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5. RECOMMANDATIONS

5.1 Recommandations quant au développement des formes de mobilité alternative analysées

5.1.3 Augmentation de la pratique du covoiturage

L’augmentation de la pratique du CV devrait être la troisième phase de la transition vers l’économie circulaire dans le secteur des transports. En effet, même s’il est la forme de mobilité alternative la plus avantageuse parmi celles étudiées du point de vue des pourvoyeurs et de la société en général, le CV est également celui qui procure le moins d’avantages pour les usagers. Il est donc plus judicieux de concentrer d’abord ses efforts sur le développement du RS, plus facilement adopté par les utilisateurs de la mobilité alternative. Une fois l’habitude développée, étant donné les similitudes entre ces deux moyens de transport, la transition vers le CV s’effectuera avec davantage d’aisance. En effet, le CV est une pratique qui existe depuis plusieurs décennies déjà. Malgré les avantages d’ordre économique qu’il procure pour les utilisateurs et les répercussions bénéfiques qu’il engendre pour l’environnement, les défis techniques et sociaux à surmonter préviennent l’expansion de cette pratique. Cependant, avec l’avènement de l’ère technologique, on peut tirer profit des fonctionnalités des appareils intelligents et des applications mobiles pour alléger ces obstacles. Ainsi, quelques entreprises tentent de percer le marché en capitalisant sur ces modes de communication et en offrant un service de jumelage de chauffeurs et passagers qui souhaitent pratiquer le CV. Elles facilitent donc grandement l’organisation et la coordination des voyages partagés. Toutefois, les adeptes de cette pratique demeurent marginaux et le CV ne parvient toujours pas à surpasser la popularité de l’auto solo. Les recommandations qui suivent s’adressent principalement à ces pourvoyeurs de services de mise en relation des usagers. Bien entendu, le CV entre pairs devrait également être encouragé et soutenu. Par contre, comme celui-ci est habituellement le fruit d’initiatives personnelles et spontanées, l’encadrement de la pratique est plus difficile ainsi que la mise en place d’actions concrètes favorables à ce type d’activité.

D’abord, le CV rencontre bon nombre des mêmes défis d’ordre social que le RS étant donné les ressemblances qui existent entre ces deux formes de mobilité alternative. Ainsi, les entreprises offrant des services de mise en relation des individus désirant pratiquer le CV pourraient suivre les mêmes recommandations que celles présentées à la section 5.1.2. Plus spécifiquement, on fait référence au désir de ne pas partager son temps et son espace avec des étrangers et les préoccupations concernant la sécurité personnelle. Effectivement, il serait possible de tirer profit des fonctionnalités des réseaux sociaux pour optimiser le jumelage des compagnons de voyage et utiliser la rétroévaluation afin d’augmenter le degré de confiance entre les utilisateurs de ces services. Par ailleurs, on pourrait exiger des chauffeurs qu’ils se soumettent à une vérification des antécédents judiciaires pour rassurer les passagers quant à leur sécurité personnelle. Ces pratiques sont déjà mises en œuvre par quelques

entreprises de CV, mais elles devraient être standardisées dans le but d’offrir un service uniformément sécuritaire aux usagers.

Au sujet de la ressemblance entre le RS et le CV, la confusion qui règne quant à la légalité du premier peut être nuisible à la pratique du second. À l’heure actuelle, au Québec, la pratique du RS n’est possible qu’en se soumettant au cadre légal strict de l’entente établie entre l’entreprise Uber Canada inc. et le MTMDET. Bien entendu, cette réalité est circonstancielle et la confusion s’estompera d’elle-même avec le temps. Toutefois, le CV est une pratique légitime tant et aussi longtemps que le transport des passagers demeure accessoire au déplacement et non le but premier de celui-ci, et que le chauffeur n’accepte aucune rémunération pour le service qu’il procure. Malgré cette importante distinction, on constate une utilisation erronée du terme « covoiturage », principalement dans les médias, qui entraîne de la désinformation auprès des covoitureurs. Ainsi, des entreprises de CV, comme Covoiturage AmigoExpress, remarquent une hésitation de la part de leurs membres à s’adonner à cette pratique pourtant bénéfique sur les plans individuel et sociétal. On réclame donc du gouvernement du Québec qu’il adopte une définition formelle du CV afin d’entériner cette activité dans le vocabulaire juridique de la province. Par ailleurs, il est recommandé de poursuivre les efforts des instances publiques d’information et de sensibilisation auprès des usagers et des différentes parties prenantes pour assurer la poursuite de la pratique (Covoiturage AmigoExpress, 2016).

Malgré les difficultés d’ordre social décrites ci-haut, un des plus importants défis du CV demeure l’organisation et la coordination des déplacements entre les covoitureurs. Pour les entreprises se spécialisant dans le CV domicile-travail, la solution semble évidente : en facilitant la mise en relation des automobilistes transitant à travers une ville, on parvient à obtenir une masse critique de potentiels covoitureurs. Ainsi, on augmente les chances de jumelages réussis, on réduit le temps d’attente et les détours à effectuer et l’on assure une plus grande fiabilité de ce moyen de transport à l’aller et au retour. Cette mise en relation pourra être optimisée en tirant profit de la technologie des applications mobiles. Celle-ci a un caractère instantané qui simplifie la coordination des horaires de multiples individus souhaitant pratiquer cette forme de mobilité alternative. Par ailleurs, en se dotant d’infrastructures de mise en contact standardisées, on élimine efficacement la fragmentation des systèmes qui réduit le taux de jumelages réussis entre conducteurs et passagers. Pour parvenir à cette fin, on recommande de développer des partenariats entre les différentes entreprises de CV journalier. De cette manière, le bassin de participants sera décuplé facilitant la mise en relation d’individus ayant des trajets et des horaires similaires. De plus, en cas d’imprévus qui pourraient surgir au courant de la journée, un plan B pourrait être élaboré rapidement pour ces individus qui se trouveraient sans moyen de transport pour le retour au domicile (Ducas, 2016).

Finalement, un important obstacle à l’adoption de la pratique est la structure des coûts liés à la possession d’une voiture qui favorise l’usage de cette dernière. Effectivement, sans réel incitatif financier,

les propriétaires d’automobiles ont davantage intérêt à privilégier son utilisation afin de rentabiliser la dépense des frais fixes et incompressibles liés à la possession d’un véhicule. De cette manière, pour réellement encourager la pratique du CV, des mesures financières stimulantes doivent être mises en place. Ainsi, les automobilistes devront tenir compte de ces nouveaux facteurs dans leur équation lorsqu’ils devront choisir leur mode de transport favori. Des incitatifs d’autres natures qu’économiques existent déjà, comme l’aménagement de voies réservées et de stationnements incitatifs, mais celles-ci s’avèrent insuffisantes pour réellement encourager l’adoption de cette pratique. Quelques entreprises québécoises, innovantes en la matière proposent de nouvelles alternatives pour augmenter la popularité de cette option de mobilité auprès de leurs employés, comme les places de stationnement prioritaires et le remboursement des frais de taxis pour assurer le retour à la maison. Toutefois, le taux de participation aux programmes de CV demeure minoritaire lorsqu’on considère l’ensemble des moyens de transport servant à relier le domicile au lieu de travail (Morin et Martin, 2014, 19 mars). Il importe donc d’instaurer de véritables incitatifs financiers et la responsabilité d’assumer ces frais devrait retomber à l’État. Effectivement, le MTMDET encourage la pratique du CV, mais, à l’heure actuelle, ne fait qu’un travail de sensibilisation de la population. De cette manière, on recommande de mettre sur pied un programme de remise en argent pour les citoyens-covoitureurs. Celui-ci pourrait prendre la forme de déduction d’impôt ou encore de crédit sur les frais d’immatriculation des propriétaires de voitures pratiquant le CV. Ainsi, il serait possible de modifier le résultat de l’équation afin de faire pencher la balance en faveur d’un mode de transport bénéfique pour l’environnement.