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CHAPITRE II. EMISSIONS ATMOSPHERIQUES INDUSTRIELLES DE DIOXINE ET DE

4. Conclusion

Nous avons créé la première base de données française contenant les émissions annuelles des sources de dioxines et de cadmium jO¶pFKHOOHindividuelle des sources en France entre 1990 et 2008, ainsi que des informations techniques et leurs localisations (le plus souvent à la cheminée). Cette base de données sera utilisée dans des études épidémiologiques portant sur le risque de cancer du sein associé à l'exposition à la dioxine et au cadmium, mais pourra être étendu à d'autres polluants. Ce travail illustre OHVTXDOLWpVHWOHVGpIDXWVG¶XQWUDYDLOGHUHFRQVWLWXWLRQGHVpPLVVLRQVKLVWRULTXHVGDQVOHFDGUHG¶XQH étude épidémiologique.

(QXWLOLVDQWOH7RRONLWGHO¶81(3HW la base OMINEA, nous avons pu inventorier 2620 et 2700 VRXUFHV G¶pPLVVLRQ GH GLR[LQHV HW GH FDGPLXP UHVSHFWLYHPHQW /H WUDYDLO GH UHFXHLO GH GRQQpHV WHFKQLTXHVDSHUPLVGHFDUDFWpULVHUOpYROXWLRQGHVWHFKQRORJLHVG¶pSXUDWLRQGHVIXPpHVSRXUFKDTXH source sur la période 1990-2008 et ainsi d'estimer les émissions annuelles et les incertitudes associées. La comparaison avec un faible échantillon de mesures de O¶pPLVVLRQPRQWUHune corrélation modérée

avec les estimations (rs autour de 0.40). Pour les deux polluants, O¶pPLVVLRQPpGLDQHHVWLPpHSDUVRXUFHV

est inférieure j O¶pPLVVLRQ PpGLDQH PHVXUpH -32% pour le cadmium, -40% pour les dioxines). Les différences entre nos estimations et les mesures peuvent s'expliquer par un certain nombre de facteurs. Premièrement, les mesurées proviennent de la base de données de l'IREP qui recueille les déclarations d'émissions des industriels. Deuxièmement, les mesures de dioxines n'ont été effectuées qu'une fois par an (au mieux) et peuvent ne pas être représentatives des émissions moyennes annuelles. Pour ces raisons, les mesures d'émissions ne peuvent pas être considérées comme pleinement représentatives des émissions réelles survenant sur une année entière. De plus, les mesures sont disponibles sur la période 2003- TXL FRUUHVSRQG DX[ SOXV IDLEOHV pPLVVLRQV VXU OD SpULRGH G¶pWXGH  HW RQW pWp quasi exclusivement effectuées sur des incinérateurs de déchets municipaux et des installations métallurgiques, qui ne sont pas représentatives de la variété des sources inventoriées. &¶HVWSRXUTXRLLO HVW GLIILFLOH G¶H[WUDSROHU FHV UpVXOWDWV SRXU HVWLPHU OD TXDOLWp GHV HVWLPDWLRQV HQ SDUWLFXOLHU SRXU OD décennie 1990-2000.

On constate que, pour ces deux polluants, les plus gros écarts entre nos estimations et les estimations G¶DXWUHVLQYHQWDLUHV, VRQWREVHUYpVSRXUOHJURXSHGHO¶LQFLQpUDWLRQGHVGpFKHWVHWSDUWLFXOLqUHPHQWVXU la période 1990-2000. En comparant deux inventaires des émissions de dioxine portant sur une période similaire, Breivik et al. (2006) a observé des écarts de plusieurs ordres de grandeur, similaire à nos UpVXOWDWVORUVGHODFRPSDUDLVRQDYHFO¶LQYHQWDLUH(0(3. Globalement, les différences observées durant les comparaisons aux échelles départementale eWQDWLRQDOHVHVLWXDLHQWGDQVODJDPPHG¶LQFHUWLWXGH. Les estimations de l'incertitude sont un élément essentiel des inventaires des émissions, PDLVSHXG¶pWXGH reporte explicitement ces incertitudes. Les ordres de grandeur des incertitudes quantifiée dans les autres études de la littérature sont similaires aux nôtres (Breivik et al. 2006; Fiedler 1999; Pulles et al. 2006;

Les différences REVHUYpHVORUVGHODFRPSDUDLVRQDYHFG¶DXWUHVLQYHQWDLUHVsont dues au manque de données sur les sources, à la différence sur le facteur d'émission utilisé et à l'absence de connaissances sur le nombre précis de sources. Les nombreux petits incinérateurs avec émissions élevées, ainsi que les nombreux incinérateurs de déchets hospitaliers, ont peut-être échappé aux inventaires antérieurs. Il faut également noter que sur cette période (1990-2000), un certain nombre de sources furent fermées en raison du non-UHVSHFWGHVQRUPHVHQYLJXHXU DIIDLUHGHV°XIVFRQWDPLQpVGDQVOH1RUG-Pas de calais en 1998, incinérateur de Gilly sur Isère en 2000, usine Recytech en 1998, etc.). Ces cas illustrent les incertitudes sur les estimations des émissions à cette période (Webster and Connett 1998). Dans le cas des dioxines, la problématique est encore plus complexe car les émissions sont particulièrement liées à O¶LQVWDOODWLRQGHsystèmes spécifiques de réduction des émissions de dioxines. Selon la mise en place, ou QRQG¶XQHWHOOHLQVWDOODWLRQOHVpPLVVLRQVSHXYHQWYDULHUG¶XQIDFWHXU'¶XQHPDQLqUHJpQpUDOHOHV incertitudes diminuent mais restent fortes dans ces inventaires ainsi que dans les études récentes. Une étude sur les émissions de dioxines en (XURSHFHQWUDOHSRXUO¶DQQpHDPRQWUpTXHles estimations du total des émissions, avec un intervalle de confiance à 90%, variaient autour de la valeur estimée G¶un facteur 2-3 inférieur et un facteur 4 supérieurs (Pulles et al. 2006).

Nos résultats PRQWUHQWXQHWUqVIRUWHYDULDELOLWpGHVpPLVVLRQVjO¶pFKHOOHGHVVRXUFHVPrPHSRXU GHVVRXUFHVLVVXHVG¶XQHPrPHFDWpJRULHDLQVLTX¶XQHIRUWHYDULDELOLWpWHPSRUHOOH&HFLLOOXVWUHO¶LQWpUrW de la reconstitution des émissions historiques en se basant sur OHVWHFKQRORJLHVPLVHVHQSODFHjO¶pFKHOOH individuelle. Les émissions établies en se basant sur les mesures directement effectuées auprès des sources peuvent induire un biais car elles sont effectuées sur un sous-échantillon non représentatif de O¶HQVHPble de sources.

Nous avons réussi à évaluer les rejets industriels avec une très grande précision spatiale (70% au minimum à la parcelle dont 43% à la cheminée), mais un des défauts majeurs de ce travail, outre le manque de données, reste la considératioQG¶XQHpPLVVLRQFRQWLQXHGDQVO¶DQQpHDe nombreuses études ont montré que les arrêts et redémarrages successifs des industries entraînent de fortes émissions ponctuelles (Cheruiyot et al. 2016). 6¶LOHVWHQYLVDJHDEOHG¶DSSOLTXHUXQHPRGXODWLRQDQQXHOOHSRXUOHV sources liées au chauffage, il est extrêmement difficile voire impossible de caractériser les rythmes de fonctionnement GHFKDTXHXVLQH&HUWDLQHVIRQFWLRQQDLHQWHQFRQWLQXG¶DXWUHVXQLTXHPHQWHQVHPDLQHV et un certain nombre ont subi des arrêts pour maintenance pendant de longues périodes. Ces paramètres viennent agrandir les incertitudes sur les émissions. 'DQVOHFDVG¶pWXGHVIXWXUHVVXUGHVSDWKRORJLHV pouvant être liée à des expositions sur des fenêtres temporelles plus réduites (expositions mensuelles ou journalières), oEWHQLUXQHSOXVJUDQGHILQHVVHWHPSRUHOOHGDQVO¶pYDOXDWLRQGHVpPLVVLRQVde dioxine et de cadmium sera probablement nécessaire, mais difficilement réalisable.

La sollicitation par questionnaires des industrielles a joué un rôle clef dans la caractérisation des VRXUFHV JUkFH j O¶REWHQWLRQ G¶LQIRUPDWLRQV SUpFLVHV HW GpWDLOOpHV VXU OH fonctionnement des sources. Néanmoins, le faible taux de retour (environ 550 questionnaires envoyés par mail ou courrier pour 175 UpSRQVHV SRVHSUREOqPH8QFHUWDLQQRPEUHG¶LQGXVWULHOVRQWrefusé de nous répondre pour diverses raisons : manque de temps, GRQQpHV GLIILFLOH G¶accès, données perdues, manque de confiance dans O¶pWXGH UHPLVH HQ TXHVWLRQ de la méthodologie, etc. De plus, entre et au sein des trois groupes qui représentent 95% des questionnaires envoyé (incinération de déchets, production de métaux, production de produits minéraux) les taux réponse sont très variable (respectivement 20%, 80% et 25%). Néanmoins, au sein de ces groupes, certaines catégories de sources ont des taux réponse élevées (incinération de déchets industriels spéciaux : 70%, incinération GHERXHVG¶pSXUDWLRQ : 78%, production de ciment : 100% et production de chaux : 80%). Il est à noter que, si seule une confirmation été nécessaire, les industriels étaient contacté SDUWpOpSKRQH FHTXLQ¶DSSDUDvt pas dans les statistiques). Enfin sur les plus de 2600 sources recenséesHQYLURQQ¶pWDLHQWSOXVHQactivités après 2008, ce qui DFRPSOLTXpIRUWHPHQWODUpFROWHG¶LQIRUPDWLRQV qui a commencé en 2014.

Nos résultats illustrent la réussite des politiques publiques visant à réduire les émissions atmosphériques, les efforts réalisés par les industriels pour réduire leurs émissions devant être salués. Il est à noter que cette diminution des émissions des sources industrielles durant les décennies 1990 et 2000 implique de changer les méthodologies et de ne plus prendre en compte uniquement les sources industrielles comme ce fut le cas par le passé dans de précédentes études épidémiologiques (Cordier et al. 2010; Fabre et al. 2008; Floret et al. 2003; Pronk et al. 2013; Viel et al. 2008; Zambon et al. 2007). La contribution de certaines sources non-industrielles (secteur tertiaire/résidentielle, trafic routier) est devenue non négligeable sur les périodes les plus récentes et doit être prise en compte. La non-prise en compte de ces sources pourrait entraîner des biais de classifications non-différentielles des sujets dans les études épidémiologiques. Pour quantifier les GpWHUPLQDQWVGHO¶H[SRVLWLRQKLVWRULTXHjODGLR[LQHHW au cadmium et leuUVpYROXWLRQVOHFKDSLWUHSUpVHQWHUDOHVUpVXOWDWVG¶XQWUDYDLOGHPRGpOLVDWLRQGHV émissions multi-sources (industrielles, trafic, chauffage, divers) réalisé sur le Grand Lyon entre 1990 et 2008, grâce au modèle SIRANE.

CHAPITRE III. EXPOSITION ATMOSPHERIQUE AUX DIOXINES ET

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