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Considérations pour la lecture de la thèse et annonce du plan

Cette thèse de doctorat est issue d’un travail pluridisciplinaire (économie et géographie) dont la visée est interdisciplinaire. Pour reprendre une formulation de Bernard Claverie (2010), je considère avoir une interdisciplinarité des problématiques et une pluridisciplinarité des moyens, l’économie et la géographie. Je suis par ailleurs bien conscient que la pluridisciplinarité et l’interdisciplinarité n’ont rien d’évident, c’est pourquoi je propose ici d’en expliciter brièvement la teneur dans ce travail. Ma volonté était d’aborder mon objet de recherche, les circuits courts alimentaires, en m’émancipant des bornages disciplinaires. C’est-à-dire en étant un scientifique en sciences sociales face à une réalité complexe, et animé d’un besoin de compréhension.

À la découverte d’une nouvelle discipline, l’économie, je fus amené à tisser des ponts entre mes réflexions de géographe et les nouvelles façons de voir le monde

auxquelles je me suis confronté. Cette phase fut d’une grande richesse scientifique et m’amena à avoir un intérêt pour les diverses manières d’aborder le marché et les institutions. Ce fut aussi la découverte de l’évaluation comme problématisation scientifique. Chemin faisant6, j’ai construit un projet de recherche interdisciplinaire à propos des circuits courts alimentaires en mobilisant la géographie et l’économie. La confrontation de ces deux regards disciplinaires a pour but la construction de nouvelles hypothèses dont l’unique objectif est d’accroître les connaissances sur notre objet (Guillotreau, 2003). Ainsi la pluridisciplinarité de ce travail réside dans la mobilisation de « disciplines qui concourent à une réalisation commune, mais sans que chaque discipline ait à modifier sa propre vision des choses et ses propres méthodes ». (Glykos, 1999 dans Claverie, 2010). À mon sens, cette thèse s’inscrit résolument dans les sciences sociales. Ceci induit des publications dans des revues aux références disciplinaires variées et l’écriture d’articles avec des collègues de différentes disciplines (économie, géographie, anthropologie, urbanisme et aménagement).

La thèse s’organise en deux parties de deux chapitres chacune. Dans la première partie, la réflexion porte sur la dimension spatiale de la relocalisation alimentaire : les circuits courts se construisent dans une proximité géographique entre l’offre et la demande. Après ce constat, des interrogations demeurent : à quelle échelle s’organisent ces circuits économiques ? Dans quelle mesure la localisation de la production et des activités se reconfigurent-elles en fonction de ces échelles ? L’objectif de cette première partie est d’identifier l’émergence d’un modèle spatial.

Pour cela j’ai travaillé à deux niveaux d’observation différents : les communes de la région et la distance entre les lieux de distribution et de production (maraîchage) pour les paniers des Bouches-du-Rhône. Le premier niveau explore la question de l’échelle de l’alimentation locale en région PACA en y adossant une réflexion en termes de

6 Une recherche chemin faisant est une réflexion qui se développe par itération entre des temps de confrontation au terrain, et des temps de mises à distance par la lecture, l'analyse, la confrontation théorique, la discussion intra et interdisciplinaire et l'écriture. C'est assumer que l'on fait les choses dans le temps et donc dans un ordre qui induit un cheminement particulier de notre pensée : « le chemin se construit en marchant ». Cette idée de recherche chemin faisant a sa parenté dans la lecture de l'Habilitation à Diriger les Recherches de Jean-Luc Bonnefoy (2005), qui lorsqu'il inscrit son

ressources territoriales et de potentiel de développement. Le deuxième niveau explore l’émergence d’un seuil de distance dans le temps, c’est-à-dire une limite dont on comprendrait les déterminants. Ainsi dans le chapitre 1, j’observe les circuits courts (d’après la définition de l’observatoire régional) en les confrontant aux données disponibles capables de caractériser la production agricole et la demande alimentaire au niveau régional. Les données ayant été produites entre 2010 et 2012, ce chapitre présente la situation en 2012. Dans le chapitre 2, je me suis penché sur un circuit court particulier au sein duquel : j’ai analysé les paniers et leur distance au producteur. Les données ayant été produites en 2005/2006 (Lamine, 2008), 2010, 2012 et en 2015, ce chapitre propose une vision plus étendue dans le temps.

Dans la deuxième partie, la réflexion porte sur la coordination des acteurs de la relocalisation alimentaire et sa propension à produire un cadre au développement des circuits courts et donc une visée commune. Les circuits courts sont au carrefour de différents secteurs d’activité que sont l’agriculture, la restauration publique, l’alimentation et la santé, le développement économique local, qui sont habituellement considérés de façon sectorielle et donc de façon différente par les pouvoirs publics. Il est alors nécessaire de réunir beaucoup de monde autour de la table pour comprendre ce que représentent les circuits courts. C’est le premier objectif de l’encadrement : observer et décrire pour mieux appréhender ces activités qui se structurent et ce développement en région. Dans ce contexte, j’ai observé la constitution d’un observatoire régional des circuits courts de 2012 à 2015. Dans un premier chapitre, je décris la constitution de cet observatoire comme un dispositif de coordination des acteurs qui active une proximité organisée et dont le mode de fonctionnement horizontal pose la nécessité d’une évaluation ad hoc. Dans un deuxième chapitre, je définis l’observatoire comme un arrangement institutionnel dont le premier objectif est recouvert par un second : la gouvernance. Je caractérise alors cette dynamique institutionnelle de système de gestion d’une ressource immatérielle, la visibilité, qui est à la fois, celle, individuelle, des participants et celle, collective, pour les circuits courts de PACA.