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Considérer le temps de loisirs des enfants, comme un temps à des enfants, comme un temps à

« qui fait sens » 14

2.3. Considérer le temps de loisirs des enfants, comme un temps à des enfants, comme un temps à

eux, un temps relativement libre

Reconnaître et accepter l’importance pour l’en-fant d’un temps réellement libre, « oisif », sans contrainte extérieure et sans exigence de résul-tat n’est pas aisé dans le contexte sociétal actuel qui valorise la rentabilité, la performance, la pro-ductivité, selon des normes élitistes et qui investit le temps disponible à des fi ns de réussite sociale ou économique.

« Les étapes nécessaires à l’enfant (pour décou-vrir, se développer à son rythme) se trouvent être de plus en plus accélérées et brûlées pour

l’engager dans une course à la performance qui se réfère au mythe de l’effi cacité caractéristique de notre société. Sous la pression des adultes, l’enfant se trouve peu à peu dépossédé de son désir propre. On lui impose des connaissances qui prennent souvent l’allure d’un « forcing » par rapport au savoir. A cela s’ajoute le forcing des loisirs pour lui permettre d’acquérir des atouts supplémentaires dans la course à la réussite. Le risque : émousser sa curiosité et la saturer avant l’heure 18. »

18 Buzyn, E., « Les illusions de la surstimulation », intervention lors du colloque « T’es pas en classe, tu fais quoi ? » organisé par le FRAJE, le 19 mars 2005. Le FRAJE (centre de formation permanente et de recherche dans les milieux d’accueil du jeune enfant) a pour mission la formation continuée des adultes travaillant dans les milieux d’accueil de l’enfance. Il vise à l’épanouissement de l’enfant dans tous ses milieux de vie.

A la rencontre des enfantsAccueillir les enfants de 3 à 12 ans : viser la qualitéA la rencontre des enfants

Réussite et production

Ainsi, le temps « libre » devient à son tour une valeur à ne pas gaspiller, à ne pas « inutiliser ».

Souvent, le temps « disponible » est voué à ne pas le rester et se voit exploité pour fortifi er le temps de travail à venir 19 .

Les activités de loisirs, c’est-à-dire les temps où les enfants sont accueillis hors de leur famille et de l’école et encadrés par des adultes profes-sionnels, ne sont pas souvent conçues comme des activités de détente ou des occasions de s’épanouir dans un domaine différent de la vie active. Il y a aussi, dans beaucoup d’activités de loisirs, une optique de réussite et de production : devenir un bon sportif, acquérir certaines compé-tences techniques, …

De plus, pour les enfants, ne pas maîtriser la si-tuation est diffi cile lorsque l’emploi du temps est dicté, organisé par l’adulte, parent ou accueillant.

Ces derniers ont bien évidemment le souci de procurer un bénéfi ce à l’enfant, mais ils le font souvent sans réellement le consulter, sans le faire participer à la prise de décision.

La notion de « temps libre »

De même que prétendre à une liberté totale se-rait un leurre, vouloir s’extraire totalement du contexte de société du « tout-rentable » est il-lusoire.

Il apparaît toutefois de plus en plus important aujourd’hui de pouvoir considérer différemment les vertus d’un « hors-temps » pour les enfants, d’un temps pour eux et à eux seuls.

La notion de temps « libre », liée à une période, est une notion induite par l’adulte.

Pour l’enfant, il n’y a pas de hiérarchie dans les différentes formes du temps (temps libre, temps contraint, temps libéré, temps creux, …) : il les investit de la même manière s’il a la possibilité de participer. Car l’activité de l’enfant est inscrite dans le temps présent.

Ce qui compte, c’est que les enfants puissent avoir du temps pour agir, pour assimiler ce qu’ils découvrent.

Tenter de donner une défi nition du temps libre qui fera l’unanimité relève de la gageure. A tout le moins, la notion de « temps libre » 20 pourrait être approchée par les différentes caractéristi-ques suivantes :

> Pour les enfants, le fait d’être en activité est très important : ce sont des moments où les enfants ont la possibilité de jouer, de s’amuser, d’explorer, etc., chacun pour soi ou à plusieurs.

Le fait qu’ils interagissent, qu’ils découvrent, qu’ils exercent des actions sur leur nement est plus important que ce qu’ils apprennent.

> La prise d’initiatives, même dans un cadre organisé, est recommandée : les enfants ont voix au chapitre et effectuent des propositions d’activités. A dire vrai, la prise d’initiatives n’est possible que si les enfants choisissent mêmes ce qu’ils font et avec qui, s’ils prennent eux-mêmes la responsabilité de l’activité. Cette prise d’initiatives est favorisée par l’organisation en petits groupes informels et spontanés.

Jouer, s’amuser avec ses copains occupe une place importante et constitue un élément indispensable dans le développement social de l’enfant. Ce sont les relations qui l’emportent : les enfants apprennent un certain nombre d’éléments qui sont importants pour le loppement de leur personnalité (vision sociale, concertation, aptitudes sociales, …). Les enfants se construisent aussi au travers des relations à autrui.

L’importance d’une période « Sas »

Souvent, la situation des écoles de devoirs est relativement diffi cile. Il s’agit de clarifi er auprès des parents que les enfants ont besoin d’une période « SAS », particulièrement lorsque la période d’accueil fait suite à des activités pédagogiques 22. Dès lors, il se peut que leurs enfants n’aient pas fi ni les devoirs à 17 h.

D’où l’importance de communiquer avec les parents à partir du projet éducatif : « sachez que les devoirs devront peut-être être faits à la maison … », leur expliquer les missions 23 de l’école de devoirs : on ne va pas rogner sur les loisirs (nécessaires à l’enfant) pour faire tout le travail d’accompagnement scolaire. Il n’y a pas d’exigence de résultats !

Par ailleurs, il serait également intéressant de mener une réfl exion sur le soutien à apporter pour permettre aux enfants de réaliser les travaux scolaires après la classe.

Les lieux d’accueil devraient offrir aux enfants qui le désirent, un lieu calme et adéquat.

L’espace temps libre, un atout pour les écoles

de devoirs

Oser le jeu libre 21 , c’est le pari qu’ont lancé des animatrices d’une école de devoirs de Bruxelles. Leur objectif : poursuivre leurs missions tout en répondant aux besoins qu’ont les enfants de jouer, de lire, d’écouter de la musique, de bavarder, de simplement souffl er voire ne rien faire.

Elles ont aménagé un lieu de vie pour accueillir des enfants de tous âges : dans cet espace, du matériel varié, des possibilités d’activités multiples, des fauteuils et coussins pour se reposer, s’installer pour faire ce que l’on veut. Il y a aussi un cadre garant du bon fonctionnement et d’une sécurité pour les enfants comme pour les animateurs, cadre élaboré avec les enfants qui indiquent (ou imposent pour certaines) les limites à respecter.

Les animatrices sont là, présentes : elles « veillent » et soutiennent les enfants dans leur démarche de poser des choix, de s’assigner des projets. L’observation constitue un élément es-sentiel du rôle de l’animatrice : poser un autre regard sur l’enfant, communiquer avec les parents sur ce que l’enfant vit, expérimente,

… (avec son accord).

Commentaire à propos de la situation

Voici quelques questions, parmi d’autres, auxquelles les animatrices ont été confrontées :

Comment mettre en parallèle les actions menées et les réfl exions autour de l’accompagnement scolaire ? Comment par exemple expliquer au parent d’un enfant qui connaît à peine les mots pour la dictée du lendemain qu’il a pris du plaisir en jouant ?

21 Voir à ce sujet l’article de Feuilletée, A., « L’espace temps libre, un atout pour les écoles de devoirs », mars 2005, n° 98.

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> > >

A la rencontre des enfantsAccueillir les enfants de 3 à 12 ans : viser la qualitéA la rencontre des enfants Le milieu d’accueil devrait clarifi er, en équipe et avec les parents, les responsabilités partagées

ou non quant au suivi scolaire des enfants. Il s’agit de ne pas leurrer les enfants et leurs pa-rents. Les accueillants peuvent donner une aide, un soutien aux devoirs, mais ne peuvent pas prendre en charge les diffi cultés d’apprentissage de manière globale. Cela, c’est la responsabilité de l’enseignant qui a été formé en ce sens.

L’implication du personnel durant cette période devrait donc se limiter à offrir les conditions nécessaires à la réalisation des devoirs et des leçons. La responsabilité de vérifi er le travail accompli revient aux parents.

A la fi n de la journée d’école, les enfants ont besoin d’un moment de détente.

Lorsque l’accueil extrascolaire associe étroite-ment la famille et est considéré comme du temps libre, l’atmosphère y est plus conviviale. Cela se manifeste, entre autres, dans un aménagement

agréable du lieu d’accueil, avec de petits coins douillets et de petits locaux, mais également dans les relations informelles avec les autres enfants et les accueillants.

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Moments collectifs et moments de solitude Par ailleurs, les équipes devraient mener une ré-fl exion sur tous les moments de vie (accueil après une journée d’école, prise en compte de la « fatigue » des enfants, …). Ceci leur permettrait notamment de prendre en compte ces enfants-là qui vivent des situations particulières : ce n’est pas parce que l’on est en fi n de journée que l’on doit bâcler les conditions de vie … Les enfants continuent à souhaiter une relation individualisée ou du moins attentive à eux, souhaitent être con-sidérés comme des personnes dans leur singu-larité.

Il importe d’envisager une alternance entre mo-ments collectifs et momo-ments en petits groupes ou encore des moments plus individuels.

Ces moments plus individuels :

> c’est le moment passé à l’infi rmerie, lors du séjour, pour soigner un « bobo ». Ce temps permet aussi à l’enfant de bénéfi cier d’un temps privilégié de relation avec un adulte proche pour dire combien, par exemple, son parent, son petit frère, … lui manque ;

> ce sont les instants passés sur les genoux de l’accueillante, à l’arrivée dans le milieu d’accueil ou juste après une longue journée d’école ; …

Grâce à une alternance claire de moments or-ganisés par les accueillants et de moments libres de contraintes extérieures (mais qui prennent néanmoins place dans un cadre déterminé par l’accueillant), les enfants peuvent mieux se situer par rapport aux différents temps de leur quoti-dien.

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Les enjeux de l’agir