• Aucun résultat trouvé

Bon sens, bonne gestion et organisations des réserves sont les maîtres mots de la conservation préventive. Il convient de respecter scrupuleusement les indications suivantes afin d’épargner aux collections des programmes de conservation curative onéreux.

Le patrimoine rassemblé, et constitué avec le temps, dans les collections du musée doit pouvoir être transmis aux générations futures. Il est indispensable, dès le recueil de l’objet, de procéder à un certain nombre d’actions élémentaires qui concourront :

- à freiner ou à limiter sa dégradation ;

- à limiter les campagnes de restauration coûteuses ;

- à anticiper sur les éventuelles détériorations pouvant survenir à plus ou moins brève échéance ; - à traiter de manière simple les objets en cours d’inventaire.

Comme nous l’avons vu, le fonds constitutif des collections est essentiellement établi autour d’une importante collection d’objets en métal (faux et faucilles). A ces pièces, y sont souvent associés des « légendes », décalcomanies, et peintures qui concourent à l’unité de l’objet. Les mesures de conservations préventives doivent inclurent ces particularités.

On trouve aussi quelques objets textiles faisant partie des pièces majeures : bannière de la fanfare, drap mortuaire de l’entreprise. Ici se pose la question de la cohabitation d’objets fabriqués dans des matériaux différents nécessitant le respect de contraintes différentes.

En tout état de cause, il est primordial d’identifier les matériaux composant chaque nouvel objet entrant dans les collections. Avant sa mise en réserve, il sera entreposé dans une salle de décontamination.

En règle générale, on établira que les réservent devront être adaptées aux matériaux les plus fragiles. En cas d’incompatibilité, les objets seront séparés dans des réserves adaptées (réserve textile et papier, réserve métaux).

Tous ces éléments doivent être accompagnés d’une formation du personnel de l’établissement ayant à manipuler, même occasionnellement, les objets.

2-3-2 Règles de base

Sans vouloir se substituer aux manuels de conservation préventive, il apparaît important de pointer quelques règles de base qui devront être appliquées immédiatement.

Aucun objet ne doit être touché à main nue. Le personnel se munira d’une paire de gants de coton, régulièrement nettoyée, ou d’une paire de gants en latex® si la transpiration est excessive. Les gants en caoutchouc sont changés après chaque utilisation.

Le personnel vérifiera à ne pas empiler des objets les uns sur les autres, ni à les entrechoquer, ni à provoquer des rayures ou des dégradations de toute nature. Après évaluation sur la fiche d’inventaire du type de conservation à mettre en place (préventive ou curative) chaque objet sera conditionné selon sa nature : mise à l’abri de la lumière, emballage sous papier non acide, traitement minimal de la pièce.

Pour les machines ou les pièces mécaniques de grande dimension et de masse importante, nous préconisons qu’elles soient entreposées à l’abri des intempéries, enduites d’une couche protectrice, et qu’un contrôle régulier soit effectué afin de prévenir de toute dégradation.

2-3-3 Le choix des réserves

L’espace global du site offre la possibilité de déterminer les emplacements réservés à la conservation des objets. La plus grande partie des collections, hormis les pièces de l’atelier (martinet hydraulique, four, machines, etc.), sont de petites dimensions et d’un poids variant d’un à deux kilogrammes.

Par commodité, les salles situées au rez-de-chaussée du site seront réservées à l’accueil du public. Les salles situées au premier étage pourront être attribuées aux réserves. Il apparaît primordial de pouvoir visualiser la place nécessaire à l’accueil du fonds actuel et à son évolution future. Rien n’empêche qu’un bâtiment extérieur au site ne puisse abriter les collections pourvu qu’il réponde aux normes de conservation (hors poussière, hors infestation, protéger de l’eau, etc.). Aucun sous-sol ne pourra être utilisé pour l’équipement muséographique, exception faite pour l’usine du Foultier et l’aiguiserie.

Néanmoins, une partie des collections pourrait être intégrée aux salles d’exposition permanente sous forme de réserve visitable. La lumière n’étant pas un ennemi du métal, on entrevoit la possibilité d’utiliser des meubles à tiroir renfermant tout ou une partie des collections. Deux de ces meubles abritent la collection de modèles de faux des établissements Dorian. Fabriqués en bois, ces meubles à rayonnage (353 x 113 x 120 cm) permettent de ranger 350 faux côte à côte. De plus, cet objet garde un caractère ethnographique qui serait important de resituer. On entrevoit par ce biais la possibilité de rendre visible une partie des réserves en plaçant ces meubles dans l’espace d’exposition.

L’ensemble des bâtiments doit répondre aux mêmes soucis de conservation, étant donné que le site est lui- même partie intégrante du musée. On contrôlera l’hygrométrie et la température de chaque immeuble. Les variations de ces paramètres seront prises en compte et traitées au moment de la mise en place du programme architectural. Pour ce faire, un relevé quotidien dans chaque pièce offrira sur le long terme une lecture maîtrisée de l’hygrométrie et de la température.

Préconisations :

• En l’absence d’une programmation architecturale, il sera réalisé des réserves d’urgence temporaires répondant aux conditions muséologiques (hygrométrie, température, sécurité des collections).

• La programmation architecturale devra tenir compte des contraintes muséologiques pour la réalisation de réserves. À cette fin, il sera réalisé un document de conservation préventive.

• Celles-ci pourront être distribuées en plusieurs endroits. Elles comporteront une salle de quarantaine, une salle d’étude et des salles de réserve. On privilégiera les surfaces situées dans les niveaux supérieurs.

• Pour les pièces encombrantes (par la taille et/ou le poids) une salle de réserve sera placée à proximité de la salle d’exposition.

2-3-4 Sécurité des collections

Préserver les objets des agressions physiques ou naturelles est une des premières étapes à mettre en œuvre. Pour cela, les réserves doivent être protégées de la poussière, de l’eau, du feu, des infestations, et ne doivent pas être accessibles directement au public (sauf les réserves visitables qui le sont à des conditions précises). Les pièces de grande valeur patrimoniale devront être placées sous alarme.

Aucune réserve ne sera placée en sous-sol. Aucun objet ne sera posé à même le sol. L’ensemble des réserves sera muni de détecteurs à incendie. Un protocole de secours des pièces les plus marquantes des collections sera mis en place par le conservateur. Ce protocole prévoit la responsabilité de chaque membre du personnel et définit ses obligations en cas de sinistre. Il va de soit que cette responsabilité reste d’ordre moral. En cas de sinistre naturel, d’incendie, d’inondation, de tremblement de terre, le personnel se chargera de la sauvegarde d’une partie des collections.

de mesurer la température et l’hygrométrie de chaque salle afin de pouvoir intervenir rapidement. La mise à disposition de déshumidificateurs, de systèmes d’aérations filtrées, et de système de chauffage doit être opérationnelle et en quantité suffisante. Le contrôle de ces paramètres est effectué au moyen d’un appareil portatif ou d’appareils enregistreurs fixes.

Pour autant, tous les matériaux ne sont pas soumis aux mêmes écarts. Ainsi, le textile présente des caractéristiques qui nécessitent un taux d’humidité relative compris entre 40 et 60%. Sur ces deux familles de matériaux, les limites coïncident avec, d’une part, la limite maximale, et de l’autre, la limite minimale. Afin de maintenir des conditions de conservation optimales à chaque matériau, la préconisation sera de les entreposer dans des endroits différents.

Enfin, le cas particulier de l’atelier doit retenir l’attention la plus soutenue. S’agissant d’une forge, dont on peut penser qu’elle sera remise en fonctionnement, sa surveillance relève d’un protocole de maintenance de premier et de deuxième niveau. En tout état de cause, la maintenance de premier niveau répond à une nécessité devant entrer dans une procédure muséographique.

Préconisations :

• Mettre en place un règlement intérieur définissant les responsabilités et les devoirs de chacun par rapport aux collections.

• Définir et appliquer un protocole de maintenance de premier niveau pour l’usine du Foultier.

2-3-5 Programme expérimental de conservation préventive et curative

Le fonds constitutif des collections du musée est réalisé à partir de la donation d’une entreprise locale, raison d’être de la ville et du musée. D’un point de vue muséologique, il n’est pas justifié d’inventorier la quantité totale d’objets (faux et faucilles). La préconisation est de conserver deux objets de chaque nature et de chaque type.

D’un point de vue muséographique, il est intéressant de conserver une série d’objets de même type et de même nature (ou formant système comme dans le cas des caisses de faux) en vue de la reconstitution d’ateliers ou afin de montrer l’importance numéraire de la production.

Cela étant, il serait original et intéressant de prélever, sur la quantité d’objets non inventoriés, une série d’objets devant servir à la prospective muséologique en matière de dégradation. On recherchera ainsi les différents facteurs, leurs causes et leurs effets, afin d’anticiper par une prévention scientifiquement établie et adaptée. Le musée pourra répartir une partie de ces objets « sacrifiés » dans des institutions spécialisées, centres de restauration, musées, universités, institut de traitement des métaux (CETIM), etc. Ces partenariats seront l’objet d’une convention stipulant notamment la mise en commun des résultats.

Préconisation :

Réserver une série de faux « hors inventaire » (acquise par le don ou l’achat) destinée au programme expérimental.