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Conditions de fond

138  –  L’étude  dans  l’ordre  chronologique  des  conditions  générales  de  validité  des  actes juridiques présente l’avantage non accidentel de convenir à une détermination claire  des  différentes  lois  applicables  (191).  Alors  qu’une  étude  systématique  de  leur  application  aux  contrats  bancaires  (192)  serait  décevante  quoique  la  théorie  du  consentement  n’ait  jamais  suscité  en  la  matière  de  difficulté,  l’objet  généralement  monétaire,  la  cause  elle‐ même,  n’aient  rien  qui  soit  de  nature  à  retenir  l’attention :  mais,  c’est  en  s’attachant  à  “l’élaboration  concrète  de  l’opération”  que  l’on  décèle  les  aspects  les  plus  originaux  des  contrats bancaires (193). 

Paragraphe I 

Le consentement des parties. 

139  –  1  –  Le  principe  de  la  liberté  contractuelle  veut  que  chacun  puisse  choisir  librement  son  cocontractant  (194).  En  matière  bancaire  ce  principe  n’est  pas  toujours  respecté dans son intégralité, il importe de mesurer les atteintes éventuelles au libre choix  de  la  banque [représentée  dans  ses  relations  avec  les  tiers  par  ses  dirigeants  exerçant  les  pouvoirs  légaux  et  exprimant  sa  volonté  de  personne  morale  (Article  50  Alinéa  2,  4°)  du  Code  Civil  Algérien) :  l’importance du  nombre  d’opérations  conclues,  la  taille  des  banques,  expliquent  que  par  le  jeu  de  mandats,  des  délégations  de  pouvoirs  soient  consenties  au  profit de salariés pour effectuer des opérations limitées avec la clientèle].    (191) –  Batiffol, Contrats, opcit, p. 174.  (192) – Stoufflet, opcit, p. 640.  (193) – Ibid, Stoufflet, p. 654.  (194) – Jcl. Banque et Bourse, V° Contrats, n° 425.   

La décision de contracter ou non des banques reste guidée par l’appréciation du risque  encouru. Devant un client indésirable, la banque sera tentée de refuser ses services.  On peut, en effet, craindre qu’un client sans scrupule, abuse des possibilités offertes  par la banque pour accomplir des opérations préjudiciables à l’établissement qui a ouvert le  compte. Toutefois, on peut objecter que reconnaître ce droit au refus des banquiers d’ouvrir  un compte risque de contrarier certaines obligations du client potentiel, il ne faut pas perdre  de  vue  que  bien  souvent  l’ouverture  d’un  compte  est  soit  imposée  par  la  loi  (notamment,  aux  commerçants  et  sociétés  nationales  en  Algérie)  soit  nécessitée  par  les  circonstances  actuelles :  quel  salarié  peut‐il,  par  exemple,  vivre  sans  être  titulaire  d’un  compte  en  banque ? La problématique du refus de contracter du banquier doit être étendue au refus du  crédit et à celui d’autres prestations. 

Mais si l’hésitation est permise quant à la légitimité du refus en matière d’ouverture de  compte, il ne saurait y avoir de doute pour les crédits que le banquier est, toujours, libre de  refuser sans avoir à justifier son défaut de confiance. 

Certes  les  contrats  bancaires  sont  un  peu  en  retrait  par  rapport  au  droit  commun  puisqu’on  constate  une  tendance  à  reconnaître  au  banquier  une  faculté  de  refus  dont  ne  bénéficient  pas  les  autres  commerçants,  mais  il  serait  excessif  d’affirmer  qu’il  n’y  a  jamais  place dans ces contrats pour la discussion et la négociation [il est possible de tenir compte  des convenances du client qui commandent le choix de la formule de crédit, du montant, de  la durée du concours bancaire] et de nier l’élément déterminant qu’est la volonté exprimée  et saine des parties.  D’ailleurs, il n’y a de contrat que voulu et le Code Civil Algérien fait une large place à la  “volonté déclarée”. 

C’est  ainsi  qu’aux  termes  de  l’Article  59  le  contrat  se  forme  dès  que  les  parties  ont  échangé leur volonté concordante. La déclaration de leur volonté peut se faire verbalement,  par écrit, ou par les signes généralement en usage ou encore par une conduite telle qu’elle  ne laisse aucun doute sur la véritable intention de son auteur (Article 60).  

   

L’Article  64  incorpore  la  théorie  musulmane  “du  madjlis  ‐  aqd”  concernant  la  séance  contractuelle :  c’est‐à‐dire  tout  le  temps  que  dure  la  rencontre  des  deux  contractants  aux  fins de conclure le contrat (195). 

Il dispose encore que : « Si, en séance contractuelle, une offre est faite à une personne  présente,  sans  fixation  de  délai  pour  l’acceptation,  l’auteur  de  l’offre  est  délié  si  l’acceptation n’a pas lieu immédiatement, il en est de même si l’offre est faite de personne à  personne au moyen du téléphone ou de tout autre moyen similaire. 

Toutefois,  le  contrat  est  conclu,  même  si  l’acceptation  n’est  pas  immédiate,  lorsque,  dans  l’intervalle  entre  l’offre  et  l’acceptation,  rien  n’indique  que  l’auteur  de  l’offre  l’ait  rétractée,  pourvu  que  la  déclaration  de  l’acceptation  ait  lieu  avant  que  la  séance  contractuelle ne prenne fin ». 

L’Article  65  prévoit  la  possibilité  d’un  accord  sur  les  points  essentiels  du  contrat  qui  faute d’accord des parties sur les détails, sera complété par le tribunal conformément à la  nature de l’affaire, aux prescriptions, à la loi, à l’usage et à l’équité. 

L’Article  70  énonce  que :  « l’acceptation  dans  un  contrat  d’adhésion  résulte  de  l’adhésion  d’une  partie  à  un  projet  réglementaire  que  l’autre  établit  sans  en  permettre  la  discussion ». 

Enfin, la formation en cas de contrat par correspondance se fait suivant le système de  la réception. 

140 – 2 – Mais ce n’est qu’une fois constatés sans équivoque que les consentements  des parties posent la question de rattachement de leur échange. 

L’Article  8  –  P  1  de  la  Convention  de  Rome  du  19  Juin  1980  (Titre  II)  qui  couvre  les  contrats  bancaires  dispose :  « L’existence  et  la  validité  du  contrat  ou  d’une  disposition  de  celui‐ci  sont  soumises  à  la  loi  qui  est  applicable  en  vertu  de  la  présente  convention  si  le  contrat ou la disposition sont valables ». 

 

(195) – Jcl. Banques et établissements financiers, Fascicule 520, note Prieur.   

Par conséquent, si la loi du contrat régit valablement les conditions d’existence et de  sincérité du consentement, l’échange des consentements qui constitue l’élément efficient de  la  formation  du  contrat,  lui  est  soumis  (étant  rappelé  que  selon  l’Article  59  du  code  civil  Algérien (C) le contrat se forme dès que les parties ont échangé leurs volontés concordantes  sans préjudice des dispositions légales). 

La solution ne fait guère de difficultés en jurisprudence (B), par contre, en doctrine, il y  a  controverses  (A)  et  certains  avis  considèrent  que  « le  consentement  ne  doit  pas  être  soumis à la loi du contrat, mais à la loi personnelle où à la loi du lieu où il est intervenu »  pour la raison que la loi personnelle vise la protection de la personne et donc les conditions  de son consentement ; Mais d’autres font remarquer que les conditions du consentement ne  visent pas la personne en tant que telle, mais tendent à obtenir des contrats corrects.  Controverses doctrinales. 

141  –  1  –  « Le  consentement  est  soumis  à  la  loi  personnelle »,  c’est  l’opinion  de  certains  auteurs  qui  ne  reconnaissent  pas  l’application  d’une  loi  unique  à  l’intégralité  du  contrat, soutiennent que la loi du contrat ne saurait gouverner les règles qui en droit interne  ont un caractère impératif ou prohibitif et distinguent pour ces matières suivant les divers  rapports d’obligations et les diverses sortes de règles légales (196). 

Reprenant à propos du  consentement l’argument du cercle vicieux formulé contre la  théorie  générale  de  l’autonomie  de  la  volonté,  d’autres  auteurs  considèrent  que  la  loi  du  contrat  s’applique  au  consentement  car  les  parties  sont  présumées  avoir  voulu  soumettre  leur contrat et spécialement les conditions de formation du contrat à une loi déterminée. 

Mais comment la loi ainsi désignée peut‐elle permettre d’apprécier si le consentement  a  été,  régulièrement,  émis  alors  que  dans  l’hypothèse  où  le  consentement  n’est  pas  véritable et libre, la désignation de la loi applicable se trouve elle‐même mise en question ? 

 

(196) – Chehata, « Théorie de l’obligation en droit musulman », Sirey, 1969, p. 118. 

Lorsque le contrat est annulé en raison d’un vice du consentement, le choix de la loi  applicable  se  trouve  anéanti  par  l’anéantissement  du  contrat  lui‐même,  on  aboutit  ainsi  à  faire  annuler  le  contrat  par  une  application  d’une  loi  qui  n’a  plus,  désormais,  par  le  fait  même  de  cette  annulation  aucun  support  juridique  écartant  ainsi  l’application  de  la  loi  du  contrat, les partisans de la loi personnelle recherchent le but social des dispositions légales  concernant le consentement et analysent ces dispositions en des règles de protection de la  personne contre les insuffisances ou les défaillances de sa volonté. 

Ces  règles  de  tutelle  individuelle  ont  le  même  caractère  que  celles  qui  assurent  la  protection des incapables. Elles assurent la protection de la personne contre elle‐même, et  la loi nationale qui assure la protection de ses nationaux est la plus naturellement qualifiée  pour  décider  de  protéger  le  consentement  de  l’individu.  Cette  opinion  n’est  admise  par  certains  auteurs  qu’en  ce  qui  concerne  les  vices  du  consentement.  L’échange  des  consentements met en jeu la protection des intérêts généraux de la société et à ce titre doit  obéir à la loi locale : “la lex‐loci contractus” (197).  142 – A propos de l’argument du cercle vicieux, une certaine opinion a été émise. La  valeur juridique de la loi désignée par les parties ne réside pas à proprement parler dans leur  volonté mais dans la règle légale de conflit fournie par la “lex fori” comme pour tout autre  règle de conflit de lois, si la loi désignée par les parties régit le contrat et spécialement ses  éléments  de  formation  c’est  parce  que  le  système  de  conflits  de  lois  d’un  pays  soumet  le  contrat  aux  exigences  de  la  loi  du  contrat.  La  désignation  de  la  loi  par  les  parties  n’a  de  valeur  que  parce  que  le  système  des  conflits  l’admet.  Dès  lors,  on  peut  admettre  que  le  législateur renvoie pour apprécier la valeur du consentement à la loi à laquelle les parties se  sont référées ou ont cru se référer.  Batiffol considère : « Qu’il est rationnel de se référer à la loi du pays où les parties ont  voulu localiser leur contrat dès lors qu’il est établi que ces parties ont voulu faire une affaire  ressortissant à tel ou tel système juridique (198).    (197) – Jcl., DIP,  V° Dayant, Fasc. 552 A à 552 F.  (198) – Crémieu, « Traité élémentaire », DIP, 1956, p. 164.   

Pour Lerebours – Pigeonnière (199) : « L’obligation tirée du cercle vicieux provient d’un  abus de l’analyse et tend à dissocier l’accessoire du principal », il faut examiner les choses de  plus haut dans le droit commun comparé, une personne capable est libre de s’obliger selon  son vouloir pourvu que sa volonté soit morale, légale, sociale, et dans toutes les législations  la réglementation de l’acte juridique garantit l’application de ces exigences. 

143  –  Les  titres  de  la  loi  personnelle  à  régir  le  consentement  sont  au  surplus  très  discutables.  Il  est  vrai  que  les  règles  relatives  au  consentement  ont  un  caractère  de  protection  individuelle,  mais  ce  caractère  n’est  pas  l’objet  essentiel  de  la  réglementation  légale. 

Il ne s’agit pas de protéger l’individu en tant qu’individu à raison des faiblesses et des  insuffisances  qui  s’attachent  à  sa  personne  comme  en  matière  de  capacité,  mais  de  faire  respecter une certaine conception de la loyauté contractuelle. L’individu est protégé non pas  en tant que tel mais en raison des circonstances particulières qui à propos d’un contrat ont  entouré l’expression de son consentement. 

La règle de conflit doit donc être déterminée en fonction de ce but social : sécurité des  transactions et loyauté dans les contrats. 

Il  est  évident  que  la  loi  personnelle  n’a  aucun  titre  particulier  à  intervenir  dans  les  questions  de  cette  nature  (200).  D’ailleurs,  l’idée  de  protection  de  la  personne  ne  postule  pas nécessairement l’application de la loi personnelle. La raison d’être du statut personnel  n’est pas la protection de l’individu. Ce qui est essentiellement à la base du statut personnel,  c’est  la  notion  de  continuité  du  statut  qui  doit  régir  la  personne  pour  des  matières  déterminées (201).  Enfin, l’application de la loi personnelle serait difficile si à propos de certains vices du  consentement tels le dol ou la violence, la loi personnelle était envisagée du point de vue de  l’une ou de l’autre des parties.    (199) – Batiffol, opcit, p. 386.  (200) – Batiffol, Contrats, Dalloz 1938 – II – 33.  (201) – Batiffol, opcit, n° 382.   

Le dol comme la violence suppose chez l’un des contractants un vice du consentement.  Devra‐t‐on appliquer au contrat la loi nationale de la partie dont le consentement a ainsi été  vicié  ou  devra‐t‐on  appliquer  celle  de  la  partie  dont  les  actes  ont  été  à  l’origine  du  vice  allégué ? (202). 

144 – 2 – « Le consentement est soumis à la loi du lieu de conclusion » est la solution  avancée  par  certains  anciens  auteurs,  notamment  Rolin  (203).  Brocher  qui  a,  d’ailleurs,  déclaré :  « Qu’il  est  naturel  de  se  représenter  les  contrats  comme  se  formant  sous  la  protection de la loi du lieu de leur conclusion » (204). 

Cette  conception  a  été  développée  par  Arminjon  (205)  qui  a  avancé :  « Qu’une  loi  choisie par les parties ne peut être admise que si le contrat qui exprime ce choix est valable  et que la seule solution rationnelle est la loi du pays où vraisemblablement le consentement  est  intervenu.  Les  dispositions  légales  du  système  juridique  dans  le  ressort  duquel  les  volontés ont concouru sont vraisemblablement les mieux adaptées à l’état du milieu social  pour lequel elles ont été édictées, en considération de son organisation économique, de ses  habitudes, de ses usages et des ses mœurs ». 

145  –  Cette  doctrine  se  heurte,  essentiellement,  aux  critiques  auxquelles  donne  lieu  toute  construction  qui  tendrait  à  dissocier  chacun  des  éléments  du  contrat  pour  le  soumettre à une loi particulière et aboutirait ainsi à un dépeçage du contrat. 

« Le contrat est une unité juridique » et doit être soumis à une seule loi. L’échange des  consentements est un élément de formation des contrats, il appartient à la loi du contrat de  décider  dans  quelles  conditions  le  consentement  doit  intervenir,  de  fixer  le  caractère  qu’il  doit  présenter  pour  faire  naître  le  rapport  obligatoire,  les  sanctions  de  ses  vices ».  C’est,  d’ailleurs,  la  solution  qui  paraît  dominer  chez  les  auteurs  modernes  (206), notamment,  en  matière de banque.    (202) – Batiffol, opcit, n° 395.  (203) – Niboyet, DIP, Tome V, 1938, n° 1406.  (204) – Pillet, « Domaine de la loi du contrat », R. DIP, 1894, p. 203.  (205) – Pillet, opcit, p. 235.  (206) – Arminjon, « Principes de DIP », 1935, T. II, n° 96.   

La jurisprudence. 

146  –  Quelques  décisions  seulement,  ayant  concerné  les  vices  du  consentement  ou  visé le consentement sont retrouvées, notamment, le jugement du Tribunal Civil de la Seine  du 18 Janvier 1902 – Gaz. Pal. 1902 – 1 – 326, qui a soumis à la loi du contrat, un vice du  consentement : “La misreprésentation” du droit Anglais et l’Arrêt de la Cour d’Appel de Paris  du 09/02/1932, D. 1931 – 2 – 33, note Lerebours‐Pigeonnière, qui a déclaré que la « forme  des actes est comme la validité du consentement des parties, régie par la loi du lieu où les  actes sont passés et le contrat de vente d’immeuble est conclu et qui a été interprété par la  doctrine en faveur de la soumission des vices du consentement à la loi du contrat (207). 

Aussi  la  doctrine  a  considéré  que  la  formule  générale  de  l’Arrêt  de  principe  du  05/12/1910,  Sirey  1911 :  « La  loi  applicable  aux  contrats,  soit  en  ce  qui  concerne  leur  formation,  soit  quant  à  leurs  effets  et  conditions  est  celle  que  les  parties  ont  adoptée »  commandait, clairement, l’application de la loi du contrat au consentement.  

Elle  a,  également,  invoqué  deux  arrêts  intervenus  à  propos  de  l’incapacité  et  ayant  levé  toute équivoque : notamment, l’Arrêt de la Chambre des Requêtes du 26/12/1934, Clunet –  1936  –  166,  qui  a  déclaré  que :  « l’imbécillité  et  la  démence  constituaient  des  cas  d’incapacité  naturelle  et  non  pas  des  vices  du  consentement,  que  la  question  de  savoir  si  Bettahar  Hadj  Larbi  avait  pu  contracter  valablement  cinq  jours  avant  son  décès  alors  qu’il  avait  perdu,  d’après  les  constatations  du  jugement  allégué,  le  contrôle  de  ses  actes,  a  conduit le juge du fond à retenir à bon droit les règles du droit musulman formant le statut  personnel  [étant  sous‐entendu  que  les  vices  du  consentement  ne  sont  pas  soumis  comme  les  incapacités  à  la  loi  personnelle,  mais  comme  le  consentement  à  la  loi  du  contrat]  et  l’Arrêt de la Chambre Civile du 25 Juin 1957, Rev. Crit. Dr. Int. 1957 – 180, note Batiffol qui a  déclaré  que  l’insanité  d’esprit  et  la  démence  constituaient  des  cas  d’incapacité  naturelle  soumis à la loi personnelle et non à la loi régissant les actes juridiques incriminés comme les  vices du consentement [étant sous‐entendu que les vices du consentement sont soumis à la  loi du contrat]. 

 

Ainsi est mise fin à toute controverse et la loi du contrat gouvernera tout ce qui aura  trait  au  consentement,  notamment,  sa  détermination,  l’échange  des  consentements.  Elle  fixera  aussi  la  valeur  respective  qu’il  conviendra  d’attacher  à  la  volonté  interne,  à  la  déclaration de volonté, au silence des parties. 

D’elle, aussi, relèveront les questions de l’effet de l’offre ou pollicitation, du moment  et  du  lieu  de  formation  du  contrat  par  correspondance  [quoique  la  détermination  du  moment  et  du  lieu  de  formation  du  contrat  par  correspondance  ou  par  téléphone  ait  été  considérée  par  une  décision :  Cass.  Civ.  23/12/1902  –  S  –  1904  –  1  –  244,  comme  une  question de qualification régie à ce titre par la “lex‐fori”]. 

C’est enfin à elle qu’il appartiendra de définir les vices du consentement, de poser les  conditions  auxquelles  ils  seront  soumis,  de  déterminer  les  effets  et  les  sanctions  qu’ils   entraîneront. 

Le droit positif Algérien. 

147  –  Le  législateur  Algérien  solutionne  le  problème  du  rattachement  du  consentement par le Code Civil. L’Article 59 de ce Code qui dispose : « Le contrat se forme  dès que les parties ont échangé leurs volontés concordantes sans préjudice des dispositions  légales » est inclus au Paragraphe I intitulé : “du consentement”, de la Section II  intitulée :  “formation  du  contrat”   et  ne  peut  être  interprété  que  comme  visant  l’échange  des  consentements  des  parties  capables  (Paragraphe  II)  de  contracter,  or  selon  l’Article  18  du  même code la formation du contrat est soumise soit à la loi du lieu de conclusion, soit à la loi  du  contrat,  soit  à  la  loi  du  domicile  commun,  soit  à  la  loi  de  la  nationalité  commune  des  parties. 

Par conséquent, de la loi contractuelle relèveront : l’échange des consentements des  parties,  l’appréciation  de  la  validité  du  consentement,  l’appréciation  des  vices  du  consentement [qu’il faut distinguer des incapacités naturelles soumises à la loi personnelle,  

   

car  en  droit  Algérien  comme  en  droit  Français,  il  existe  un  système  d’interdiction  qui  s’applique aux individus en état du démence] notamment, l’erreur (Articles 81 à 85 du Code  Civil),  le  dol  (Articles  86  –  87),  la  violence  (Article  88),  la  lésion  (Article  90)  [étant  rappelé  qu’une difficulté particulière a pu naître à propos de la lésion. Dans la conception subjective  on considère que la lésion procède de l’erreur ou de la contrainte et on la range parmi les  vices  du  consentement,  mais  de  plus  en  plus  on  considère  qu’il  s’agit  d’un  déséquilibre  objectif des prestations et on la rattache alors qu’il s’agit de contrats portant sur les biens à  la loi du lieu de leur situation].  En droit Algérien, la lésion est reçue à deux titres : au titre de l’objet lorsque dans une  vente d’immeuble la lésion a été de plus d’un cinquième. L’Article 358 du Code Civil n’ouvre  au vendeur qu’une simple action en supplément du prix : s’agissant d’un simple déséquilibre  objectif des prestations (208). Mais de façon générale, pour tous les contrats, l’Article 90 du  Code Civil prévoit qu’il y a lésion lorsque les obligations de l’un des contractants sont hors de  toute  proportion  avec  l’avantage  qu’il  retire  du  contrat  ou  avec  les  obligations  de  l’autre  contractant  et  s’il  est  établi  que  la  partie  lésée  n’a  conclu  le  contrat  que  par  suite  de  l’exploitation par l’autre partie de sa légèreté notoire ou d’une passion effrénée (209).  La lésion est donc fondée ici autant sur le déséquilibre des prestations que sur l’état de  la personne même. L’action est alors une action en nullité sauf si l’acheteur offre de verser