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CHAPITRE 3 MÉTHODES ET RÉSULTATS DE CARACTÉRISATION

3.3 Montage des colonnes (modèle physique CEBC)

3.3.1 Configuration des colonnes

Selon les résultats des travaux de caractérisation des stériles Bousquet présentés à la section 3.2, il n’a pas de différence majeure en termes de propriétés hydriques entre les tranches granulométriques 0-37.5 mm et 0-50 mm. De plus, les travaux de Rey (2013) et Rey et al. (2014) sur la migration des particules de rejet de concentrateur à différents pourcentages solides à l’intérieur des stériles ont montré qu’une diminution de la teneur solide des résidus entraînait une migration plus intense des fines à l’intérieur de la couche des stériles et que ce phénomène était amplifié en terme de quantité et de profondeur de migration des fines pour la tranche des stériles 0-50 mm. Pour tenir compte de ces résultats, il a été proposé, pour les couches grossières des CEBC, de ne travailler que sur les tranches granulométriques extrêmes testées, soient 0-20 mm et 0-50 mm. 1.00E-12 1.00E-11 1.00E-10 1.00E-09 1.00E-08 1.00E-07 1.00E-06 1.00E-05 1.00E-04 1.00E-03 1.00E-02 1.00E-01 1.00E+00

1.00E-03 1.00E-02 1.00E-01 1.00E+00 1.00E+01 1.00E+02

Co n d u ctiv ité h yd rau liq u e (c m /s) Succion (cm)

Mualem 0-20 Mualem 0-50 Mualem 0-37,5

Pour ce faire, trois colonnes en PEHD (PolyEthylene Haute Densité), de 150 cm de hauteur (construites en deux sections de 75 cm chacune) et 30 cm de diamètre intérieur ont été montées. La première section est d’abord remplie et la deuxième par la suite, quand la hauteur de matériau s'élève à cette hauteur dans la colonne. Les résidus et les stériles sont placés directement dans les colonnes par couches variant entre 10 et 20 cm selon les épaisseurs totales des couches. Ils sont compactés au moyen d'un marteau Proctor avec masse constante et énergie uniforme jusqu’à approcher les porosités visées. Deux des trois colonnes (colonnes 1 et 2) sont constituées de rejets désulfurés mis en place à un pourcentage solide massique élevé, environ 74 % (simulant une mise en place mécanique) et une (colonne 3) avec une mise en place à un pourcentage solide massique plus faible, environ 55 % (simulant une déposition hydraulique). La colonne avec résidus désulfurés mise en place à une teneur solide plus faible a été montée pour essayer de mettre en exergue l’influence de la migration des fines sur le comportement hydrique des couches de rétention d’eau et du bris capillaire sous-jacent. L’épaisseur de la couche de rétention d’eau a été fixée à 50 cm. En raison de l’état lâche de résidus de la colonne 3, l’épaisseur finale après tassement a été de 40 cm. La porosité visée lors du montage dans les couches des stériles est de 0,35 (similaire aux porosités des essais de caractérisation, 0,35 ≤ n ≤ 0,39) alors que l’on vise 0,45 et 0,55 pour les résidus mis en place à pourcentage solide élevé et faible respectivement. La colonne est d’abord remplie avec les stériles jusqu’à une hauteur de 40 cm (couche de bris capillaire du bas). La couche de résidus désulfurés est ensuite placée sur les stériles; elle constitue la couche de faible perméabilité (ou couche de rétention d’eau). Finalement une dernière couche de stériles de 30 cm est placée sur les résidus, elle constitue la couche de bris capillaire du haut. Le tableau 3.16 et la figure 3.29 présentent les différentes configurations des colonnes testées. Notons que la granulométrie des stériles dans la couche grossière du haut est identique (0-50 mm) pour les trois colonnes tandis que celle des stériles de la couche de bris capillaire du bas est de 0- 20 mm pour la première colonne et 0-50 mm pour les deux autres colonnes. Il importe de souligner, pour la colonne 3, que la couche de résidus désulfurés a été mise en place en deux étapes. Celles-ci étaient séparées par un temps d’attente de plusieurs heures, pour permettre à la couche de résidus de se drainer après le chargement d’une part et de faciliter la mise en place de la couche de bris capillaire du haut d’autre part.

Tableau 3-16 : Types des matériaux et épaisseurs des couches dans les colonnes

Colonne Couche de bris capillaire du bas

(0,40 m)

Couche de rétention d’eau (0,40-0,50 m)

Couche de bris capillaire du haut

(0,30 m)

C1 Stériles (0-20 mm) résidus miniers désulfurés

(74 % solide) Stériles (0-50 mm) C2 Stériles (0-50 mm) résidus miniers désulfurés

(74 % solide) Stériles (0-50 mm) C3 Stériles (0-50 mm) résidus miniers désulfurés

(55 % solide) Stériles (0-50 mm)

Instrumentation des colonnes

Au cours des essais de mouillage-drainage, on souhaite suivre l'évolution des teneurs en eau volumique ainsi que des pressions d'eau (succion). L'instrumentation a été choisie en se basant sur une revue des différentes techniques existantes pour la mesure de la teneur en eau volumique et la succion (Maqsoud et al., 2007). Pour la mesure de la teneur en eau volumique, les différentes techniques existantes peuvent être regroupées en trois catégories : émission d’énergie, gravimétrique et méthodes diélectriques. Les techniques diélectriques sont plus accessibles, car elles permettent d’acquérir des données en continu, contrairement aux deux autres méthodes. La technique FD (Frequency Domain) a été utilisée avec succès dans plusieurs projets de recherche notamment dans les projets de restauration de sites miniers (site LTA; Bussière et al. (2006) et site Lorraine, Dagenais et al. (2005)) pour suivre le comportement de couvertures avec effet de barrière capillaire (CEBC). Les techniques diélectriques se basent sur la mesure de la permittivité relative ou constante diélectrique du sol. À 20 °C, la permittivité de 1'air sec ɛair est de 1, celle du

sol sec ɛsol se situe entre 2 et 5, et celle de l'eau ɛeau est d’environ 80 (Maqsoud et al., 2007).

Ainsi, la constante diélectrique totale du sol est principalement contrôlée par l'eau, ce qui permet en mesurant celle du sol humide d'estimer la teneur en eau volumique du milieu. Pour cette étude, les sondes EC-5 et GS-3 ont été choisis pour mesurer la teneur en eau volumique respectivement dans la couche des résidus et stériles.

Sondes et senseurs Position par rapport à la base (cm)

colonne 1 colonne 2 colonne 3

GS-3 (θ) 20 et 105 20 et 105 15 et 100

MPS-2 (ψ) 20, 60, 80 et 105 20, 60, 80 et 105 20, 50, 65, 85, et 100

Tensiomètre (ψ) 20 et 105 20 et 105 20 et 100

EC-5 (θ)

60 et 80 60 et 80 50, 65 et 80

Figure 3-29 : Modélisation physique CEBC (configuration colonne 1 et 2 à gauche et configuration colonne 3 à droite)

L’enregistrement des teneurs en eau se fait au moyen du data logger Em50. Les sondes ont été calibrées (voir Annexe 5), permettant ainsi de corriger directement la mesure de la constante diélectrique et de la convertir en teneur en eau volumique réelle. Les sondes EC-5 sont installées verticalement (i.e. les barres métalliques sont alignées suivant le plan vertical afin d’éviter qu’il y

ait l’accumulation de l’eau), tandis que les sondes GS-3 sont installées horizontalement (i.e. les trois barres métalliques sont alignées suivant le plan horizontal) donnant ainsi la teneur en eau volumique dans les matériaux aux élévations où elles sont installées. Les sondes GS-3 plus robustes que les sondes EC-5 seraient mieux adapté aux stériles.

Pour la mesure de la succion, une des deux techniques retenues est celle du senseur à matrice granulaire. Cette technique consiste à insérer la matrice granulaire dans le sol et le laisser s'équilibrer avec le milieu. Après équilibre entre le senseur et le sol, mesurer la succion du senseur revient également à mesurer la succion dans le sol. Le senseur MPS-2 de Decagon a été utilisé pour mesurer la succion dans les différentes couches. Ce senseur mesure la permittivité diélectrique d'une matrice solide (généralement des disques poreux en céramique) pour déterminer la succion dans le sol. La permittivité diélectrique des disques céramiques étant fortement liée à la quantité d'eau présente, il est possible de déterminer la teneur en eau volumique des disques. Finalement, la quantité d'eau dans les disques céramiques et la succion sont reliées par une relation unique, qui permet d'avoir une courbe de calibrage standard pour tous les types de sol. L’enregistrement des données des senseurs MPS-2 se fait aussi automatiquement au moyen du data logger Em50.

Les tensiomètres ont aussi été utilisés pour mesurer les pressions d'eau (positives et négatives) dans les couches de stériles. Ils sont constitués d’un embout en céramique poreuse (bougie) rempli d’eau déionisée, connectée par un tube ou connecteur au capteur de pression Hoskin de type E13. Lorsque l’embout de céramique est inséré dans un matériau, ce dernier devient à l’équilibre avec le milieu et transfère la pression (ou succion) du sol à l’eau et de l’eau au capteur de pression (Stannard, 1999; Singh and Kuriyan, 2003; Maqsoud et al., 2007). Les bougies ayant tendance à se désaturer au cours des essais, elles sont saturées régulièrement avant chaque lecture avec de l'eau désaérée. Le capteur de pression est connecté à un ordinateur qui affiche les données de succion brutes en milliampères à l’aide du logiciel HOBOware. Par la suite, on retranche la valeur lue, à la valeur obtenue pour la pression atmosphérique (<0 pour une succion) et on converti la différence de courant en succion à l’aide des droites de calibration (voir Annexe 5).

Les sondes et senseurs utilisés sont présentés à la figure 3.30 et la synthèse des caractéristiques de l'instrumentation choisie pour le projet est présentée au tableau 3.17. Les informations

supplémentaires sur les instruments sélectionnés ainsi que leurs courbes de calibration sont présentées en Annexe 5.

Figure 3-30 : Images des sondes et senseurs (de gauche à droite) : EC-5, GS-3, MPS-2, Connecteur + bougie poreuse et capteur de pression

Tableau 3-17 : Caractéristiques de l’instrumentation choisie pour le projet

Instrumen ts

EC-5 GS-3 MPS-2 Tensiomètre

Mesures TEV TEV Température Conductivité

électrique Succion Succion Technique Frequency Domain Frequency Domain Thermistance Matrice granulaire Gamme opération -40 °C à 60 °C. -40 °C à 60 °C. -40 °C à 50 °C 0 °C à 50 °C- mais peut tolérer de -40 °C à 60 °C. Gamme des mesures 0 à 100 %, 0 à 100 %, de 0 à 23 dS/m -10 kPa et - 500 kPa 0-80 kPa Résolution 0.1 °C 0,001 dS/m de 0 à 23 dS/m. 0,1 kPa pour -5 à 100 kPa Précision ± 0.03 m3/m3 ± 0.03 m3/m3 ± 1 °C ± 10 % de 0 à 10 dS/m ±25 % de la lecture en kPa 1 kPa

La fréquence des lectures est de l'ordre de 24 mesures par jour soit une mesure par heure pour les sondes EC-5, GS-3 et senseur MPS-2 et d’une à deux mesures par semaine pour les tensiomètres. En plus de ces mesures, les volumes d’eau récupérés à la base des colonnes sont mesurés afin de déterminer les débits de sortie. La figure 3.31 montre la configuration des colonnes montées au laboratoire.

Figure 3-31 : Colonnes montées au laboratoire