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5. MATERIEL et METHODES

5.1. Site d’étude : diagnostic du système biophysique et agronomique.

5.1.5. Contexte agropastoral

L’unité pastorale de bise est constituée de 2 vallons de superficie équivalente (l’un des vallons constituant le site d’étude). Deux troupeaux bovins laitiers valorisent l’espace pastoral de fin mai à fin septembre. L’effectif des troupeaux est typique des exploitations de montagne, avec environ une quarantaine de vaches laitières et un nombre équivalent de génisses. Pour ces deux exploitations, le vêlage a lieu durant la saison automne - hiver, si bien que la production laitière baisse régulièrement de juin à septembre (de 600 litres à 200 litres/jour et par exploitation). Compte tenu du faible chargement moyen (0.5 UGB/ha/an), de l’absence de pratique organisée de restitution de la fertilisation organique et d’entretien des ressources fourragères, la situation étudiée relève typiquement d’une gestion extensive de l’espace pastoral.

Le circuit de pâturage dépend de choix techniques relatifs aux modalités de traite, d’itinéraires établis en relation avec la pousse de l’herbe et la ressource en eau, et du comportement animal. La traite a lieu deux fois par jour, en matinée et en fin de journée. Traites et complémentations d’alimentation sont réalisées dans les étables des chalets communaux de Bise, situés à l’aval du bassin versant étudié. La nuit, les animaux sont dans les étables ou restent à proximité des bâtiments, d’où un déficit global de restitution (état de fait qui perdure au moins depuis un siècle). Le matin, les animaux sont conduits dans des quartiers de pâturage et surveillés. L’après midi, les animaux sont « autonomes », laissés sans surveillance : ils choisissent alors généralement de pâturer les secteurs à topographie douce situés en fond de vallon, à proximité des cours d’eau où ils s’abreuvent.

Unités Schéma Transferts d’eau

Butte morainique

- en situation de replat : milieu confiné propice à la formation de nappes de subsurface en A

et B/C ;

- en situation de pente ; transfert latéraux de subsurface

Colluvium

- transferts d’eau latéraux de subsurface le long de la pente

- formation de nappes de subsurface à la base du sol en

situation de bas de pente.

Cône / Eboulis

- transfert vertical de l’eau

- formation d’une nappe profonde (aquifère) dans les

dépressions du substratum

Figure 10. Unités géomorphologiques et hypothèses relatives aux modalités de transfert d’eau. Finalement, le circuit de pâturage est structuré par les éléments suivants :

- des axes de déplacements collectifs des animaux ; le troupeau longe la portion aval du cours d’eau sur des axes permettant la liaison entre les bâtiments et les quartiers de pâturage ; ces zones de déplacements collectifs sont marquées, le long des versants, par la formation de terrassettes où le sol est fréquemment mis à nu par le piétinement des animaux ;

- une zone de franchissement du cours d’eau et d’abreuvement du troupeau, localisée à l’aval du cône de déjection ;

- des quartiers de pâturage surveillé ; ils sont situés en début de saison sur les secteurs proches du fond de vallon (moraine et bas de cône de déjection) ; à partir du mois d’août, lorsque les réserves fourragères du bas sont épuisées, ils concernent des stations plus élevées telles le haut des pentes colluviales et les végétations à base d’éboulis ; en revanche même en fin de saison, les secteurs carbonatés karstiques d’altitude sont très rarement utilisés par le troupeau ;

- des quartiers de pâturage autonome et des reposoirs non surveillés, très généralement limités aux fonds de vallon.

substratum

nappe sol

Le fond de vallon correspondant au cône de déjection et aux buttes morainiques, est donc fréquemment fréquenté par les animaux, soit sous surveillance en début de saison, soit en autonomie en fin de journée.

5.1.6. Végétation

A l’échelle de l’alpage, sous l’effet du parcours des troupeaux et d’un régime hydrique très favorable, on assiste globalement à une concentration des déjections et nutriments en fond de vallon et à une eutrophisation des végétations prairiales. La redistribution d’éléments nutritifs s’effectue au détriment des pentes et de la périphérie de l’alpage, secteurs où les types de végétation ont tendance, en l’absence de phénomènes tampons locaux (recharge en carbonates et matériaux altérables liée aux effets de versant, fixation d’azote) à évoluer vers des faciès oligotrophes et en général acidifiés. Plusieurs types de végétation ont été caractérisés dans la zone pastorale de Bise (Dorioz et Party, 1987). Ils sont présentés ici dans le cadre de référence que constitue la typologie des alpages des alpes humides107.

- Pelouses maigres acidophiles (qualifiées dans ce texte de « nardaie »). Il s’agit de stations sur sols profonds et acidifiés, dominés du fait de l’absence de restitution fertilisante par des graminées, peu ou pas appétentes telles que Nardus stricta, Festuca rubra et Descampsia flexuosa. Elles occupent les points hauts relatifs du paysage (crêtes et faces structurales sur schistes, certains versants convexes de départ de matière, buttes morainiques). Leur caractéristiques principales sont les suivantes: un régime hydrique estival à tendance méso – xérophile attribué à une structure de sols microagrégée à faible RFU, une acidification prononcée des sols, avec accumulation de matière organique en surface ; une faible productivité et valeur pastorale, d’où une fréquentation épisodique par les animaux malgré une topographie souvent facile. Quand la pression pastorale cesse complètement, les nardaies évoluent à Bise en lande à Ericacées. Les sols sont ici des alocrisols sensu RP, 1995

- Pelouses moyennes sèches calcicoles. Ce type est caractérisé par Carex sempervirens et Sesleria coerula ; il est localisé au niveau des affleurements de calcaires massifs ; les sols peu profonds, caillouteux, sont humiques et calciques, méso à xérophiles ; la productivité et la valeur pastorale sont faibles à moyennes (mais ces pelouses sont reconnues d’intérêt pour la saveur des fromages ou la biodiversité). Les sols sont ici soit des rendisols, soit des organosols.

- Pelouses à pâturin des alpes (désignées par « gazon » à Paturin). La végétation est dominée par des graminées et des légumineuses à forte appétence. La production en biomasse est relativement élevée ; la fréquentation est précoce et intense d’où un aspect de « gazon » ; les apports d’éléments nutritifs par les bouses et la fixation d’azote compensent en partie les exportations de biomasse. Ces pelouses tapissent le fond de vallon, notamment la partie basale du cône de déjection. Les sols sont des sols alluviaux et colluviaux calciques.

- Pelouses grasses mésophiles (désignées par « hautes herbes » à Trisète). Ce type de végétation à base de Trisetum flavescens, dominé par les graminées fourragères et présentant de nombreuses légumineuses ; la biomasse produite est forte bien que les restitutions par déjection soient faibles. A Bise ces pelouses sont localisées au niveau des pentes d’éboulis stabilisés ; ce type est associé à des brunisols saturés et des calcisols dont la fertilité est maintenue grâce à des phénomènes de chaulage naturel, dus aux apports gravitaires amonts de matériaux calcaires. Il s’agit en général de pâturages un peu tardifs

107

Bornard et al, 1992 Typologie de la végétation des alpages laitiers des Alpes du Nord. 25 fiches techniques,. G. I. S. Alpes du Nord, Chambéry.

- Pelouses nitrophiles à Rumex alpina. Elles occupent des zones de reposoir, avec concentration des déjections, qui confère un caractère nitrophile prononcé à la végétation. Entre les touffes de Rumex, des graminées fourragères subsistent, ce qui maintient la valeur pastorale de la végétation et différencie ces stations du véritable Rumicion des phytosociologues, localisé autour des bergeries et où le recouvrement par le Rumex et les Orties est quasi complet.

- Zones humides, marais aux sols hydromorphes, calciques et humifères, liés aux résurgences ou à des concentrations topographiques d’eaux de surface. La végétation est de très faible valeur pastorale, typique des bas marais carbonatés, marquée par un cortège de plantes typiques des milieux humides.

5.1.7. Synthèse: compartimentation agroécologique du système étudié et désignation des