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le recours à l’activité réduite : / études et recherches déterminants et trajectoires des demandeurs d’emploi

nous avons mobilisé des statistiques descriptives, des régressions logistiques, des modèles de régressions linéaires, et des modèles de comptage sur le panel construit. Nous avons complété l’analyse des

déterminants du recours à une activité réduite par une typologie de trajectoires types dans lesquelles

s’inscrivent les demandeurs d’emploi qui ont recours à l’activité réduite.

L’utilisation d’une méthode d’appariement optimal a permis d’identifier différents types de trajectoires des demandeurs d’emploi ayant recours à l’activité réduite. cette typologie a ainsi permis de dégager 6 groupes de trajectoires différentes : (1) une trajectoire marquée durablement par une activité réduite « courte » ; (2) une trajectoire marquée par un retour durable dans un emploi à durée indéterminée ; (3) une trajectoire marquée par de l’attrition ; (4) une trajectoire marquée durablement par une activité réduite « longue » ; (5) une trajectoire de sortie vers les cdd/ctt ; (6) une trajectoire durable sans emploi en catégorie A. cette analyse met en évidence que seuls 8 % des demandeurs d’emploi s’inscrivent dans des trajectoires marquées par une sortie durable vers un emploi à durée indéterminée. tandis que 25 % appartiennent à des trajectoires marquées par une activité réduite durable, 30 % présentent des trajectoires caractérisées par une situation durable sans aucune activité au chômage. cette typologie a été couplée à l’utilisation d’un modèle économétrique pour saisir les effets des caractéristiques sociodémographiques et professionnelles. Les

estimations effectuées sur la probabilité des demandeurs d’emploi suivis d’appartenir à l’une ou l’autre de ces trajectoires types nous ont permis de mettre en évidence les déterminants des trajectoires qui s’accompagnent d’un retour à l’emploi, ceux des trajectoires de recours à l’activité réduite et ceux des trajectoires de chômage durable. cette analyse couplée à une enquête de terrain a aussi permis d’éclairer les parcours biographiques des demandeurs d’emploi qui ont pratiqué une activité réduite de façon plus ou moins intense. Nos résultats montrent que les caractéristiques des demandeurs d’emploi qui ont eu recours à une activité réduite influent sur leur recours à l’activité réduite et sur leurs trajectoires professionnelles.

Ainsi, les jeunes demandeurs d’emploi ont certes plus de risques de connaître une expérience d’activité réduite, mais ils connaissent moins d’épisodes, ce qui ne signifie pas pour autant que leur trajectoire conduise à une position stabilisée dans le système d’emploi. Les seniors

ont quant à eux moins de risques de connaître une expérience d’activité réduite comparés à la population majoritaire (25-49 ans). cependant, à partir du moment où ils y ont recours, ils présentent plus de risques d’effectuer une activité réduite de façon durable ou répétée. de plus, être une femme augmente les risques de pratiquer une activité réduite et ce de manière intense. Aussi, celles qui ont connu au moins une expérience d’activité réduite ont moins de chances de se trouver dans une trajectoire débouchant sur

l’obtention d’un emploi durable, tandis qu’elles ont plus de risques de se trouver durablement en activité réduite. Les demandeurs d’emploi de nationalité étrangère, notamment les maghrébins et ceux issus d’Afrique subsaharienne ont une probabilité plus élevée de connaître davantage de mois en activité réduite et de rester dans une trajectoire marquée par l’activité réduite longue et l’absence d’emploi. Par ailleurs, le diplôme constitue encore un rempart face au chômage et face à l’enfermement dans une trajectoire

durablement marquée par une activité réduite. Le fait d’être diplômé du supérieur et d’être cadre accroit les chances de s’inscrire dans une trajectoire marquée par un retour durable à l’emploi à durée indéterminée.

d’autres variables influent sur la pratique d’une activité réduite : la région de résidence, le régime

d’indemnisation, la qualification de l’individu ou encore le motif d’inscription. Ainsi, résider en Bretagne ou en Picardie accroît la probabilité d’avoir un recours intense à l’activité réduite et d’appartenir à une trajectoire marquée durablement par une activité réduite courte ou longue. en outre, le motif d’inscription joue sur l’appartenance à l’une des trajectoires types. Les demandeurs d’emploi qui se sont inscrits suite à un licenciement (économique ou autres) ont ainsi plus de risques de se retrouver dans une trajectoire marquée par une activité réduite courte. de plus, s’inscrire à Pôle emploi suite à une mission d’intérim diminue les chances de sortir durablement du chômage vers un emploi stable.

Les parcours biographiques des demandeurs d’emploi interrogés permettent d’éclairer les trajectoires des demandeurs d’emploi et de mettre en évidence les caractéristiques spécifiques de ceux qui ont pratiqué de manière durable ou répétée des activités réduites. L’enquête de terrain permet de rendre compte de la complexité des facteurs qui influent sur les parcours des demandeurs d’emploi. Les entretiens révèlent que ces facteurs se croisent et s’accumulent, mais aussi qu’il existe d’autres freins à la sortie du chômage et de

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études et recherches / le recours à l’activité réduite :

déterminants et trajectoires des demandeurs d’emploi

l’activité réduite dont les données statistiques ne peuvent pas rendre compte, tout particulièrement, les problèmes de santé récurrents chez de nombreux demandeurs d’emploi, d’accident du travail, les

problèmes sociaux, ceux liés à la mobilité, les accidents de la vie ou encore des discriminations subies.

ces analyses permettent ainsi de mettre en évidence les freins au retour vers un emploi durable et ceux qui conduisent à un enfermement dans une trajectoire marquée par des activités réduites et/ou des contrats temporaires.

Nous avons souvent constaté des situations de cumul d’handicaps (physiques, sociaux, professionnels). Nos résultats montrent l’importance de fournir à certains demandeurs d’emploi un accompagnement qui prenne en compte non seulement les questions professionnelles mais aussi sociales, de logement, ou encore de santé. en outre, nous pensons que les jeunes devraient bénéficier d’un meilleur accompagnement. de nombreux jeunes en activité réduite sortent des fichiers de gestion dont nous disposons sans que l’on puisse expliquer leur situation. Nous ne pouvons pas coupler nos données avec celles des missions locales. une intégration des missions locales, qui ont déjà une mission de service public, dans le service public de l’emploi en tant qu’établissement public permettrait certainement d’améliorer l’accompagnement de ces jeunes en leur donnant davantage de moyens. en outre,

l’accompagnement des demandeurs d’emploi en activité réduite dans leur ensemble doit être revu, car les entrevues avec les conseillers de Pôle emploi peuvent être monopolisées par cette activité réduite, ce qui laisse très peu de temps à l’aide à la reprise d’un emploi stable.

enfin, qu’en est-il des conséquences du passage de l’activité réduite en France sur l’emploi en reprise ? Nous avons étudié l’impact de l’activité réduite sur le type de contrat de travail en reprise d’emploi (contrats à durée indéterminée ou déterminée ; contrat de travail temporaire). Pour cela, nous mobilisons un panel qui s’appuie sur les données du Fh-d3 et des dPAe. cette deuxième source nous permet de disposer

d’informations sur l’emploi en reprise. Nous avons utilisé alors des méthodes semi-paramétriques de matching dynamique afin d’évaluer un effet causal de l’activité réduite. Nous considérons un sous-échantillon d’entrants au chômage durant les 6 premiers mois de l’année 2012. Nous avons construit deux groupes d’individus traités (demandeurs d’emplois passés par l’Ar) et non traités (individus ayant recouru plus tard à l’activité réduite ou sans aucune expérience d’activité réduite). Nous avons comparé alors le devenir sur le marché du travail des 2 groupes d’individus sur un horizon de 6 mois ou 12 mois après l’entrée en activité réduite. Nous montrons que le passage par l’activité réduite aurait pour conséquence de diminuer le taux d’emploi des individus sur un horizon de 6 mois ou de le laisser inchangé si l’on se place 1 an après le passage en activité réduite. en outre, l’activité réduite réduirait la probabilité d’être en contrat à durée indéterminée à 6 ou 12 mois ; ce n’est plus le cas si l’on ne considère que les emplois en reprise (i.e. hors activité réduite). Par contre, dans tous les cas, l’activité réduite accroîtrait la probabilité pour les individus concernés d’être en contrat de travail temporaire. Il serait intéressant d’affiner ces analyses en regardant non seulement la sortie vers l’emploi en reprise, mais également la récurrence au chômage chez ceux qui pratiquent une activité réduite. Pour cela, il nous faudrait travailler sur un échantillon plus important afin de les suivre sur une plus longue période.

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études et recherches / le recours à l’activité réduite :

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