d'écriture (pour la spécialité français), de français sur objectif universitaire (pour les autres spécialités), sont dispensés, mais qui concernent moins directement notre étude, même si nous aurons aussi l'occasion d'utiliser certaines données recueillies dans ces autres classes. Enfin, signalons que dans chaque classe, un petit nombre d'étudiants se destinent à poursuivre leurs études en France à partir de la troisième année. Ceux qui restent en Chine doivent suivre des cours en français dans leur spécialité en troisième et quatrième années de Licence.

Le contrat didactique du cours de communication orale, qui transparaît dans l'intitulé du cours et dans les rappels que l'enseignant reformule chaque début de semestre, consiste, entre autres, pour l'enseignant à faire participer autant que possible ses apprenants en français à l'oral et pour les apprenants à « jouer le jeu », c'est-à-dire à apprendre leur cours avant de venir en classe, à pratiquer au maximum l'oral afin de s'entraîner, à noter éventuellement les conseils et corrections de l'enseignant pour progresser. Il est également essentiel que les apprenants signalent leurs difficultés à l'enseignant afin que celui-ci puisse faire convenablement son travail et leur venir en aide.

II. 4. La durée

Notre étude s'étale sur une période de trois années universitaires, entre septembre 2014 et juin 2017.