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2. ÉCONOMIE CIRCULAIRE

2.2 Piliers de l’économie circulaire

2.2.5 Consommation responsable

Le second domaine de l’économie circulaire est celui de la demande et du comportement des consommateurs et son premier pilier est la consommation responsable. D’abord, ce pilier appelle l’acheteur à modifier ses habitudes dès l’acquisition de ses produits. Pour y parvenir, il est invité à reconsidérer ses besoins afin qu’il consomme mieux et moins. D’une part, il doit tenir compte des impacts environnementaux que peuvent engendrer les objets qu’il souhaite se procurer afin de choisir ceux dont le processus de fabrication est le plus responsable. Il doit également favoriser l’achat d’articles durables, réparables et qui peuvent être mis à niveau. D’autre part, il doit réévaluer la nécessité d’acquérir de tels objets, tout court. En se prêtant à cet exercice, il participe à réduire la consommation irréfléchie et les externalités environnementales que ce phénomène engendre (Geldron, 2014). Afin d’accompagner l’acheteur dans ce processus, certains réclament la mise en place d’un affichage environnemental permettant ainsi d’informer adéquatement les consommateurs des impacts occasionnés par leurs achats. La difficulté représentée par ces outils est la quantité de données qui pourrait s’y retrouver. Pour être efficace, une telle mesure devrait pouvoir sensibiliser les acheteurs de manière adéquate en utilisant un langage vulgarisé sans le submerger d’informations qu’il ne pourra assimiler (Audoin, 2011). À l’heure actuelle, ce type d’affichage est inexistant au Québec, principalement en raison de la complexité de ce projet d’envergure (Empreinte carbone Québec, s. d.).

Ensuite, la consommation responsable peut également être réalisée par l’adoption de l’économie collaborative. Celle-ci repose sur la redistribution et le partage des biens entre consommateurs. Loin d’être marginal, le marché du partage et des échanges est évalué à 15 M$ et est en perpétuelle croissance (Sauvé et al., 2016). Ses principaux participants sont des jeunes de 18 à 35 ans, soit des membres de la génération Y. Première génération appartenant entièrement à l’ère de la numérisation, ces individus sont d’autant plus portés à partager et échanger du matériel digital vu l’omniprésence des appareils de collaboration mobile. En effet, ces technologies, en élargissant nos cercles communautaires respectifs, rendent possibles des interactions entre des personnes ne s’étant jamais rencontrées et facilitent les échanges entre elles comme jamais auparavant (TEDxSydney, 2010). Tout ceci permet un retour à des valeurs anciennes de partage et de richesse collective dont se sont éloignées les générations précédentes ayant évolué dans des sociétés de consommation primant l’intérêt personnel (Bicrel, 2012). Ce phénomène est le sujet d’étude des auteurs Botsman et Rogers (2010) qui identifient trois types de consommation collaborative. Le tableau 2.2 illustre ces derniers à l’aide d’exemples.

Tableau 2.2 Trois types de consommation collaborative (traduction libre de : Botsman et Rogers, 2010, p.30)

Le problème La solution

Marchés de redistribution

Aux États-Unis, les Américains éliminent 7 millions de tonnes de carton chaque année.

UsedCardboardBoxes.com récupère les boîtes usagées et les revend à faible coût à des entreprises de déménagement.

Systèmes de produit service

La moitié des ménages américains possède une perceuse électrique, mais la plupart sont utilisées pour seulement 6 à 13 minutes au courant de leur durée de vie.

Zilok.com permet la location

journalière, entre particuliers, d’outils, d’appareils électroniques et d’autres biens.

Mode de vie collaborative

Des millions de maisons à travers le monde ont des pièces inoccupées ayant la capacité de loger des individus.

Airbnb.com permet à n’importe qui de louer leur espace libre à des

voyageurs ou des touristes.

D’abord, les marchés de redistribution supportent le déplacement d’un objet usagé et inutilisé vers un endroit où il pourra combler un besoin. Cette stratégie engendre la réduction de matières résiduelles en allongeant la durée de vie utile d’articles et se complémente bien aux quatre R (réduire, réutiliser, recycler et réparer) appartenant à la GMR plus traditionnelle. Le deuxième type de consommation collaborative s’appelle les systèmes de produit service. Celui-ci ressemble davantage aux stratégies de l’économie de fonctionnalité en commercialisant les fonctions d’un certain objet au lieu des produits eux-mêmes. Il se distingue légèrement de ce premier concept en favorisant le prêt à la location et en privilégiant les échanges de particulier à particulier plutôt qu’entre des entreprises et des particuliers. Finalement, le troisième type de consommation collaborative identifié est désigné sous le terme de mode de vie collaborative. Cette stratégie est utilisée par des individus partageant des biens intangibles comme des espaces, du temps, des compétences ou même de l’argent. Tous ces modèles gagnent en popularité et les entreprises les adoptant développent des stratégies interpellant de plus en plus les jeunes de la fameuse génération Y qui présentent des habitudes de consommation révolutionnaires. En effet, ils ne cherchent plus à acquérir des objets, ils aspirent plutôt à assouvir les besoins ou les désirs que ces objets leur procurent (TEDxSydney, 2010). Par contre, ce ne sont pas tous les modèles d’économie de partage qui provoquent une réduction des impacts environnementaux. En effet, certaines conditions doivent être remplies afin de limiter l’empreinte écologique de l’échange. Ces critères varient légèrement selon le type de consommation collaborative, mais la majorité s’articule autour des caractéristiques suivantes :

1. L’item échangé ne doit plus avoir d’utilité pour le délaisseur qui ne doit pas le remplacer par un objet neuf;

2. Les échanges doivent être réalisés en priorité à l’échelle locale afin de réduire le transport des marchandises à l’aide de véhicules motorisés;

3. Les biens échangés doivent avoir être conçus pour en permettre l’usage à long terme.

Ce dernier critère est soulevé par tous les types de consommation collaborative. En effet, sachant qu’un objet plus utilisé s’use plus rapidement, le rythme de production demeurerait le même, malgré l’utilisation

de ces stratégies, à moins de concevoir des produits à longue durée de vie. Des articles durables et réparables doivent être favorisés pour assurer le succès de cette portion de l’économie circulaire et les retombées positives pour l’environnement (Demailly et Novel, 2014).

Finalement, la consommation responsable demande aux individus d’user de leurs biens de manière judicieuse afin de prolonger leur durée d’usage et éviter le remplacement prématuré d’objets dont la gestion de fin de vie a des effets délétères sur l’environnement. Pour y parvenir, l’utilisateur doit respecter les conditions d’usage optimales dictées par le fabricant (Geldron, 2014). Les consommateurs doivent également modifier leur comportement lorsqu’ils emploient des produits dont le maniement occasionne des répercussions environnementales. La voiture est un de ces articles qui, comme démontré à la section 1.4, émet des GES à l’utilisation. Cependant, en pratiquant les techniques de l’écoconduite, comme tirer profit des pentes ou augmenter la distance entre les véhicules, il est possible d’économiser jusqu’à 10 % de la consommation de carburant (Gouvernement du Québec, 2011).