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Confiance et sciences sociales

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1.2 D´ efinitions

1.2.3 Confiance et sciences sociales

Dans cette sous-section, les mod`eles de confiance de mani`ere g´en´erale ainsi que certaines propri´et´es de la confiance sont pr´esent´es. Les mod`eles g´en´eraux de confiance

font appel `a des aspects de la psychologie et de la sociologie (cf. [45]). Dans [46], les auteurs proposent une classification des diff´erents types de confiance (trust) en sciences sociales. Dans le travail cit´e derni`erement, les auteurs identifient quatre

´el´ements indispensables `a analyser lors de la prise de d´ecision bas´ee sur la confiance : l’int´egrit´e, l’expertise (capacit´e `a donner des informations exactes), la bienfaisance (se donner la peine de faire un effort) et la pr´edictibilit´e. D’autres qualit´es inh´erentes `a la confiance sont pr´esent´ees dans le domaine du management : la congruence (le fait de faire co¨ıncider les actions avec les affirmations), la fiabilit´e, la franchise, la tol´erance, et la sensibilit´e. Mˆeme la notion d’intuition, bas´ee sur la similarit´e des profils des utilisateurs, est prise en compte pour d´eterminer la confiance quand on ne dispose en m´emoire d’aucune action pass´ee de l’utilisateur, dans un syst`eme multi-agent (cf.

[47]). Il est possible de rapprocher l’intuition `a la confiance basique de [11]. Nous aborderons la r´eciprocit´e qui est un composant important de la relation de confiance, avant de pr´esenter le mod`ele de confiance g´en´eral fondateur de Stephen Paul Marsh, formalis´e dans sa th`ese soutenue en 1994.

Lar´eciprocit´e est l’´echange mutuel d’actions (par exemple, comme une faveur ou une vengeance). La transitivit´e de la confiance est un ph´enom`ene commun int´egr´e dans le raisonnement humain sur la confiance (cf. [16] et [48]). La r´eciprocit´e et la transitivit´e de la confiance sont aussi des concepts-cl´es de notre probl´ematique (cf. [49], [50], [51], [52] et [53]). Dans un contexte sp´ecifique, la transitivit´e de la confiance se manifeste souvent par l’intuition des ˆetres humains `a se fier aux recommandations d’une entit´e digne de confiance B sur une autre entit´e recommand´ee C. Bien qu’intuitive, la transitivit´e de la confiance est un ph´enom`ene humain qui semble particuli`erement complexe. Compte tenu de cette complexit´e, n’importe quel mod`ele math´ematique simple aura un pauvre pouvoir pr´edictif. Dans [16], une interpr´etation de la transitivit´e de confiance radicalement diff´erente de celles d´ecrites dans la litt´erature jusqu’`a pr´esent est propos´ee. Plus pr´ecis´ement, elle consid`ere les recommandations de l’entit´e digne de confiance B comme une preuve que l’entit´e requ´eranteA utilisera comme arguments d’entr´ee dans les mod`eles de raisonnement conditionnel pour ´evaluer des hypoth`eses sur l’entit´e recommand´ee C. Le mod`ele propos´e de la transitivit´e de confiance conditionnelle est bas´e sur le cadre de la logique subjective.

La probabilit´e subjective est le fondement du mod`ele propos´e dans [12]. La valeur de la confiance est discr`ete et appartient `a l’ensemble {-2, -1, 0, 1, 2} qui correspond respectivement `a{very untrustworthy, untrustworthy, neutral, trustworthy, verytrust-worthy}4. L’objectif des travaux d´ecrits dans [12] est de fournir un mod`ele de confiance bas´e sur des propri´et´es des sciences sociaux. La confiance n’est pas une propri´et´e

4. {tr`es indigne de confiance, indigne de confiance, neutre, digne de confiance, tr`es digne de confiance}

objective d’un agent mais une croyance subjective `a propos d’agents. Les auteurs soulignent la diff´erence entre la recommandation et la perception propre de celui qui fait confiance par la mise en place de ce qu’ils appellent distance s´emantique. L’´etude de la confiance a progress´e ´enorm´ement ces derni`eres ann´ees, dans la mesure o`u l’objectif d’une formalisation plus unifi´ee de la notion est faisable. `A cette fin, les auteurs de [54] ont commenc´e `a examiner les concepts de regret et de pardon et leur relation avec la confiance. En outre, le regret et le pardon, lorsqu’ils sont alli´es `a la confiance, sont des outils tr`es puissants dans le domaine de la s´ecurit´e Ambient Intelligence (AMI), en particulier en Human Computer Interaction (HCI), l`a o`u la compr´ehension humaine concr`ete est importante. Dans [54], les auteurs pr´esentent les concepts de regret et de pardon, leur exploitation `a partir de la psychologie sociale et introduisent une extension `a la formalisation originelle de la confiance donn´ee dans [11] qui les prend en compte. La repr´esentation de la confiance et la prise de risques associ´es ont fait l’objet de plusieurs interrogations dont les solutions sont apport´ees par lestravaux de Marsh (cf. [11]). Dans sa th`ese, Marsh propose unmod`ele g´en´eral de gestion de la confiance dans le cadre de la coop´eration qui utilise la notion de r´eputation. Il d´efinit trois sortes de r´eputations : basique, g´en´erale et contextuelle.

Ces trois r´eputations sont repr´esent´ees par des valeurs appartenant `a l’intervalle [-1,1]. Dans ces travaux, il suppose que si la confiance aveugle existait, alors le fait de chercher `a estimer la r´eputation d’une entit´e ne serait plus n´ecessaire. Il consid`ere donc que la confiance aveugle n’existe pas et retire la valeur 1 du domaine des valeurs possibles pour les r´eputations. Il ne pr´ecise pas d’o`u provient l’information qui permet de calculer les r´eputations, ni comment les r´eputations sont initialis´ees. Il s’int´eresse ensuite principalement aux processus de d´ecision. Les r´eputations sont calcul´ees par rapport `a l’ensemble des interactions. Chaque d´ecision est prise par seuillage : si la valeur de r´eputation contextuelle est sup´erieure au seuil de coop´eration, alors l’entit´e coop`ere sinon elle ne coop`ere pas. Marsh a propos´e ´egalement plusieurs d´efinitions de ce seuil de coop´eration en fonction des risques, de la comp´etence de la cible et de l’importance de la situation per¸cue par le b´en´eficiaire. Un mod`ele manipulant des r´eputations fond´ees sur des interactions directes entre b´en´eficiaires est propos´e dans ce syst`eme. Ces r´eputation sont toutes subjectives, gradu´ees et non transitives. Marsh est le premier `a donner une formalisation du concept de confiance. Les fondements de son mod`ele sont tr`es sociologiques. Son mod`ele reste relativement complexe et abstrait, il ne peut ˆetre utilis´e dans le domaine du e-commerce aujourd’hui. Les processus de d´ecision dans le mod`ele d´ecrit dans [11] sont ind´ependants de l’humain.

Par opposition dans [55], l’intervention de l’humain est discut´ee. Certains aspects des mod`eles de confiance comme son d´eploiement, son utilisation et l’abus sont examin´es.

Le calcul de la confiance formalise les processus de confiance chez l’homme afin de

permettre `a des syst`emes artificiels de mieux prendre des d´ecisions ou de mieux donner des conseils. Cela est possible parce que la confiance est flexible, facile `a comprendre, et relativement robuste. Depuis son introduction dans les ann´ees 90, elle a gagn´e en popularit´e en raison de ces caract´eristiques. Cependant, ce qu’elle a souvent perdu, c’est l’intelligibilit´e. L’un des objectifs initiaux du raisonnement du calcul de la confiance ´etait l’´el´ement humain : la participation d’ˆetres humains dans le processus de prise de d´ecision pour les outils, surtout au niveau de la compr´ehension des raisons de ces d´ecisions. La prolif´eration des mod`eles de plus en plus complexes peut servir `a augmenter la robustesse de la gestion de la confiance face `a l’attaque, mais fait peu pour aider les humains `a simplement comprendre ou, si n´ecessaire, intervenir lorsque les mod`eles de confiance ´echouent ou ne peuvent pas arriver `a une d´ecision raisonnable.

R´esum´e

F i g u r e 1.5 – Processus de confiance

Pour r´esumer, la production de confiance passe par la mise en place d’un mod`ele de confiance g´en´eral. Les entit´es en interaction vont d´ecider de faire confiance ou pas en fonction du contexte, de l’exp´erience et de la recommandation en se basant sur ce mod`ele, comme le montre le sch´ema de la figure 1.5. Le mod`ele de confiance est un mod`ele math´ematique qui repose sur une architecture centralis´ee ou d´ecentralis´ee et qui permet d’avoir une m´etrique qui repr´esente la confiance qu’une entit´e a envers une autre entit´e. Diff´erentes consid´erations sociales (r´eciprocit´e, intuition...) mais aussi des param`etres permettent d’affiner le mod`ele de confiance et de le rendre plus pr´ecis. Enfin, la prise en compte de politiques de confiance permet ´egalement d’avoir un mod`ele plus robuste et plus r´eel.

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