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Chapitre 2 : Cadre théorique

2.4 La consommation de sel à travers le modèle de Roy

La consommation de sel découle d’un comportement alimentaire particulièrement complexe qui regroupe différents comportements alimentaires (consommation d’aliments transformés, utilisation du sel dans la préparation des aliments et à la table en plus de l’omniprésence du sel dans les aliments en général). La majorité des études s’intéressant à ce phénomène tente de déterminer des relations pouvant affecter la consommation de sel. Cependant, dans la plupart des études, les auteurs tentent d’expliquer la consommation de sel avec seulement un ou deux facteurs. Les conclusions de ces études sont donc incomplètes dans une optique où le comportement de consommation de sel n’est pas analysé dans sa globalité. Par conséquent, le fait d’analyser la consommation de sel de façon plus globale ou dans son entièreté pourrait impliquer l’atteinte de résultats plus concluants de ce que les études présentent actuellement.

Dans cet ordre d’idée, le modèle de Roy sera utilisé pour aider à mieux comprendre la réponse de l’individu qui est le comportement de consommation de sel. Selon Roy (2009), l’individu cherche toujours à s’adapter pour être en santé. Aussi, pour que l’adaptation soit optimale, il faut avoir préalablement une bonne connaissance du problème en cause, soit ici le comportement alimentaire. Pour ce faire, il est essentiel de trouver des moyens pour l’évaluer de façon globale afin de bien le cerner dans son ensemble.

À première vue, ce comportement alimentaire s’inscrit dans le mode physiologique du modèle conceptuel de Roy. Cependant, la compréhension de ce phénomène à travers le modèle conceptuel de Roy s’avère plus complexe. Le comportement de consommation de sel est influencé par chacun des quatre modes du modèle de Roy, comme le simple fait de rechercher du plaisir dans la consommation de produits salés peut s’inscrire dans le mode concept de soi. La culture, qui est un facteur influençant grandement les comportements alimentaires comme par exemple dans la préparation d’un repas ou le partage d’aliments salés avec la famille ou des membres de la communauté, peut prendre racine tant dans le mode fonction de rôle que dans le mode

interdépendance. L’importance ou non qu’accordent les individus d’avoir une alimentation saine et équilibrée en sel afin d’avoir une bonne image de soi et de la projeter auprès des autres est un autre facteur pouvant influencer la consommation de produits salés et qui découle du mode concept de soi. Tous ces facteurs font partie des quatre modes de Roy et influencent à leur façon, et à des degrés différents, la consommation en sel.

Le comportement de surconsommation de sel dans le mode physiologique comporte plusieurs éléments à caractériser avant de parvenir à établir des recommandations d’adaptation pour les différents patients qui présentent ce comportement. En effet, les mesures objectives de consommation de sel, comme l’excrétion urinaire de sodium de 24h, permettent une quantification plus précise de la consommation à chaque individu. Par conséquent, on peut mettre en évidence avec ce type de mesures s’il y a présence ou non d’un problème de consommation excessive de sel. Ensuite, les mesures autorapportés de consommation de sel permettent d’identifier les sources qui contribuent majoritairement à cette consommation. Les sources d’aliments salés que consomment les individus s’intègrent dans la dimension de l’environnement du modèle de Roy. En effet, l’individu mange ce qui est disponible dans son environnement externe. Plusieurs facteurs comme le revenu, la disponibilité des aliments, l’exposition croissante à des produits alimentaires transformés sont tous des stimuli de l’environnement qui affectent la réponse de l’individu face à ce comportement. Finalement, il y a également les stimuli internes qui, dans cette situation spécifique, sont liées à la sensibilité gustative au sel. Cette sensibilité est influencée à la fois par des facteurs innés, par la présence de certaines conditions comme les comorbidités, mais aussi par le comportement de l’individu lui-même. Par exemple, plus un individu a une sensibilité gustative faible au sel, plus il aura tendance à consommer des aliments à haute teneur en sel. Bref, de façon intéressante, ce qui était initialement une réponse, soit le comportement de consommation de sel devient aussi un stimulus qui va influencer à son tour d’autres réponses physiologiques comme le contrôle de la pression artérielle, l’intégrité de la paroi des vaisseaux sanguins et la morphologie cardiaque (hypertrophie), entre autres.

Le modèle d’adaptation de Roy s’applique bien à ce projet de recherche puisqu’il s’intéresse principalement aux résultats des soins infirmiers qui ont pour objectifs de faciliter et de promouvoir l’harmonie du patient avec son environnement, en plus d’examiner et de stabiliser les systèmes internes et externes pour relever le défi de l’adaptation (Meleis, 2018). Par conséquent, c’est en reconnaissant les éléments du comportement de consommation en sel que l’infirmière sera plus en mesure de mieux cibler ses interventions pour une saine consommation de sel afin de mieux guider les individus dans leur processus d’adaptation dans leur quête d’atteindre la santé.

En résumé, ce projet se concentre davantage à analyser « l’état des stimuli internes ». Ceux-ci le seront par l’utilisation des différents tests de sensibilité gustative et la mise en relation de cette sensibilité avec la réponse physiologique de consommation de sel. Le tout se fera en considérant certaines caractéristiques de l’individu comme l’âge, le sexe et la composition corporelle qui sont des conditions de l’environnement interne pouvant influencer la réponse aux stimuli, et par conséquent, affecter l’adaptation du patient face à son problème de consommation de sel. La compréhension sur comment ses variables affectent les stimuli internes et la réponse comportementale permettra à l’infirmière de mieux adapter ses interventions à des groupes spécifiques.

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