CHAPITRE 4 Conception et apports d’une méthode d’autodiagnostic de la vulnérabilité de
4.1 Une méthode de hiérarchisation des facteurs et critères de vulnérabilité : l’analyse
4.1.3 Conclusion de l’analyse structurelle
L’analyse a permis de mettre en évidence les critères majeurs susceptibles de faire varier la vulnérabilité de l’habitat aux inondations. Il faut être conscient que, basée sur une appréciation subjective, la catégorisation de certains critères pourrait être éventuellement remise en cause sans cependant d’impact majeur sur le résultat final.
Les critères ayant une influence et une dépendance infime sur l’ensemble du système ont été exclus de notre analyse. Ces critères peuvent néanmoins être utilisés dans la construction de l’autodiagnostic en tant que critères « mineurs ».
En résumé, les facteurs et critères moteurs sont regroupés dans la table 4-6
ENSEMBLE DES FACTEURS ET CRITERES MOTEURS Connaissance du risque par les particuliers
Information et sensibilisation de la population
Réglementation de l’occupation du sol en zone inondable Sinistralité (récurrence des évènements)
Altitude du niveau du plancher par rapport au terrain naturel
Localisation des biens (hors électroménager et réseaux) Etat et capacité physique du particulier
Localisation des équipements (électroménagers et réseaux) Mobilité des biens et des équipements (électroménagers et
réseaux)
Type constructif de l’habitat
Agencement des pièces dans l’habitat Topographie du terrain (relief)
Vétusté des matériaux de construction
Table 4-6 Synthèse des facteurs et critères moteurs
Ces critères sont, pour la majorité, l’expression des moyens et des actions dont disposent la commune et le particulier pour gérer le risque. Quelle que soit la politique de gestion du risque menée par la commune, la connaissance du risque par les particuliers est un moyen incontournable de prise de conscience de la vulnérabilité et, par conséquent, influence la décision de ces derniers dans le choix des mesures de protection et de prévention à mettre en place pour faire face à l’évènement et atténuer les dommages.
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Cette connaissance doit cependant être complétée et soutenue par les moyens d’information et de sensibilisation mis en place par la commune et ceci afin de développer une véritable conscientisation du risque. La sinistralité, au sens de la récurrence des évènements, contribue à développer une expérience susceptible de changer les comportements.
La réglementation de l’occupation des sols en zone inondable par l’approbation d’un PPRI, dont la responsabilité incombe au préfet, conduit non seulement à contrôler les permis de construire mais également à prescrire des mesures de prévention, de protection et de sauvegarde. Il est nécessaire de rappeler que l’approbation d’un PPRI sur une commune conditionne l’information préventive et l’organisation des secours. Autrement dit, en l’absence de tout PPRI, les particuliers sont plus vulnérables.
La topographie fait partie des critères moteurs liés à l’environnement de l’habitat. Elle est également motrice de la vulnérabilité globale de l’habitat.
Certains de ces critères moteurs sont inhérents aux spécificités architecturales de l’habitat (ex : types constructifs, altitude du plancher par rapport au terrain naturel, agencement des pièces, etc.) et influencent la vulnérabilité globale de l’habitat.
A ceux-ci se conjuguent la localisation et à la mobilité des biens et des équipements dans l’habitat par rapport au PHEC. L’endommagement des équipements réseaux (ex : compteur électrique) perturbe voire supprime les fonctions vitales nécessaires à satisfaire les besoins fondamentaux des particuliers. Conjuguée à la perte de biens à forte valeur sentimentale, la situation vécue par les particuliers est traumatisante. Dans l’intérêt d’atténuer l’ensemble de ces dommages matériels, fonctionnels et humains, le déplacement des biens et des équipements au-dessus des PHEC est nécessaire pour envisager un retour rapide à la normale. La vétusté des matériaux apparait ici comme moteur d’une vulnérabilité matérielle. Néanmoins, ce critère est difficilement mesurable dans le cadre d’une démarche d’autodiagnostic. Nous approfondirons notre réflexion dans la suite de ce chapitre.
Enfin, l’état et la capacité physique des particuliers est un des critères majeurs à considérer avec plus particulièrement d’intérêt. Ce dernier met en évidence l’aptitude des particuliers à faire face à l’évènement.
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ENSEMBLE DES CRITERES ENJEUX Présence de dispositifs de protection des biens Degré de préparation du particulier
« Etanchéité globale » de l’habitat Sensibilité des biens
Lieu refuge
Mesures de protection des équipements (électroménagers et réseaux)
Lieu de mise à l’abri des biens et des équipements Priorité d’action pour la sauvegarde des biens Sensibilité des matériaux de construction
Table 4-7 Synthèse des facteurs et critères enjeux
De par leur position intermédiaire, ces critères représentent des enjeux pour lesquels il est possible d’agir pour atténuer la vulnérabilité globale de l’habitat. A titre d’exemple, le degré de préparation du particulier est possible en renforçant l’information sur le risque auprès des particuliers mais peut être remis en cause selon l’état psychologique des particuliers lors de l’annonce ou de l’arrivée de l’évènement.
La Table 4-8 regroupe l’ensemble des sept critères mis en évidence.
ENSEMBLE DES CRITERES RESULTATS Ampleur des dommages
Remise en état de l’habitat Indemnisation (montant)
Accessibilité aux moyens de communication Remise en état des réseaux d’alimentation Dépendance vis-à-vis des services extérieurs Etat et capacité psychologique du particulier
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Ces critères découlent des dommages matériels, fonctionnels et organisationnels. Ils sont intrinsèques à l’habitat mais également fortement dépendant de l’environnement.
L’ensemble des variables est ensuite catégorisé selon trois dimensions qui constituent le fondement du questionnaire de l’autodiagnostic (figure 4-5).
« STRUCTURELLE » « Modalités constructives »
Altitude du niveau du plancher par rapport au terrain naturel Type constructif de l’habitat Agencement des pièces dans l’habitat
« Matériaux de construction »
Sensibilité des matériaux de construction
Vétusté des matériaux
« MATERIELLE et FONCTIONNELLE» « Biens et équipements » (réseaux,
électroménagers)
Mobilité des biens et des équipements
Localisation des équipements Localisation des biens (hors électroménager et réseaux) Mesures de protection des équipements (électroménagers et réseaux)
Lieu de mise à l’abri des biens et des équipements
« ORGANISATIONNELLE et HUMAINE » « Politique de gestion du risque
inondation »
Information et sensibilisation de la population
Réglementation de l’occupation du sol en zone inondable
Sinistralité (récurrence des évènements)
« Gestion du risque par le particulier »
Connaissance du risque par le particulier
Degré de préparation du particulier Présence de dispositifs de protection des biens (hors électroménager et réseaux)
Priorité d’action pour la sauvegarde des biens et des équipements
« le Particulier »
Etat et capacité physique du particulier
Etat et capacité psychologique du particulier
QUESTIONNAIRE(S) DE L’AUTODIAGNOSTIC
alimentation alimentation
Figure 4-5 Trois dimensions de critères et de facteurs fondatrices du questionnaire de l’autodiagnostic
La dimension « structurelle » rassemble des critères liés aux caractéristiques architecturales de l’habitat (ex : types constructif, agencement des pièces, matériaux de construction, etc.). Ces critères influencent, en partie, l’endommagement de l’ « enveloppe » structurelle de
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l’habitat et peuvent donc être considérés comme majeurs. Ils influencent également l’endommagement des biens et des équipements (ex : biens mobiliers, équipements électroménagers et réseaux, etc.).
La dimension « matérielle et fonctionnelle » renvoie aux critères liés à la localisation, la mobilité et les mesures de protection et de prévention des biens et des équipements. Ces critères agissent sur la satisfaction des « fonctions vitales » de l’habitat auprès des particuliers. La dimension « organisationnelle et humaine » est dépendante non seulement d’une capacité individuelle mais également collective. La dimension organisationnelle renvoie à la connaissance du risque par les particuliers, mais également, aux mesures de préparation et de protection faisant partie des mesures de mitigation mises en place par le particulier et dépendantes, en partie, de l’efficience de la politique de gestion du risque. La connaissance des particuliers est fortement dépendante des moyens mis en place par la commune. L’ensemble de ces mesures induit indéniablement la remise en état de l’habitat et l’impact des dommages humains.
Les résultats mis en évidence ont permis de corriger et/ou d’enrichir notre modèle.