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Surface cumulée Obs.

ha %

Parcelles marginales, donta: 164 56 79

qualité du sol 105 36 46 éloignement 86 30 28 taille 61 21 50 pente 3 1 2 forme 48 16 23 autre 158 54 55

Parcelles non marginales 128 44 44

Total 292 100 123

aUne même parcelle est le plus souvent marginale pour plusieurs raisons

à la fois.

d’augmenter avec la diffusion du miscanthus et l’accroissement des surfaces par exploitation.

2.2

Conditions économiques

Dans cette section, nous nous nous intéressons aux conditions économiques qui prévalent en Bourgogne relativement à la culture de miscanthus.

2.2.1

Contrats de production et financement privé

Les herbacées pérennes énergétiques présentent trois attributs originaux : ce sont des cultures innovantes, commercialisées sur un marché emergent, et dont le cycle de production est particulièrement long. Le premier effet de ces trois caractéristiques en cas d’adoption d’une herbacée pérenne est la production de revenus très aléatoires, comparativement à ceux issus d’une activité traditionnelle telle que le blé. Cet effet risque, noté (E1), est décomposé dans le Tableau 2.4 en sous-effets (E1.1), (E1.2), (E1.3) selon le type de risque concerné. La longueur du cycle de production a deux autres effets : (E2) un décalage des recettes dans le temps par rapport aux coûts initiaux, ce qui pèse sur la rentabilité annuelle15, et (E3) un besoin de liquidités au moment de la plantation (3 200 e HT par hectare de frais d’implantation).16

15. Dans le Chapitre 1, nous montrons que le panic érigé et le miscanthus sont moins rentables en termes de valeur actuelle nette (VAN) qu’une rotation céréalière. Monti et al. (2007) et Deverell et al. (2009) présentent des résultats comparables.

Tableau 2.4 – Effets potentiels sur les exploitations de l’adoption des herbacées pérennes (sans contrat de production) en remplacement d’une culture céréalière traditionnelle

Effet Attributs de la culture pérenne à

l’origine de l’effet

Impact de l’effet sur l’adoption a

priori E1 augmentation du risque revenu au niveau

de la parcelle

- E1.1 augmentation du risque prix marché émergent/longueur du

cycle de production

-

E1.2 augmentation du risque technique culture innovante -

E1.3 augmentation du risque coût longueur du cycle de production - E2 diminution du revenu moyen (VAN) longueur du cycle de production -

E3 besoins de trésorerie longueur du cycle de production -

E4 diminution du risque rendement rusticité/absence de maladies et ravageurs

+

E5 diminution du temps de travail extensivité +

E6 bénéfices environnementaux extensivité/couverture hivernale +

Pour réduire ces effets négatifs sur l’attractivité du miscanthus pour les agriculteurs, les transformateurs (ou intermédiaires commerciaux) proposent dans la plupart des cas des contrats de production.17 Les systèmes les plus courants sont un prix d’achat garanti sur le long terme, une assistance technique, et/ou des facilités de financement pour la plantation.18

C’est le cas dans la zone d’étude. Les deux coopératives de déshydratation s’engagent en effet à acheter la production de miscanthus sur la durée de la plantation à un prix minimum de 70 e/t de matière sèche, et proposent un suivi technique.19 Pour les premiers agriculteurs s’étant engagé dans de tels contrats, les coopératives ont en plus offert la totalité des frais de plantation, mais cette disposition exceptionnelle concerne seulement deux agriculteurs de notre échantillon. En ce qui concerne les facilités de financement, seul le contrat proposé par Aiserey prévoit un dispositif spécifique : les agriculteurs dépendant de l’usine d’Aiserey (45 adoptants sur 59) bénéficient d’une avance de trésorerie portant sur la moitié des coûts de plantation, sans frais et remboursable sur 5 ans. Pour compléter le financement de la plantation, les agriculteurs peuvent avoir recours au crédit bancaire, en particulier lorque les surfaces concernées sont importantes. Dans l’échantillon, 3 agriculteurs seulement ont contracté un crédit bancaire, 2 du bassin d’Aiserey (8 et 12 ha de miscanthus) et 1 du bassin de Baigneux (6 ha).

17. Il s’agit aussi d’un moyen pour les industriels de sécuriser leur approvisionnement en matière première. 18. Voir (Bocquého, 2008, p.36–37) pour la description d’autres types de contrats et mécanismes de partage des risques rencontrés en France pour la production de cultures pérennes énergétiques.

19. La coopérative d’Aiserey dispose de moyens supplémentaires pour le suivi technique et la communication autour du miscanthus.

2.2. Conditions économiques Tableau 2.5 – Types de contrat rencontrés dans la zone d’étude

Type de contrat Prix garanti à long terme Appui technique et communication Financement des coûts de plantation Stockage de la production

Aiserey 15 ans ++ avance de trésorerie agriculteur

Aiserey bis 15 ans ++ offerts agriculteur

Baigneux 15 ans + aucun coopérative

Baigneux bis 15 ans + offerts coopérative

Effet impacté risque prix risque technique revenu moyen

(VAN)/besoins de trésorerie

besoins de capacité de stockage

Il existe d’autres différences annexes entre les deux contrats. Dans le cas de Baigneux-les-Juifs (14 adoptants), l’accord est le plus souvent oral, et le miscanthus est enlevé juste après la récolte.

Ce dernier point augment légèrement le revenu espéré et desserre la contrainte de la capacité de stockage.20 En revanche, dans le cas d’Aiserey, le contrat fait l’objet d’une formalisation écrite et le stockage est pris en charge par les agriculteurs. Les caractéristiques des différents types de contrats rencontrés sont résumées dans le Tableau 2.5.

Dans le Tableau 2.6, les adoptants de l’échantillon sont répartis selon le type de contrat reçu. La forme des contrats pourrait avoir un effet significatif sur les surfaces allouées en moyenne au miscanthus mais nos données ne permettent pas de conclure. En effet, comme chaque coopérative propose un seul grand type de contrat, l’effet contrat est confondu avec l’effet bassin. Or, l’effet bassin est aussi susceptible d’influencer de manière importante les surfaces d’adoption car les conditions pédo-climatiques autour de chacun des sites d’Aiserey et Baigneux-les-Juifs sont très différentes (plaine de la Saône fertile dans le premier cas, et plateaux calcaires de Bourgogne plus froids dans le second). Les effets contrat et pédo-climat ne peuvent donc pas être dissociés. De plus, plusieurs caractéristiques variant simultanément d’un contrat à l’autre, il est impossible d’évaluer indépendamment les effets de chacune d’entre elles sur les surfaces en miscanthus.

2.2.2

Aides publiques

Les aides publiques accordées aux producteurs de biomasse lignocellulosique sont très variables dans l’espace et dans le temps. Le seul dispositif commun, l’aide couplée aux Cultures

20. Le problème du stockage de la récolte peut être critique dès lors que les exploitations dépassent une certaine production. D’une part, le produit récolté est peu dense et, d’autre part, la récolte est concentrée en fin d’hiver alors que l’approvisionnement des unités de transformation en énergie doit être continue.

Energétiques (ACE), a été mis en place au niveau européen en 2004 et a été supprimé en 2010.21 Il a été jugé peu incitatif et peu justifié environnementalement car il concernait l’ensemble des cultures énérgétiques, y compris celles destinées aux biocarburants de première génération.

Dans l’échantillon, 80% des surfaces en miscanthus ont été plantées en 2009 et 2010. Les agriculteurs ont donc peu bénéficié de l’ACE. Par contre, depuis 2009, la zone étudiée profite de mesures de diversification dans le cadre du Programme de Restructuration National (PRN) du secteur sucrier et betteravier, un programme qui soutient notamment le développement d’une filière miscanthus. Pour beaucoup d’agriculteurs betteraviers, le miscanthus a donc constitué une culture de reconversion. Les bénéficiaires ont reçu une subvention à l’implantation à hauteur d’au moins 40% des dépenses éligibles entre 2009 et 2011.22En réduisant de manière significative les coûts d’implantation, cette aide spécifique a répondu aux difficultés de trésorerie potentielles des agriculteurs, tout en améliorant la rentabilité globale du miscanthus. Parmi les adoptants de l’échantilllon, 88% ont bénéficié de la subvention à l’implantation du PRN. Etonnamment, un seul producteur a déclaré avoir perçu l’ACE, ce qui confirme le faible pouvoir incitatif de cette dernière aide.

Dans le Tableau 2.6, les adoptants de l’échantillon sont répartis selon le bassin auxquels ils appartiennent et les financements reçus (aide publique PRN ou contrats couvrant totalement les frais d’implantation).23 On constate que les producteurs qui n’ont pas bénéficié de la subvention du PRN (plantations antérieures à 2009) ont des surfaces de miscanthus très inférieures à la moyenne (moins de 1,5 ha contre 4,9 ha). La subvention semble donc très incitative et influencer les surfaces alloueés au miscanthus dans les exploitations.

21. L’ACE valait en 2010 45 e/ha/an, dans la limite d’un plafond de 2 millions d’hectares pour les 27 Etats-membres. Voir Bocquého (2008) pour des détails sur l’ACE et l’aide Jachère Industrielle.

22. Ce taux est porté à 50% en zone défavorisée. Lorsqu’il s’agit d’un jeune agriculteur, une majoration supplémentaire de 10 points est appliquée, portant le taux à 50% en zone non défavorisée et 60% en zone défavorisée. Le montant des investissements doit être compris entre 1 600 et 70 000 e(ce qui correspond à une surface de miscanthus comprise entre 0,5 et 22 ha environ) (Source : Document régional du PRN, Bourgogne et Franche-Comté, consultable à : http://draaf.bourgogne.agriculture.gouv.fr/ Document-regional-du-programme-de).

23. Lorsque les producteurs ont planté du miscanthus en plusieurs fois dans des conditions différentes, les conditions les plus avantageuses seulement sont reportées (contrat « standard » > contrat « bis » et aide PRN > pas d’aide PRN).

2.2. Conditions économiques Tableau 2.6 – Aides reçues et types de contrats signés par les adoptants

Bassin Aide PRN Pas d’aide PRN Total

contrat standard contrat « bis »

Aiserey 44 0 1 45 (5,7) (0) (2,7) (5,6) Baigneux 8 5 1 14 (4,0) (1,5) (0,2) (2,8) Total 52 5 2 59 (5,4) (1,5) (1,4) (4,9)

Surfaces de miscanthus entre parenthèses (en ha).

2.2.3

Anticipations sur la conjoncture économique

Le Tableau 2.7 donne des indications sur les scénarios économiques que les agriculteurs jugent les plus probables à moyen terme. Les deux premières lignes notent sur 5 points la probabilité de mesures spécifiques pour les cultures lignocellulosique de la part de la Politique Agricole Commune (PAC) et d’une augmentation de la demande en biomasse-énergie. Les deux dernière lignes donnent une tendance pour le prix du blé et le prix des carburants d’origine fossile (diminution, augmentation, ou stagnation).

Les scores obtenus montrent que les agriculteurs sont plutôt pessimistes à propos d’un soutien de la PAC (score moyen de 2,6, soit entre « peu probable » et « moyennement probable » ) et plutôt optimistes à propos de l’évolution de la demande en biomasse-énergie (score moyen de 3,8, soit proche de « probable » ). Seule la probabilité de l’augmentation de la demande en biomasse-énergie est évaluée différemment par les adoptants et les non adoptants (test d’égalité des moyennes rejeté au seuil de 5%). Comme attendu, les premiers sont plus optimistes que les seconds.

En ce qui concerne les prix du blé et du fioul, les agriculteurs prévoient en moyenne une légère augmentation. Il n’y a pas de différence significative entre adoptants et non adoptants.

Tableau 2.7 – Anticipations des agriculteurs sur le contexte économique

Echantillon totalc Non adoptants Adoptants

A−NAd

Moy. E.-T. Obs. Moy. E.-T. Obs. Moy. E.-T. Obs. Moy.

Futur soutien PAC spécifique aux cultures lignocellulosiquesa 2,6 1,3 107 2,6 1,4 49 2,7 1,2 58 −0,1 Augmentation demande biomasse-énergiea 3,8 1,2 111 3,7 1,3 52 4,2 0,9 59 −0,5∗∗ Tendance prix bléb 0,6 0,6 105 0,6 0,6 50 0,5 0,6 55 0,1

Tendance prix carburant fossileb

0,8 0,4 110 0,7 0,4 51 0,8 0,4 59 −0,1

aLa probabilité de chaque événement est évaluée sur une échelle de 1 à 5 (1=pas du tout probable, 5=tout

à fait probable). La formulation exacte de la question posée figure dans l’Annexe F (question 62.).

bLa tendance des prix est évaluée sur une échelle à 3 points (-1=diminution, 0=stagnation, 1=augmentation).

La formulation exacte de la question posée figure dans l’Annexe F (questions 63. et 64.).

cStatistiques pondérées. dDifférence Adoptants-Non adoptants : *, ** et *** indiquent une seuil de

significativité à 10, 5 et 1% respectivement.

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