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La présence de mycotoxines dans les céréales est un problème majeur mondial. En 2002, on a estimé que la production de blé et d’orge contaminés représente 2/3 de la production mondiale de céréales, et 80% de la production européenne. Les espèces mycologiques les plus fréquentes en Europe sont Aspergillus, Fusarium et Penicillium. Le genre Fusarium est le principal pathogène des plantes agricoles qui se développe dans les régions à température modérée et qui occasionne la maladie des grains connue sous le nom de Fusarium Head Blight (FHB).

La contamination fongique peut commencer dans les champs ou avant le stockage si les conditions d’humidité et de température sont optimales. Elle est aussi possible pendant le stockage et les procédés de transformations des céréales en aliments. A partir d’une portion ou d’un grain complet contaminé, on peut isoler jusqu’à 9 espèces différentes de Fusarium. Le profil toxique des grains contaminés est déterminé non seulement par l’espèce pathogène prédominante mais aussi par la présence d’une espèce productrice de toxines (Logrieco et al., 2002).

46 Bottalico and Perrone (2002) ont fait une étude pour déterminer les espèces prédominantes en Europe qui contaminent le blé ayant développé la maladie FHB. Ces espèces sont listées par ordre de fréquence : F. graminearum, F. avenaceum, F. culmorum, F. poae, F. equiseti, F. tricinctum, F. cerealis, F. sporotrichioides, F. acuminatum, F. subglutinans, F. solani et F. oxysporum. Les espèces qui contaminent les grains FHB sont affectées par les conditions climatiques surtout la température et la présence de pluie au moment de l’étape de florescence, en plus des facteurs agronomiques comme la culture de sol, la fertilisation avec l’azote, l’utilisation de fongicides, la rotation des cultures, et le génotype de la plante hôte.

Torp and Nirenberg (2004) ont identifié F. langsethiae comme une nouvelle espèce de Fusarium en Finlande. Elle a été isolée à partir de blé, d’orge et d’avoine et on l’a trouvée dans plusieurs pays d’Europe. D’après ces résultats, F. langsethiae ressemble à F. poae sauf que sa croissance est moins rapide, elle a un développement diffèrent au niveau du mycélium, et elle n’a pas d’odeur. Ils ont constaté que F. langsethiae produit plus de toxines T-2 et HT-2 que F. poae, mais comparable à ce que produit F. sporotrichioides. Les souches de cette espèce ont été isolées à partir de grains récoltés en Autriche, République Tchèque, Danemark, Angleterre, Norvège, Pays-Bas et Allemagne. D’après ces recherches, le premier rapport mentionnant une souche de F. langsethiae date de l’année 1990.

En 2009, des études réalisées sur l’occurrence des toxines de Fusarium dans les aliments dans l’Union Européenne, ont montré que 20% des échantillons sont contaminés par la toxine T-2 et 14% avec la toxine HT-2 (Lattanzio et al., 2009).

Dans la même année, pour aider à établir une règlementation, l’Institut Français des Boissons, de la Brasserie et de la Malterie (IFBM) a publié des études sur les toxines T-2 et HT-2 et sur les problèmes de contamination à cause de Fusarium langsethiae sur l’orge. Ils ont remarqué le déplacement d’autres espèces de Fusarium sp. au champ par F. langsethiae pendant les 5 dernières années. Ils ont évalué la présence de cette moisissure dans les orges commerciales destinées à la production de la bière et ils ont confirmé la menace de futures contaminations. Par conséquent, ils ont initié le projet ANR-BARSAFE pour comprendre et résoudre les problèmes causés par la récente apparition de cette moisissure dans l’orge de brasserie (Fournier, 2009; Toussaint et al., 2009).

47 Fournier and Boivin (2007) ont suivi les populations de Fusarium sur les orges de brasserie françaises sur la période de récolte 2003-2006. Ils ont trouvé que la présence des toxines T-2/HT-2 en 2003 était de 3% et que cette proportion a augmenté jusqu’à 16% en 2004 et à 50% en 2005, tandis que les souches productrices de trichothécènes B ont régressé pendant cette même période. Ils ont constaté une augmentation de la présence de F. langsethiae au cours des dernières années dans les échantillons d’orge de brasserie à la récolte. En 2006, 2 souches sur 5 isolées d’orge française appartenaient à la population F. langsethiae/F. poae. Ils ont trouvé que la contamination en trichothécènes A était principalement due à la présence de F. langsethiae. Plusieurs souches ont été isolées lors des récoltes 2005 et 2006 avec des capacités extrêmement élevées de production des toxines T-2 et HT-2.

La présence de F. langsethiae dans les céréales (orge, blé, maïs) en Europe a été aussi confirmée par d’autres auteurs (Lattanzio et al., 2009; Torp and Nirenberg, 2004). Et ils ont exprimé leur inquiétude sur la présence potentielle des ces toxines dans les aliments à base de céréales. En effet les méthodes de transformation des céréales en aliments ou boissons peuvent augmenter les niveaux des mycotoxines présentes. En plus l’élimination de ces toxines est compliquée parce que les trichothécènes sont des molécules très thermostables. De manière générale les procédés comme le fraisage, la cuisson au four et le brassage ne diminuent pas de manière significative (dans les cas observés) les concentrations en trichothécènes (Hazel and Patel, 2004).

Binder et al. (2007) ont analysé plusieurs aliments à base de céréales de différentes régions d’Europe destinés aux animaux et ils ont détecté la présence de mycotoxines (Tableau 15). Il est possible d’observer que dans le cas de la toxine T-2, les concentrations les plus élevées proviennent des échantillons du Nord de l’Europe, où les conditions climatiques sont plus favorables pour sa production.

48 Tableau 15. Concentrations en mycotoxines (µg/kg) détectées dans des échantillons d’aliments pour animaux à partir de différentes régions d’Europe (Binder et al., 2007).

Toxine Nord d’Europe Centre d’Europe

Deoxynivalenol 5510 8020 Toxine T-2 1776 829 Zéaralenone 970 1392 Fumonisines 630 580 Afatoxine B1 60 311 Ochratoxine A 10 530