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SECTION 6 : CONCLUSION

6.5 Étape #5 La capacité des DC à induire des lymphocytes T effecteurs

6.5.2 Conclusions et perspectives

En résumé nous avons démontré que les mDC de patients infectés par le VHC ont une capacité normale à internaliser des corps étrangers par endocytose. Nous avons également observé que les pDC de patients ayant résolu spontanément ont un phénotype plus immature en comparaison avec des patients chroniquement infectés et des contrôles non infectés. Finalement, nous avons démontré que les pDC et les mDC chez tous les patients sont hyperréactives pendant la phase aiguë précoce, mais que cette hyperréactivité est soutenue seulement chez les patients ayant résolu spontanément pendant la phase aiguë tardive et la phase de suivi.

Bien que les mDC semblent fonctionnelles quant à leur capacité à engouffrer des corps étrangers, il est possible que des défectuosités existent au niveau de la dégradation de protéines en peptides ou au niveau de la présentation de peptides aux lymphocytes T via les molécules de CMH. En effet, la façon dont les DC présentent des antigènes du VHC par le CMH de classe I aux lymphocytes T CD8+ n‟est pas bien définie. Normalement, les DC présentent des peptides provenant de protéines endogènes via le CMH de classe I, notamment des protéines virales lors de l‟infection des DC par un virus. Cependant, l‟infection des DC par le VHC est très controversée. Certaines études ont démontré la présence de l‟ARN du VHC dans les DC, mais sa prévalence chez les patients infectés est faible (173, 229-231). De plus, la charge virale détectée dans les DC n‟est pas considérable (173, 229). Ces études suggèrent donc que la capacité du VHC à infecter les DC est probablement faible ou absente. Néanmoins, il a été démontré que le VHC se lie aux récepteurs DC-SIGN et L-SIGN à la surface des DC (232, 233). La liaison du VHC à ces récepteurs pourrait entraîner son internalisation et sa présentation par le CMH de

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classe I. Cependant sans réplication virale robuste, la synthèse de nouvelles protéines virales est probablement insuffisante pour la présentation de peptides dérivés du VHC par le CMH de classe I.

Mise à part l‟infection des DC par le VHC, d‟autres mécanismes sont probablement responsables pour la présentation de peptides dérivés du VHC par le CMH de classe I. Un mécanisme possible est la présentation croisée d‟antigènes exogènes qui consiste en la présentation d‟antigènes exogènes par le CMH de classe I plutôt que la présentation classique par le CMH de classe II. La présentation croisée survient lorsque les DC internalisent des cellules infectées apoptotiques et présentent des antigènes viraux par le CMH de classe I. Par conséquent, la présentation croisée dépend de la survie des cellules infectées. Dans le contexte de l‟infection par le VHC, il a été démontré que le VHC n‟est pas cytopathique donc la mort des hépatocytes médiée par le VHC est probablement peu fréquente. Par contre dans le manuscrit 1, nous avons démontré que la lyse de cellules cibles par les cellules NK corrèle directement avec la magnitude de la réponse immunitaire médiée par les lymphocytes T spécifiques pour le VHC. Ainsi, les cellules NK pourraient contribuer à la présentation croisée d‟antigènes du VHC par les DC, mais il n‟est cependant pas connu si la présentation croisée est directement impliquée dans le développement de lymphocytes T CD8+ effecteurs spécifiques pour le VHC. En perspective, il serait intéressant d‟évaluer l‟implication de la présentation croisée dans le développement de lymphocytes T CD8+ effecteurs spécifiques pour le VHC et de déterminer s‟il y a des défauts au niveau de la présentation croisée chez les patients chroniquement infectés qui pourraient potentiellement expliquer l‟absence d‟une réponse immunitaire robuste médiée par les lymphocytes T chez ces patients.

Comme autre perspective, il serait intéressant d‟examiner plus en détails la capacité des DC à dégrader et présenter des peptides dérivés du VHC (Figure 13). Il a déjà été démontré que le VHC n‟infecte pas les DC in vitro et qu‟il n‟induit pas la maturation des DC (234). Par contre, cette même étude a démontré que la phagocytose d‟hépatomes apoptotiques infectés par le VHC induit la maturation des DC. Dans notre laboratoire, nous avons récemment mis en place ce système de culture cellulaire du VHC qui consiste à infecter une lignée cellulaire d‟hépatome, nommé Huh-7.5, avec un clone du VHC, nommé JFH-1, isolé d‟un patient atteint d‟une infection fulgurante du VHC de génotype 2a (235-238). De plus, Jo J. et al. (169) ont développé une variante de ce système en introduisant une mutation dans la séquence du JFH-1 de façon à ce qu‟un épitope dans la protéine NS5B du VHC (NS5B2594-2602) soit

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laboratoire a également généré une lignée de lymphocytes T CD4+ spécifique pour l‟épitope NS31247-1264

présenté par le CMH de classe II HLA-DR1 et dont la séquence est conservée parmi tous les génotypes du VHC. Avec tous ces outils accessibles, il serait alors réalisable de mettre au point un protocole examinant la dégradation et la présentation de peptides dérivés du VHC par les DC. Cet essai consisterait d‟abord à infecter la lignée d‟hépatomes avec le clone JFH-1 muté, à induire l‟apoptose de cette lignée et à faire une co-culture de ces cellules apoptotiques avec des MDDC. Les MDDC phagocyteraient alors les cellules apopototiques, dégraderaient les protéines du VHC en peptides et présenteraient ces peptides par le CMH de classe II et par le CMH de classe I probablement via la présentation croisée. Finalement, les MDDC seraient mises en culture avec le clone de lymphocytes T CD4+ spécifique pour le NS31247-1264 ou le clone de lymphocytes T CD8+ spécifique pour le NS52594-2602.

La reconnaissance du VHC par les lymphocytes serait évaluée sur la base de sécrétion de cytokines telles que l‟IFN-. Afin d‟évaluer si l‟infection par le VHC in vivo affecte la capacité des MDDC à dégrader et présenter des antigènes, des MDDC générées à partir de patients chroniquement infectés, de patients ayant résolu spontanément et de contrôles non infectés seraient utilisées. En parallèle, il serait intéressant d‟utiliser des lymphocytes T spécifiques pour un autre virus comme contrôle. Par exemple, il serait possible d‟induire l‟apoptose de lymphocytes B infectés par le EBV (de Epstein Barr Virus), une méthode déjà mise au point dans notre laboratoire, et de mettre en co-culture les cellules apoptotiques avec les MDDC afin que ces dernières présentent des antigènes du EBV à un clone de lymphocytes T spécifiques pour le EBV. Cette expérience nous permettrait d‟évaluer si c‟est le simple contact entre les MDDC et le VHC qui module la capacité des MDDC à digérer et présenter des peptides aux lymphocytes T.

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Figure 13 : Expérience future.

Légende : En perspective, il serait intéressant d‟évaluer la capacité des DC à dégrader et présenter des

antigènes du VHC aux lymphocytes T spécifiques pour le VHC. Nous avons récemment mis au point le système de culture cellulaire du VHC qui consiste à infecter la lignée d‟hépatome Huh7.5 avec le clone JFH-1 du VHC. Avec cet outil, nous proposons d‟induire l‟apoptose des cellules Huh7.5 infectées et de les mettre en co-culture avec des DC dérivées de patients à différents stades d‟infection par le VHC. Une fois que les DC auront phagocyté les corps apoptotiques, elles seront mises en co-culture avec un clone de lymphocytes T CD8+ spécifique pour un épitope de la protéine NS5 présenté par le CMH de

classe I HLA-A2 ou avec une lignée de lymphocytes T CD4+ spécifique pour un épitope de la protéine

NS3 présenté par le CMH de classe II HLA-DR1. La dégradation et la présentation de peptides par les DC seront évaluées sur la base de sécrétion de cytokines par les lymphocytes T suite à la reconnaissance du peptide.

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6.6 Autres facteurs pouvant potentiellement moduler la réponse immunitaire spécifique pour le