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Le premier objectif de la présente thèse était d'examiner les associations entre les symptômes de TDAH et les symptômes dépressifs dans une perspective longitudinale, et ce, dès le début de l'âge scolaire. De plus, la contribution des facteurs génétiques et environnementaux dans l'explication de ces associations a été examinée. Le second objectif visait à vérifier si l'inattention est associée au rendement scolaire qui, lui-même, est associé aux symptômes dépressifs, et si ces associations résultaient de facteurs étiologiques partagés, tout en prenant en compte pour la possible contribution des symptômes d'hyperactivité/impulsivité. De plus, la contribution de facteurs de risque impliqués dans le modèle du double échec à ces associations était examinée.

En ce qui concerne le premier objectif, l'inattention, mais pas l'hyperactivité/impulsivité, prédit le développement des symptômes dépressifs au début de l'âge scolaire. Ce résultat correspond à ce qui était attendu. Ainsi, les enfants plus inattentifs sont plus à risque de développer des symptômes dépressifs au début de l'âge scolaire. Jusqu'à présent, les résultats liant les symptômes dépressifs et l'inattention étaient surtout de nature transversale (Lahey et al., 2008; Sterba et al., 2010), ou les quelques études longitudinales ne contrôlaient pas pour l'hyperactivité/impulsivité (Herman, Lambert, Ialongo, & Ostrander, 2007; Herman & Ostrander, 2007; Reinke & Ostrander, 2008). Par conséquent, il n'était pas clair si l'inattention constitue un facteur de risque pour le développement des symptômes dépressifs indépendamment de l'hyperactivité/impulsivité. Les résultats du présent projet indiquent que seule l'inattention contribue au changement dans les symptômes dépressifs au début de l'âge scolaire. Ceci suggère que les comportements d'hyperactivité/impulsivité ne prédisent pas l'adaptation émotionnelle des enfants, du moins en ce qui concerne les symptômes dépressifs.

L'hypothèse selon laquelle les facteurs génétiques contribuent de façon significative aux liens longitudinaux entre les symptômes de TDAH et les symptômes dépressifs n'a pas été confirmée. En effet, les facteurs génétiques expliquant l'inattention contribuaient de façon faible au changement dans les symptômes dépressifs. Seulement 1% de la variance des facteurs génétiques à la base des symptômes dépressifs en troisième-quatrième année

était expliquée par des facteurs génétiques propres à l'inattention en maternelle-première année. Tel que discuté plus loin, les facteurs génétiques pourraient expliquer la stabilité du lien entre les symptômes de TDAH et dépressifs plutôt que le changement dans ce lien au cours du développement.

Contrairement à ce qui était attendu, l'inattention n'a pas permis de prédire les symptômes dépressifs dans la deuxième moitié du primaire. Plutôt que d'être prédits par les symptômes de TDAH, les symptômes dépressifs prédisaient une augmentation de l'inattention et une diminution de l'hyperactivité/impulsivité en sixième année. Ce résultat était inattendu, car il ne correspond pas aux propositions du modèle du double échec. Celui- ci propose en effet que les comportements extériorisés prédisent le développement des comportements intériorisés à l'âge scolaire. Cette hypothèse a été appuyée par plusieurs travaux (Bornstein, Hahn, & Haynes, 2010; Burt & Roisman, 2010; Moilanen, Shaw, & Maxwell, 2010; van Lier & Koot, 2010). Il est possible que les résultats concernant les associations entre les comportements extériorisés et les comportements intériorisés ne s'appliquent pas de façon systématique aux associations entre des catégories de symptômes plus spécifiques. Autrement dit, l'utilisation de construits trop généraux pour décrire les difficultés vécues par un enfant pourrait faire en sorte de masquer des processus de développement spécifiques à certains types de symptômes.

Il est possible d'expliquer comment les symptômes dépressifs provoquent des changements dans la manifestation des symptômes de TDAH. Les enfants plus déprimés pourraient être moins hyperactifs ou impulsifs en raison de l'inhibition motrice qui fait partie des symptômes de dépression (American Psychiatric Association, 2000). Pour un observateur externe, un enfant déprimé pourrait donc sembler être moins hyperactif ou impulsif. Il n'est toutefois pas certain si cette diminution des comportements hyperactifs représente une diminution de la tendance à être hyperactif. On observe en effet que les comportements hyperactifs deviennent moins fréquents avec l'âge en raison d'un changement quant à la manifestation de l'hyperactivité, qui est vécue de façon plus interne (Weyandt et al., 2003). Il faudra donc vérifier si la diminution de l'hyperactivité observée dans le présent projet est une diminution de la tendance à être hyperactif ou seulement une diminution de la tendance à manifester l'hyperactivité au plan comportemental.

L'émergence de la prédiction des symptômes de TDAH par les symptômes dépressifs vers la fin de l'enfance pourrait être expliquée par des changements quant à la perception de compétence des enfants (Cole, Jacquez, & Maschman, 2001). Vers la fin de l'enfance, la perception de compétence devient plus fortement associée aux perceptions d'autrui de ses propres compétences et à ses compétences réelles, par exemple dans le domaine scolaire. Puisque la perception de compétence est associée à des critères plus objectifs qu'auparavant durant l'enfance, celle-ci devient plus stable dans le temps et prédit de façon plus fiable les symptômes dépressifs. Les résultats du premier article semblent indiquer que cette stabilisation de la perception de compétence et des symptômes dépressifs est associée à des changements au niveau des symptômes de TDAH. Cette cascade d'évènements est particulièrement inquiétante, car elle suggère que l'inattention provoque sa propre augmentation par l'entremise des symptômes dépressifs.

Plusieurs résultats méritent d'être soulignés en ce qui concerne la contribution des facteurs étiologiques aux associations entre les symptômes dépressifs et l'inattention, d'un côté, et entre les symptômes dépressifs et l'hyperactivité/impulsivité, de l'autre côté. D'abord, les résultats actuels montrent que les facteurs génétiques expliquent l'association transversale entre les symptômes dépressifs et l'inattention au début de l'âge scolaire. Toutefois, le mécanisme expliquant l'association de nature génétique à cet âge n'est pas explicable par le modèle du double échec. En effet, celui-ci présume que le lien entre les comportements extériorisés et les comportements intériorisés survient à la suite d'expériences négatives au cours de l'âge scolaire. Par conséquent, des mécanismes autres que ceux présentés dans le modèle du double échec pourraient expliquer cette association.

Un mécanisme qui permettrait d'expliquer l'association de nature génétique entre l'inattention et les symptômes dépressifs au début de l'âge scolaire pourrait être lié aux capacités d'auto-régulation. Un enfant qui possède de faibles capacités d'auto-régulation pourrait être facilement distrait par des stimuli externes, ce qui expliquerait l'inattention, et pourrait avoir de la difficulté à réguler des pensées négatives lorsqu'il est confronté à des évènements difficiles, ce qui pourrait expliquer les symptômes dépressifs. L'auto-régulation explique en effet le lien entre les symptômes de TDAH et les symptômes dépressifs chez les enfants et adolescents (Seymour et al., 2012). Puisque l'auto-régulation est associée aux

comportements extériorisés et intériorisés en raison de facteurs génétiques partagés (Lemery-Chalfant, Doelger, & Goldsmith, 2008), il est plausible que l'auto-régulation explique le lien de nature génétique entre l'inattention et les symptômes dépressifs observé dans la présente thèse. D'autres travaux devront vérifier si l'auto-régulation constitue effectivement le médiateur du lien de nature génétique entre l'inattention et les symptômes dépressifs au début de l'âge scolaire.

Toutefois, les facteurs génétiques contribuent de moins en moins aux liens transversaux entre l'inattention et les symptômes dépressifs après la maternelle-première année. De façon cohérente avec le modèle du double échec, on présumait que des caractéristiques sous forte influence génétique (les comportements extériorisés) permettraient de prédire les comportements intériorisés. Par conséquent, les facteurs génétiques à la base de l'inattention et à la base des symptômes dépressifs devraient être plus similaires au fil du temps. L'augmentation du lien de nature génétique indique que l'inattention explique l'augmentation de l'héritabilité des symptômes dépressifs entre l'enfance et l'adolescence. Or, on a observé une augmentation de la contribution de l'environnement non-partagé au lien entre les symptômes dépressifs et l'inattention. Ceci indique que l'inattention n'explique pas l'augmentation de l'héritabilité des symptômes dépressifs durant l'enfance. En lien avec le modèle du double échec, il est possible que les comportements perturbateurs expliquent l'augmentation de l'héritabilité des symptômes dépressifs en augmentant les difficultés relationnelles avec les pairs. D'autres travaux devront donc porter sur les processus qui expliquent l'augmentation de l'héritabilité des symptômes dépressifs.

Le rôle grandissant des facteurs de l'environnement non-partagé dans l'association entre l'inattention et les symptômes dépressifs est le premier résultat démontrant une association grandissante entre des facteurs de l'environnement non-partagé au cours du développement. Généralement, l'influence de l'environnement non-partagé est faible, possiblement parce que les caractéristiques héritables des individus amènent les gens à choisir des environnements ou provoquer des réactions de la part de leur environnement. Le deuxième article a été écrit afin de tester l'existence d'un mécanisme qui permettrait

d'expliquer l'augmentation du lien de nature environnementale entre l'inattention et les symptômes dépressifs.

Inattention, insuccès scolaire et symptômes dépressifs

Le premier article montrait que l'inattention, mais pas l'hyperactivité/impulsivité, prédisait les symptômes dépressifs au début de l'âge scolaire. Une explication possible est que le lien entre l'inattention et les symptômes dépressifs s'explique par le faible rendement scolaire associé à l'inattention. Ce mécanisme permettrait d'expliquer pourquoi l'hyperactivité/impulsivité ne prédit pas les symptômes dépressifs, car les comportements hyperactifs et impulsifs ne sont pas associés au rendement scolaire. Le deuxième article visait à tester cette hypothèse et à évaluer les rôles de difficultés concomitantes et des facteurs génétiques et environnementaux dans l'explication de ces associations.

Tout d'abord, des analyses phénotypiques ont montré que l'inattention prédisait le rendement scolaire qui prédisait ensuite les symptômes dépressifs. Ces liens étaient observés même en contrôlant pour l'hyperactivité/impulsivité. Ceci veut dire que l'inattention constitue un indicateur précoce du rendement scolaire et des symptômes dépressifs. Ce modèle de médiation avait été montré auparavant (Herman et al., 2007; Herman & Ostrander, 2007). Toutefois, le présent projet permet de conclure que ce mécanisme est indépendant de l'hyperactivité/impulsivité qui est fréquemment observée chez les enfants inattentifs. L'absence de lien entre l'hyperactivité/impulsivité et le rendement scolaire est cohérent avec les multiples travaux qui montrent que l'inattention, mais pas les autres comportements extériorisés, est associée au rendement scolaire (Duncan et al., 2007; Johnson, McGue, & Iacono, 2005; Pingault et al., 2011). Ces résultats ne sont toutefois pas nouveaux et ne font que répliquer ce qui a été observé dans d'autres travaux.

La nouveauté de ce projet concernait l'identification de la contribution des facteurs génétiques aux associations entre l'inattention, le rendement scolaire et les symptômes dépressifs. Lorsque l'on prenait en compte la contribution de facteurs génétiques à cette cascade d'évènements, la médiation n'était plus significative. Autrement dit, le lien entre l'inattention et les symptômes dépressifs, via le rendement scolaire, est expliqué par des facteurs génétiques partagés entre l'inattention et le rendement scolaire. Cette cascade

d'évènements ne survient donc pas de façon aléatoire: un risque génétique chez des enfants, en lien avec les symptômes d'inattention, augmente le risque de vivre ces difficultés. Ces résultats indiquent que l'on doive identifier les mécanismes qui expliquent l'association de nature génétique entre l'inattention et le rendement scolaire afin de prévenir l'échec scolaire. Les résultats du deuxième article indiquent que l'association entre l'inattention et le rendement scolaire résulte à la fois de facteurs génétiques et de l'environnement non- partagé, i.e., le lien de phénotype-à-phénotype. Ceci concorde de façon générale avec deux autres études portant spécifiquement sur le lien entre les symptômes de TDAH et le rendement scolaire (Johnson et al., 2005; Polderman et al., 2011). Il est possible que des mécanismes différents expliquent le lien de nature génétique et le lien de nature environnementale. Le premier mécanisme consiste en des déficits cognitifs partagés entre le TDAH et le succès scolaire (Rapport, Scanlan, & Denney, 1999). Or, des déficits cognitifs expliquent le lien de nature génétique entre l'inattention et les compétences en lecture, qui sont fortement associées au succès scolaire (Willcutt et al., 2010). Il semble donc probable que des déficits cognitifs expliquent aussi le lien de nature génétique entre l'inattention et le rendement scolaire. Il importe d'identifier les mécanismes cognitifs qui expliquent le lien de nature génétique entre l'inattention et le rendement scolaire car les facteurs génétiques expliquent une partie importante de la cascade liant l'inattention et les symptômes dépressifs. Ceci permettrait de développer des interventions préventives qui viseront spécifiquement ces déficits cognitifs.

La contribution de l'environnement non-partagé au lien entre l'inattention et le rendement scolaire pourrait être expliquée par un mécanisme comportemental. Ce mécanisme comportemental pourrait être la performance en classe d'un enfant (Rapport et al., 1999; Volpe et al., 2006). La performance en classe d'un enfant se manifeste par sa compétence à compléter ses travaux et devoirs sans erreur. De fait, l'inattention en maternelle a été associée aux trajectoires d'engagement en classe au cours de la période primaire (Pagani, Fitzpatrick, & Parent, 2012). Un enfant inattentif s'engageant peu dans ses travaux pourrait rater des opportunités d'apprentissage. Ces opportunités ratées pourraient faire en sorte que cet enfant réussisse moins bien au plan scolaire, peu importe son risque génétique. Par conséquent, il est plausible de croire que l'engagement en classe

constitue un risque environnemental (plutôt que génétique) qui pourrait expliquer le lien entre l'inattention et le rendement scolaire.

Il faut toutefois noter que l'engagement en classe pourrait aussi expliquer le lien de nature génétique entre l'inattention et le rendement scolaire. En effet, l'engagement en classe est manifesté par des comportements qui sont aussi des manifestations d'inattention. Par exemple, faire un grand nombre de fautes dans des travaux constitue à la fois un symptôme d'inattention et un comportement qui représente l'engagement en classe (APA, 2000; Volpe et al., 2006). Il est donc possible que l'inattention et l'engagement en classe soient expliqués par des facteurs génétiques communs. Dans cette perspective, la cascade liant l'inattention, l'engagement en classe et le rendement scolaire pourrait aussi être expliquée par des facteurs génétiques partagés. D'autres travaux devront déterminer l'origine génétique ou environnementale du lien entre l'inattention et l'engagement en classe avant d'identifier ce mécanisme comme étant environnemental.

En ce qui concerne le lien entre l'inattention et les symptômes dépressifs, l'absence de facteurs génétiques partagés entre l'inattention au début du primaire et les symptômes dépressifs à la fin du primaire est surprenante. En effet, l'absence de lien de nature génétique ne concorde pas avec les résultats du premier article, dans lequel on trouvait des associations transversales d'origine génétique entre l'inattention et les symptômes dépressifs. Il est possible que la période de temps s'écoulant entre l'évaluation de l'inattention au début du primaire et l'évaluation des symptômes dépressifs à la fin du primaire soit trop grande pour pouvoir observer un lien entre l'inattention et les symptômes dépressifs. En effet, les symptômes dépressifs varient en fonction d'expériences relativement proches dans le temps (Herman & Ostrander, 2007). L'instabilité des symptômes dépressifs suggère que le lien entre un facteur de risque précoce et les symptômes dépressifs à la fin du primaire risque d'être faible. Ceci suggère que l'on doive se concentrer sur des facteurs de risque qui sont directement associés aux symptômes dépressifs. Il pourrait par exemple être plus efficace d'améliorer le rendement scolaire que l'inattention si l'on veut prévenir le développement des symptômes dépressifs.

Implications pour le modèle du double échec

Les résultats du présent projet ont des implications importantes en ce qui concerne le modèle du double échec. Bien que divers résultats soulignent le lien entre l'inattention et le rendement scolaire, on présume encore que les comportements extériorisés au sens large prédisent le rendement scolaire (Masten et al., 2005; Moilanen et al., 2010; van Lier & Koot, 2010). Plusieurs résultats montrent en effet que l'inattention contribue au rendement scolaire et non pas l'hyperactivité/impulsivité (Pingault et al., 2011), les comportements perturbateurs (Trzesniewski, Moffitt, Caspi, Taylor, & Maughan, 2006) ou les comportements extériorisés (Duncan et al., 2007; Grimm, Steele, Mashburn, Burchinal, & Pianta, 2010; Johnson et al., 2005). Par conséquent, l'évaluation de l'inattention, plutôt que des comportements extériorisés au sens large, pourrait constituer une étape importante pour identifier les individus à risque de connaître des difficultés scolaires dès l'entrée à l'école.

Il est difficile de formuler d'autres hypothèses quant aux mécanismes qui permettraient d'expliquer le lien entre les comportements extériorisés et le rendement scolaire sans discuter des déficits cognitifs et comportementaux liés à l'inattention. Certains résultats montrent que les difficultés relationnelles avec les pairs ou avec les enseignants sont associées au rendement scolaire (Vitaro, Boivin, Brendgen, Girard, & Dionne, 2012), suggérant donc un autre mécanisme liant les comportements extériorisés et le rendement scolaire. Toutefois, le présent projet montre que les difficultés relationnelles contribuent peu ou pas au rendement scolaire au-delà de ce qui est expliqué par l'inattention au début de l'âge scolaire. Il est toutefois possible que l'on observe un lien entre les difficultés avec les pairs et le rendement scolaire vers la fin du primaire (Véronneau, Vitaro, Brendgen, Dishion, & Tremblay, 2010). Comme le propose le modèle du double échec, les comportements perturbateurs au début de l'âge scolaire ne seraient donc pas associés au rendement scolaire.

Ces résultats ont des implications concernant l'identification des enfants à risque de connaître des difficultés scolaires. Il est possible que les adultes soient plus sensibles aux comportements perturbateurs car ceux-ci peuvent être particulièrement stressants (Greene, Beszterczey, Katzenstein, Park, & Goring, 2002). Or, les résultats du présent projet

suggèrent que l'on doive évaluer spécifiquement les symptômes d'inattention et non les comportements extériorisés en général si l'on veut pouvoir prévenir l'insuccès scolaire. Cette identification pourrait être très fiable car il existe des outils permettant d'évaluer à la fois les compétences et les difficultés attentionnelles (Polderman et al., 2007). En comparaison, les outils mesurant les comportements extériorisés permettent surtout d'évaluer les difficultés de niveau clinique et sont moins utiles pour différencier les individus ayant peu ou pas de difficultés (Gelhorn et al., 2009; Purpura, Wilson, & Lonigan, 2010; Studts, 2008). L'identification des enfants inattentifs pourrait donc être très fiable et permettrait de mieux cibler les individus ayant besoin de soutien dans le domaine scolaire.

En ce qui concerne l'intervention, les résultats du présent projet sont importants, car ils suggèrent que l'on doive identifier les mécanismes expliquant le lien de nature génétique entre l'inattention et le rendement scolaire durant l'enfance afin de pouvoir les cibler spécifiquement. Une intervention basée sur le modèle du double échec pourrait tenter, à tort, de diminuer les comportements perturbateurs afin de prévenir l'insuccès scolaire et les symptômes dépressifs qui en découlent. Effectivement, les traitements qui visent à diminuer les comportements extériorisés, mais qui ne visent pas spécifiquement le succès scolaire ne semblent pas améliorer celui-ci (Weiss, Harris, Catron, & Han, 2003). Il est possible que les interventions auprès des enseignants soient favorables pour les enfants ayant des niveaux élevés d'inattention puisque la qualité de l'environnement en classe, quant à sa structure et quant à la qualité des interactions élève-enseignant, est associée à l'engagement comportemental en classe (Guo, Connor, Tompkins, & Morrison, 2011). Or, l'engagement en classe est une des difficultés observées chez les enfants atteints de TDAH (Rapport et al., 1999). L'identification des mécanismes expliquant le lien entre l'inattention et le rendement scolaire pourra certainement faciliter l'élaboration d'interventions mieux ciblées et plus efficaces pour prévenir l'insuccès scolaire.

En ce qui concerne le modèle du double échec de façon plus générale, les résultats actuels montrent que la cascade d'évènements liant l'inattention, le rendement scolaire et les symptômes dépressifs est indépendante des comportements perturbateurs et des difficultés relationnelles. Ainsi, il est possible que la différentiation de l'inattention et des

comportements perturbateurs permette d'identifier deux mécanismes distincts mais corrélés.

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