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La construction d’un observatoire et l’exploitation des données

dans les paysages

Chapitre 4. La construction d’un observatoire et l’exploitation des données

Nous ne pouvons que constater l’importance des données dans la recherche scientifique. La multitude des questions soulevée par leur usage, à propos de leur collecte, de leur stockage, de leur traitement, de leur diffusion et aussi de leur statut juridique nous porte à les considérer tels des objets scientifiques. Particulièrement, leurs dépendances aux contextes de recherche qui les produit, aux outils d’analyse et leur diffusion portent à penser les données comme dynamiques. Cela soulève un ensemble d’enjeux. Énumérés ici, nous les éclairons à l’occasion de ce chapitre.

Pour notre thèse, nous considérons les données comme un substrat pour l’analyse de

l’évolution des représentations socio-spatiales de l’éolien. Ce faisant, nous soulevons un enjeu

épistémologique et donnons l’opportunité d’interroger la place accordée aux données dans la

recherche. Conséquemment, dans l’intention d’une recherche diachronique, un enjeu

scientifique émerge, à propos de l’accès aux données. La mise à disposition et la diffusion sont

des questionnements de plus en plus prégnants en recherche, auxquels un enjeu

méthodologique peut être greffé : l’exploitation des données de différentes natures et/ou

d’autres recherches, distinguant alors les données sources des données résultats57. Enfin, le

stockage et le partage sont deux intentions scientifiques propres à soulever des enjeux techniques, que nous aurons à cœur de présenter en proposition conclusive de la thèse.

Afin de capter les représentations, nous mobilisons une variété de supports d’analyse. Outre une compréhension générale des dispositifs de réglementation et de prospection éolienne, apportée par le croisement d’une littérature grise (documents de programmation, textes de lois et protocoles de prospection), nous nous appuyons principalement sur un corpus de presse regroupant l’information médiatique autour de l’éolien. Cette collecte a été doublement mis en perspective : d’une part, par la conduite d’entretiens auprès d’acteurs et d’autre part, par la réutilisation d’enquêtes, préalablement menées par Sophie Le Floch et Anne-Sophie Devanne. Enfin, nous avons également réalisé un dépouillement de documentations d’archives et de documents de projets (Figure 24).

57 Les données sources sont les données exploitées par les chercheurs pour leur recherche alors que les données résultats

Chapitre 4 : La construction d’un observatoire et l’exploitation des données

Figure 24 : Confrontation méthodologique de matériaux de différentes natures

Il s’agit de multiples formes de discours à travers lesquels nous sommes à la recherche de contenus des représentations de l’événement-éolien.

« C’est dans la langue que nous allons chercher les objets du monde, en considérant que la langue est une mémoire sociale, et que dans son réseau sémantique elle a sédimenté les visions du monde produites par la culture. » (Lahlou, 2003, p.43).

Cependant, leur nature diffère. Il s’agit de textes, d’images, de paroles, avec des intentions et messages différents, pour lesquels certains supports sont privilégiés. La confrontation des matériaux soulève certaines interrogations. Leur analyse conjointe appelle à précisions, tant dans la manière de formaliser les données que dans leur traitement susceptible de renseigner les représentations. L’intention de ce chapitre est à la fois de répondre à ces interrogations et de proposer un protocole d’analyse pour l’interprétation d’un corpus regroupant différentes formes de discours.

4.1. En quête de données

Nous définissons les données selon une acception large, celle considérant tout matériau analysé et/ou interprété à l’occasion d’une recherche. Nous assistons à une production et une utilisation croissantes de données de multiples formes et sur divers supports. Cette croissance s’accompagne d’un mouvement d’ouverture pour et par la recherche. Le Big Data illustre l’explosion quantitative des données. Ce nouvel ordre de grandeur de la donnée, appuyé par des

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initiatives telles que l’Open Data, ouvre sur de nouvelles perspectives méthodologiques. Pour le chercheur, c’est aussi une opportunité de réfléchir sur sa production de données, leurs usages et l’éventualité de recourir à des matériaux produits par d’autres. La réutilisation de données constitue une porte ouverte sur de nouvelles approches du temps dans la recherche. Elle est également une chance de revenir sur des données sensibles dépendantes d’un contexte socio-politique ou juridique.

Dans notre quête de données, l’enjeu repose sur l’adoption d’une démarche méthodologique compréhensive et flexible. Compréhensive car elle s’inscrit dans une volonté

de saisir les sensibilités. C’est en cela une recherche sensible58. Elle se définit ainsi car elle

revêt une menace59 potentielle pour les personnes impliquées dans et/ou par la recherche (Lee

et Renzetti, 1990). Dans notre thèse, la dimension sensible provient des acteurs. La nature délicate de l’objet de recherche vient à la fois de sa portée politique et de son caractère événementiel. De fait, les acteurs engagés dans le contexte socio-politique de recherche révèlent une part de leurs sensibilités, leur discours les amène à prendre position.

L’approche du sensible sollicite une sensibilité théorique. Celle-ci se définit en termes « d’écoute » des données. La sensibilité théorique se révèle dans l’intérêt et la priorité donnée à cette écoute, qui conduit à une exposition nouvelle des données. Le travail du chercheur s’apparente à un révélateur photographique à l’occasion duquel, les données passent du statut d’invisible à celui de visible, par l’action de recherche. Charles Calamel suggère d’ailleurs que « le sensible soit présent, mais invisible, et que seule la démarche de recherche permette de le faire apparaître autrement que sur un plan philosophique » (Calamel, 2015, p. 70).

Finalement, les données deviennent sensibles dès lors qu’elles émanent d’acteurs sensibilisés et sont révélées comme telles. Il incombe au chercheur de déjouer les éventuels blocages dans la passation d’informations et de favoriser les portes d’entrée aux données sensibles.

58 Elle se distingue de la sensory research pour laquelle les sens détiennent une part centrale dans la production de données de

recherche. C’est notamment le cas pour les recherches d’intervisibilités.

59 La menace revêt trois acceptions. La première desquelles, la menace intrusive ; elle atteint la sphère privée mais également

regroupe ce qui peut être perçu comme particulièrement stressant pour les intervenants. La menace sanction fait quant à elle référence aux recherches susceptibles de révéler des informations stigmatisantes. La dernière, la menace politique s’observe dans les recherches interrogeant les différents pouvoirs en place.

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Nous proposons également une démarche flexible. C’est à travers la notion de corpus que nous engageons la production d’une méthodologie faisant preuve de souplesse et de praticité. Nous entendons le corpus comme un ensemble de données exploitables dans la perspective d’une recherche d’informations. Le caractère exploitable du corpus tient autant dans sa forme que dans son fond. Or, dans le cas de données sensibles la question de l’accès et de la richesse du contenu doivent être discutés.

Comment déjouer l’absence de réponse à la sollicitation d’entretien ? la réticence à aborder certaines thématiques ? ou même, la réserve, voire la dissimulation de données lorsque le contexte devient délicat ? Comment adapter le temps de la thèse aux temporalités de l’événement-éolien et ses représentations ? Cette dernière interrogation marque la spécificité de notre thèse, car le temps devient une limite dans le recueil des données. Dans cette perspective, la place privilégiée du discours d’entretiens vient à être rediscutée dans le processus méthodologique. Cela nous engage à définir d’autres sources, pouvant être articulées les unes aux autres.

Comme bon nombre de chercheurs cités dans les paragraphes suivants, nous reconnaissons la place du numérique et considérons qu’il n’est plus à apprécier en marge de la pratique d’enquête. Cependant, le recours aux données issues de plates-formes numériques appelle à quelque repositionnement épistémologique, particulièrement lorsqu’il participe de la construction d’un corpus.

Certes, la société de l’information60 propose une ouverture au nombre et à la diversité

de la donnée. Aussi séduisant que soit l’accès aux bases de données qualitatives, leurs usages engagent néanmoins des modalités méthodologiques différentes de celles communément retenues pour les discours d’entretiens. C’est en tout premier lieu un engagement différencié par rapport à la donnée. Huguette Rigot attire notre attention sur le fait que des données recueillies sur les plates-formes numériques engagent une démarche d’observation, alors que les entretiens relèvent du champ des interactions (Rigot, 2006, p.160).

Puis, et parce que nous avons précédemment introduit la notion de corpus, l’accès facilité aux données ne désengage pas le chercheur de la question du choix. S’il ne veut pas tomber dans le piège du simple réservoir de données textuelles, le corpus suppose une

60 L’expression d’une société de l’information (SI) se définit par une société de type tertiaire dont la condition première

d’existence consiste en la circulation de l’information et où l’immatériel, la flexibilité et le savoir tiennent un rôle central ; rôle rendu possible par les technologies de l’information et de la communication (TIC). L’apparente synonymie établie implicitement par la SI entre information et savoir tend à être réinterrogée.

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construction. Penser comme un construit adéquat, il est fonction d’un usage de recherche et

implique une sélection des données (Ibid., p. 161).

Vigilance prise à l’égard de sa pratique et de son usage, « c’est la cumulativité des matériaux et des résultats de recherche et leur insertion dans une temporalité qui permet une

évolution significative de la recherche en sciences humaines et sociales » (Ibid., p. 165). En

effet, l’information et la communication ont ouvert un vaste champ des possibles pour les sciences humaines et sociales, la capitalisation et la réutilisation de matériaux en étant deux exemples.

4.1.1. Capitalisation, une ouverture au droit de regard

La capitalisation61 est une pratique courante pour les données quantitatives depuis les

années 1960. Elle assure la sauvegarde, elle rend possible la mise à disposition des données

pour la communauté de chercheurs et ouvrent la voie à de nouvelles analyses. A contrario, elle

émerge pour la recherche qualitative. Les premières expériences ont été développées par le GRETS (Groupe de Recherche – Énergie – Technologie – Société), sous l’égide du service Recherche & Développement d’EDF. Cette initiative française répond aux propositions formulées majoritairement en Europe du Nord dans les années 1990, pour lesquelles Qualidata,

organisme dépendant de l’université du Sussex, fait office de précurseur (Dargentas et al., 2007,

p.157).

Le développement de la capitalisation des données est facilité par le déploiement des techniques du numérique. Elles permettent le stockage de gros volumes et le recours à l’outil informatique pour l’analyse. Si d’un point de vue pragmatique elles permettent de pallier les difficultés du recueil de données, d’un point de vue épistémologique, elles ouvrent des possibilités vers de nouvelles interrogations des jeux de données ainsi que de possibles comparaisons temporelles sur une même thématique. Les études autour de la santé, de la sociologie ou encore de la psychosociologie de la santé se sont saisies de cette nouvelle pratique de recherche. Facilitée, la capitalisation encourage le partage de données pour ces études, souvent collectives. Elles sont aussi une des solutions au coût temporel et financier des études. Cependant, la capitalisation a des conséquences sur les pratiques de recherche. Parce qu’elle engage le chercheur partageant ses données à renseigner avec exhaustivité ses pratiques

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d’entretien, ses enregistrements et retranscriptions, ainsi que ses méthodes d’analyse, la capitalisation approuve un droit de regard.

Revalorisant le statut de la preuve dans le raisonnement, elle ouvre sur une culture de controverse. C’est alors une culture de la co-construction ouverte par la multiplicité des regards autour d’un même objet de recherche.

Néanmoins, des problèmes éthiques, de confidentialité, font le pendant de ces ouvertures épistémologiques valorisables. L’attrait de la comparaison et des études diachroniques ne peut négliger d’interroger le relationnel que le chercheur entretient avec sa propre recherche. La question d’un partage des métadonnées et des protocoles se pose. La capitalisation ouvre sur la reproductibilité et l’exigence accrue de transparence. La revisite du matériau partagé, soit l’analyse secondaire, cristallise ces interrogations.

L’analyse secondaire se définit en fonction d’une analyse dite « primaire » parce qu’elle ouvre sur un nouvel angle d’approche, sur la possibilité de vérifier, sur une utilisation pédagogique et enfin, sur la comparaison.

En effet, la capitalisation est une incitation à ré-explorer des corpus, sous-exploités parce qu’un seul angle théorique ou méthodologique a été choisi pour l’interprétation ou du fait de contraintes de temps. La pluralité d’interprétations rendue possible, c’est une perspective pour la comparabilité. De même, l’introduction d’une dimension diachronique dans une recherche qualitative est une perspective passionnante.

Pour ce faire, la capitalisation sous-entend des matériaux de « bonne qualité », accompagnés d’un ensemble de métadonnées riches et explicites. Mais cette contextualisation

a posteriori suffit-elle à désamorcer les enjeux méthodologiques d’une analyse secondaire ? Répondre à cette question nous engage à revenir sur quelques éléments fondamentaux ainsi qu’à l’exposition des difficultés voire, des limites de l’analyse secondaire.

4.1.2. Analyse secondaire : matériaux, contextes et résultats

Paul Thompson, Libby Bishop ou encore Magdalini Dargentas exposent avec clairvoyance ces fondamentaux. En tout premier lieu, la faisabilité d’une analyse secondaire dépend d’une « documentation extensive autour du contexte de recherche, des données et des

métadonnées » (Dargentas et al., 2007, p.160 et Bishop, 2006, p.11). C’est pour ainsi dire

fournir la possibilité de rapporter la recherche primaire dans le rapport et le cadre de recherche de l’analyse secondaire (Figure 25). En second lieu, la pertinence de l’entreprise s’évalue au

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regard de la compatibilité des données à analyser, estimée en fonction des objectifs de l’analyse secondaire. Si ce n’est pour une seconde analyse, la réutilisation de matériaux peut servir d’inspiration pour un sujet voisin. Perçues alors comme des données « pilotes », elles renseignent sur les manières les plus efficaces ou, les plus inopérantes, pour aborder le sujet (Thompson, 2000).

Figure 25 : Schématisation du processus d’analyse secondaire

Toutefois, la mise en pratique de cette innovante revisite laisse perplexes voire, inquiets certains chercheurs, Niamh Moore, Martyn Hammersley ou Natasha Mauthner pour ne citer qu’eux.

C’est tout d’abord la crainte de dénaturer le matériau qui est mise en avant par ces auteurs. Si les mots deviennent du texte à l’occasion d’une retranscription d’entretiens, ils résultent avant tout d’une situation d’interactions. Ce constat, inscrit dans une vision constructiviste, signifie que les conditions de production du discours sont constitutives du matériau. Ils interrogent alors la pertinence de la dichotomie « primaire/secondaire » (Moore, 2007) ainsi que la prise en compte de l’implicite (Moore, 2006, p.26). Qu’il s’agisse d’une analyse dite primaire ou secondaire, il s’agit d’un processus de constructions qui engagent la réflexivité du chercheur. La pratique de l’entretien illustre ces biais, du fait du relationnel entretenu avec l’enquêté, des relances au cours de l’échange, qui influent sur le contenu.

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l’œuvre selon l’acception constructiviste. Partiellement explicitable, elle n’est toutefois aucunement réplicable. Martyn Hammersley suggère néanmoins qu’une revisite des matériaux peut permettre de discuter des interprétations « primaires » (Hammersley, 2010).

Selon les réflexions des trois auteurs précités, la décontextualisation interpelle sur la traçabilité des résultats. Ce faisant, ils octroient un rôle dominant au contexte dans l’interprétation. Dans cette perspective, le contexte ne se résume pas à l’ensemble des informations nécessaires à la compréhension des données ; il ne se résume pas aux métadonnées.

Irena Medjedović suggère que les réticences des chercheurs tiennent dans une spécificité telle de leur matériau de recherche qu’il ne puisse servir à d’autres (Medjedović, 2011). Interpellés dans leurs pratiques et habitudes scientifiques, les chercheurs conçoivent souvent leurs enquêtes comme des expériences solitaires, dans lesquels ils s’investissent fortement

(Dargentas et al., 2006., p.47). Aussi, « être là »62 semble être une condition sine qua none de

la validité de l’analyse et de ses interprétations (Medjedović, op.cit.).

Face à aux refus, et à l’affirmation que les données ne peuvent être utilisées à d’autres fins, des auteurs comme Sophie Duchesne ou Joanna Bornat interrogent un éventuel déni de vérifications (Duchesne, 2010, p. 9 ; Bornat, 2008). Car, ces pratiques ouvrent sur une exigence

de transparence, pouvant s’inscrire dans une culture de la preuve et de la validation, une culture

of disputation, selon Irena Medjedović (Medjedović, op.cit.). Mais, c’est aussi la possibilité d’une prise de recul, une attitude critique rendue possible par la distanciation avec un matériau qui n’est pas le nôtre et/ou l’effet bénéfique du passage du temps sur l’objectivité de l’interprétation.

Considérant que la relation entre le chercheur et les résultats d’enquête se distingue suivant que l’on opère une analyse primaire ou secondaire, la décontextualisation des données

ne constitue pas un obstacle épistémologique infranchissable. Plus qu’une difficulté pratique63,

elle engage une réflexion sur le statut des données et leurs usages dans le cadre d’une seconde analyse. Les données sont alors envisagées comme des traces, des indices d’un contexte, d’une situation passée à laquelle toute vigilance et réflexivité du chercheur doivent être accordées.

62 Traduction littérale de « being there » qu’Irena Medjedović énonce dans son article, citant Louise Corti et Paul Thompson

(2004, « Secondary analysis of archived data », dans Clive Seale, Giampietro Gobo, Jaber Gubrium & David Silverman (Eds.),

Qualitative research practice, London, Sage.) et Janet Heaton (2004, Reworking qualitative data, London, Sage.).

63 Dès lors, la question de l’anonymat se pose. Sa réponse pratique n’est pas sans difficulté : elle engage le chercheur à

formaliser son matériau pour respecter les conditions d’anonymisation, voire d’obtenir le consentement ex post des

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Notre entreprise de l’analyse secondaire s’effectue sur des matériaux bruts, les retranscriptions des enquêtes de Sophie Le Floch et d’Anne-Sophie Devanne (Figure 26). Certes, cette nouvelle analyse présente le handicap de ne pas porter sur un matériau recueilli à dessein pour notre problématique. Cependant, leurs travaux, menés dans le cadre du programme « Paysage et Développement Durable » du ministère de l’écologie, lancé en 2005, partaient de l’hypothèse selon laquelle les contenus des notions de développement durable et de paysage, mobilisées lors des conflits mettant en cause l’énergie éolienne, pourraient ne pas être perçus comme antagonistes mais au contraire se redéfinissant mutuellement. L’objectif de ces recherches fut de mettre en lumière les contenus renégociés de ces deux notions ainsi que leurs influences dans les prises de décision et les actions mises en œuvre sur les territoires. Bien que ces recherches n’aient pas les mêmes objectifs que les nôtres, des réflexions communes les animent. Notamment, sur le fait que les conflits actuels peuvent être entendus comme une période nécessaire à l’ajustement des représentations et des pratiques de l’espace. De plus, si les contestations portent majoritairement sur la revendication d’une participation équitable à l’aménagement des paysages locaux, les différents acteurs et usagers de l’espace mobilisent des représentations territoriales toutes aussi variées et mises en confrontation. Si le paysage tient une place prépondérante dans la majorité des arguments d’opposition, il est exclusivement porté sous l’angle esthétique. L’idée que l’esthétisme paysager ne peut être discuté du fait de son entière subjectivité est aujourd’hui dépassée, nous ouvrons le débat sur les représentations sous-jacentes aux arguments paysagers soulevés par l’énergie éolienne.

Ces approches réflexives similaires aux nôtres permettent à la fois de nous approprier le matériau d’enquêtes réalisées à l’occasion de ces recherches et de proposer une nouvelle démarche d’enquête sur ce même terrain afin de se saisir de la potentielle évolution des représentations mises en œuvre il y a une dizaine d’années. Ce terrain est celui de la

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