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Abandon d'une caféière Prix du café Sources : Enquête consultants, 2007

Les caféiers abandonnés ne sont pas systématiquement abattus, loin s’en faut, Le secteur café reste encore une belle illustration de l’approche marginaliste : les exploitations qui ont encore des caféiers les abandonnent quand le prix est trop bas, et y reviennent quand le prix remonte. En 2006/07 et 2007/08, quelques planteurs commencent à réhabiliter une partie de leurs caféiers. 6 Mais on est encore loin d’une décision de plantation de café. La capacité de réponse des planteurs à une hausse du prix du café pour relancer le secteur café s’essouffle.

7.4 En conclusion partielle

La baisse structurelle du prix du café amorcée dans les années 70, en comparaison du prix du cacao, même provisoirement stoppée autour de 1995/96, a largement contribué au déclin du secteur, face à la prodigieuse ascension du cacao. La chute de 2002-2004, au moment précis où le prix du cacao remontait, a finit d’exaspérer les planteurs, Beaucoup de planteurs se déclarent dégoûtés du café ou « haïr » le café et son travail astreignant de nettoyage et de récolte. Beaucoup de manœuvres refusent désormais de récolter le café. La raréfaction relative des ressources en travail joue donc aussi un grand rôle dans le déclin du café.

Pourtant le secteur café de Côte d’Ivoire n’est pas encore « mort ». Au plan macroéconomique, selon les sources, une production nationale se maintient encore au seuil de 100 à 140.000 tonnes.

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On a vu ci-dessus que peu de planteurs reconnaissent revenir vers l’entretien et la réhabilitation des caféiers. Et lorsqu’ils le font, c’est parfois avec l’idée de planter les hévéas entre les caféiers qui seront éliminés 3 à 4 ans plus tard. Mais l’enquête réalisée en Novembre 2007 n’a pas pu capter tous les effets de la remontée du prix sur les récoltes de café en février 2008. Il est probable que le regain d’entretien des caféières se confirme un peu plus,

ƒ La remonté du prix du café en 1995/96 avait contribué à relancer les décisions de plantations de café jusqu’en 2000. Un stock de jeunes caféiers est de nouveau disponible.

ƒ Les régions spécialisées comme celle de Man (non étudiées ici), et des départements comme Duekoué et Vavoua ont encore des stocks de caféiers importants, même s’ils se réduisent. Ils restent encore significatifs, en partie à cause des sols par toujours adaptés au cacaoyer. Mais l’effet hévéa pourrait changer la donne.

ƒ On trouve aussi des plantations mixtes, associant cacaoyers et caféiers. Si les manœuvres entretiennent la plantation mixte et récoltent le cacao, dédaignant le café, les femmes des planteurs peuvent trouver un complément de revenu en récoltant le café sans assumer le nettoyage.

Néanmoins, pour ce qui concerne l’avenir du café en Côte d’Ivoire, les doutes restent justifiés. Les planteurs ne répondent plus fortement à une hausse du prix car leur environnement a changé :

ƒ raréfaction des ressources en travail : les manœuvres peuvent dire « non au café »

ƒ raréfaction des terres, notamment sous l’effet du boum hévéa

ƒ Insuffisance du capital : Du fait d’une production devenue généralement faible et secondaire dans les exploitations, une remontée du prix, même relativement forte entre 2005 et 2007, ne suffit plus à relancer significativement la production de café. Les planteurs auront besoin d’une hausse plus significative, presque d’un choc économique, de l’ordre du doublement du prix pendant encore 2 ans, et d’un support technique.

ƒ Formation insuffisante : dans une autre section du document, nous rappelons qu’un autre changement dans l’environnement des planteurs, dans les années 2000, est le désert de l’encadrement agricole. Les planteurs ont plus que jamais besoin de support visant à améliorer la productivité du travail et de l’espace: matériel végétal et techniques permettant de réduire le travail d’entretien, soit par l’ombrage soit par l’herbicide, soit par une combinaison des deux.

En attendant, les grands résultats à retenir sont les suivants

ƒ La survie de la famille : la remontée du prix du café aide à rétablir un brin de dignité dans les familles qui n’ont pas abandonné la culture, permettant d’acheter un peu plus de poissons pour la sauce au cours des mois de février ou mars, quelques habits, peut-être sauver la scolarisation d’un des enfants.

ƒ La fonction d’investissement du café : On retrouve la fonction du café, livrant son revenu en une seule fois, donc de nature à favoriser les investissements plutôt que les dépenses quotidiennes. Par exemple, dans les années 80, le café récolté en janvier servait encore souvent à payer les manœuvres annuels ou « 6 mois », traditionnellement sur le départ en janvier/février. Ce type de main d’œuvre était alors prioritairement affecté à la création de nouvelles parcelles de cacao (Ruf 1988). Ce rôle est certes laminé dans les années 2000 mais on en retrouve encore quelques traces, avec par exemple l’emploi des revenus du café dans l’achat de pesticides pour le cacao. Le seul moyen de réactiver cette fonction

serait sans doute de disposer de plusieurs années de hausse régulière du prix du café, au moins pour les autochtones.

ƒ Autochtones et migrants Les migrants semblent réagir plus vite que les autochtones à la remontée du prix du café, L’explication réside probablement dans leur plus grande disponibilité en main d’œuvre.

ƒ le paradoxe des cycles de prix agricoles. Paradoxalement, la remontée du prix du café semble encourager la reconversion dans d’autres cultures pérennes, d’abord le cacaoyer7 et maintenant l’hévéa. La remonté du prix du café en 2006/07 et surtout en 2007/08 commence à aider les planteurs à réinvestir, mais donc encore très peu sur le café, plutôt sur l’hévéa. Le boum sur l’hévéa parait une très bonne chose pour le pays mais du point de vue du secteur du café, il représente sans doute la plus grande « menace.

Une hausse du prix peut renforcer l’effet initial d’une chute de prix. Au début, la baisse d’un prix d’un produit « A » peut inciter à chercher à diversifier vers une autre culture et un produit « B ». Ensuite, une fois « B » lancé et ayant démontré ses avantages, la hausse du produit « A » consolide les investissements dans « B ». Encore une fois, dans les années 2000, si A est le café, B est désormais l’hévéa.

L’analyse des déclarations des planteurs concernant le cacao devrait montrer que le cacao est probablement en train de passer du statut de la culture « B » à « A », confirmant ainsi les résultas de la section 4.

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Bien que l’on observe aussi dans les années 90 des cas de replantation de caféiers sous cacaoyers, en partie pour des raisons d’adaptation au sol, en partie sous l’influence du redressement éphémère du prix du café en 1994.

8 LES STRATEGIES DES PLANTEURS FACE AUX FLUCTUATIONS DES PRIX DU CACAO

La notion de prix rémunérateurs est au cœur de la problématique de la durabilité dans le secteur du cacao. Les prix du cacao fluctuent fortement et ne sont pas parfois suffisamment attrayants pour inciter les producteurs à planter, replanter, et maintenir leur exploitation en état pour leur assurer des conditions de vie décentes.

Jusque dans les années 1990, des institutions étatiques -- Caisse de stabilisation en Côte d’Ivoire et Cameroun ou Office de commercialisation au Ghana et Nigeria) -- ont fonctionné comme tampon entre le marché mondial et les producteurs, prélevant fortement leurs revenus mais leur garantissant des prix fixes. Par le biais de ces institutions, l’Etat fournissait également des intrants subventionnés (semences, produits phytosanitaires) et des services, crédits et aide technique.

A la fin des années 1990, avec la disparition de ces institutions et la libéralisation de la commercialisation, les petits producteurs restent fortement taxés mais ne sont plus protégés contre les fluctuations des prix de marché des matières premières. Les prix aux producteurs sont directement liés au marché international et les fluctuations des prix sont directement répercutées sur les producteurs. Face à ces variations des prix (plus ou moins fortes), les producteurs développement un certain nombre de stratégies et opèrent également des ajustements de leurs dépenses tant au niveau de l’exploitation que de conditions de vie du ménage.

Cette enquête de novembre 2007 confirme que les producteurs de cacao sont très sensibles aux fluctuations des prix. D’après l’enquête, les producteurs sont capables de développer une capacité d’épargne, certes très faible ces dernières années, qui est malheureusement très vite éprouvée par les fluctuations des prix et ne peut donc pas jouer comme régulateur des revenus au niveau des exploitations.

Plus de 80% des producteurs interrogés affirment avoir ajusté soit la hausse ou la baisse les dépenses du ménage ou de leurs exploitations face respectivement à une hausse ou une baisse des prix du cacao. Seulement 20% se déclarent « indifférents » aux fluctuations de prix dans leur comportement à cour terme.

Cette tendance est générale. Elle se retrouve dans toutes les régions de l’étude, toues les origines de planteurs et toutes les classes de superficies des exploitations. Toutefois, les changements de postes dans les dépenses et les parts du budget qui leur sont consacrés, ne sont pas symétriques entre les hausses et les baisses.

Il faut sans doute distinguer les cas de baisse ou de hausse prolongée des prix qui peuvent entraîner des changements en profondeur des conditions de vie et de travail des producteurs des cas de baisse ou de hausse ponctuelles face auxquelles les producteurs peuvent développer des stratégies de court terme pour y faire face.

Dans le cadre de l’étude, dans le cas du cacao, les enquêtes portent sur les cas ponctuels des hausses survenues au cours des campagnes 2001/02 et 2002/03 d’une part, puis 2006/07. Les baisses de prix. N’ont pas été datées explicitement mais les paysans se réfèrent implicitement aux années 2003 à 2006.

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