• Aucun résultat trouvé

pour la conservation des Poteaux en bois

par M. HUGRON

Ingénieur enchefdu Matériel des P.T.T., en retraite (suite etfin) (*)

BasiSst© ou Bellite

Bien avant la guerre, certains ingénieurs, tels que Novotny et Malenkovio, avaient recommandé l'em¬

ploi d'un produit à base de fluorure de sodium et désigné sous lenom de basilite ou de bellite. Ce pro¬

duit est composé d'environ 90 % de fluorure de so¬

dium et 10 % de dinitrophénol-aniline.

Le diniirophénol- aniline a un pouvoir antisepti¬

que 20 fois plus grand que l'acide pbénique ou le

sublimé et 200 fois plus grand que le sulfate de

cuivre.

Dans le mélange fluorure de sodium dinitrophé¬

nol-aniline, le premier, relativement bon marché,

est destiné à pénétrer à l'intérieur de la masse du

bois et à l'aseptiser. Le second ne pénètre, au con¬

traire, que peu profondément à l'intérieur du bois

et protège celui-ci contre les attaques venues de

l'extérieur.

Grâce à une aptitude spéciale, comparable à celle

de certaines matières colorantes, la

dinitrophénol-aniline adhère fortement aux fibres du bois, qu'elle

colore en jaune clair.

Déjà, avant 1914, des essais de bellite avaient été

faits sur des bois de mines et des poteaux. Sur des poteaux télégraphiques imprégnés en Autriche, on n'aurait constaté au bout de 7 ans que 2,8 % de

déchets.

Ce procédé paraît avoir été peu suivi.

Poteaux créosotés « mixtes » (Procédé Poulain)

Nous avons vu plus haut que les poteaux injectés simplement au sulfate de cuivre (ou imprégnés en kyanisation ordinaire) ont, dans l'ensemble, une

(')Voir Bulletin Insi. duPin,R*27, 28,î» série.

durée moyenne relativement faible et qui peut être augmentée par créosotage de base.

L'Administration française des P. T. T. a admis

et réglementé depuis 1925 le créosotage du pied de

tous ses poteaux au sulfate.

Jusqu'en 1925, on avait procédé, soit à l'etranger,

soit en France, par simple trempage ou par double

immersion dans des huiles plus ou moins fluides;

mais le problème de créosotage du pied sous pres¬

sion a été résolu industriellement en France en

1925. La caractéristique du procédé Poulain réside

dans l'emploi d'un autoclave qui peut, sous l'in¬

fluence d'un léger effort, basculer autour de deux pivots, de façon à prendre la position verticale.

Avec ce système, on peutcréosoter, à lahauteur que l'on veut et à un dosage fixé d'avance, les pieds des poteaux dont le fût adéjàreçu un antiseptique quel¬

conque. La partie aérienne se conservant toujours plus longtemps que la partie enfouie dans le sol;

il suffira de l'immuniser assez légèrement, tandis qu'on renforcera notablement le dosage de créosote

à la base.

Voici quelques-unes des conditions de prépara¬

tion stipulées dans le cahier des charges des P. T. T.

pour les poteaux créosotés mixtes :

« Les poteaux seront en bois de pin, etc...

« Les poteaux, en parfait état de siccité, seront

d'abord injectés par le procédé vide et pression à

raison de 60 litres de créosote en moyenne par mè¬

tre cube de bois. Un vide partiel ramènera la quan¬

tité de créosote finalement absorbée à 40 litres par mètre cube. La créosote dont il sera fait usage, etc...

(même spécification que dans le procédé par sécha¬

ge et fendillement pour cette créosote fluide à la température ordinaire).

« Après injection du fût, les poteaux seront créo¬

sotés à la base par vide et pression. La partie

créo-sotée devra avoir la longueur suivante : 1 m. 60 pour les poteaux de 6 m. 50

1 m.90 - 8m. »

2 m. » 9 m. »

2 m. 10 10 m. »

2 m.20 11m. »

2 m.30 —- —- 12m. »

2 m. 60 15 m. »

« La quantité de créosote absorbée dans les opé¬

rations de créosotage de la base ne devra pas être

infûrionrfl y 120 litres par mètre cube de bois.

12

116 BULLETIN 1)E L'INSTITUTDU PIN 29 - M&i 1932

« Au cours des opérations, la température, faci¬

lement contrôlable de la créosote, devra être main¬

tenue dans l'autoclave entre 70 et 75°.

« Ap rès leur sortie de l'autoclave, les poteaux, dans la partie du fût injecté à 40 kilos de créosote

légère, devront être propres, c'est-à-dire ne pas pré¬

senter notamemment des suintements gras perma¬

nents et non susceptibles de s'éliminer.

« La créosote employée pour le pied aura les mêmes spécifications que celles des grands réseaux

de chemins de fer français; elle sera constituée par l'ensemble des produits volatils plus lourds que l'eau, retirés de la distillation du goudron de houille. Elle sera entièrement liquide à la tempéra¬

ture de 40"; sa densité à la température de 15° de¬

vra être comprise entre 1,015 et 1,10.

Elle devra en outre être soluble dans la benzine et n'y laisser comme résidu qu'une proportion en

poids de 0,5 % au maximum; elle devra contenir 6 % au moins d'acide phénique ou d'autres princi¬

pes analogues solubles dans la soude. »

Poteaux créosotés système Dessamond.

Nous avons vu que les procédés connus d'impré¬

gnation des bois comportent l'emploi d'un nombre considérable de liquides antiseptiques. Les moda¬

lités de pénétration de ces liquides dans les bois à imprégner, sont également très nombreux.

Certaines essences, lorsque leur dessication est suffisante, absorbent une telle quantité de liquide antiseptique qu'elle dépasse le taux réellement né¬

cessaire à une bonne imprégnation; dans ces con¬

ditions, la préparation deviendrait tellèment coû¬

teuse avec certains liquides qu'on est amené à y

renoncer. Car si un antiseptique doit présenter des qualités techniques et être d'un emploi industrielle¬

ment facile, il doit offrir en même temps des qua¬

lités commerciales, c'est-à-dire ne pas occasionner

des prix de revient qui en rendent l'emploi prohi¬

bitif.

Les solutions de sels métalliques (sulfate de cui¬

vre, chlorure de zinc) présentent des qualités tech¬

niques moyennes et sont relativement peu coûteu¬

ses, ce qui permet de les employer en grand et d'ob¬

tenir ainsi des imprégnations de « masse ». Pour d'autres antiseptiques, qui présentent des qualités techniques beaucoup plus accentuées et dont la con¬

servation dans le sol dure beaucoup plus longtemps

(créosote, par exemple), on a été amené à recher¬

cher des réductions de consommation par mètre

cube de bois à traiter (procédé Ruping).

Le procédé Dessemond, breveté dans tous les pays, y compris l'Allemagne, permet de réaliser une

injection en masse au moyen d'une solution de sel métallique, et de fixer cettemasse antiseptique dans

le bois en complétant l'imprégnation par une injec¬

tion de créosote rigoureusement dosée.

Ce procédé est basé sur le principe de l'incom¬

pressibilité desliquides.

Il consiste essentiellement :

A injecter à refus, par le procédé vide et pres¬

sion, unliquide antiseptique de bonne qualité, mais

de valeur marchande relativement faible;

A éliminer par l'application d'un vide conve¬

nable une partie déterminée du liquide précédent;

cette opération est réalisée au moyen d'un appareil¬

lage spécial qui permet de doser à chaque instant la quantité de liquide éliminée;

A remplacer, volume pour volume, au moyen de l'application d'une pression convenable, la quan¬

tité du premier liquide éliminée comme il vient d'être dit, par un second liquide de qualité antisep¬

tique supérieure qui pénètre profondément dans le bois en suivant les canaux ouverts par la double

circulation dupremier liquide.

Voici un extrait des dispositions que contient le

dernier cahier des charges des P. T. T. pour les po¬

teaux traités par le procédé Dessemond :

« Les poteaux seront en bois de pin. Le mélèze

sera admis dans la proportion de 10 % pour cha¬

cune des longueurs.

« Le chantier d'injection être muni des instru¬

ments de mesure (niveaux correctement et facile¬

ment repérables, thermomètres appropriés, mano¬

mètres, etc...) et de poids nécessaires. Il sera pour¬

vu notamment d'un pont-bascule permettant d'ap¬

précier l'importance des quantités de liquides in¬

corporés dans le bois et de s'assurer de l'exactitude des jauges/compteurs ou indicateurs de niveaux utilisés.

« La créosote dont il serait fait usage, etc.

(mêmes spécifications que pour la créosote fluide à la température ordinaire, voir plus haut).

« La créosote qui, au cours des opérations suc¬

cessives du traitement des bois, aurait perdu son caractère initial de qualité (modifications

apprécia-BULLETIN DE L'INSTITUT DU PIN /V° 29 - Mai L932 117

bles dans la répartition des composants, charge¬

ments d'impuretés, etc...) devra être renouvelée ou modifiée de façon que le produit employé ne s'écarte

pas des conditions exigées.

« Les bois seront d'abord injectés au sulfate de cuivre. La dissolution employée à la température

ambiante contiendra 1 kg. 500 de sulfate pour cent

litres d'eau. L'eau de mer, les eaux chargées de sel

ou de matières en décomposition, ainsi que les au¬

tres liquides impropres à l'injection ne pourront

être employés.

« Le sulfate devra être cristallisé et ne pas conte¬

nir plus de 1 % de sulfate de fer; sa teneur en cui¬

vre ne devra pas être inférieure à 24,5 %. Pour l'in¬

jection, les poteaux seront placés dans un cylindre protégé contre l'action corrosive du sulfate de cuivre.

« Après avoir fermé le cylindre, on y fera le vide

aumoyen d'une pompe àair." Le vide seramaintenu

sans pompage pendant dix minutes et ne devra pas être inférieur, à l'indicateur de la colonne de mer¬

cure, à 90 % de la pression atmosphérique.

« Puis, on fera entrer le sulfate de cuivre jusqu'à

ce que le cylindre soit parfaitement rempli.

« Le parfait remplissage du cylindre sera vérifié

à l'aide d'un trop-plein convenablement disposé

dans la partie la plus élevée du cylindre dont le ro¬

binet sera ouvert jusqu'à ce qu'il y ait écoulement

du liquide sous mélange d'air et de mousse (liquide clair).

« Le robinet de trop-plein sera alors fermé et les pompes foulantes continueront à fonctionner jus¬

qu'à ce que la pression puisse être maintenue sans pompage, de deux à cinq minutes au moins, à 6 kg. 1/4 par centimètre carré.

« Les pompes foulantes et la pompe à air seront

mises en mouvement par un moteur marchant à

une vitesse suffisante.

« Il devra être possible d'isoler ces pompes de la

cuve pour les épreuves visées ci-dessus.

« Lacompression sera réalisée parl'intermédiaire

d'un réservoir gradué qui donnera, compte tenu de

la solution absorbée au moment de l'introduction du liquide sous le vide (environ 75 à 100 kilos par mètre cube si les arbres sont biens secs), le volume total de la solution de sulfate de cuivre absorbée par les poteaux traités.

« Cette opération terminée, et les poteaux étant

laissés dans l'autoclave après vidange de la solu¬

tion de sulfate de cuivre, on mettra en communica¬

tion l'autoclave avec le réservoir inférieur de do¬

sage des liquides éliminés et l'on rétablira sur l'au¬

toclave un vide de 90 % de la pression atmosphéri¬

que, qui sera maintenu pendant une durée d'envi¬

ron quinze minutes. On mesurera à ce moment le volume de liquide contenu dans le réservoir infé¬

rieur de dosage. Si ce volume a atteint les trois quarts du volume total de créosote à injecter, on isolera de l'autoclave le réservoir inférieur de do¬

sage et l'on continuera l'opération. S'il n'en est pas ainsi, on prolongera l'application du vide jusqu'à

ce que le résultat soit atteint. On isolera alors de l'autoclave le réservoir inférieur de dosage, on in¬

troduira la créosote dans l'autoclave et l'on rem¬

plira entièrement celui-ci dans les mêmes condi¬

tions que pour le sulfate de cuivre. On comprimera

à G kg. 1/4 en laissant agir la pression pendant cinq

minutes. Le réservoir intermédiaire de compression

étant gradué, on vérifiera que la quantité de créo¬

sote injectée corresponde bien à 80 kilos par mètre

cube de bois traité en observant la variation du vo¬

lume de la créosote absorbée par les bois lors de la

rentrée de celle-ci sous le vide avant l'application

de la pression et compte tenu de la créosote récu¬

pérée dans le dernier vide.

« On vidangera alors l'autoclave de sa créosote

et l'on terminera l'opération en effectuant un vide

dit « de propreté » à 90 % de la pression atmosphé¬

rique, vide qu'on maintiendra dix minutes pour sé¬

cher les poteaux et les rendre parfaitement mania¬

bles dès leur sortie de l'autoclave. On mesurera la

quantité de liquide récupérée pendant ce dernier vide, en notant que les deux tiers de cette quantité

sont composés de sulfate de cuivre et un tiers de

créosote. »

j

« L'exactitude des absorptions enregistrées

ci-dessus pourra être vérifiée au moyen de pesées sur des bascules disposées à cet effet.

« Les conduites employées, aussi bien pour le remplissage des autoclaves que pour les vidanges

utiles et le retour du liquide aux récipients d'ali¬

mentation ou de réserve, devront être closes et non

exposées à l'air libre.

« Au cours des opérations, la température, faci¬

lement contrôlable, devra être maintenue dans l'autoclave entre 70 et 75°.

« Les cylindres, réservoirs ou conduites, devront être maintenus en parfait état de propreté, etc...

I

BULLETIN DE L'INSTITUTDU PIN 29 - Mai 1952 118

« Une des caractéristiques essentielles du pro¬

cédé Dessemond étant d'obtenir des poteaux préser¬

vés et propres, les appuis qui, quelques heures après leur sortie de l'autoclave, ne seraient pas suf¬

fisamment propres etprésenteraientnotamment des

suintements gras non susceptibles de s'éliminer se¬

ront refusés. »

J'ajoute qu'on arrive à séparer et purifier les li¬

quides d'injection (solution de sulfate et créosote)

de la manière suivante : on recueille dans le réser¬

voir un mélange émulsiormé contenant environ un tiers de créosote et deux tiers de dissolution de sul¬

fate de cuivre. Pour séparer les liquides ainsi émul-sionnés, on peut opérer par décantation lente dans

de grands réservoirs où règne une pression appro¬

priée, mais il est préférable d'effectuer une disso¬

ciation rapide des liquides émulsionnés au moyen d'un séparateur centrifuge dans lequel les molécu¬

les de ces liquides sont dissociés par l'action com¬

binée de la force centrifuge et de chocs répétés sur

des surfaces niétalliques animées d'une rotation rapide. A la sortie du séparateur, la créosote puri¬

fiée et la solution de sulfate de cuivre parfaitement claire, sont renvoyées chacune dans le réservoir qui

lui est propre.

Les brevets français Dessemond datent de 1925.

L'Administration des P. T. T., après une commande d'essai, a passé depuis 1926 des commandes an¬

nuelles importantes par ce procédé qui lui donne

toute satisfaction.

Procédés admis par les P. T. T. français.

Les antiseptiques admis définitivement par l'Ad¬

ministration française des P. T. T. sont : le sulfate

de cuivre, la créosote et le bichlorure de mercure.

Ses commandes annuelles ont porté sur 600.000 poteaux environ ces dernières années, dans les pro¬

portions suivantes :

Procédé Boucherie : 40 % environ;

Poteaux créosotés : 45 % environ (avec prépondé¬

rance du procédé Dessemond);

Poteaux kyanisés : 10 % environ.

En Allemagne, berceau de la kyanisation, les

seuls systèmes admis par les P. T. T. et les grands

services sont : les poteaux kyanisés, dans la pro¬

portion de 40 % environ, et les poteaux créosotés, pour 60 %.

CONCLUSIONS

Le présentrapport constitue unexposé, aussi suc¬

cinct et cependant aussi précis que possible, des méthodes adoptées actuellement dans les différents pajrs pour la conservation des poteaux en bois.

La technique française, dont on peut se rendre compte par les extraits du cahier des charges des

P. T. T., a été étudiée à fond et mise au point ces dernières années (aussi bien au point de vue indus¬

triel qu'au point de vue technique pur) par l'Admi¬

nistration des P. T. T.; elle n'arien à craindre d'une

comparaison avec les techniques étrangères dont

elle est, au contraire, un indéniable perfectionne¬

ment. Lespoteauxreçus depuis quelquesannéespar l'Administration française lui donnent toute satis¬

faction, et elle s'en aperçoit d'ailleurs parles écono¬

mies d'entretien et de remplacement qui commen¬

cent à devenir très sensibles. Les fabricants de po¬

teaux, s'appuyant surla sécurité de cette technique, acceptent désormais des garanties de durée, allant depuis 7 ans (procédé simple Boucherie) jusqu'à

13 ans (créosotage à 120 kilos par mètre cube) et s'appliquant à 95 % des fournitures à l'industrie électrique. Ces garanties, jointes à la garantie tech¬

nique que donne la mise au point des procédés em¬

ployés actuellement en France, sont de nature à donner aux acheteurs toute la sécurité possible.

(Fin.)

•A*

15

-i

BULLETIN DE L'INSTITUT DU PIN 29 - Mai 1932 119

Documents relatifs