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Chapitre 1. Introduction

1.4. Contexte de réalisation de la thèse

En conclusion de ce chapitre introductif, il me semble important de clarifier le contexte dans lequel ce travail a été poursuivi. J’ai en effet ancré mon doctorat dans plusieurs projets de recherche, pour lesquels j’étais engagée à l’Ecole de santé publique de l’Université libre de Bruxelles (ESP-ULB) et dont les sujets étaient liés à la question et aux objectifs de ma thèse, mais ne portaient pas directement sur ceux-ci. Ces projets ont inspiré mon projet de thèse, ont nourri l’évolution de ma réflexion et ont permis la collecte des données présentées ici. Je les

présente ci-dessous, en clarifiant leur contexte et leurs objectifs respectifs. Je reviendrai dans les chapitres suivants (« cadre théorique » et « méthodes ») sur la manière dont chacun de ces projets a contribué à ma réflexion théorique et ma méthodologie de recherche.

Projet GRAP-PA Santé. Au démarrage de ma formation doctorale, en 2011, j’étais engagée à temps plein à l’ESP-ULB dans le cadre d’un projet de recherche en appui à la politique de coopération belge sur la mise en œuvre, dans le secteur de la santé, des engagements pris au niveau international en matière d’efficacité de l’aide au développement26. L’objectif global du projet était d’analyser la manière dont les principes d’efficacité de l’aide au développement adoptés par la communauté internationale (OECD, 2003, 2005, 2008, 2011) étaient mis en œuvre dans le secteur de la santé. Quatre pays en particulier étaient ciblés pour étudier l’impact de ces principes sur les pratiques et les stratégies de santé : le Mali et le Bénin en Afrique de l’Ouest, le Rwanda et la République Démocratique du Congo (RDC) en Afrique centrale. Outre des recherches fondamentales menées à travers des études de cas spécifiques, il s’est agi de fournir un appui scientifique à la Direction générale de la coopération au développement et aide humanitaire (DGD) du Service public fédéral belge des Affaires étrangères, commerce extérieur et coopération au développement. Cet appui a impliqué la participation à des réunions nationales et internationales sur l’efficacité de l’aide en santé, et la traduction des résultats des recherches menées en des formats lisibles pour des décideurs politiques (présentations orales, policy briefs, notes conceptuelles).

Projet Sidaction. En parallèle du projet GRAP-PA Santé, j’ai également collaboré avec l’Université de Bordeaux dans le cadre d’un projet de recherche sur la participation

26 Projet titré « Groupe de recherche en appui à la politique de coopération belge sur la mise en œuvre de l’agenda pour l’efficacité de l’aide (Paris-Accra) dans le secteur de la santé », financé de 2009 à 2014 par l’ex-Coopération universitaire au développement (CUD, aujourd’hui ARES-CCD). Pour l’ESP-ULB, ont participé Bruno Dujardin (coordinateur académique), Megan Ireland (jusqu’en 2012), Anne Fromont (depuis 2012) et moi-même (depuis janvier 2010). Ce groupe de recherche interuniversitaire incluait également des membres de l’Université Catholique de Louvain (Jean Macq, Nathalie Ribesse, Véronique Zinnen) et de l’Université de Liège (Elisabeth Paul et Marc Poncelet).

thérapeutique du patient en cas de maladie chronique au Mali27. Ce projet visait à comprendre le processus de construction du rôle du malade dans la prise en charge de deux maladies chroniques spécifiques, le diabète et le VIH/sida, et à mettre en évidence les différentes déclinaisons de ce rôle en fonction de l’éventuelle adaptation locale des modèles existants en la matière au niveau international et des conditions effectives de leur mise en pratique sur le terrain. Pour ce faire, la recherche prévoyait trois volets : celui des recommandations figurant dans les politiques nationales et internationales ; celui des pratiques et des modèles utilisés par les professionnels de la santé ; ainsi que celui des pratiques et des représentations des patients. Ma contribution à cette recherche a concerné le volet sur les politiques, avec un double objectif. Premièrement, il s’agissait d’étudier les modèles et stratégies de prise en charge du diabète et du VIH/sida élaborés par des organisations internationales à destination des pays à faibles ressources et africains en particulier. Ceci afin de comprendre la place accordée aux maladies et aux professionnels de santé, les savoirs et les logiques sous-jacentes à ces stratégies, les éventuels liens élaborés entre les modèles de prise en charge du diabète et ceux concernant la prise en charge du VIH/sida. Deuxièmement, au niveau des stratégies élaborées au Mali, il s’agissait d’étudier leur contenu et les recommandations adressées par rapport aux rôles que devaient jouer les patients. Ceci afin de comprendre la conception des acteurs nationaux par rapport à ces rôles et à la place qui devait être accordée au malade, les modèles et les logiques sous-jacents à ses conceptions, les éventuels liens élaborés entre les modèles de prise en charge du diabète et du VIH/sida au niveau local.

Projet ANR. Le projet Sidaction s’inscrivait dans la continuité d’un précédent projet auquel j’avais eu l’occasion de participer lors de mon mémoire de fin d’études à l’Institut de santé publique, d’épidémiologie et de développement (ISPED), Université de Bordeaux, en 200828.

27 Projet titré : « Savoirs et pratiques experts et profanes autour du rôle du malade dans la prise en charge de la maladie chronique. Les exemples du diabète et du VIH/sida au Mali », co-coordonné par Isabelle Gobatto et Annick Tijou Traoré du laboratoire ADES (Aménagement, développement, environnement, santé et sociétés) / UMR CNRS 5185 de Université de Bordeaux, et financé de 2010 à 2012 par Sidaction/Ensemble contre le sida.

28 Projet titré : « D’un savoir à l’autre. Les connaissances des professionnels, des patients et de leurs familles, autour du diabète à Bamako (Mali) », coordonné par Isabelle Gobatto, financé de 2007 à 2009 par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) ; ont également participé à ce projet Annick Tijou-Traoré, Rachel Besson, Mireille Bernard (du Laboratoire ADES/UMR CNRS 5181, Université de Bordeaux) et Audrey Fligg (étudiante de l’ISPED).

Ce projet visait à comprendre les processus de construction des connaissances autour du diabète de type 2, au niveau des professionnels de la santé ainsi que des patients et de leur famille, à Bamako, au Mali. Trois groupes d’acteurs étaient visés : les acteurs de santé actifs au niveau des institutions internationales et nationales ; les professionnels de santé maliens, spécialistes et généralistes ; les malades et leur famille. Dans ce cadre, mes recherches ont porté sur le premier groupe d’acteurs : les autorités nationales, les professionnels de santé spécialisés, les associations des patients, les partenaires techniques et financiers internationaux, y compris les organisations non gouvernementales (ONG). Un état des lieux des politiques maliennes de lutte contre le diabète a été dressé (acteurs mobilisés, historique, logiques sous-jacentes et contenu des programmes en place), en mettant en évidence le rôle joué par les différents acteurs ainsi que l’impact de leur éventuelle inaction.

Programme ACROPOLIS. À partir de 2014 et jusqu’en décembre 2018, j’ai participé à un nouveau programme de recherche en appui à la politique de coopération belge, défini sous l’acronyme ACROPOLIS29. La première phase de ce programme a visé à étudier la question de l’efficacité de l’aide internationale dans les contextes dits fragiles, en ciblant les pays suivants : le Mali et le Niger en Afrique de l’Ouest, le Burundi, la RDC et le Rwanda en Afrique centrale. Il s’est agi d’appuyer la DGD dans l’opérationnalisation de sa stratégie d’intervention en contextes fragiles (DGD, 2013), stratégie inspirée des principes de bonnes pratiques adoptés au niveau international (OECD, 2007; IDPS, 2011). Différents axes de recherche fondamentale étaient également prévus. J’ai exploré celui relatif aux modalités d’appui aux organisations de la société civile au Mali et, dans une moindre mesure, au Rwanda. La deuxième phase du programme ACROPOLIS a visé à appuyer la coopération belge dans sa réflexion autour de la mise en place d’une approche globale (comprehensive approach) permettant de mieux coordonner les actions menées par les acteurs belges, qu’ils soient publics ou privés, investis

29 Programme « ACademic Research Organisation for POLIcy Support », financé par le VLIR-UOS et l’ARES-CCD en deux phases : un premier projet « Aid effectiveness in fragile contexts » de mai 2014 à avril 2017 ; un deuxième projet « Governance for development » de mai 2017 à décembre 2018, promu au niveau de l’ESP-ULB par la Prof. Céline Mahieu. Ce programme interuniversitaire a mobilisé d’autres chercheurs : Emmanuel Klimis de l’Université Saint-Louis, Sidney Leclercq de l’Institut d’Etudes Européennes de l’ULB et de l’Université Catholique de Louvain, Geoffroy Matagne de l’Université de Liège, et Thomas Vervisch de l’Université de Gand. Plus d’informations sur les travaux réalisés sont disponibles sur le site : < www.governance4development.org >, consulté le 29 avril 2020.

dans la coopération au développement et dans la coopération internationale de manière plus générale, y compris par exemple dans le domaine de la défense ou du commerce extérieur. Dans ce cadre, j’ai plus particulièrement étudié la mise en place d’une approche intégrée rassemblant acteurs publics et de la société civile autour d’un même programme de coopération au développement.