4.2 Variabilités thermiques inter-LCZ
4.2.2 Confrontation aux études antérieures
La classification LCZ rend plus pertinente la comparaison des valeurs de
température entre agglomérations. Par ailleurs, il est indispensable de mettre en
perspective les résultats obtenus à Nancy avec ceux d’autres études portant sur la
classification LCZ (table 4.4).
Pour établir le concept, Stewart a confronté la classification LCZ à plusieurs séries
de mesures mobiles réalisées à Uppsala [Sundborg, 1951] et Vancouver [Stewart, 2011]
Fraction de surface bâtie Hauteur moyenne des bâtiments
Compact highrise [40% ;60%]
> 10 m
Compact midrise [40% ;70%]
Open highrise [20% ;40%] > 10 m
Open midrise [20% ;40%]
Open lowrise [20% ;40%]
< 10 m
Large lowrise [30% ;50%]
Sparsely built [10% ;20%]
❚❛❜❧❡ ✹✳✺ ✿ ❋r❛❝t✐♦♥ ❞❡ s✉r❢❛❝❡ ❜ât✐❡ ❡t ❤❛✉t❡✉r ♠♦②❡♥♥❡ ❞❡s ❜ât✐♠❡♥ts ♣♦✉r ❧❡s t②♣❡s ❞❡ ▲❈❩
❝♦♥❝❡r♥és ♣❛r ❧❡s ❝♦♠♣❛r❛✐s♦♥s ❞❡∆T
air,LCZ X−Y✳
[Stewartet al., 2013]. D’autres études ont analysé les différences de température entre
LCZ, notamment en utilisant des données de stations météorologiques fixes, comme par
exemple à Glasgow [Emmanuel et Krüger, 2012] et à Berlin [Fenner et al., 2014]. Dans
le cas de Glasgow, la valeur correspond à une mesure réalisée dans des conditions
météorologiques propices au développement d’un îlot de chaleur urbain, à savoir une
faible nébulosité et une vitesse de vent inférieur à 1m.s
−1, tandis qu’à Berlin, la valeur
correspond à une moyenne sur 293 nuits. Dans ce dernier cas, les journées retenues
présentent une température d’air maximale supérieure à 25°C, sans prendre en compte
les paramètres de vent et de nébulosité. Les mesures réalisées à Uppsala datent de 1951
[Sundborg, 1951]. À cette date, la morphologie de l’agglomération était différente, et la
population était moindre qu’actuellement.
Les travaux de recherche sélectionnés ici ne permettent pas d’effectuer toutes les
comparaisons de∆T
air,LCZ X−Ysouhaitées. Seule l’étude menée à Uppsala permet une
comparaison directe avec Nancy pour les cas de ∆T
air,LCZ 2−Det ∆T
air,LCZ 5−D. Il est
néanmoins possible de confronter les résultats en regroupant les ∆T
air,LCZ X−Yselon
deux indicateurs urbains, à savoir la fraction de surface bâtie et la hauteur moyenne
des bâtiments (table 4.5). Les LCZ Compact highrise et Compact midrise possèdent
une fraction de surface bâtie supérieure à 40%, tandis que les LCZ Open highrise et
Open midrise démontrent une fraction de surface bâtie inférieure à 40%. Sur la base
de cet indicateur, il est donc possible de dissocier∆T
air,LCZ1−Det ∆T
air,LCZ2−Dd’une
part, et∆T
air,LCZ4−D,∆T
air,LCZ5−Det∆T
air,LCZ 5−Bd’autre part. En outre, les LCZ Open
lowrise, Large lowrise et Sparsely built sont les types de LCZ urbanisés dont la hauteur
moyenne des bâtiments est inférieure à 10 m, ce qui permet de regrouper∆T
air,LCZ 6−D,
Observations de Stewart Mesures à Nancy
Faibles différences en matière de
<2°C 0,2°C à 0,5°C
morphologie urbaine et de matériaux
Fortes différences en matière de 2°C à 5°C 1,3°C à 1,8°C
morphologie urbaine ou de matériaux
Fortes différences en matière de
>5°C 4,2°C à 4,4°C
morphologie urbaine et de matériaux
❚❛❜❧❡ ✹✳✻ ✿ ▼♦②❡♥♥❡ ❞❡s ❞✐✛ér❡♥❝❡s ❞❡ t❡♠♣ér❛t✉r❡ ❞✬❛✐r ❡♥ ♣ér✐♦❞❡ ♥♦❝t✉r♥❡ ❡♥tr❡ t②♣❡s ❞❡ ▲❈❩✳
❈♦♠♣❛r❛✐s♦♥ ❡♥tr❡ ❧❡s ♦r❞r❡s ❞❡ ❣r❛♥❞❡✉r ❞❡ ❙t❡✇❛rt ❬❙t❡✇❛rt✱ ✷✵✶✶❪ ❛✈❡❝ ❧❡s ✈❛❧❡✉rs ♠❡s✉ré❡s à
◆❛♥❝②✳
Dans le cas des ∆T
air,LCZ1−Det ∆T
air,LCZ 2−D– qui présentent les écarts de
température entre des LCZ possédant de fortes contrastes du point de vue des
caractéristiques urbaines – Nancy (4,4°C) se situe entre Vancouver (5,6°C) et Uppsala
(2,8°C). De même pour ∆T
air,LCZ4−D, ∆T
air,LCZ5−Det ∆T
air,LCZ5−B, Nancy (4,2°C)
affiche une valeur plus basse que Berlin (5°C) mais plus élevée que Vancouver (3,6°C)
et Uppsala (2,0°C). Enfin, dans le cas de ∆T
air,LCZ 6−D, ∆T
air,LCZ6−8/D, ∆T
air,LCZ6/9−D,
∆T
air,LCZ 8−Det ∆T
air,LCZ9−D, Nancy présente également des valeurs intermédiaires
(2,9°C et 2,4°C), inférieures à celles de Vancouver (3,2°C) et Glasgow (3,0°C) mais
supérieures à celles d’Uppsala (1,8°C).
Par ailleurs, Stewart a proposé des ordres de grandeur des moyennes des différences
de température d’air en période nocturne entre types de LCZ, construits sur la base
de relevés expérimentaux (table 4.6). Afin d’illustrer son propos, il fournit également
une infographie illustrant des ordres de grandeur (figure 4.2). Ceux-ci peuvent être
comparés aux différences moyennes de température d’air entre types de LCZ de Nancy.
Il s’avère que les différences de température observées à Nancy sont inférieures aux
ordres de grandeurs proposés par Stewart, et ce dans chacun des trois cas proposés.
Dans le cas des LCZ proches du point de vue de la morphologie et des matériaux
(partie en bleue sur la figure 4.2), les différences de température observées à Nancy
sont inférieures ou égales à 0,5°C, soit bien inférieures à la limite de 2°C proposée par
Stewart. Cela correspond aux différences de températures observées à l’intérieur des
trois groupes. Les différences de température d’air sont comprises entre 1,3°C et 1,8°C
à Nancy entre les LCZ présentant de fortes différences en matière de morphologie
urbaine ou de matériaux (partie en gris sur la figure 4.2), à savoir entre les LCZ du
groupe Midrise et les LCZ du groupe Lowrise. Ces valeurs se situent en dessous
de l’intervalle de température (entre 2°C et 5°C) suggéré par Stewart. Enfin, les LCZ
❋✐❣✉r❡ ✹✳✷ ✿ ■❧❧✉str❛t✐♦♥ ❞❡s ❞✐✛ér❡♥❝❡s ❞❡ t❡♠♣ér❛t✉r❡ ❞✬❛✐r ❡♥tr❡ ▲❈❩ ❡♥ ♣ér✐♦❞❡ ♥♦❝t✉r♥❡
♣r♦♣♦sé❡ ♣❛r ❙t❡✇❛rt ❬❙t❡✇❛rt✱ ✷✵✶✶❪✳
démontrant de fortes différences en termes de morphologie urbaine et de matériaux
(partie en rouge sur la figure 4.2) présentent une différence de température comprise
entre 4,2°C et 4,4°C à Nancy, en deçà de la valeur minimale proposée par Stewart (5°C).
Il s’agit ici de l’écart de température entre les LCZ du groupe Midrise et les LCZ du
groupe Plants.
La taille de la ville peut potentiellement expliquer la différence observée entre les
ordres de grandeur de Stewart et les résultats à Nancy. En effet, ceux proposés à la
table 4.6 semblent se baser sur les valeurs observées à Vancouver, qui est une ville
nord-américaine dont l’agglomération présente une population d’environ 2,5 millions
d’habitants. La taille plus réduite de l’agglomération de Nancy pourrait expliquer le fait
que les valeurs mesurées soient en dessous des ordres de grandeur. Cette hypothèse
est formulée à partir des travaux de Oke, qui a mis en évidence une corrélation
entre population (et par extension taille de l’agglomération) et amplitude de l’îlot de
chaleur urbain (équation 1.16). Cette équation traduit le fait que plus l’agglomération
est grande, plus les différences de température entre deux types de LCZ donnés sont
importantes.
Dans le document
Caractérisation des îlots de chaleur urbain par zonage climatique et mesures mobiles : Cas de Nancy.
(Page 175-179)