Les plantations de thuya occidental n’ont jamais fait l’objet d’une étude scientifique, et ce mémoire se veut donc un premier aperçu du développement du thuya en plantation. Les résultats démontrent que les plantations de thuya pourraient s’avérer pertinentes pour la production commerciale et la restauration du thuya sur sols riches et bien drainés et sous une faible pression de broutement. Les taux de croissance observés sont bien au-delà des taux décrits dans la littérature. Le thuya en plantation réagit également bien à l’ouverture du peuplement, les taux de croissance doublant après intervention sylvicole, et montre généralement de très hauts taux de survie.
Bien que certaines plantations de thuya contiennent des tiges de diamètre marchand, aucune n’a encore atteint l’âge d’exploitabilité, et certaines questions restent ainsi sans réponse. Il sera pertinent d’évaluer la présence de caries dans le bois de plantation, les thuyas âgés ayant tendance à avoir un cœur carié ; les taux de croissance élevés du thuya planté devraient laisser moins de temps à la carie de s’installer, mais ceci reste à confirmer. La densité et la résistance à la carie du bois de thuya devront également être évaluées, les taux de croissance plus rapides ayant potentiellement un impact sur celles-ci. Il serait également pertinent d’étudier les liens potentiels entre la présence de fourches et la présence de carie chez le thuya planté, les fourches étant des éventuelles portes d’entrée pour la carie.
Le manque d’information historique sur les plantations de thuya étudiées a empêché de tirer des conclusions sur les causes de la formation des fourches. Celles-ci ont par contre une grande influence sur la transformation du thuya, amenant des pertes considérables et ainsi une diminution de sa valeur monétaire. Plusieurs facteurs pourraient expliquer la formation des fourches, dont le broutement et les conditions de pleine lumière. La présence de fourches à la sortie des pépinières et au moment de la plantation pourrait également être un facteur important dans la présence de fourches en plantation, et mérite une attention particulière. La présence de compétition en position dominante semble également corrélée avec une moindre présence de fourches. La possibilité de réduire le nombre de fourches grâce à des espèces compagnes mérite ainsi d’être étudiée. Dans un même ordre d’idées, la potentielle complémentarité dans l’utilisation des ressources entre le thuya et des essences compagnes, qui pourrait aller jusqu’à induire un rendement supérieur, devrait être évaluée.
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La végétation compagne du thuya pourrait influencer le comportement des herbivores, et ainsi avoir des effets positifs ou négatifs sur sa croissance. Cette étude n’a par contre pas permis d’approfondir ce point. En effet, malgré un broutement presque systématique des espèces appétentes accompagnant le thuya, ce dernier restait peu brouté dans la zone d’étude, et ce même à l’intérieur du ravage étudié. Le recrutement du thuya vers des classes de hauteur à l’abri du broutement est donc possible même à l’intérieur des ravages, les plantations étudiées ayant atteint 3 m en une moyenne de 13 ans et en aussi peu que 9 ans lorsqu’aucune compétition n’avait entravé la croissance du thuya. Ainsi, même avec une forte pression de broutement, exclure les herbivores pendant une dizaine d’années pourrait suffire à établir un peuplement de thuya à l’abri du broutement sur des sites riches et bien drainés.
Cette étude suggère que l’existence d’un ravage n’indique pas automatiquement une pression élevée de broutement sur le thuya par le cerf. Les variations temporelles dans l’abondance du cerf, les contractions de population de cerf à l’intérieur des ravages, le déplacement des cerfs vers l’extérieur ou vers l’intérieur des ravages, ainsi que la disponibilité du brout, les associations spécifiques, le couvert, la connectivité et les caractéristiques des peuplements voisins peuvent influencer la pression de broutement à l’intérieur des ravages. Par contre, les limites des ravages et l’interdiction d’y récolter le thuya demeurent stables dans le temps. Bien que cette stratégie protège le thuya existant, elle ne garantit pas la régénération du thuya et la préservation de la qualité des ravages à long terme. Les fenêtres d’opportunité pendant lesquelles les populations de cerf sont basses dans certaines sections des ravages pourraient être vues comme de bonnes opportunités d’améliorer la régénération du thuya grâce à une plus faible pression de broutement. La possibilité de réévaluer l’exclusion de la récolte du thuya à l’intérieur des ravages pourrait ainsi être évaluée afin de déterminer son potentiel pour la régénération du thuya, et ainsi le maintien à long terme de la présence de thuya dans les ravages.
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