• Aucun résultat trouvé

Cet article pose la question du numérique comme environnement inclusif pour les personnes en situation de handicap psychique. Quand il est pensé et pratiqué comme un monde pour vivre ensemble, de biens communs, et comme une construction continuelle d’un projet de société, le numérique peut constituer un environnement inclusif habitable par toutes les personnes, dont celles en situation de handicap psychique. L’enjeu reste de créer de nouvelles formes d’activités coopératives communes pour d’une part, investir les traces numériques dans des biens communs, et de l’autre mettre en place des pratiques libres, éthiques, décentralisées et solidaires.

L’incertitude qu’a manifestée le groupe de personnes observées dans le cadre de cette recherche envers le travail numérique commun et collaboratif, renvoie à une vulnérabilité particulière et à la peur de dévoiler sa vie privée en public. Ce public de par sa fragilité est facilement affecté par des facteurs divers issus de ses interactions, de ses expériences ou de ses émotions. Rappelons que

18. Voir : https://framabee.org/.

19. Voir : https://ixquick.com/.

20. Voir : https://duckduckgo.com/.

21. Voir : https://framapad.org/.

22. Voir : https://framabin.org/.

sa communication est caractérisée par un lien durablement perturbé avec son environnement social, et accablée par le fardeau qu’impose le statut institutionnalisé de la personne dite « handicapée ». Cela pousse cette population à s’attacher à un accompagnement plus sûr en coprésence. Pourtant, la personne en situation de handicap psychique trouve dans le numérique une échappatoire de l’isolement social vers des pratiques individuelles variées. Ces agissements communicationnels peuvent garantir la pleine participation sociale de la population en situation de handicap psychique lorsqu’ils transcendent les usages individuels vers des usages collectifs et constructifs, dans le but d’inclure la population à incapacités psychiques dans un projet sociétal au sens global.

L’e-inclusion n’est pas seulement une question sociale mais aussi politique.

Sa réalisation ne se réduit pas à l’usage du dispositif informatique mais comprend l’acquisition d’une culture numérique. Rappelons que la translittératie (Merzeau, 2014) suppose trois dimensions majeures :

– le pouvoir de : développement individuel des compétences et des habilités personnelles (auto-confiance, auto-estime, sens d’efficacité…) ;

– le pouvoir avec : collectif, capacité à agir avec les autres, solidarité ;

– le pouvoir sur : pouvoir politique, agir sur son environnement pour le transformer.

Remerciements

L’étude auprès des personnes en situation de handicap psychique au Havre fait partie de la thèse de Doctorat de Hadi Saba Ayon en SIC à l’Université du Havre, intitulée « Traces numériques, discrimination et recrutement. La situation des personnes à limitation fonctionnelle psychique ». Elle a été financée par le Conseil Régional de Haute Normandie entre 2011 et 2014.

Bibliographie

Bateson G. (1977). Vers une écologie de l’esprit, Éditions du Seuil, Paris.

Bray T. (2010). No More Users

http://www.tbray.org/ongoing/When/201x/2010/10/30/No-More-Users.

Bronfenbrenner U. (1979). The Ecology of Human Development: Experiments by Nature and Design, Harvard University Press, Harvard.

Conseil national du numérique (2013). Rapport sur l’inclusion dans une société numérique, http://www.cnnumerique.fr/inclusion/.

Cophan (2004). Mémoire de la Confédération des organismes de personnes handicapées du Québec (COPHAN) présenté à la Commission des affaires sociales sur le projet de loi 56 : loi modifiant

la loi assurant l’exercice des droits des personnes handicapées et d’autres propositions législatives, http://catalogue.cdeacf.ca/Record.htm?idlist=1&record=19163156124919813389.

Culture M. (2012). Dominique Cardon, la démocratie internet. Comment et pourquoi la Toile invente un autre type de démocratie, http://www.culturemobile.net/visions/dominique-cardon-democratie-internet.

Dares A. (2013). L’accès à l’emploi des personnes handicapées en 2011, http://travail-

emploi.gouv.fr/etudes-recherchesstatistiques-de,76/etudes-et- recherches,77/publications-dares,98/dares-analyses-dares-indicateurs,102/2013-066-l-acces-a-l-emploi-des,17018.html.

De Certeau M. (1994). A Invenção do Cotidiano - 1 Artes de Fazer, Editora Vozes, Rio de Janeiro.

Jouët J. (2000). Retour critique sur la sociologie des usages. Réseaux, n° 100, p. 487-521.

Doueihi M. (2013). Qu’est-ce que le numérique, Presses Universitaires de France, Paris.

Doueihi M. (2011a). La grande conversion numérique, Éditions Points, Paris.

Doueihi M. (2011b). Pour un humanisme numérique, Éditions du Seuil, Paris.

Dunaway M. K. (2011). Connectivism: Learning theory and pedagogical practice for networked information landscapes. Reference Services Review, vol. 39, n° 4, p. 675-685.

Fougeyrollas P. (2010). La Funambule, le Fil et la Toile. Transformations Réciproques du Sens du handicap, Presses de l’Université Laval, Québec.

Fougeyrollas P., Bergeron H., Cloutier R., Côté J., St Michel G. (1998). Classification québécoise: Processus de production du handicap, RIPPH, Québec.

Galinon-Mélénec B. (2015). La fabrique de la trace. Communication & Organisation, n° 47, p. 31-50.

Galinon-Mélénec B. (2013). Numérique, plasticité psychique et insertion : Une piste pour les Digital natives schizophrènes ?. Traces numériques. De la production à l’interprétation. Paris, CNRS Éditions, p. 179-211.

Galinon-Mélénec B. (2013). Expérience incarnée, construction cognitive et jugement : Le rôle des « signes-traces » du corps dans la signification. Revue Française des Sciences de l’information et de la communication, n° 3.

Galinon-Mélénec B. (2011). L’Homme trace. Perspectives anthropologiques des traces contemporaines, CNRS Éditions, Paris.

Garfinkel H. (1984). Studies in Ethnomethodology, Polity Press, Cambridge.

Guillaud H. (2015). L’inquiétant n’est pas le Big data, c’est ce qui l’utilise et comment, http://internetactu.blog.lemonde.fr/2015/10/31/linquietant-nest-pas-le-big-data-cest-qui-lutilise-et-comment/.

Guillaud H. (2014). Les biens communs : un outil politique pour repenser notre rapport à la technologie, http://www.internetactu.net/2014/01/22/les-biens-communs-un-outil-politique-pour-repenser-la-technologie/.

Guillaud H. (2009). Vie privée : Où sont les régulateurs ? Où sont les régulations ?, http://www.internetactu.net/2009/04/06/vie-privee-ou-sont-les-regulateurs-ou-sont-lesregulations/.

Law M., Cooper B., Strong S., Stewart D., Rigby P., Letts L. (1996). The Person-Environment-Occupation Model: A transactive approach to occupational performance. Revue Canadienne d’ergothérapie, vol. 63, n° 1, p. 9-23.

Le Breton D. (2004). L’interactionnisme symbolique, Presses Universitaires de France, Paris.

Le Crosnier H. (2010). La gouvernance du document : référence au cadre des biens communs de la connaissance, Actes de la troisième conférence Document numérique et société, 15-16 novembre 2010, Aix-en-Provence, p. 139-153.

Le Crosnier H., (2009). Pratiques de lectures à l’ère de l’ubiquité, de la communication et du partage de la connaissance, Conférence introductive du colloque : Les métamorphoses numériques du livre, Aix-en-Provence.

Le Figaro (2013). Facebook dévoile son moteur de recherche,

http://www.lefigaro.fr/hightech/2013/01/15/01007-20130115ARTFIG00726-facebook-devoile-sonmoteur-de-recherche.php.

Léry L., Colloc J. (2008). Prise de décision dans l’éthique au quotidien : comment décider dans le soin ?. Santé Décision Management, vol. 11, n° 1-2, Paris.

Loubat J-R. (2010). Personnes en situation de handicap : de l’intégration vers l’inclusion ?, Actes du colloque Mode H 2010 : De l’intégration vers l’inclusion des personnes handicapées, Tours.

Mead G.H. (2006). L’esprit, le soi et la société, Presses Universitaires de France, Paris.

Merzeau L. (2014). L’expérience transmédiatique, ou comment vivre ensemble dans le monde, Journée d’études « Handicap psychique et insertion : Compensation et remédiations adaptées, une approche interdisciplinaire et pluri acteurs », Le Havre.

Merzeau L. (2012). La médiation identitaire. Revue française des Sciences de l’information et de la communication, n° 1.

Merzeau L. (2010). La présence, plutôt que l’identité. Documentaliste - Sciences de l’Information, vol. 47, n° 1, p. 32-33.

OCED (2012). Mal-être au travail ? Mythes et réalités sur la santé mentale et l’emploi, résumé et conclusions, http://www.oecd.org/fr/emploi/emp/49230890.pdf.

Perriault J. (2010). Jeunes générations, réseaux et culture numérique. L’empreinte de la technique : ethnotechnologie prospective. Paris, L’Harmattan, p. 215-225.

Ripph (2010). Les facteurs environnementaux

http://www.ripph.qc.ca/mdh-pph/developpement-humain-handicap.

Roger T. Pédauque (2006). Le Document à la lumière du numérique, C&F Éditions, Caen.

Roza G. (2011). Databases: Organizing Information, The Rosen Publishing Group, New York.

Rudiger F. (2011). As teorias da Cibercultura - Perspectivas, Questões e Autores, Editora Sulina, Porto Alegre.

Strauss A. (1991). La trame de la négociation : Sociologie qualitative et interactionnisme, Éditions L’Harmattan, Paris.

Silva H. (2005). Inclusāo digital e educação para a competência informacional: uma questão de ética e cidadania. Ciências da informação, vol. 34, n° 1, p. 28-36.

Singer M. J., Witmer B. G. (1998). Measuring Presence in Virtual Environments: A Presence Questionnaire. Presence, vol. 7, n° 3, p. 225-240.

Unafam (2012). Spécificité du handicap psychique, http://www.unafam.org/Specificite-de-l-handicap.html.

Zribi G., Sarfaty J. (2008). Handicapés mentaux et psychiques : Vers de nouveaux droits, Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique, Rennes.

Documents relatifs