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Etat physico-chimique des eaux du lac du Bourget et des apports à ce lac

AFNOR MeST Filtration sur filtres fibres de verre NF EN

VIII. CONCLUSIONS GENERALES

Depuis le début du suivi du lac du Bourget, le brassage hivernal n’est pas toutes les années suffisant pour réoxygéner complètement l’ensemble de la colonne d’eau jusqu’aux eaux les plus profondes. Cependant, les brassages en 2004-2005 ont eu lieu en mars, et ont quand même permis une bonne réoxygénation des eaux profondes.

Le départ de l’activité phytoplanctonique commence lors de la stratification thermique des eaux, avec le réchauffement des couches de surface à partir du mois d’avril. Le maximum de température de l’ordre de 25 °C avec une thermocline localisée entre 15 et 20 m. Le début de cette activité phytoplanctonique provoque d’une part la sursaturation des eaux de surface et d’autre part, la consommation des nutriments. Les valeurs observées pour cette consommation sont du même ordre que lors du dernier suivi lourd de 1995-1996.

A la suite de l’activité phytoplanctonique printanière, le zooplancton se développe entraînant le broutage du phytoplancton et la période des eaux claires qui se traduit par une transparence élevée des eaux. L’activité phytoplanctonique reprend ensuite avec une consommation poussée des nutriments qui atteignent alors des valeurs quasi-nulles de concentrations en phosphore et en azote jusqu’à 20-30 m de profondeur, et ce, jusqu’à la fin de l’année.

Les couches profondes subissent une désoxygénation importante à partir du mois de

septembre pour atteindre en fin d’année des teneurs de l’ordre de 0,20 mgO2/L. Cette

désoxygénation provoque un relargage non-négligeable du phosphore, du même ordre de grandeur que les apports externes du bassin versant. Les caractéristiques du lac et de son bassin versant pour de la relation oxygène / phosphore au fond du lac n’ont pas évolué significativement depuis 1995. Pour une meilleure compréhension de ce phénomène, il sera intéressant, lors des prochains suivis allégés, d’effectuer plus fréquemment des mesures du couple oxygène / phosphore au fond du lac.

Des études sont actuellement en cours, en collaboration entre l’INRA UMR CARRTEL et EDYTEM sur des carottes du Bourget afin de connaître, entre autres, les spéciations du phosphore dans les sédiments ; ces études indiquent une fraction importante de phosphore biodisponible (de 1000 à 1500 mgP/kg de phosphore inorganique non apatitique) dans les 25 premiers centimètres, soit après le début de l’eutrophisation du lac. Plusieurs études sédimentologiques ont indiqué que les premiers centimètres des sédiments constituent le stock maximal de phosphore pouvant être libéré. En regard de ces résultats et de ceux de DYLACHEM, une étude plus importante de ce phénomène parait donc pertinente en considérant l’ensemble des phénomènes géostatiques / hydrologiques / courantologiques /

chimiques et en évaluant les relations [P]=f[O2] au fond du lac.

Avec le refroidissement des eaux et les vents, les brassages hivernaux permettent une redistribution homogène des nutriments dans toute la colonne d’eau. Les concentrations stock présentes au moment du brassage hivernal n’évoluent pas depuis le dernier suivi lourd en 1995-1996. Les couches profondes sont réoxygénés par les brassages depuis 2002, les teneurs

en oxygène dissous des couches profondes varient de 0 à 12 mgO2/L. Le refroidissement du

fond du lac tend à diminuer depuis les années 1980, les prochains suivis légers permettront de confirmer ou non, cette diminution.

Les concentrations en ions majeurs Ca, Mg, Na, K, SO4 et Cl n’ont pas subi de

modification depuis 1988, ce qui indique que les apports n’ont pas changé significativement depuis.

Après avoir constaté une forte diminution du stock de phosphore de 1980 à 2000, on observe, depuis 2000, que celui-ci reste constant aux alentours de 30 µgP/L de phosphore total. Cet élément apparaît toujours comme le paramètre limitant de la photosynthèse, et donc du phénomène d’eutrophisation, il faut donc continuer les efforts de lutte à la source. Malgré la diminution des apports externes depuis 1995-1996, le stock du lac se maintient aux environs de 31 µgP/L, sans doute en raison du processus de relargage depuis les sédiments, mais aussi à cause de l’inertie du stock de phosphore dans les différents compartiments biologiques. Le lac, en l’état mésotrophe, est bien en cours de ré-oligotrophisation, mais le stock net en phosphore va diminuer plus lentement que lors des précédentes décennies.

Bibliographie

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