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Le paysage conserve une empreinte de l’Histoire, un passé plus ou moins lisible. En définissant la relation paysagère comme le tissage d’une matérialité et d’une réception socio-cognitive, Augustin Berque exprime le paysage comme « du temps incarné en espace ». Par conséquent, la mémoire au même titre que la culture et la connaissance sont des clés de lecture du passé d’un paysage (Fairclough, 2007, p.153). Toutes trois inspirent l’idée d’une dynamique des paysages.

L’évolution du paradigme paysager illustre les changements dans les rapports qu’entretient l’Homme avec l’étendue terrestre et par là même informe le paysage comme un acte culturel, fonction d’une position dans l’espace et dans le temps. « Le paysage est par

conséquent indissociable de l’initiative et des processus d’origine anthropique » (Ibid., p.154).

Le paysage et les processus afférents sont si intimement liés qu’à mesure que l’espace change, les perceptions changent, le paysage évolue. Mais la relation paysagère pourrait s’exprimer différemment. L’originalité de cette proposition tiendrait dans la possibilité que le paysage puisse changer sans que la matérialité de l’espace ne change. Une confrontation parallèle du cycle de vie d’un parc éolien et du cycle de vie de l’événement-éolien qu’il induit pourrait étayer cette nouveauté de la relation paysagère.

En tout état de cause, le paysage est une relation entre sujets et objets. Projetée ou vécue, elle s’établit à travers un système dynamique, un processus de mise en sens. Penser l’événement-éolien à travers une relation paysagère appelle une épistémologie capable de traduire la dynamique de relations causes-conséquences. Dans cette relation causale sont mises en tension une matérialité éolienne et ses représentations.

Dans ce chapitre, nous choisissons d’appuyer notre développement théorique sur la conceptualisation du paysage par les géographes de Besançon. La modélisation d’un polysystème du paysage nous apparait propice à saisir la complexité des relations paysagères. À l’appui de leurs réflexions, nous proposons une interprétation du modèle au regard de notre problématique. Cette proposition se veut plus opérante pour l’appréhension de l’événement-éolien et des dynamiques de représentations.

Chapitre 2 : Spatialités et temporalités en transformation, une approche systémique par le paysage

2.1. Entre spatialités et temporalités, le paysage comme processus dynamique

À propos du paysage, il est malaisé de cloisonner l’objet et le sujet. Cependant, nous choisissons de revenir sur les fondations du concept de paysage, en distinguant l’existence d’une matérialité et sa rencontre cognitive avec des schèmes de représentations.

Les paragraphes suivants tissent la construction du processus paysager, en exposant l’enrichissement apporté par la systémique.

2.1.1. Le paysage, du visible…

Arrêt sur images : les éoliennes se voient

Au regard du panel d’enquêtés à l’occasion du baromètre de l’ADEME de 2015, l’énergie solaire serait la plus respectueuse vis-à-vis de la biodiversité et des paysages. Elle est à l’occasion défendue comme une énergie de choix par la majorité des enquêtés, la qualifiant d’énergie d’avenir, la moins dangereuse, la moins polluante (Baromètre ADEME, 2015). Alors si 46% du panel accepteraient la présence de cinq à dix éoliennes à moins d’un kilomètre de leur habitation, près du double (91%) accepteraient que quelques installations solaires

s’installent à proximité31 (Ibid., p.42-43). Le résultat hautement favorable peut s’expliquer par

la variété des modalités d’implantation de l’énergie solaire. D’ailleurs, 39% des individus favorables expriment la condition qu'il s'agisse d'installations sur les toits ou les façades des grands bâtiments comme les centres commerciaux, les entrepôts, les gymnases, les hôpitaux (Ibid., p.43).

Dans l’étude des visibilités des pylônes, Laurent Couderchet avait mis en évidence l’effet des contrastes optiques variant selon les fonds paysagers sur lesquels ils se détachent. Certaines configurations paysagères sont plus à même d’absorber les ouvrages électriques.

La modularité des installations photovoltaïques s’adapte alors aux éléments spatiaux préexistants et la cohérence des formes et volumes participent à leur absorption paysagère. Installés sur les toits ou sur des façades, les panneaux photovoltaïques n’imposent pas une contrainte nouvelle dans la liberté d’un regard habitué.

31 La modification dans la formulation des questions, vis-à-vis de la distance, dans l’enquête peut avoir une incidence sur les

réponses. Pour les installations solaires la question a été formulée comme suit : « Accepteriez-vous qu'une ou plusieurs installation(s) solaire(s) soit installée(s) à proximité de chez vous ? » alors que pour les éoliennes elle l’a été comme proposée ci-après : « Accepteriez-vous qu'un parc de 5 à 10 éoliennes soit installé à moins d'un kilomètre de chez vous ? » Cette modification a pu avoir des répercussions quant à la représentation de la distance suggérée et de fait, sur la réponse donnée.

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Cependant, nous observons que les parcs s’envisagent davantage dans des lieux urbanisés, où ils peuvent couvrir toits et parkings, que dans des espaces à dominante rurale. Sont invoqués alors le maintien préférable d’usages agricoles ou récréatifs, ou encore la végétalisation, dans une optique de préserver les espaces dits « naturels ». Il est entendu dans ces arguments le souhait d’y préserver des activités à vocation écologiques et/ou socio-économiques. C’est aussi, pour un regard habitué, le maintien d’une cohérence dans la scène paysagère, en reléguant aux espaces urbanisés les marques de l’industrie énergétique.

Néanmoins, l’installation de panneaux se fait également sur des parcelles agricoles ou forestières, ou encore sur des friches comme ce peut être le cas en Gironde. Dans le Médoc, les communes de Sainte-Hélène et de Brach accueillent respectivement, deux parcs de 42 hectares et 32 hectares et un parc de 21 hectares, sur des zones forestières sinistrées par la tempête de 1999. Pour ceux-ci, une attention particulière a été conduite sur le masquage des installations photovoltaïques, la présence de haies réduisant sensiblement leur visibilité (Figure 5). En réalité, à défaut de relief particulier, la faible hauteur des panneaux contribue à des visibilités réduites, comparées aux grands mâts éoliens. Pour les fermes photovoltaïques, il faudrait alors prendre de la hauteur pour considérer leur impact surfacique ainsi que les contrastes optiques induits par la couleur des panneaux et la réverbération.

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Cet exemple illustre la tension entretenue entre occupation du sol et perception paysagère que nous avions approché lors du précédent chapitre. Selon qu’il s’agisse d’une ferme solaire ou d’un parc éolien, les vues modifient l’impact visuel. Des panneaux photovoltaïques se voient peu en vue tangentielle, mais

beaucoup selon une vue projectionnelle. A

contrario, les éoliennes se distinguent à peine en vue projectionnelle, alors qu’elles peuvent avoir un impact visuel conséquent en vue tangentielle (Figure 6).

L’éolienne, quant à elle, ne peut que difficilement, pour des raisons de productivité et de sécurité, s’adjoindre à des infrastructures préexistantes, qui plus est urbaines. De par ses dimensions hors-normes, ses conditions techniques et réglementaires, l’éolienne s’impose dans le paysage à dominante rurale, son occupation du sol reste insignifiante comparativement à celle de panneaux photovoltaïques. Considérées selon une vision tangentielle, les éoliennes prennent une place considérable dans la scène paysagère, elles se démarquent de leur environnement paysager par effets de contraste, de taille, de couleur, de mouvement (Figure 7). Elles instaurent une dissonance paysagère. Et surtout, elles se voient de très loin.

Chapitre 2 : Spatialités et temporalités en transformation, une approche systémique par le paysage

Figure 7 : Illustration des effets de distance sur la visibilité du parc éolien de Saint Coulitz

Du paysage visible aux paysages perçus

Dans sa définition du paysage, Jean-Louis Tissier enjoint à préciser les modalités du regard qui constitue le pays en paysage (2003, p.697). Le paysage n’existe que parce qu’il est perçu. Il est en tout point de l’espace, visible, mais ne se révèle que pour un regard le considérant comme tel. Il est affaire de points de vue, spatiaux comme cognitifs.

L’étude des phénomènes de visibilité s’est notamment construite autour des travaux de l’Institut de Géographie de l’université de Franche-Comté, proposant les notions d’ampleur de vue et de soumissions à la vue, au début des années 1980. Les géographes ont mis à l’épreuve ces notions du « voir et être vu » dans les études d’impacts paysagers, notamment dans le cas des lignes de transport d’électricité Figure 8 : Illustration schématique du

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Ces travaux reposent sur des données orographiques et d’occupation du sol, rendant compte de l’ouverture ou la fermeture du paysage, afin de traduire la sensibilité visuelle d’un espace donné. La figure ci-contre illustre schématiquement le principe d’ampleur de vue,

fonction de la topographie et de l’habillage32. Selon leur éloignement, l’élévation du terrain ou

même la présence de masques, ici de la végétation, l’intensité de l’impact visuel de l’éolienne varie pour les observateurs 1, 2 et 3. Ces phénomènes sont également illustrés dans la planche photographique précédente (Figure 7).

Le paysage, système producteur et système du paysage visible

Le concept de géosystème a été proposé par les géographes des années 1960-70 pour étudier les interactions nature-sociétés dans une dimension à la fois temporelle et spatiale. Sa dimension systémique intègre parmi les facteurs dynamiques l’action de l’Homme, longtemps négligée par l’approche des milieux.

Selon la définition de Georges Bertrand, le géosystème est étroitement lié à la notion de paysage.

« […] sur une certaine portion de l’espace, le résultat de la combinaison dynamique, donc instable, d’éléments physiques, biologiques et anthropiques qui, réagissant dialectiquement les uns sur les autres, font du paysage un ensemble unique et indissociable en perpétuelle évolution. » (Bertrand, 1968, p.250).

Le géosystème est un tournant épistémologique qui admet que les réalités géographiques sont en mouvement, qu’elles se transforment en permanence. Il permet d’analyser les combinaisons dynamiques de facteurs

biotiques, abiotiques et anthropiques d’un territoire et concentre sa portée conceptuelle dans la notion de flux (Figure 9). L’action anthropique est une nouvelle donnée comme facteur d’évolution, traduisant la dimension temporelle des interactions.

Dès lors, l’analyse spatiale doit intégrer le fait que les structures spatiales

s’inscrivent dans des temporalités

32 Pour le détail des mécanismes du visible, nous suggérons la lecture de « L’intervisibilité » du dossier d’Habilitation à Diriger

des Recherche intitulé Le paysage comme paradigme, de Laurent Couderchet (2008, p.130).

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variables. Cela ouvre la voie à la pensée complexe et aux polytemporalités des systèmes spatiaux.

La modélisation systémique est l’expression de la capacité des systèmes ouverts à se structurer et à perdurer. Le paysage peut être modélisé selon des composantes de bases et en intégrant son potentiel dynamique.

Jean-Claude Wieber contribue à préciser l’approche systémique du paysage, rapprochant le géosystème d’un système producteur de paysage. Pour lui réside dans les définitions du paysage la présence d’un support. Les travaux de l’école de Besançon affirment le statut spatial du paysage. Un concept polysystémique de paysage est proposé par Jean-Claude Wieber et Thierry Brossard, au milieu des années 1980, il va nourrir les recherches paysagères bisontines jusque dans les années 2000.

Dans sa première version il se compose de trois boîtes en interrelations : un système producteur, un système utilisateur et un système « paysage visible » (Brossard et Wieber, 1984, p.6) (Figure 10). Le premier regroupe les objets de paysage. Le système producteur se décompose en trois sous-systèmes, résumant des forces naturelles et anthropiques.

« La boîte abiotique regroupe toutes celles qui agissent dans l’air, dans l’eau, sur et dans la terre et qui créent les pentes et les plaines, les lacs et la plage, le ciel bleu et les nuages, etc. […] La boîte anthropique rassemble les techniques mises au point par les sociétés humaines au cours de l’histoire […] La dernière boîte est biotique ; les dynamiques biologiques, avec les épisodes variés de leurs histoires, ont disposé ici des forêts et là des toundras ou des landes dont l’allure et les limites fluctuent : les bactéries du sol, les troupeaux de gnous ou les bancs de sardines en dépendent aussi » (Laboratoire THEMA, 2005).

L’utilisation du paysage par les individus est schématisée selon leurs diversités de points de vue dans le dernier sous-système, le paysage utilisateur. Cette diversité est le fait du filtre perceptif. La boîte centrale réduit le paysage à une configuration spatiale d’objets et d’éléments d’images. Elle est le maillon reliant un système producteur à un système utilisateur. Elle traduit alors l’idée d’une potentialité paysagère réduite au visible. Plus précisément, le système visible incarne le potentiel paysager objectif puisqu’il représente ce qui est donné à voir, avant d’être perçu. S’y intéresser permet de découvrir ce qui est visible et avec quelle intensité ; accepter le principe du paysage visible c’est rendre possible sa quantification et son étude en analyse spatiale.

Une zone de non réductibilité s’inscrit entre les systèmes producteur et visible, qui traduit

une relation particulière non réversible entre eux : « ce n’est pas seulement le système

producteur qui produit le visible »33 ; on peut passer du système producteur au système visible

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mais on ne peut effectuer le chemin inverse. Le polysystème est orienté (Couderchet, 2008, p.209).

Enfin, les boucles récursives informent de l’influence du sous-système utilisateur sur le

sous-système producteur : les manières de concevoir l’espace modifient la dimension physique

de l’espace.

Figure 10 : Le concept de paysage en polysystème, d'après Jean-Claude Wieber et Thierry Brossard, 1984

La nature et les hommes produisent des objets que l’on voit dans les paysages. Il s’agit des images de ces objets, constituant un paysage visible. La potentialité d’être vu conjugue la matérialité paysagère aux mécanismes de visibilité qui articulent la physiologie de l’œil et sa position dans l’espace. Les travaux considérant les relations entretenues entre le système

producteur et le système du paysage visible amorcent une pratique scientifique de l’analyse du paysage utile aux études d’impacts d’ouvrages de grande ampleur. C’est notamment les travaux des géographes de l’école de Besançon, Jean-Claude Wieber, Thierry Brossard, Serge Ormaux et Laurent Couderchet, entre autres. Précisons que la dimension sociale du paysage n’est pas omise par ces auteurs, cependant elle ne concentre pas leur attention.

Chapitre 2 : Spatialités et temporalités en transformation, une approche systémique par le paysage Au-delà du visible, un paysage perçu

Au départ à l’aide d’échantillonnages photographiques puis enrichie par l’apport des

Modèles Numériques de Terrains (MNT) et de la télédétection34, l’étude des phénomènes de

visibilité a permis la construction d’une méthode systématique d’analyse. L’ouvrage Protocole

d’étude des paysages proposé par Laurent Couderchet en illustre les mécanismes (2001). Les restitutions sont alors exclusivement quantitatives et essentiellement cartographiques. Elles permettent la proposition de scénarios d’aménagement.

Cependant, par retour d’expériences, Laurent Couderchet et Serge Ormaux mettent en évidence la méfiance des populations « devant ces paysages mis en équation » (Couderchet et Ormaux, 2004, p.7). Bien qu’évoquant le rapport tangentiel à l’espace, les cartes de soumissions

à la vue relèvent d’une méthodologie peu accessible aux non-initiés35 et omettent la dimension

sensible du regard paysager. Alors, plus que répondre à « que voyons-nous depuis où », il s’agit de s’interroger sur ce qui fait que le regard s’arrête sur tel ou tel objet et quel sens l’individu lui assigne ?

Le regard qu’un individu pose sur l’espace sélectionne, évalue et qualifie. Avant d’être une production cognitive et/ou iconographique, l’image de paysage est une manière de voir l’espace. Cependant, elle ne dit pas tout du paysage. L’individu observe d’abord les formes qui constituent une vue d’ensemble du paysage, puis il interprète ces formes selon ses schèmes de pensée, où l’on retrouve des connaissances et une part d’imagination. Ainsi, il s’approprie l’espace en un paysage qu’il recompose. Les filtres perceptifs du polysystème interviennent précisément dans la production d’un sens paysager et enrichissent la complexité du paysage.

34 Les MNT et la télédétection sont des sources d’information privilégiées car le relief et l’occupation du sol sont deux

composantes majeures du paysage visible. Elles traduisent les combinaisons matérielles d’objets soumises à la vue.

35 « […] le rapport à la carte pose toute une série de questions dans le cadre de projets de planification et d’aménagement : des

problèmes d’ordre topologique tout d’abord, comment passer de la vision paysagère tangentielle à celle de la carte et du plan ? » (Couderchet, 2008, p. 272).

À ce propos, les paysages numériques 3D semblent être une piste intéressante. Matthieu Noucher y voit une opportunité de « naviguer entre l’approche projectionnelle (la « vue du dessus ») et l’approche tangentielle (la « vue du dedans ») (Noucher

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2.1.2. …. au système multidimensionnel complexe.

Le processus paysager s’établit par les médiations entre ses constituants objectifs et subjectifs. Augustin Berque traduit cette entité relationnelle dynamique par le terme de médiance (Berque, 1994, p.27). Dépassant le schisme de l’objet et du sujet, l’auteur affirme la part subjective de notre relation au monde autant que notre propension à son objectivation. Ni entièrement subjective, ni complètement objective, la médiance est, par sa dynamique trajective, une conjugaison de l’un et l’autre mouvant dans l’espace et le temps. L’alliance de logiques rationnalisantes et de sensibilités témoigne de la singularité du paysage.

Le paysage est tout autant une représentation sociale, qu’un environnement matériel, un territoire fabriqué et habité, voire l’expérience phénoménologique de l’acte de paysage elle-même. Le paysage nait de l’indissociable tandem sujet/objet dont la mutuelle contribution informe la complexité.

Au-delà de ses dimensions biophysiques, le paysage possède également des dimensions culturelles et sociales, voire économiques, appréhendables à différentes échelles. La complexité émerge des échelles et dimensions en interactions. Elle ne naît pas dans la pluralité des composantes du paysage, mais des croisements d’échelles affectant les interrelations qui le produisent.

Représenter la complexité d’un processus

Au sujet de la complexité, Edgar Morin rappelle qu’elle n’est pas synonyme de complétude et que ce serait même faire erreur que de les confondre (Morin, 2005, p. 11). Saisir les éléments de phénomènes complexes ne revient pas à capitaliser l’ensemble des parties d’un tout.

Appréhender la complexité revient à comprendre qu’il est à la fois nécessaire de distinguer, sans isoler, les éléments, et de tenir compte des interactions qui compose l’ensemble. La modification d’une composante d’un complexe peut instaurer une forme de désordre. Cette modification engendre des comportements potentiels imprévisibles du phénomène.

Chapitre 2 : Spatialités et temporalités en transformation, une approche systémique par le paysage

L’incertitude fait partie de la complexité. Ainsi, en « fonctionnant », les éléments d’un processus se transforment. Cela introduit l’évolution potentielle du complexe dans le temps.

Or, les méthodes de modélisations analytiques s’entendent pour la résolution de problèmes où « tout est donné » par la réalité des objets d’étude. L’incertitude inhérente aux phénomènes complexes révèle alors l’intérêt de la modélisation systémique.

La théorie générale des systèmes, proposée par Ludwig Von Bertalanffy, ne fait pas office de recette pour connaître l’inattendu mais elle maintient un degré de vigilance, en permettant de voir à travers la complexité (Von Bertalanffy, 1972, p.409). Dans un objectif de transcender les spécialisations sectorielles, elle expose les relations et interactions entretenues

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