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Des connaissances et un cadre d’analyse pour éclairer le lien entre le contenu cognitif

Partie 3 : Discussion

1. Des connaissances et un cadre d’analyse pour éclairer le lien entre le contenu cognitif

Ce travail avait pour objectif d’analyser les outils pour la gestion agri-environnementale des ressources pastorales en favorisant une entrée par le lien entre leur nature et l’action des praticiens. Il a permis de produire des connaissances sur le lien entre le contenu cognitif des outils et l’action de gestion agri-environnementale (section 1.1.) ainsi qu’un cadre d’analyse de ce contenu (section 1.2.).

1.1. Des outils « contextualisés » à chaque usage

1.1.1. Au-delà des outils qui préparent ou suivent l’action : des outils conçus dans l’action L’analyse des outils mis en action dans des situations concrètes de gestion d’espaces pastoraux montre que les utilisateurs ajustent, complètent ou détournent les outils afin d’adapter ceux-ci à leurs situations d’utilisation et de faire face à l’incertitude à laquelle ils sont confrontés. Pour ce faire, ils utilisent les marges de manœuvre laissées par les concepteurs aux utilisateurs et/ou se créer des outils parallèles à partir d’autres sources de connaissances (connaissances empiriques, connaissances locales). Dans une des situations étudiées, les utilisateurs transforment même les outils en ajoutant par exemple un coefficient de correction au calcul de la Valeur Pastorale.

Le constat que les utilisateurs des outils ne sont pas passifs dans l’usage mais qu’ils adaptent l’outil à leur situation d’action n’est pas nouveau en sciences de gestion (Berry, 1983 ; DeSanctis et Poole, 1994…). Pour ces auteurs, l’utilisateur complète l’outil par un schème d’utilisation « permettant au sujet de mettre en œuvre cet artefact dans un type

d’action donné » (Lorino, 2003). Certains auteurs (Rabardel, 1995 ; Lorino, 2003 ; Aggeri et al., 2009…) distinguent alors l’outil de l’instrument, ce dernier étant « le couple formé par un outil et son usage » (Aggeri et al., 2009), autrement dit, l’outil associé au schème d’utilisation

de l’utilisateur. Ce point de vue est apparu plus récemment dans le domaine biotechnique lorsque, suite au constat de la non-utilisation des certains outils ou de leur usage détourné (Matthews, 2008 ; Newman, 1999…), les concepteurs des outils biotechniques se sont intéressés au lien à l’action. Des recherches, souvent interdisciplinaires (agronomie/sciences de gestion, agronomie/ergonomie) sur les outils techniques en usage ont alors été initiées (Cerf et Meynard, 2006 ; Aggeri et al., 2009…).

Mais, si ces travaux marquent une évolution quant au rôle des outils par rapport à l’action, ils demeurent dans une logique de distinction entre outils et action. Les auteurs cités ci-dessus parlent des outils comme des « préparateurs » de l’action qui aident l’utilisateur à choisir les pratiques à mettre en œuvre ou comme des « suiveurs » de l’action qui aident l’utilisateur à

évaluer l’impact des pratiques. Les résultats de la thèse invitent à adopter un regard différent. En effet, ils montrent que les outils n’existent pas indépendamment de l’action mais que c’est en les utilisant que les praticiens les rendent actionnables dans une situation donnée.

1.1.2. Des outils non neutres qui cadrent l’action des utilisateurs

Les résultats montrent que les outils cadrent l’action des utilisateurs. Dans les situations étudiées, les outils orientent la manière dont les praticiens conçoivent ce qu’est la ressource pastorale et envisagent sa gestion. Dans certaines situations, ce cadrage se révèle si contraignant que les utilisateurs se sentent pris dans un « verrouillage cognitif » duquel ils peinent à s’extraire. Les résultats mettent donc en évidence que les outils ne sont pas neutres puisqu’ils orientent les pratiques des utilisateurs.

Si ce résultat montrant que les outils ne sont pas neutres n’est pas nouveau pour les outils étudiés en sciences de gestion (voir par exemple Berry, 1983), il apparaît encore relativement neuf pour les outils biotechniques (Bernard, 2008 ; Aggeri et Labatut, 2010).

Dans ce travail, j’ai lié le cadrage de l’action au contenu cognitif des outils. En d’autres termes, j’ai considéré que les outils véhiculent des connaissances qui orientent et cadrent l’action des utilisateurs. Je me distingue alors d’auteurs comme Lorino (2003) et De Vaujany (2005) pour qui « l’outil, en particulier l’outil de gestion, n’est pas porteur de connaissances

en soi. » (De Vaujany, 2005). L’analyse du contenu cognitif des outils m’a permis de dépasser

le simple constat d’un cadrage et de l’expliquer par les connaissances qu’ils véhiculent. J’ai ainsi montré que la manière dont les outils sont conçus et notamment les paradigmes et postulats sur lesquels ils reposent déterminent fortement le cadre d’action mais aussi les limites rencontrées par les utilisateurs. Souvent implicite, cette philosophie gestionnaire provient des fondements théoriques sur lesquels reposent les outils et de la vision qu’ont leurs concepteurs de ce qu’est la gestion de la ressource pastorale. Les outils étudiés portent deux manières différentes d’envisager la gestion de la ressource pastorale. Pour certains, la ressource pastorale est une donnée du milieu naturel. La gérer consiste à optimiser quantitativement et qualitativement son prélèvement sans nuire à son renouvellement. Pour d’autres, la ressource pastorale est construite via les pratiques des éleveurs. La gérer consiste à définir l’état voulu et à suivre les évolutions afin d’ajuster chemin faisant les pratiques. De même, les outils véhiculent une vision différente de la manière de faire face à l’incertitude. Pour certains l’incertitude provient d’un manque de connaissances quant aux impacts des pratiques sur l’évolution de la ressource. Les utilisateurs de ces outils cherchent donc à réduire l’incertitude en produisant ces connaissances via notamment des expérimentations et des suivis. D’autres outils véhiculent plutôt la vision qu’il ne faut pas chercher à réduire l’incertitude mais apprendre à la gérer en situation. Les utilisateurs cherchent alors à se doter de moyens leur permettant de réagir face aux aléas en ajustant les pratiques.

Les résultats invitent donc les concepteurs à ne pas limiter l’analyse des outils à leur substrat technique, dimension visible de l’outil, comme c’est souvent le cas dans les sciences biotechniques mais à s’intéresser également au contenu managérial qu’ils véhiculent souvent implicitement. Ce travail met donc en évidence le lien direct entre la nature, et de ce fait la conception, des outils et leur usage. Il remet en débat la question du lien à l’action et à l’utilisateur dans la conception des outils.

Conformément à ces résultats, je considère que dans leur usage les outils ne sont pas implémentés (Matthews, 2008), appropriés (Duru, 2009) ou appliqués (Aggeri et al., 2009) par les utilisateurs mais plutôt contextualisés : « Par contextualisation nous entendons un état

ou un processus particulier de transformation réciproque de l’innovation [pour moi l’outil] par les acteurs et des acteurs par l’innovation » (David, 2007). David (2007) étudie la

contextualisation d’innovations c’est-à-dire la façon dont des acteurs se saisissent et adaptent un nouvel outil. Le processus de contextualisation s’achève lorsque les utilisateurs se servent effectivement de l’outil et ne rencontrent plus de difficultés à l’usage. Les résultats de la thèse invitent plutôt à concevoir la contextualisation comme un processus permanent et continu, l’outil étant contextualisé à chaque utilisation selon la situation et les connaissances de l’utilisateur.

1.2. Un cadre conceptuel pour analyser le lien entre le contenu cognitif des outils et l’action des praticiens

La question de la conception des outils par une position étudiant les connaissances qu’ils portent et leur rapport à l’action étant peu explorée, il m’a fallu construire un cadre d’analyse. Ce cadre constitue un premier résultat de la thèse. Il comporte une grille d’analyse permettant de décrypter le contenu cognitif des outils et un concept, celui de chaîne méthodologique permettant de discuter de l’articulation entre différents outils.

1.2.1. Décrypter le contenu cognitif des outils : la construction d’une grille d’analyse

Répondre à l’objectif de la thèse nécessite de décrypter le contenu cognitif des outils et en particulier les connaissances scientifiques sur lesquelles ils reposent. Pour ce faire, j’ai mobilisé des travaux en sciences de gestion (Hatchuel et Weil, 1992) pour construire une grille d’analyse des outils. J’ai ainsi repris les trois dimensions définies par ces auteurs : le substrat technique, la philosophie gestionnaire et la vision simplifiée des relations organisationnelles. La grille ainsi déclinée est spécifique aux outils « orientés connaissances » (David, 1996) auxquels appartiennent les outils de gestion des ressources naturelles. En effet, j’ai retenu les définitions des trois dimensions telles qu’elles ont été proposées par Hatchuel et Weil pour les techniques managériales qui sont des outils orientés connaissances. David (1996) a lui redéfini ces dimensions pour les outils « orientés relations » ou pour les outils « mixtes ».

L’utilisation de ces trois dimensions pour décrire et caractériser les outils est assez répandue dans la bibliographie en sciences de gestion (David, 1996 ; 1998 ; Moisdon, 1997 ; De Vaujany, 2005 ; Acquier, 2007). Plus récemment, ces trois dimensions ont été utilisées pour étudier des outils techniques par exemple en agronomie (Aggeri et al., 2009) ou dans le domaine de la gestion des ressources génétiques animales (Labatut, 2009). Elles ont permis à ces auteurs d’expliquer la non-utilisation des outils ou les tensions qui existent sur le terrain autour de leur utilisation par l’écart entre la situation théorique véhiculée par les outils et les situations d’utilisation.

Mon analyse étant centrée sur le contenu cognitif des outils il m’a été nécessaire d’entrer dans une description plus fine de ce contenu. Pour ce faire, j’ai décliné les trois dimensions définies par Hatchuel et Weil en fonction des caractéristiques des outils auxquels je m’intéresse :

- le substrat technique : pour adapter cette dimension à des outils fondés sur des indicateurs d’état de végétation, j’ai sous-divisé le substrat technique en « objet qualifié » et « procédures de qualification et règles d’interprétation » ;

- la philosophie gestionnaire : pour préciser cette dimension, j’ai retenu les éléments de sa définition à savoir « les objets et les objectifs formant les cibles d’une rationalisation » (Hatchuel et Weil, 1992). Comme je souhaitais approfondir cette dimension c’est-à-dire ne

pas me limiter à décrire les objectifs de la gestion mais expliquer leurs origines, j’ai rajouté une case « postulats ». De plus, comme je m’intéresse à des outils produits par des scientifiques j’ai trouvé nécessaire d’expliciter les fondements théoriques qu’ont mobilisés les concepteurs pour concevoir les outils et qui expliquent les postulats, objectifs et objets de la gestion ;

- la vision simplifiée des relations organisationnelles : comme une partie de mon analyse porte sur les outils utilisés en situation, il m’a semblé nécessaire de décrire comment les concepteurs envisagent l’organisation de ces situations d’utilisation. J’ai donc divisé cette dimension en « utilisateurs directement visés » et « situations d’utilisation ».

Les outils auxquels je m’intéresse étant construits par des scientifiques, j’ai centré mon analyse sur les connaissances scientifiques. Comme le montre la déclinaison de la philosophie gestionnaire que je propose, j’ai cherché à relier les objets, objectifs et postulats de la gestion aux fondements théoriques mobilisés par les concepteurs. Si ce focus sur les connaissances scientifiques me semble justifié dans le cadre de ce travail, il peut être discuté pour l’analyse d’autres outils et ainsi peut-être limiter la portée de la grille.

1.2.2. Etudier l’articulation entre les outils : la définition du concept de chaîne méthodologique

L’entrée privilégiée dans ce travail, à savoir le lien entre le contenu cognitif des outils et l’action des utilisateurs, fait apparaître une nouvelle dimension dans l’analyse des outils : leur articulation. Les résultats montrent que les outils étudiés ne sont pas indépendants mais qu’ils sont reliés dans leur conception et/ou dans leur utilisation. Pour conceptualiser cette dimension et caractériser les différentes modalités d’articulation j’ai défini la notion de chaîne méthodologique, comme un ensemble articulé d’outils issu d’une volonté d’un groupe de concepteurs de travailler ensemble qui vise une cible de rationalisation commune, c’est-à-dire des objectifs et un objet de gestion communs. L’étude de l’articulation entre différents outils est plutôt rare dans les domaines biotechniques, les chercheurs étant plus habitués à raisonner sur un seul outil que dans une perspective de « boîte à outils ».

Dans ce travail, j’ai appliqué la grille d’analyse aux outils « utilisés au sein d’une chaîne méthodologique » et non aux outils « utilisés indépendamment ». Ce changement de point de vue n’est pas anodin puisque certaines dimensions de l’outil peuvent changer selon s’il est considéré seul ou au sein d’une chaîne méthodologique. Par exemple, la méthode GRENOUILLE est un outil destiné aux éleveurs pour les aider à concevoir leurs parcs et raisonner les durées de pâturage. Au sein de la méthode fonctionnelle il peut être utilisé par les conseillers pour proposer aux éleveurs des pratiques en vue par exemple d’impacter sur une espèce ligneuse cible.

L’utilisation dans un même travail de l’idée d’outils articulés au sein de « chaînes » et des trois dimensions définies par Hatchuel et Weil n’est pas inédite puisqu’elle se retrouve dans les thèses d’Acquier (2007) ou de Labatut (2009). Ces chercheurs les mobilisent successivement c’est-à-dire qu’ils s’appuient sur le concept de « chaîne instrumentale » pour présenter les outils, qu’ils analysent ensuite séparément à l’aide des trois dimensions. Ici je propose d’appliquer les trois dimensions aux outils articulés.

Le résultat qui montre que la philosophie gestionnaire et la vision simplifiée des relations organisationnelles des outils articulés au sein d’une chaîne méthodologique ne sont pas toujours exactement les mêmes que celles des outils considérés seuls amène à discuter les stratégies de recherche fondées sur une analyse parallèle des outils et de leurs usages

(DeSanctis et Poole, 1994 ; De Vaujany, 2005). En effet, il invite les chercheurs qui se lancent dans un tel travail à s’assurer que l’outil qu’ils analysent est indépendant. Si ce n’est pas le cas il leur faut intégrer la dimension « articulation des outils », autrement dit étudier la chaîne méthodologique plutôt que l’outil lui-même.

1.3. Domaine de validité des résultats et limites de la démarche de recherche mise en œuvre

Dans ce paragraphe je discute de la démarche de recherche mise en œuvre à savoir une étude de trois situations d’utilisation particulières et l’analyse de données issues de dires d’acteurs et de documents écrits (articles scientifiques et techniques, compte-rendu de réunion…).

1.3.1. Le domaine de validité des connaissances établies à partir de trois situations particulières d’utilisation des outils

Les résultats ont été obtenus par inférence logique, « processus par lequel l’analyste tire

des conclusions sur la relation nécessaire entre deux caractéristiques ou plus sous la forme d’un schéma explicatif systématique – un ensemble de propositions théoriques » (Mitchell,

1983) et non par inférence statistique « processus à partir duquel l’analyste tire des

conclusions sur l’existence de deux caractéristiques ou plus dans une population quelconque à partir d’un échantillon de cette population » (Mitchell, 1983). Ainsi, c’est en confrontant

les données recueillies dans trois situations concrètes d’utilisation avec le cadre théorique que j’ai construit pour analyser les outils que j’ai pu monter en généricité et produire des théories intermédiaires entre faits mis en forme et théories générales (David, 2004 ; 2007). Les connaissances produites dans ce travail ont donc une dimension locale et contextuelle, puisqu’elles ont été établies à partir de trois situations particulières, mais elles contribuent à des questionnements plus génériques sur la nature des outils et leurs modes de conception. Par exemple, l’observation faite dans la situation localisée dans les Hautes-Pyrénées sur la manière dont les praticiens transforment l’outil en y ajoutant un indice de correction est un résultat spécifique à cette situation. Mais, ce résultat contribue à la question plus générale de la conception d’outils de gestion des ressources naturelles en montrant que les outils sont en partie conçus dans l’action par les utilisateurs qui doivent faire face à la question des spécificités des contextes locaux, problème non résolu par l’outil lui-même. De même, l’analyse de l’usage d’outils fondés sur la Valeur Pastorale dans deux situations a mis en évidence le fait que ces outils poussent les utilisateurs à considérer que seule la strate herbacée est une ressource pastorale, ressource mise à disposition par le milieu dont il s’agit d’optimiser le prélèvement. Ce résultat, dont le domaine de validité peut sembler restreint aux deux situations étudiées, a une portée plus générique puisqu’il montre comment les outils cadrent la représentation que ce font les utilisateurs de la ressource.

Avec cette démarche, « la validité de l’extrapolation dépend non pas de la typicité ou de

la représentativité du cas mais de la pertinence du raisonnement théorique » (Mitchell, 1983).

Discuter du domaine de validité des résultats ne consiste alors pas à s’interroger sur la possibilité de produire des connaissances génériques à partir de trois situations particulières, ce qui reviendrait à raisonner dans l’esprit d’une analyse statistique, mais à questionner : - la pertinence du cadre théorique proposé ;

- le choix des situations concrètes d’utilisation des outils.

Le raisonnement théorique suivi a consisté à faire correspondre des éléments du corpus avec des catégories théoriques définies à l’aide de la bibliographie, soit à effectuer un codage

(Langley, 1999). La pertinence du raisonnement théorique provient du cadre conceptuel construit pour définir les catégories et de la correspondance entre les données et ce cadre conceptuel. Pour montrer le bienfondé de mon raisonnement théorique, j’ai tenté d’expliciter au mieux la manière dont j’ai construit le cadre conceptuel, autrement dit de donner à voir et d’expliciter les choix théoriques que j’ai effectués et les raisons de ces choix.

Pour le choix des situations j’ai tenté, conformément à ma posture de recherche, de retenir des cas qui soient explicatifs et non pas représentatifs. Comme il m’était impossible dans le temps de la thèse d’étudier de nombreux cas, j’ai dû choisir ceux qui me semblaient le plus explicatifs en regard des objectifs de la thèse et des points de vue que j’ai adoptés. Ainsi, comme dans ce travail je me focalise principalement sur le contenu cognitif des outils, j’ai analysé plusieurs chaînes méthodologiques véhiculant des paradigmes gestionnaires distincts. Pour des raisons de temps, j’ai alors limité l’analyse de la mise en action de chacune d’elle à une seule situation d’utilisation. Une autre possibilité aurait été de me centrer sur une seule chaîne méthodologique et d’étudier plusieurs situations d’utilisation de celle-ci. Par exemple, j’aurais pu étudier uniquement la méthode de diagnostic agro-écologique et retenir comme situations d’étude l’utilisation de ses outils dans différentes zones des Pyrénées (Pyrénées Centrales et Pyrénées-Atlantiques) et des Alpes (Vanoise et Mercantour par exemple). Une telle approche m’aurait permis entre autres d’approfondir la question de l’out-scaling (Douthwaite et al., 2002 ; Tumbo et al., 2010) et les modalités d’adaptation des outils aux situations locales. Ma volonté d’étudier des terrains sur lesquels les acteurs portent un regard réflexif sur leurs pratiques et questionnent la pertinence de leurs outils m’a poussé à choisir comme situations des « berceaux de conception » (les situations localisées dans les massifs des Bauges et du Jura) ou des situations où les utilisateurs sont proches des concepteurs (la situation localisée dans les Hautes-Pyrénées).

Si le choix des situations s’explique par les questions posées dans ce travail, il limite la portée des résultats et peut donc être discuté. Par exemple, la situation étudiée pour analyser l’usage des outils de la méthode fonctionnelle est une situation dans laquelle les utilisateurs ne rencontrent pas de difficultés particulières. Elle ne permet alors pas de montrer en quoi le cadrage des outils de cette méthode peut devenir contraignant et comment ils sont adaptés dans d’autres situations d’utilisation. Il aurait alors été intéressant d’analyser des situations d’utilisation des outils de la méthode fonctionnelle ailleurs mais ce travail semble encore prématuré. En effet, cette méthode étant relativement neuve et peu diffusée, il est encore trop tôt pour trouver des situations dans lesquelles d’éventuelles difficultés seraient apparues. 1.3.2. Le choix des outils étudiés

Un autre choix stratégique que j’ai effectué et qui peut être discuté est celui du choix des outils étudiés. Il me paraissait nécessaire de retenir des outils fondés sur la VP et ceux de la