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Chapitre 1

La Loire moyenne au risque de l’eau

Roger Brunet, dans son entreprise de théorisation du « concept de val » – dans laquelle il souligne à la fois l’originalité et la récurrence de ce type de configuration spatiale – utilise l’exemple du Val de Loire. Cet espace est en effet à la fois original par son organisation, notamment par rapport aux espaces environnants, mais aussi emblématique à bien des égards, représentant presque le val par excellence. C’est cet espace, qualifié de manière plus précise de Loire moyenne, qui constitue notre terrain d’étude pour ce travail de thèse. C’est pourquoi il convient d’examiner ici quelques unes des caractéristiques de la partie moyenne du cours de la Loire, celles présentant un intérêt particulier par rapport à notre sujet. Une telle démarche permettra de poser les jalons nécessaires à la compréhension des enjeux que recouvre la question de la gestion du risque d’inondation au sein de cet espace.

1. La Loire moyenne : de l’espace défini par la nature au territoire de projet

Stricto sensu, la Loire moyenne désigne la partie du cours de la Loire allant du Bec

d’Allier (confluence entre l’Allier et la Loire quelques kilomètres en aval de Nevers) jusqu’au Bec de Maine (à Bouchemaine, non loin d’Angers situé sur la Maine un peu en amont de sa confluence avec la Loire), soit un tronçon fluvial de 450 kilomètres de long (cf. fig. I.1). Pourtant, dans ce travail, c’est une Loire moyenne quelque peu élargie en fonction de nos préoccupations qui sera considérée : non un espace défini de manière naturaliste, mais un véritable territoire de projet.

Il est en effet apparu au fil du travail que Nevers, située au bord de la Loire sept kilomètres environ en amont de sa confluence avec l’Allier (Bec d’Allier) et ne faisant donc pas partie de ce qu’on désigne classiquement comme la Loire moyenne s’y rattachait en fait

étroitement à travers les projets de gestion du risque d’inondation dont elle est partie prenante. Si la modélisation hydraulique de l’Equipe pluridisciplinaire du Plan Loire Grandeur Nature n’a pas inclus ce linéaire fluvial en amont du Bec d’Allier, l’agglomération de Nevers entretient néanmoins des liens étroits avec l’Etablissement Public Loire et l’Equipe pluridisciplinaire, révélant ainsi une forme de cohésion issue des solidarités créées par les actions communes menées sur ce linéaire du fleuve pour faire face au risque d’inondation. L’agglomération de Nevers et ce linéaire fluvial de quelques kilomètres en amont du Bec d’Allier sont donc étroitement connectés à la ville qui, en matière de gestion du risque d’inondation, fait figure de centre : Orléans. Pour Alain Reynaud (1980), « une phrase d’une comédie italienne du XVIIIe résume, mieux que de longs développements, le contenu et la signification du centre : « Là où les choses se passent. » ». Orléans apparaît effectivement comme un lieu stratégique, central, de la gestion du risque d’inondation dans la mesure où s’y concentrent de multiples acteurs de la gestion de l’eau et du risque d’inondation : la DIREN de bassin, l’Etablissement Public Loire, l’Agence de l’eau Loire Bretagne ainsi que le Centre Européen de Prévention du Risque d’Inondation (CEPRI) créé en décembre 2006. Avant sa dissolution en 2007, l’Equipe pluridisciplinaire du Plan Loire Grandeur Nature s’y trouvait également (pour plus de détails sur chacun de ces acteurs et leurs missions, cf. encadrés du chapitre 2 et tableau 2.3). L’inclusion de l’agglomération de Nevers permet aussi de comparer les mesures mises en œuvre dans cet espace qui a, en matière de prise en compte du risque et par rapport au reste de la Loire moyenne, à la fois un temps de retard mais aussi le bénéfice des expériences qui y ont été menées, et des liens étroits noués avec les acteurs de la gestion du risque d’inondation plus en aval.

De même, à l’aval, nous avons inclus l’agglomération d’Angers, bien qu’elle ne s’inscrive que partiellement dans le cadre de la Loire moyenne définie selon des critères naturalistes. En effet, Angers est une agglomération à la situation hydrologique complexe car s’étant développée sur un site de confluences multiples (fig. 1.1). Si une partie de l’agglomération d’Angers est incluse dans la Loire moyenne (par exemple communes de Mûrs-Erigné ou des Ponts-de-Cé, au Sud de l’agglomération), l’extrémité ouest se rattache quant à elle à la Loire aval, tandis que la partie centrale et septentrionale de l’agglomération se rattache au territoire hydrographique de la Maine et de la Mayenne.

Tableau 1.1 : Le territoire d’Angers Loire Métropole : un territoire de confluences aux PPR multiples et décalés dans le temps

Pourtant, tout comme Nevers, Angers entretient des liens étroits avec les acteurs et les projets propres à la Loire moyenne qui justifient son inclusion au sein du terrain étudié. Situé à la charnière entre la Loire moyenne et la Loire aval et estuarienne, le territoire d’Angers Loire Métropole est rattaché à la Loire Moyenne dans la majorité des études. Cette position charnière lui confère une originalité par rapport aux autres territoires que nous étudions : comme l’illustre le tableau 1.1, cinq PPR différents se juxtaposent sur le territoire de la communauté d’agglomération Angers Loire métropole, et leur état d’avancement est bien moindre que les territoires plus centraux de la Loire moyenne (le PPR Authion, un PPR appartenant à la Loire moyenne, a été prescrit dès 2000, alors que celui de la confluence Maine ne devrait être prescrit que fin2009!).

En fait, la saisie de l’unité de la Loire moyenne peut se faire grâce à la notion de proximité. Comme le notent Christophe Beaurain et Jérôme Longuépée, « dans certains cas, la proximité environnementale pourrait substituer à l’espace géographique euclidien, des

contenus homogènes de l’espace permettant aux agents d’évoluer au sein d’un même espace

géographique, continu, ou du moins un espace géographique fondé sur une unité, une

PPR inondations Communes Etat d’avancement Approbation

LOIRE AUTHION Trélazé

Les Ponts-de-Cé

29 novembre 2000

LOIRE LOUET Angers (aval Basse Chaîne)

Les Ponts-de-Cé Bouchemaine Ste-Gemmes-sur-Loire Murs-Erigné Savennières Béhuard 9 décembre 2002 MAYENNE OUDON Feneu La Membrolle-sur-Loire Montreuil-Juigné 6 juin 2005 LOIR Soucelles Villevêque 29 novembre 2005 Confluence MAINE

Angers (amont Basse Chaîne)

Briollay Ecouflant Cantenay-Epinard Avrillé St-Sylvain-d’Anjou Prescrit le 6 février 2004. Mai-juin 2009, enquête publique. Automne 2009

continuité environnementale, notamment paysagère à défaut de proximité métrique. La proximité environnementale renvoie en définitive à une double caractéristique : une situation géographique partagée et la constitution d’interactions entre acteurs appartenant à une même zone caractérisée par l’unité paysagère » (Beaurain, Longuépée, 2006). Cette proximité environnementale renvoie ainsi, dans le cas de la Loire moyenne, à la fois au caractère riverain du fleuve des communes concernées ainsi qu’à leur insertion au sein de réseaux d’échanges et de coopération sur diverses questions liées à cet environnement fluvial partagé, avec ses effets positifs et négatifs (dont la prévention du risque d’inondation).

2. La Loire moyenne, un espace vulnérable

Sur l’ensemble du territoire français, environ 16 000 communes sont totalement ou partiellement inondables (tableau 1.2), et environ cinq millions de personnes vivraient en zone inondable. Le risque d’inondation constitue ainsi le principal risque « naturel » en France.

Tableau 1.2 : De nombreuses communes exposées aux risques « naturels » en France

Type de risque Nombre de communes concernées

par chaque type de risque

Proportion de communes concernées par chaque

type de risque

Risques naturels Environ 21 000 au total (sur 36 570) 57,5 %

Inondation 16 000 43,8 %

Mouvements de terrain 7400 20,2 %

Séismes 6000 16,4 %

Avalanches 600 1,6 %

Source : Veyret, Garry, Meschinet de Richemond (dir.), 2004

2.1. Des enjeux importants mais inégalement répartis

La Loire moyenne est un territoire très concerné par le risque d’inondation. Son étude permet donc de saisir les mécanismes de mise en exposition de biens et de personnes à des aléas naturels.

La Loire moyenne constitue un corridor constellé de villes de taille modeste (moyennes comme Blois par exemple, qui compte 66 000 habitants et qui est principalement animée par les fonctions administratives et touristiques, ou petites, comme Amboise, représentative de l’échelon des sous-préfectures). Les deux plus grosses agglomérations sont Orléans et Tours (un peu moins de 300 000 habitants pour la première, un peu plus de 300 000 pour la seconde). Ces deux villes font figure de métropoles régionales rayonnant sur une bonne partie de la Loire moyenne. La vallée de la Loire constitue ainsi un axe de concentration de la population : les quatre agglomérations ligériennes d’Orléans, Tours, Blois et Amboise regroupent plus du quart de la population totale de la région Centre. L’économie agricole est encore très prégnante dans le Val de Loire : « une polyculture en petites exploitations, faisant une place importante à la vigne (en tout 24 000 ha, notamment en Touraine) et à l’horticulture (cultures légumières et florales de l’Orléanais : concombres, fraises, asperges, oignons…). Les efforts constants d’adaptation au marché (vins de qualité, horticulture sous serre) garantissent la pérennité de cette agriculture intensive, malgré les fluctuations des cours et l’enchérissement du prix des terres sous la pression de l’urbanisation » (Boyer et alii, 2005). Cette omniprésence de cultures délicates dans le val augmente la vulnérabilité au risque d’inondation.

La Loire moyenne concentre des enjeux importants. Les études menées par l’Equipe pluridisciplinaire du Plan Loire Grandeur Nature à la fin des années 1990 ont permis de les chiffrer avec une relative précision (tableaux 1.3, 1.4, 1.5 et fig. 1.2).

Tableau 1.3 : Des enjeux très importants à l’échelle de la Loire moyenne

Types d’enjeux Habitants Entreprises Emplois Superficies agricoles (en ha)

Enjeux exposés en cas de crue

centennale

300 000 13 600 71 500 87 000

Tableau 1.4 : Une concentration des enjeux dans la Région Centre

Types d’enjeux Habitants Entreprises Emplois Superficies agricoles (en ha)

Enjeux exposés en Loire moyenne

300 000 13 600 71 500 87 000

Enjeux exposés dans la seule Région Centre

250 000 11 000 58 500 63 000

Pourcentage des enjeux exposés en Région Centre par rapport aux enjeux en

Loire moyenne

Tableau 1.5 : Une polarisation des enjeux dans quelques espaces Espace concerné

(val)

Tours Orléans Authion Cisse Saumur Blois Sully

% de la population exposée dans cet espace par rapport

à la population totale exposée en Loire moyenne

40 18 14 3 1 2 1

% des entreprises exposées (par rapport au total Loire

moyenne) 36 10 10 7 8 3 2

% des emplois exposés (par rapport au total Loire

moyenne) 39 12 11 7 6 4 3

Données : Equipe pluridisciplinaire du Plan Loire Grandeur Nature

Figure 1.2 : L’inégale répartition des enjeux en Loire moyenne

En cas de crue centennale en Loire moyenne les enjeux exposés, tant humains qu’économiques, mais aussi environnementaux (36 000 hectares de sites d’intérêt écologique reconnu par exemple) et patrimoniaux (216 monuments historiques touchés) non inclus dans le tableau ci-dessus, seraient considérables. Si globalement ces enjeux sont importants, il faut souligner qu’ils sont très inégalement répartis. La Région Centre en regroupe ainsi presque 80 % ! Et au sein de la Région Centre, ce sont principalement deux vals1 très urbanisés – ceux d’Orléans et de Tours – qui en représentent l’essentiel (un peu plus de la moitié des enjeux à eux deux). A ces deux principaux vals en terme de vulnérabilité, il faut en rajouter un troisième, en région Pays de la Loire, le Val d’Authion (de l’amont de Saumur jusqu’à l’agglomération d’Angers).

1 La vallée de la Loire moyenne est marquée par la permanence d’un découpage en différents vals, qui correspondent au lit majeur déconnecté du lit mineur par les levées (Garcin, Carcaud et alii, 2006). Ces différents vals sont des espaces où se développent l’occupation et les activités humaines.

Situé entre la Loire et le Cher qui s’écoulent longtemps parallèlement, le Val de Tours s’étend sur une longueur de vingt-six kilomètres, du coteau de Montlouis jusqu’au confluent de la Loire et du Cher ; sa superficie est d’environ 46 km². Tout le Val de Tours, à l’exception de quartiers hauts de la ville situés le long de la Loire, de part et d’autre de la rue Nationale, a été inondé au moins une fois lors des crues du XIXe siècle. Lors de la crue d’octobre 1846, le Val de Tours amont (à l’amont du canal de jonction entre Loire et Cher – aujourd’hui remplacé par un remblai supportant l’autoroute A 10) a été inondé ainsi que le val aval (à l’aval de l’actuel boulevard périphérique Ouest). Une partie de la ville même a été inondée par infiltration ou par le réseau d’égout. En rive droite de la Loire, les quartiers de Rochecorbon, Marmoutiers, Sainte-Radegonde et Saint-Symphorien situés au pied du coteau furent largement inondés par des infiltrations à travers les levées. Lors de la crue de juin 1856, la levée de la Loire a cédé au niveau de Conneuil (commune de La Ville-aux-Dames, fig. 1.3).

Le flot a traversé le val en ouvrant des brèches dans la digue de Rochepinard (côté Cher). La Loire rejoignait alors le Cher à l’amont de la ville de Tours. Des brèches sont ensuite apparues dans les digues du canal de jonction, inondant la partie située au Sud de la ville ainsi que le centre historique de la ville. A l’aval, plusieurs brèches se sont ouvertes près de Savonnières dans la levée de la Loire et dans celle du Cher. Les levées ont été partiellement submergées. Les hauteurs d’eau dans la ville de Tours, connues grâce aux documents d’archives, sont souvent comprises entre un et deux mètres mais ont ponctuellement pu dépasser quatre mètres ! Lors de la crue de septembre 1866, le Val de Tours amont a été inondé par suite d’une brèche qui s’est ouverte à Conneuil, non loin de celle de 1856. Le Val de Tours aval a été également totalement inondé du fait de la formation de plusieurs brèches et de la submersion partielle des levées. Dans cette partie aval, la crue de 1866 a dépassé celles de 1846 et 1856. Seule une petite partie centrale du Val de Tours (centre-ville historique de Tours) n’a pas été inondée.

Ce val est aujourd’hui très fortement urbanisé. La ville de Tours en occupe toute la zone centrale. En cas d’inondation, suite à une rupture de levée, ce val représenterait à lui seul plus de 40 % des enjeux inondés en Loire moyenne pour l’habitat et les activités économiques, ce qui le place au premier rang pour ce type d’enjeux.

Situé en rive gauche de la Loire, le Val d’Orléans (fig. 1.4) s’étend quant à lui sur une quarantaine de kilomètres de longueur de Bouteille au confluent du Loiret et, avec une largeur maximale de huit kilomètres, constitue le premier élargissement du lit majeur ligérien depuis le Bec d’Allier. Sa superficie est d’environ 300 km². Il a été inondé en presque totalité lors des grandes crues de 1846, 1856 et 1866 par rupture de la levée. Le Val d’Orléans est lui aussi très urbanisé, surtout dans sa partie aval : on estime à plus de 45 000 le nombre de personnes habitant dans la zone inondable2. L’agglomération orléanaise est particulièrement concernée. Mais les enjeux ne sont pas seulement humains, ils sont aussi économiques. Le Val d’Orléans est en effet une zone agricole où les cultures spécialisées (pépinières, horticulture, maraîchage, serres) occupent une place très importante.

2

Figure 1.4 : le Val d’Orléans

Le Val d’Authion, troisième espace en termes de concentration des enjeux, s’étend pour sa part en rive droite de la Loire sur soixante-cinq kilomètres de long, de Saint-Michel-sur-Loire (près de Langeais en Indre-et-Saint-Michel-sur-Loire) jusqu’aux Ponts-de-Cé, commune de l’agglomération d’Angers. D’une largeur moyenne de cinq kilomètres (dix au maximum), il représente une superficie importante (près de 470 km²). Ce val est moins urbanisé que les deux précédents, même si une petite partie des agglomérations de Saumur (Villerbernier) et d’Angers (Trélazé, Les Ponts-de-Cé) s’y déploie, ainsi que de nombreux bourgs. Ces derniers se situent soit en arrière immédiat de la levée, soit sur la levée elle-même (pour neuf d’entre eux), soit enfin plus loin de la Loire, en limite de la zone inondable. Entre ces bourgs, l’habitat rural est très diffus. Ici, comme le montre la figure 1.5, ce sont les cultures spécialisées qui représentent une part importante des enjeux exposés. En effet, le Val d’Authion se caractérise par une forte présence des cultures horticoles et maraîchères dans le Maine-et-Loire (l’horticulture rassemble beaucoup d’entreprises, et les plus grands semenciers sont présents dans le Maine-et-Loire), et de la viticulture dans la partie du val située en Indre-et-Loire (AOC Bourgueil et Saint-Nicolas-de-Bourgueil). Ce sont là des

activités agricoles à forte valeur ajoutée, pour lesquelles – hormis la vigne – une bonne maîtrise de l’eau est nécessaire : irrigation au printemps et en été, évacuation des eaux de la Loire qui inondent le Val d’Authion en hiver. D’importants aménagements hydrauliques ont ainsi été réalisés dans la vallée à la fin des années 1960 (assainissement, irrigation, création de la station de pompage des Ponts-de-Cé qui rejette en Loire les eaux de l’Authion). Ce val est entièrement clos par une levée non munie de déversoir, laquelle s’étend sur soixante-quatorze kilomètres de long. Son inondation est possible soit par rupture de levée suite à une surverse, soit par formation d’une brèche accidentelle. Dans ce cas de figure (scénario retenu dans l’Atlas des zones inondables), l’ensemble des enjeux du Val d’Authion serait inondé (d’autant que plus de la moitié de la superficie du val est exposée à un aléa fort) : 40 000 habitants, 15 460 logements, 1410 entreprises (dont cinquante de plus de vingt salariés) employant 8000 personnes, 184 établissements collectifs, vingt-quatre stations d’eau, 19 800 hectares de culture et 790 exploitations agricoles3 (fig. 1.5 et 1.6).

Figure 1.5 : Les enjeux exposés dans le Val d’Authion

(bâtiments quelconques : habitat individuel et collectif, bâtiments publics et bureaux)

3

Figure 1.6 : Les enjeux exposés dans le Val d’Authion (bâtiments industriels, commerciaux ou agricoles)

Dans un tel scénario, le Val d’Authion représenterait, à l’échelle de la Loire moyenne, le premier secteur au regard de la surface totale agricole inondée (23 %), mais surtout pour la surface en cultures spécialisées (76 %).

2.2. Une vulnérabilité croissante

Ces enjeux se sont accrus au fil du temps, et très vite au cours des dernières décennies, augmentant ainsi la vulnérabilité de la Loire moyenne : les zones industrielles ou commerciales et les lotissements pavillonnaires se sont développés dans les zones inondables, et ce sans précaution particulière le plus souvent (contrairement aux maisons plus anciennes, qui étaient toutes surélevées et dotées de quelques marches afin d’être à l’abri de crues moyennes ou par infiltration). Ainsi, la population occupant ces zones inondables de la Loire moyenne est passée de 30 000 habitants au milieu du XIXe siècle à 120 000 vers 1950 et 300 000 aujourd’hui (Dégardin, 2002). Et depuis, la tendance se poursuit indéniablement.

Dans de nombreuses communes de Loire moyenne, on construit encore en zone inondable, on y construit même beaucoup !

Dans le Val de Tours, un certain nombre de communes fortement urbanisées sont entièrement situées en zone inondable. C’est le cas de Saint-Pierre-des-Corps, La Ville-aux-Dames et La Riche, dont la population s’est beaucoup accrue au cours de la seconde moitié du XXe siècle (tableau 1.6), contribuant ainsi à la mise en exposition de biens et de personnes sans cesse plus nombreux, et donc à une augmentation conséquente de la vulnérabilité.

Tableau 1.6 : Une forte augmentation des populations exposées du fait de l’urbanisation Population communale en 1946 Population communale en 2009 Evolution de la population Saint-Pierre 7413 15 651 x 2,1 La Riche 4045 9612 x 2,3 La-Ville-aux-Dames 783 4520 x 5,7 Données : INSEE

Saint-Genouph et Berthenay sont elles aussi situées en totalité en zone inondable, dans la partie aval du Val de Tours. Restées longtemps rurales, elles connaissent désormais un développement rapide de la périurbanisation. Si leur population demeure modeste, elle s’est néanmoins sensiblement accrue durant la seconde moitié du XXe siècle (tableau 1.7).

Tableau 1.7 : La périurbanisation contribue elle aussi à l’augmentation de la vulnérabilité Population communale en 1946 Population communale en 2009 Evolution de la population Saint-Genouph 457 1005 x 2,2 Berthenay 276 699 x 2,5 Données : INSEE

La comparaison de deux éditions différentes de la carte IGN de Tours (fig. 1.7 et 1.8)

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