• Aucun résultat trouvé

L’état des connaissances actuelles suggère un rôle important positif de la diversité végétale à l’échelle locale et de la diversité des habitats à l’échelle des paysages sur la régulation des

rava-geurs des cultures et sur la diminution de la propagation des agents pathogènes des cultures.

La régulation des insectes ravageurs et des agents pathogènes des cultures implique un rôle

positif de la biodiversité notamment en permettant de diminuer les sources dans le paysage,

en cassant le cycle de vie des insectes et des maladies et la synchronisation avec le cycle des

cultures, en perturbant le comportement des insectes ravageurs, en augmentant les capacités

de résistance des cultures, et en stimulant la présence et l’activité des ennemis naturels. Il est

important de noter qu’un grand nombre d’espèces de vertébrés ou d’invertébrés (arthropodes,

oiseaux, chiroptères) contribue à la régulation naturelle des insectes ravageurs. Globalement,

nous avons de bonnes preuves que la diversité taxonomique et fonctionnelle des ennemis

naturels augmente en moyenne la régulation naturelle, ce qui démontre l’intérêt de préserver

une diversité d’espèces d’ennemis naturels importante. S’il existe un corpus de connaissances

important sur ces questions à l’échelle nationale et internationale, mais relativement peu de

connaissances quantitatives existent régionalement.

[Fait Etabli] pour les insectes: [Etudes empiriques] (> 10 études), mais la plupart indirecte

3.2.4. Pollinisation des cultures et de la flore sauvage

Entre deux-tiers et trois-quarts de la production mon-diale de fruits, de légumes, de grains et de semences dépend de la pollinisation par les animaux (Klein et al., 2007). En Europe, 84 % des cultures (dont cultures oléo-protéagineuses comme le colza ou le tournesol, maraichères et fruitières) dépendent de la pollinisation assurée par des insectes, au premier rang desquels les abeilles mellifères (Williams, 1994) qu’il s’agisse de co-lonies domestiques, ou de populations sauvages (sans doute moins rares qu’on ne le suppose) ou d’autres es-pèces d’abeilles et de bourdons (960 en France). Pour d’autres cultures entomophiles secondaires comme le lin ou les semences de légumineuses, il est établi que l’abeille mellifère est également le pollinisateur principal (Klein et al., 2007). Le rôle d’autres espèces d’insectes est aussi établi, comme les syrphes ou les lépidoptères diurnes et nocturnes (Rader et al., 2016), mais parmi les espèces d’abeilles et de bourdons, seul un nombre res-treint est quantitativement important (Kleijn et al., 2015;

Winfree et al., 2015). En plaine agricole, l’importance de la pollinisation par les insectes a été montrée autant pour le tournesol que le colza, dans de nombreuses études en Europe et dans le monde (voir Williams 1994; Klein et al., 2007 pour une revue) et peut être limitée par l’absence d’éléments semi-naturels dans le pay-sage qui fournissent des sites de nidification pour les abeilles sauvages (Sardinas et al., 2016). De manière indirecte, la pollinisation de certaines espèces adven-tices des cultures réalisée par les insectes (Rollin et al., 2016) peut également contribuer à la régulation des ravageurs en favorisant des ressources utiles à leurs prédateurs naturels (Norris & Kogan, 2004). La crise actuelle de la biodiversité pourrait entrainer une perte de service de pollinisation des grandes cultures à la-quelle certaines régions du globe sont plus vulnérables (Zulian et al., 2013; Lautenbach et al., 2012).

En Nouvelle-Aquitaine, la présence d’insectes pollini-sateurs (abeilles domestique ou abeilles sauvages, dont près de 300 espèces ont été trouvées en ZA PVS (Bretagnolle et al., 2018c; Rollin et al., 2015, 2019) augmente les rendements des cultures. Cette aug-mentation a été montrée expérimentalement dans des cultures de colza et de tournesol (Perrot et al., 2018, 2019). Lorsque l’abondance des abeilles (sauvages et domestique) est multipliée par 100, les rendements en colza et en tournesols augmentent de 35% à 40% selon les cultures et les années (Figure 2.9).

L’abeille mellifère reste le pollinisateur principal, ce qui est confirmé à la fois par la fréquentation des cultures (Rollin et al., 2013) et des expérimentations in situ (Perrot et al., 2018, 2019), en particulier pour le tournesol. Pour le colza, hormis le rôle des abeilles

mellifères, un genre d’abeilles sauvages (genre Lasioglossum) s’avère être particulièrement impor-tant (Perrot et al., 2018). Par ailleurs, on ignore le rôle des lépidoptères diurnes et nocturnes dans la pollinisation des grandes cultures en absence d’étude en Nouvelle-Aquitaine pour le caractériser.

La présence des pollinisateurs sauvages dépend de la présence d’éléments semi-naturels qui fournissent des sites de nidification pour les espèces échantillonnés dans ces espaces (Rollin et al., 2015, 2019). Dans une vaste analyse comparative mondiale, incluant des sites et des études de la Région Nouvelle-Aquitaine, il a été démontré que la simplification des paysages affecte significativement non seulement les pollinisateurs mais aussi le service de pollinisation, ce qui a un effet significatif sur les rendements des cultures qui dépendent de la pollinisation par les insectes (Dainese et al., 2019). En région Centre dans des systèmes agricoles identiques, Bailey et al., (2014) confirment que la présence des pollinisateurs sauvages dans les cultures est favorisée par l’hétérogénéité du pay-sage comprenant des éléments semi-naturels boisés. L’hétérogénéité du paysage est aussi importante en termes de type de cultures présentes dans le parcellaire. Ainsi, une étude en ZA AR a montré que l’abondance des pollinisateurs dans les bords de colza dépendait plutôt de la quantité de céréales dans le paysage (Le Féon, 2010). Ces éléments, par la présence d’une diversité d’espèces végétales à fleurs nectarifères (notamment des espèces messicoles), fournissent des ressources alimentaires pour les pollinisateurs tout au long de l’année (Requier et al., 2015) et permettent, dans le cas des abeilles mellifères, d’augmenter leur survie

Effet de la diversité des abeilles (domestiques et sauvages) sur le rendement de colza. Moyenne sur les années

F I G U R E 2 . 9

Diversité des abeilles Rendement (tonne/hectare) 2.5 2 3 4 5 5.5 7.5 10.0

hivernale de près de 50% (Requier et al., 2017). La richesse spécifique des pollinisateurs sauvages est quatre fois plus élevée dans les éléments semi- naturels que dans les cultures (Rollin et al., 2015) et la diversité florale est plus efficace pour maintenir des pollinisateurs sauvages que l’augmentation de la quantité d’habitat semi-naturel (Rollin, et al., 2019). Les communautés de pollinisateurs qui utilisent les cultures ou les éléments semi-naturels du paysage sont relativement séparées spatialement et écologiquement sauf les bourdons (Rollin et al., 2013). Ces communau-tés sont cependant reliées entre elles, et l’unité spa-tiale qui définit ces communautés dans le cas de la ZA PVS est d’environ 50 km² (Rollin et al., 2015). Les don-nées cartographiées à l’échelle nationale par l’EFESE (Thérond et al., 2017) notamment suggèrent que

différentes zones, dont la Nouvelle-Aquitaine, peuvent être plus vulnérables que d’autres à la perte de pollini-sateurs en grandes cultures. Enfin, une étude de modé-lisation confirme, à l’aide de simulations, l’importance des éléments semi-naturels (Montoya et al., 2019) pour assurer la pollinisation entomophile des cultures, ce qui permet une augmentation et une stabilité de pro-duction agricole et un maintien de la biodiversité (polli-nisateurs, plantes sauvages). Aucune étude expérimen-tale ou empirique n’a cependant concerné le rôle des pollinisateurs pour le maintien des espèces végétales spontanées, qui jouent pourtant un rôle clé pour le main-tien ou l’abondance des auxiliaires, de parasitoïdes ou de prédateurs à travers la fourniture de pollen et de nectar pour leurs larves, et de leurs sites de nidification ainsi que pour le maintien d’un paysage diversifié.

CE QU’IL FAUT RETENIR

En Nouvelle-Aquitaine, le service de pollinisation fourni par les insectes est essentiel pour la

production agricole de cultures oléo-protéagineuses, en particulier le tournesol et le colza. Ce

service est fourni par une large gamme d’insectes pollinisateurs, mais le rôle des abeilles

mel-lifères est quantitativement plus important suivi de celui des abeilles sauvages même si des

lacunes de connaissances existent sur d’autres taxons. La mise en place de mesures qui

aug-menteraient les ressources florales ainsi que les sites de nidification permettraient de

promou-voir les pollinisateurs dans les paysages agricoles ainsi que d’assurer une production agricole

durable.

[Fait Etabli] pour les cultures: [Etudes empiriques] (~ 10 études), [Expérimentations]

[Projection] pour la flore, sauvage, quelques études empiriques dans des régions proches

3.3. BIODIVERSITÉ ET SERVICES DE RÉGUL ATION :

Outline

Documents relatifs