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Agir et interagir en investissant tout son corpstout son corps

Les enjeux de l’agir et de l’interagir

3.1. Agir et interagir en investissant tout son corpstout son corps

Les recherches ont mis en évidence l’impor-tance de la motricité libre : l’enfant investit tout son corps et tous ses mouvements dans son activité. Pour croître et évoluer, le corps a besoin de bouger.

C’est aussi par l’activité physique que les enfants laissent passer l’expression naturelle de leurs émotions26. L’obligation qui leur est souvent faite de rester trop souvent et trop longuement assis ou dans une certaine forme d’immobilisme, a pour conséquence de les rendre nerveux ou de les inhiber. Quand les enfants sont contraints, ils sont moins capables d’écouter, d’entendre même, ils se sentent captifs. Il importe également de faire prendre conscience aux enfants de leur propre corps, de l’écouter, d’en comprendre les fonction-nements, les besoins, les puissances et sa fragilité.

A la rencontre des enfantsAccueillir les enfants de 3 à 12 ans : viser la qualitéA la rencontre des enfants

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A la rencontre des enfantsAccueillir les enfants de 3 à 12 ans : viser la qualité

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Chacun a son rythme !

Selon L. Poliquin30 , le besoin de bouger pour les enfants est vital et il se manifeste constamment.

On pourrait dire que « le corps doit être en action, l’intelligence en fonction et le coeur dans la satisfaction (…). Lorsqu’on s’occupe du corps de l’enfant, on fait aussi appel à la globalité de son être. Tout ce qui fait le « moi » est actif 31 » Le développement psychomoteur est marqué par l’acquisition d’habiletés psychomotrices qui sont de deux sortes :

> celles qui sont propres à tous les êtres humains ; par exemple, prendre un objet dans sa main, marcher, courir, sauter, etc …

> celles que les enfants exercent dans une société donnée, à une époque donnée ; par exemple, une grande partie des enfants, en Belgique, autrefois, participaient aux travaux des champs et apprenaient différents gestes liés à ces travaux ; aujourd’hui, seuls quelques rares enfants y participent, encore. Par contre, nombreux sont ceux qui apprennent à rouler à vélo, à nager, à jouer d’un instrument de

musique, à manipuler la souris de l’ordinateur pour dessiner, à dépasser les niveaux d’une console de jeux vidéo …

Le développement psychomoteur32 résulte de la combinaison de deux facteurs principaux : la maturation du système nerveux et l’expérience sensorimotrice que l’enfant peut initier lui-même.

Tous les enfants passent par le « même programme » : l’exercice systématique d’une ha-bileté avant qu’il ne soit capable de le faire par lui-même représente donc une perte de temps et il peut avoir des répercussions importantes aussi sur l’image que l’enfant a de lui-même.

Il importe de fournir aux enfants des conditions de vie adaptées à leur niveau de maturation afi n qu’ils puissent exercer ce qui correspond à leur niveau de développement individuel.

Un leitmotiv : chacun à son rythme !

Il s’agit pour l’adulte d’attendre que chaque évolution se produise et de suivre l’enfant plutôt que de le précéder.

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28 En France, tous les textes offi ciels (enseignement) prônent une grande attention au respect du rythme des enfants. Les enseignants déclarent aussi vouloir suivre le rythme, mais dans la réalité, les choses sont tout autres.

Les enfants doivent s’adapter au programme établi : or, comment peut-on à la fois suivre la progression d’un enfant tout en appliquant un programme préétabli ?

29 Voir « À la rencontre des enfants », livret V, « Créer des liens, permettre à chaque enfant d’être en lien pour consolider son identité » de ce référentiel.

30 Poliquin, L., « Notre fonction créatrice, un atout pour la vie », Belgique, Editions du Gai savoir, 1998.

31 Poliquin, L., op cit.

32 Lauzon, F., « L’éducation psychomotrice, source d’autonomie et de dynamisme », Presses universitaires du Québec, 2004.

Une nourriture sensorielle

L’équipe qui suivait ces enfants s’est plus particulièrement penchée sur les travaux sur l’attachement29. ce qui a surtout retenu leur attention, c’est que les émotions, la conscience de soi se développent et se régulent grâce à la « nourriture sensorielle » amenée par l’entourage, par le corps.

L’équipe a fait l’hypothèse d’un lien entre accession au niveau sensoriel et travail sur le corps.

Elle a proposé des activités motrices à des enfants : la moitié des enfants, après la séquence, était amenée à exprimer son ressenti, l’autre suivait les activités motrices de manière classique.

Les premiers éléments de l’étude montrent que les enfants qui ont développé plus de ressenti, qui ont vécu des émotions dans leur corps et ont pu verbaliser ce qui se passait dans leur corps, ont développé de meilleurs niveaux d’attention par la suite.

Le fait de travailler avec son corps, ses sens, d’en prendre conscience, d’exprimer ce que l’on ressent, ce que procurent les sensations de l’activité, à quoi celle-ci renvoie, plonge l’individu dans le présent. Etre dans son corps, c’est être dans le présent !

L’équipe continue en mettant à l’épreuve une seconde hypothèse : le fait de sentir, de humer, de vivre l’expérience corporelle permet-il l’accession au plaisir (d’apprendre, d’être là, …) ?

Travaux de recherche à suivre !

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> Quelles implications pédagogiques de ces découvertes quant au choix du matériel, de l’espace mis à disposition des enfants, de sa structuration ?

> Qu’advient-il quand les enfants sont obligés de rester assis, ne disposent que de crayons inadaptés à leur psychomotricité, n’ont comme possibilités d’activités que « faire du coloriage » ou bien « des gommettes » ?

?

En mouvement et en repos

> La motricité globale comprend tout ce qui concerne le contrôle de l’ensemble du corps tant en mouvement qu’à l’état de repos : elle dépend très étroitement de la prise de conscience du corps lorsque l’enfant doit contrôler plus particulièrement l’une ou l’autre des ses parties, dans certaines activités. Par exemple, pour sauter, il doit connaître suffi ment son corps afi n d’adopter la position nécessaire pour exécuter le saut.

> La motricité fi ne concerne les mouvements minutieux, requérant de la précision. Elle fait appel au contrôle de certains membres en particulier (petits muscles) et à la perception grâce à laquelle l’enfant guide le mouvement dans l’exécution de la tâche motrice. Les compétences motrices sont liées à la maturité neuromotrice. C’est lentement que la motricité fi ne se développe.

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3.2. Agir et interagir pour avoir de la