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Conclusion générale sur l'état et le fonctionnement global du lac

Dix années après la dernière étude globale, les campagnes de mesures 1995-96 ont permis d'apporter les conclusions suivantes au sujet de l’évolution trophique du lac du Bourget :

⇒ En 1996, le niveau trophique du lac pouvait encore être qualifié d'eutrophe. Les concentrations des principaux nutriments dans la colonne d’eau avaient nettement diminué depuis 25 ans (-70% pour les orthophosphates, -25% pour les nitrates) essentiellement grâce à la réduction des apports externes (-68% pour le phosphore total, -70% pour les nitrates). Cette évolution semblait se traduire par un renouvellement de la qualité des populations planctoniques (bactérioplancton, phytoplancton, zooplancton) et par des modifications du fonctionnement trophique de l'écosystème (apparition d’une période des eaux claires, productions bactérioplanctonique et phytoplanctonique plus faibles, taille du phytoplancton et du zooplancton plus faibles, diminution de la sous-saturation en oxygène au niveau de la thermocline). Ces indices de “ réoligotrophisation ” étaient confirmés par les valeurs de certains compartiments fonctionnels qui se rapprochaient de celles de lacs de niveau trophique méso-eutrophe (production bactérienne, espèces zooplanctoniques, concentrations en COD). Le phosphore restait le facteur limitant de la production biologique du lac.

⇒ Outre la diminution des apports externes, deux autres phénomènes pouvaient expliquer la diminution de la concentration des principaux nutriments dans la colonne d’eau lacustre :

- les flux de sédimentation dont les valeurs apparaissaient très importantes. Une grande partie du stock de phosphore de la colonne d’eau du lac du Bourget semblait ainsi, sédimenter en association avec des détritus organiques. L'importance de la sédimentation apparaissait également dans les tentatives de calcul du bilan en phosphore pour chacune des deux années de l'étude.

- les crues : la plupart des apports externes au lac du Bourget semblaient être liés aux épisodes de crues des affluents. Or l'étude faisait la démonstration du rôle de

notamment durant les périodes où les flux d'échange entre la rivière et le lac étaient importants.

⇒ Les valeurs obtenues au cours des deux campagnes 1995-96 ont pu être utilisées pour évaluer la performance du modèle mis au point en 1988-89 par le CERGRENE (Vinçon Leite, 1991). La confrontation des valeurs simulées avec les valeurs effectives a montré ainsi que le modèle était correct vis-à-vis de certains épisodes du développement phytoplanctonique, tels que celui de la première population de printemps. Cette dernière était bien représentée en correspondance avec le fait que le modèle testé comporte une seule classe d'algues dont les caractéristiques correspondent effectivement à celles des diatomées de printemps. Ce résultat attestait également du bon fonctionnement du modèle thermique.

Par ailleurs, les données obtenues sur l'évolution annuelle du phytoplancton en 95-96 indiquaient clairement la nécessité de faire figurer dans le modèle au minimum 2 classes d'algues dominantes de caractéristiques différentes, les diatomées et les chlorophycées. La question de l'introduction des cyanophycées reste posée. Il est également apparu nécessaire d'introduire la silice comme nutriment puisque le déclin du pic de diatomées peut être dû à la limitation par la silice. La mise en évidence des améliorations à apporter au modèle faisait donc également partie des résultats à porter au crédit de l'étude. En retour le modèle devrait permettre de tester les hypothèses qui peuvent être formulées au sujet des profils de la concentration en orthophosphates

VI. Perspectives

Les résultats de l'ensemble de l'étude faisaient apparaître la nécessité d'améliorer le suivi de l'évolution du lac sur deux points principaux :

VI.1. Ajustement du suivi allégé

Le suivi allégé, dans sa forme de l'époque de l'étude, ne permettait pas de répondre à certaines des questions que peuvent se poser les gestionnaires, telles que les suivantes :

- quelle est l’efficacité des travaux de dépollution réalisés par les collectivités locales ? - quels sont les travaux qui permettraient d’améliorer la qualité des eaux du lac ?

Trois modifications majeures du suivi allégé étaient proposées ainsi que le changement de sa dénomination pour l'expression : "Suivi hydrobiologique du lac du Bourget" :

1) ajouter 2 points de plus pour les analyses chimiques : au niveau de la thermocline et à 140 m et des descripteurs complémentaires : orthophosphates, phosphore total, phosphore total sur eau filtrée, nitrates, COD, silice pour toutes les campagnes.

2) un suivi fréquent des apports issus des principaux affluents du lac du Bourget avec la mise en place d’échantillonneurs automatiques pour une acquisition au pas de temps horaire. Les flacons seront relevés hebdomadairement en période de débits moyens ou de basses eaux (pour une analyse des orthophosphates, du phosphore total, des nitrates et du COD) ou quotidiennement en période de crues.

3) la réalisation d’une étude complète (semblable à celle du volet n°1 de ce travail) réalisée avec une périodicité liée à celle du renouvellement théorique des eaux du lac du Bourget c’est-à-dire 6-7 ans.

4) l'instauration d'une réflexion sur le niveau trophique "souhaitable" pour le lac du Bourget qui tienne compte tout à la fois des réalités socio économiques et la valeur patrimonial de cet écosystème.

VI.2. La mesure du relargage de nutriments par les sédiments et celle des apports diffus

L'étude a montré une certaine stabilité des concentrations des nutriments de la colonne d’eau malgré la diminution des apports externes. Ce constat suggérait l'existence d’apports internes dont une estimation grossière laissait supposer qu'ils soient importants. Il apparaissait donc nécessaire d’évaluer les stocks de nutriments dans les sédiments du lac, de même que la pérennité et les ordres de grandeur de leur flux de relargage.

La stagnation des concentrations de nutriments dans la colonne d'eau pouvait également être due aux apports diffus qui n'ont pas été pris en compte dans l'étude. Leur estimation, plus que leur mesure directe (qui est en elle-même très difficile à mettre en œuvre) faisait donc partie des recommandations pour la planification des futurs suivis.

Bibliographie

• CEMAGREF, 1985. Apports au lac du Bourget (Savoie). Etude 1983. Rapport et annexes DQEPP, 85pp.

• Lepelletier, T., 1990. Etudes de diagnostics des réseaux d'assainissement de Chambéry et Aix les Bains en vue de la dépollution du lac du Bourget. TSM-L'Eau, 7-8 : 357-368.

• Stroffek, S., 1990. Les transferts verticaux de matière et leur modification par les bactéries hétérotrophes fixées sur particules en sédimentation dans les eaux de surface de deux grands lacs alpins (lac Léman, lac du Bourget, France). Thèse de doctorat, Université Claude Bernard, Lyon, 227pp.

• Vinçon Leite, B., 1991. Contribution de la modélisation mathématique à l'étude de la qualité de l'eau dans les lacs sub-alpins : Le lac du Bourget (Savoie). Doctorat de l'ENPC, Paris, 261pp.