Nous pouvons
tirer,en peniier
lieu,de nos observations
laconclusion suivante
:Dans
lesmaladies aiguës,
laproduction de
l’urée estsous
ladépendance de
troisfacteurs
; lesglobules rouges,
latempé-rature
et lanature de
lamaladie.
Pour nous,
lesglobules rouges jouent
lepremier
rôle; latempérature vient en second
lieu, etenfin
lanature de
lama-ladie
qui modifie très-peu
les résultats.En
effet,reportons-nous à nos observations
;Obs.
I.TvMerculose aiguë. — Le
cbitlredes globules rouges va constamment en diminuant,
celuide
l’uréeégalement;
latempérature ne baisse que d’un degré,
fia cbiitede furée
estbrusque;
lesglobules ne diminuent que de 700 mille. Ce-pendant
cettediminution,
faiblepour un homme dans des
conditions normales, rend notre malade profondément ané-mique,
cequi explique rabaisssement considérable du
chiffrede Purée.
Obs. il Angine pfilegmonevse. — La nature de
lamaladie n’intervient
pas.Les courbes de Purée globules des rouges
etde
lotempérature sont
(ii’oportionnelles.— 58 —
Obs.
III.Pnrim'a hemorrhagica
siouplex.— La nature de
lamaladie
estun facteur important. Quoi
qu’ilen
soit, lare-lation entre
l’urée, lesglobules rouges
et latempérature
estassez régulière.
Obs. IV. Dans
laMaladie de Werlhof^ on
voitpareillement
l’urée croîtreavec
lesglobules.
Obs. V. Erysipèle. — L’urée
estproportionnelle aux glo-bules
età
latempérature.
Obs. VI. Rhumatisme articulaire subaigu. — Mêmes rapports,
cependant
le chiffrede
l’urée estplus élevé que
celuique
l’ontrouve dans
lesautres maladies, avec
lemême nombre de glo-bules
et lamême température.
Obs. vil — Mêmes phénomènes que dans l’observation précédente. On remarque encore que
lerhumaiisme exerce
une grande influence sur
laproduction de
l’urée,qui
estaug-mentée d’une quantité très-appréciable.
Obs.
VIII.Pneumonie franche. — En dehors des jours de
crise, l’urée est
proportionnelle à
latempérature
etaux glo^
butes.
Obs. IX. Pneumonie
delongue
durée.— Les
relationsdes courbes sont
lesmêmes.
Obs. '^.Pleuropneumonie. — Mêmes phénomènes. Quoique
le foie soit
congestionné,
le chiffrede
l’iiréei/a pas
étémodifié.
Obs. XL Broncho-pleuro-pneumonie. — En dehors des jours
de
crise, l’urée estavec
lesglobules
et latempérature dans un
rapj)ort
constant.
59
Obs.
XII. Pleurésie aiguë, à forme rhumatismale. — La
relation
entre nos
troiséléments
est régulière.Cependant
lanature de
lamaladie élève
le chiffrede
l’urée.Obs.
XIII.Scarlatine. — Nos
troislignes sont dans
lemême
rapport,excepté
lesjours où
ila existé des douleurs
articulaires,
jours pendant lesquels
le chiffrede
l’uréea aug-menté.
Obs.
XIV. Eruption scarlatiniforme. — Nos rapports sont toujours
lesmêmes. La nature de
lamaladie a élevé
le chiffrede
l’urée.Obs. XV. Fièvre
tyi^lwïde.— Nous n’avons pas eu
le chiffrede
l’urinerendue dans
lesvingt-quatre heures
; ilnous a donc
été difficile d’établir
une
relation.Cependant nous voyons qu’avec un
chiffrede globules ne dépassant pas
3millions, on a un quantité d’urée
très-faible,malgré une température de
40°.Obs.
XVI. — On
voitencore chez
cethomme profondément anémique
lemême rapport entre nos
troiséléments.
Obs. XVII. Variole
confluente.— Mêmes phénomènes. Le
facteur important
est ici latempérature.
Obs. XVIII. Lithiase Mliaire. — La marche
est lamême
et la
nature de
lamaladie
n’infliieen rien sur
laproduction de
l’urée.Obs. XIX. — L’urée a
étéproportionnelle aux globules dans
trois
numérations que nous avons pu
fairedans
lesderniers jours de
lamaladie.
Obs. XX. — Chez une éclamptique, nous n’avons trouvé
que
3millions de globules. Ne pourrait-on pas expliquer par
— 60 —
l’anémie
la petitequantité d’urée qu’on trouve
habituelle-ment dans
cettemaladie?
Obs. XXL — Nos rapports sont
lesmômes dans
cette cirrhose
hy'pe7'tropUique,Obs. XXII. Ch^rliose ati'opMque
et syphilis.— Le
chiffrede
l’urée setrouve mathématiquement proportionnel au
nom-bre des globules.
Obs. XXIII. — Chez un rhumatisant avec
ictère,cœur
mi-tral, foie
légèrement congestionné, longueur
1 3centimètres sur
laligne mamelonnaire
; lescourbes de
l’urée etdes glo-bules n’ont pas
été parallèles.Nous avons trouvé un jour 90 grammes d’urée avec 4,500,000 globules. La température n’a pas
été prise.Est-ce
lerhumatisme,
est-ce lacongestion
du
foiequi a modifié
larelation
?En résumé, nous remarquons
qu'iln’y a eu dans nos obser-vations que
lertiumatisme qui
ait altéré la relation directeque nous avons
établieentre
lescourbes de Lurée, des glo-bules
etde
latempérature.
Ilaugmente
laquantité d’urée
dans des proportions assez considérables.
Si nous comparons
lesobservations du n®
30^ salleSaint-Athanase,
et celledu
n“ 46, salleSaint-Paul, nous voyons que
lamarche de ces deux pneumoniques, au début de
lama-ladie,
a
étésensiblement
lamôme. Le premier, avec 5 millions de globules, a excrété 63 grammes d’urée
; lesecond, dans
les
mêmes conditions de maladie
etde température, avec
3,300,600 globules, n’a excrété que 46
gr.25
c. d’urée.^ 61
Dans
lamarche de
cesdeux maladies,
ladifférence de Duré continue à
êtreproportionnelle à
ladifférence du nombre des
globules.
Dans
ceque défervescence absolue
^
avec
la
même température
et lemême nombre de globules,
lesdeux malades éliminent absolument
lamême quantité
d'urée.Quelles que soient
lesobservations que nous mettions en
parallèles,
nous arrivons à
cetteconclusion
: laquantité d’urée
varie leplus souvent avec
lenombre des globules
et latem-pérature.
Ainsi, par exemple, nous avons l’observation d’un
érysipé-lateux, qui,avec
40°de température, 2,700,000 globules, ne
fait
que 10 grammes
d’urée.D’autre
part,nous avons des ob-servations de malades
qui,avec une ^température égale, mais avec 5 millions de globules, font de 30 à 40 grammes
d’urée.Dans nos observations, lorsque
le chiffredes globules
serapproche de 2,S00,000^ avec une température
très-élevée,un malade excrète
troisou quatre
foismoins d’urée qu’un
autre,
dans
lesmêmes conditions de température,
etpossé-dant
ledouble de globules.
Ajoutons
ceci :quand, dans
lecours d’une maladie^
lenom-bre des globules ne varie pas d’une façon évidente,
l’uréesuit lamarche de
latempérature.
Ainsi
setrouveraient expliquées, d’après nous,
lesdissidences qu’on rencontre dans
lesauteurs sur
lesrapports de
l’urée etde
latempérature. Pour interpréter
ces différences,M.
Brouar-del
a essayé
d’établir,dans un
travailremarquable, que
le foie étaitl’organe
qui,congestionné ou atrophié, produisait
lesvariations dans
l’excrétionde
l’urée.Nos observations ne
sont pas en contradiction avec
cellesde M. Brouardel, mais
elles
nous permettent de
fairejouer
leprincipal
rôleaux
glo-bules rouges.
Nous constatons aussi que
clans laplupart des maladies
ai-guës
ily a un jour de
crise, etque
cejour Turée
cesse d’êtreen rapport avec
latempérature
et lesglobules. La proportion
se rétablitun ou deux jours après.
Nous n’osons pas formuler une
loisur
la relation directeexistant entre
lenombre des globules,
l’élévationde
latem-pérature
et la Ciuantitéde
l’urée.— Nos observât! ons,quoic[ue nombreuses, ne
lesont pas assez pour
faire autorité ;mais nous sommes en
droitd’espérer que
lesauteurs qui viendront après nous, pourront
établir cetteconclusion générale. —
Nous pensons anssiqu^’à
côtéde
cettegrande
loi, il s’en éta-bliraune autre, attribuant à une glande
particulière,au
foie,croyons-nous, un
rôlescondaire, mais néanmoins très-impor-tant dans
laproduction de
l’urée.Notre observation de rhumatisme avec
ictèresemble don-ner un fondement à
cetteidée
etnous rapproche de M.
Brou-ardel.
N’oublions pas
toutefois c[ue lerhumatisme augmente d’une façon spéciale
laproduction de
l’urée.On trouvera à
la suitede chaque observation des
réflexionsqui pourront, nous
lesouhaitons du moins,
n’êtrepas sans
utilité
au point de vue de
lapathologie générale.
Nous voyons, par exemple, qu’en comparant l’éruption scarlatiniforme avec
la scarlatine, la différenceentre
cesdeux maladies
est sigrande,
qu’iln’y a aucune relation entre
elles.D’autre part
si l’onmet en
parallèle lamaladie de Werlhof
avec
lepurpura homorrhagica, on remarque que dans
ceder-nier cas
ily a à peine diminution de globules, que
lemalade
— 63 —
récupère
d'ailleurs loufcde
suite,tandis que dans
lepremire l’anémie
estprofonde
et laconvalescence très-longue.
La comparaison delà pneumonie
etde
labroncho-pleuro-pneumonie nous a paru
très-intéressante,nous y renvoyons
les
observateurs. Dans
lapremière, l’anémie
estpeu
pronon-cée.
laréparation rapide, dans
laseconde, l'anémie
estd’em-blée
profonde
et laréparation
très-lente.Dans
toutesnos observations nous trouvons une élévation
du
chiffredes globales blancs,
toutes les fois qu’ily a
sup-puration. Ce
fait adéjà
été établipar
les bellesrecherches de
MM. Malassez
etBrouardel. — Cette numération des globules blancs nous
apermis
d’établir s’ily avait ou non purulence dans deux
casde
pleurésie, la suite estvenue confirmer notre
diasgnostic.Nous avons de même pu pronostiquer qu’une an-gine suppurerait, d’après
le chiffreélevé des leucocytes.
Dans
lapneumonie
lenombre des globules blancs, qui aug-mente considérablement dans
lapériode d’hépatisation,
dé-croît
régulièrement à mesure que
lemalade marche vers
laguérison.
Remarquons aussi que
lascarlatine
estune maladie à
leu-cocytes, cequi explique peut-être
lespoussées purulentes qui ont quelquefois
lieudu
côtédes séreuses.
Nous ne nous sommes pas préoccupé spécialement du
ré-sultatde nos analyses urologiques, mais nos observations
'nous permettent cependant de formuler pour
lesmaladies aiguës
laconclusion suivante
;On
doitconsidérer quele
ma-lade entre en convalescence lorsque
l’urée, l’acidephospho-rique
total et latempérature diminuent, tandis que
leschlo-rures augmentent. D’après
cettedonnée, nous avons pudans un
cas
de
varioleconfluente
établirun pronostic favorable,
con-— 64 —
trairement à
celuiporté par
la clinique, et la nifirchede
lamaladie nous a donné
raison.Nous engageons
lesexpérimentateurs à
vérifier ceque nous avons trouvé dans nos observations de rhumatisme
subaieru.Chez une malade,
la findes accès a
étéannoncée par une
di-minution subite de
l’uréequi
esttombée à cinq grammes par
jour.— Chez deux antres malades
atteintsde
lamême
affec-tion, il
n’y a jamais eu diminution aussi
sensible,mais aussi jamais nous n’avons vu une guérison complète.
. i’.-.BENT, imprimeur do la Faculté de Médecine, rue M''-le-Prine8, 3^.