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L’agriculture est l’un des facteurs majeurs influençant les structures écologiques des paysages, en raison de son influence sur les éléments cultivables et non arables de la mosaïque paysagère (THENAIL et al., 2009). Le choix de travailler à l’échelle de l’exploitation agricole a été guidé par le fait qu’il s’agit du niveau de prise de décision le plus fin concernant les pratiques de gestion des éléments de corridors et de leur organisation spatiale. Les descripteurs agro-écologiques devaient donc s’adresser à cette échelle. Cependant le territoire d’exploitation s’insère dans le paysage environnant et notamment au travers de corridors écologiques locaux, il est donc intéressant de connaitre la contribution du territoire d’exploitation en termes de continuité ou de discontinuité à ces corridors. Cette étude pourra par la suite servir à conseiller les agriculteurs sur une gestion et une organisation des éléments de corridors plus favorables aux corridors écologiques et plus largement à la restauration des continuités écologiques qui est l’enjeu majeur de la trame verte. Ce conseil pourra se faire via des propositions telles que des mesures agro-environnementales qui pourront soutenir la gestion des éléments de corridors, la sensibilisation sur de nouveaux équilibres fourragers, etc… De plus les mesures de bonnes conduites agro-environnementales de la PAC 2010 ont pour but de concourir à une meilleure préservation des éléments du paysage telles que les haies, prairies permanentes, fossés, mares, etc.…ainsi que d’assurer un minimum de surface de biodiversité potentielle, appelée surface équivalente topographique ( 1% de la SAU en 2010, 3% en 2011, 5% en 2012).

Cependant, les corridors ainsi que la contribution des exploitations à ces derniers sont à prendre avec précaution. En effet, ceux-ci peuvent constituer des voies préférentielles pour la migration d’espèces invasives qui peuvent ensuite entrer en compétition avec les espèces locales, et provoquer in fine leur disparition.

LE RUYET Noémie – Master 2 GHBV - Mémoire de fin d’études

Glossaire

OTEX : Orientation Technico-économiques des Exploitations

PAC : Politique Agricole Commune

SAU : Surface Agricole Utile

SFP : Surface Fourragère Principale

TVB : Trame Verte et Bleue

UGB : Unité de Gros Bétail

Bibliographie

Articles

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Ouvrages

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LISTE DES ANNEXES

ANNEXE 1 à 8 : Parcellaires des exploitations agricoles

ANNEXE 9 : Présentation de l’indicateur éco-bordure

ANNEXE 10 : Les résultats de l’indicateur éco-bordure

ANNEXE 11 : Le concept de tesselle

ANNEXE 12 : Composition et nombre de type de tesselles dans les ilots pour chaque exploitation agricole (graphiques en Box & Whiskers Plot)

ANNEXE 13 : Article présentant les types de descripteurs agro-écologiques utilisés

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Annexe 1

EXPLOITATION A :

Type de bordure de champ : Haie arborée Haie arbustive

Bordure de champ herbacée

Bordure de champ herbacée avec quelques arbustes Bordure de champ herbacée avec quelques arbres Limite simple de labour

Annexe 2

EXPLOITATION B :

Type de bordure de champ :

Haie arborée Haie arbustive

Bordure de champ herbacée

Bordure de champ herbacée avec quelques arbustes Bordure de champ herbacée avec quelques arbres Limite simple de labour

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Annexe 3

EXPLOITATION C :

Type de bordure de champ : Haie arborée Haie arbustive

Bordure de champ herbacée

Bordure de champ herbacée avec quelques arbustes Bordure de champ herbacée avec quelques arbres Limite simple de labour

Annexe 4

EXPLOITATION D :

Type de bordure de champ : Haie arborée Haie arbustive

Bordure de champ herbacée

Bordure de champ herbacée avec quelques arbustes Bordure de champ herbacée avec quelques arbres Limite simple de labour

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Annexe 5

EXPLOITATION E :

Type de bordure de champ : Haie arborée Haie arbustive

Bordure de champ herbacée

Bordure de champ herbacée avec quelques arbustes Bordure de champ herbacée avec quelques arbres Limite simple de labour

Annexe 6

EXPLOITATION F :

Type de bordure de champ : Haie arborée Haie arbustive

Bordure de champ herbacée

Bordure de champ herbacée avec quelques arbustes Bordure de champ herbacée avec quelques arbres Limite simple de labour

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Annexe 7

EXPLOITATION H :

Type de bordure de champ : Haie arborée Haie arbustive

Bordure de champ herbacée

Bordure de champ herbacée avec quelques arbustes Bordure de champ herbacée avec quelques arbres Limite simple de labour

Annexe 8

EXPLOITATION I :

Type de bordure de champ : Haie arborée Haie arbustive

Bordure de champ herbacée

Bordure de champ herbacée avec quelques arbustes Bordure de champ herbacée avec quelques arbres Limite simple de labour

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Annexe 9 : l’indicateur éco-bordure

L’indicateur « Eco-bordure » développé et testé à l’INRA SAD – Paysage est le fruit de plusieurs années de recherches effectuées dans cette unité, sur la biodiversité des bordures de champs et sa relation aux pratiques agricoles. Basé sur la flore des bordures de champs, l’indicateur écologique permet une évaluation de leur « état écologique », en lien avec les pratiques de gestion. Il peut donc servir de base à un diagnostic des pratiques, notamment à l’échelle de l’exploitation agricole.

La construction de l’indicateur Agro-écologique « Eco-bordure » s’est basée sur des hypothèses élaborées dans le cadre des recherches menées par l’équipe INRA SAD-Paysage sur la végétation des bordures et les facteurs structurant pouvant expliquer leur état écologique. Ces recherches ont montré que la diversité de la végétation peut s’expliquer en partie par celle des conditions environnementales (diversité des structures au sol, des strates végétales…) et en partie par celle des pratiques agricoles.

La définition de trois types de bordures de champs :

Trois types de bordures de champs, on ainsi pu être définis. Ils sont caractérisés par la composition floristique de la strate herbacée, et traduisent des conditions écologiques différentes.

Les bordures de champs de « type forestier » ont une composition floristique de la strate herbacée qui traduit un microclimat forestier ou de lisière (présence d’espèces pérennes d’ombre ou de demi-ombre).

Les bordures de champs de « type prairial » ont une composition floristique de la strate herbacée qui traduit des conditions écologiques de prairie permanente plus ou moins pauvre en nutriments (présence d’espèces héliophiles pérennes).

Les bordures de champs de « type forestier » et de « type prairial » permettent le maintien dans les paysages agricoles d’une biodiversité animale et végétale de ces types de milieu. Elles peuvent représenter une ressource alimentaire ou un refuge pour de nombreuses espèces animales.

Les bordures de champs de « type adventice » ont une composition floristique qui traduit l’effet de perturbations sévères mettant le sol à nu (présence d’espèces annuelles du cortège des adventices des cultures). Ce type de bordure abritent une forme de couvert temporaire qui comporte des espèces à floraison courte. Elle est donc peu intéressante pour les espèces animales. Ces espèces adventices peuvent également coloniser la parcelle agricole.

La végétation des bordures de champs peut donc être à la fois indicatrice des pratiques agricoles et des fonctions écologiques. Elle peut montrer comment les pratiques agricoles, produisent, influencent des fonctions écologiques au niveau des bordures de champs (biodiversité, habitat d’espèces…).

Principe de l’Indicateur « Eco-bordure »

« L’indicateur flore » est basé sur une liste d’espèces végétales de la strate herbacée. Une dizaine d’espèces de chaque groupe (forestières, prairiales, adventices) ont été sélectionnées. L’état

écologique de la bordure de champ est alors caractérisé par la proportion d’espèces présentes pour chacun des trois groupes (pourcentages d’espèces forestières, prairiales et adventices). Cet état écologique peut être relié à des pratiques agricoles.

Pour chaque groupe d’espèces, on comptabilise donc le nombre d’espèces observées sur la zone de relevé.

On calcule également, par la somme de ces trois valeurs, le nombre total d’espèces observées.

A partir de ces nombres d’espèces, on calcule les pourcentages relatifs pour chaque groupe d’espèces.

Exemple : une bordure de champ sur laquelle ont été observées deux espèces forestières, sept espèces prairiales et une espèce adventice (issues de la liste des espèces à rechercher), soit 10 espèces au total.

Cette bordure de champ caractérisée par la présence de 20 % d’espèces forestières, 70 % d’espèces prairiales et 10 % d’espèces adventices serait placée de la manière suivante au sein du triangle :

Les échelles d’utilisation de l’indicateur « Eco-bordure » Il est utilisé au niveau de la bordure de champ.

L’utilisation de l’indicateur, sur un ensemble de bordures de champs appartenant à un même territoire, peut également permettre une évaluation de ce territoire (zones à enjeux de gestion, territoires d’exploitations agricoles,…).

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Annexe 10 :

Résultats de l’indicateur éco-bordure

Exploitation A Exploitation B

Exploitation E Exploitation F

Exploitation H

Annexe 11 : La tesselle

De la parcelle, objet de gestion agricole, à la tesselle, élément de base de la mosaïque (D’après GALY M.)

Parcelle, unité de gestion

Haies associées à

la parcelle éléments de base Deux tesselles,

LE RUYET Noémie – Master 2 GHBV - Mémoire de fin d’études 50 0 1 2 3 4 5 6 1 2 3 4 5 6 No m b re d e te ss el le s Types de tesselles Exploitation A Max Min Q2 0 1 2 3 4 5 6 1 2 3 4 5 6 No mb re d e te ss el le s Type de tesselles Exploitation B Max Min Q2 0 1 2 3 4 5 1 2 3 4 5 6 No mb re d e te ss el le s Type de tesselles Exploitation C Max Min Q2 0 1 2 3 4 5 1 2 3 4 5 6 No m b re d e te ss el le s Type de tesselles Exploitation D Max Min Q2 0 1 2 3 4 5 1 2 3 4 5 6 No mb re d e te ss el le s Type de tesselles Exploitation E Max Min Q2 0 5 10 15 20 1 2 3 4 5 6 No mb re d e te ss el le s Type de tesselles Exploitation F Max Min Q2 0 2 4 6 8 10 12 1 2 3 4 5 6 No m b re d e te ss el le s Exploiation H Max Min Q2 0 2 4 6 8 10 1 2 3 4 5 6 No m b re d e te ss el le s Exploitation I Max Min Q2

Annexe 12 : Composition et nombre de type de

tesselles dans les ilots pour chaque exploitation

agricole (graphiques en Box & Whiskers Plot)

Annexe 13 : Les types d’indicateurs

agro-écologiques utilisés

Cadre de construction d’indicateurs agro-écologiques de l’exploitation agricole, basé sur la description des « mosaïquages » produits par la gestion territoriale de l’exploitation.

Thenail, C. (agronomie), Aviron, S. (écologie), Roche, B. (zootechnie) & Baudry, J (écologie) Document de travail, INRA SAD-Paysage, août 2010.

Introduction

Nous expérimentons dans l’unité SAD-Paysage un cadre conceptuel pour construire des indicateurs agro-écologiques à différentes gammes d’échelles. Par indicateurs agro-agro-écologiques nous entendons des descripteurs de végétation ou de mosaïques paysagères, qui permettent d’inférer des interactions entre organisations agricoles de l’utilisation des terres et organisations écologiques. La finalité de tels indicateurs est double. Elle est d’une part d’évaluer la contribution des activités agricoles aux patrons écologiques et, se faisant, d’accéder à certains leviers d’action en agriculture pour une contribution favorable à la biodiversité. Il est d’autre part attendu que ces indicateurs signalent des contraintes et opportunités pour le fonctionnement des exploitations agricoles et, ce faisant, qu’ils aident à accéder à des indications en termes de durabilité sociotechnique de l’agriculture. Cette double finalité doit permettre une lecture des interactions entre organisations agricoles et organisations écologiques en termes de tensions ou synergies entre ces deux pôles, à travailler pour proposer des principes d’aide à la gestion adaptative des paysages agricoles. A noter que notre démarche vise à concevoir des indicateurs descriptifs et non normatifs (Heink & Kowarik, 2010), c'est-à-dire des indicateurs permettant de donner une représentation des phénomènes considérés, avec un niveau de qualité qu’il convient d’évaluer par différentes analyses de terrain et/ou de modélisation. Des indicateurs normatifs visent à fournir une évaluation sur la base de valeurs énoncées par des acteurs identifiés en fonction d’objectifs qui leurs sont propres ; la conception et la validation de tels indicateurs requièrent des dispositifs spécifiques où ces acteurs prennent le premier plan.

Dans ce document, nous illustrons ce principe avec la recherche d’indicateurs agro-écologiques aux échelles de l’exploitation agricole, basés sur la description de fragments de mosaïques, qui permettent d’inférer des formes d’interaction entre gestion territoriale de l’exploitation et connectivité biologique pour certaines espèces.

Problématique

Selon les principes de l’Ecologie du Paysage (Burel & Baudry, 1999), nous considérons que les configurations spatiales des mosaïques paysagères ont un rôle clé dans la capacité des espèces à disposer d’habitats appropriés et à circuler (notion de connectivité biologique et de corridor), finalement à se maintenir dans un paysage. Si de nombreux indicateurs écologiques basés sur la description de mosaïques paysagères existent, notamment aux échelles de paysages locaux, ils peinent cependant à rendre compte de la contribution de l’agriculture aux patrons écologiques. En effet le paysage est le produit de multiples activités humaines, processus écologiques, physiques, etc. sur différentes gammes temporelles, et les espèces qui circulent par

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delà les territoires, peuvent répondre à ces dynamiques avec un certain temps de retard ; distinguer ce qui relèvent des activités agricoles actuelles peut être malaisé.

Par ailleurs, le niveau privilégié pour analyser la gestion agricole des terres est en premier lieu l’exploitation agricole, puisque c’est l’unité de base de décision en agriculture. On entend par gestion territoriale de l’exploitation agricole, l’ensemble des modes d’organisation spatio-temporelles des pratiques de gestion du territoire d’une exploitation, recouvrant aussi bien l’organisation de l’utilisation des terres, de la gestion des bordures de champ ou de la circulation agricole. On dispose d’une expérience significative aujourd’hui sur les facteurs, règles de décision et modalités d’organisation relevant de cette gestion territoriale dans les exploitations agricoles (Martin et al., 2006). Par exemple, le rôle du morcellement et de la dispersion (par rapport au siège d’exploitation) du parcellaire dans les choix d’allocation des modes d’utilisation des terres en exploitation agricole, a été particulièrement investigué.

Cependant, l’exploitation agricole est rarement une unité écologique pertinente, ne serait-ce que par ce morcellement et cette dispersion couramment observés de son territoire : les espèces prennent en compte le paysage au-delà du seul territoire d’une exploitation agricole. Par ailleurs, le paysage peut influencer la gestion territoriale de l’exploitation via la structure de son parcellaire, mais aussi en terme d’environnement. Par exemple un environnement paysager très forestier peut être vecteur d’une faune sauvage problématique ou non pour certaines parcelles de cultures de l’exploitation. Un environnement paysager de grandes cultures annuelles peut favoriser les flux érosifs sur certaines parcelles de l’exploitation. Egalement, un environnement paysager de bocage et prairie peut être favorable à la pâture et la protection des animaux sur les parcelles de l’exploitation ainsi enchâssées (protection à la vue, fraîcheur du microclimat, etc).

On voit ainsi que des mosaïques ou fragments de mosaïques paysagères peuvent effectivement être vus comme des médiateurs des interactions entre organisations agricoles et organisations écologiques. Cependant, les interactions entre gestion territoriale de l’exploitation agricole et patrons écologiques via le paysage sont multiples et complexes. Cette complexité, ainsi que la discordance entre territoire d’exploitation agricole et unité écologique fonctionnelle, suggèrent qu’il ne sera pas possible de concevoir un indicateur « mosaïque » dont la qualité descriptive est également optimale pour inférer des modes d’organisation agricole d’une part, les modes d’organisation écologique d’autre part. C’est pourquoi nous avons réfléchi sur la façon de concevoir un ensemble d’indicateurs cohérents, c'est-à-dire que i) chacun donne une qualité d’indication qui soit identifiée par rapport aux deux pôles considérés (« organisation agricole », « organisation écologique »), ii) qu’ensemble ils puissent traduire un gradient de qualité d’indication par rapport aux deux pôles, iii) qu’ils puissent être mis en perspective, voire articulés pour rendre compte au mieux de ces interactions entre ces deux pôles. Cela suppose également qu’ils soient cohérents en termes d’échelles de temps et d’espace, et que l’accessibilité aux données pour les construire soit effective.

Illustration du cadre de construction d’un ensemble cohérent d’indicateurs agro-écologiques « mosaïques » au niveau de l’exploitation agricole

La figure 1 propose une succession de descripteurs de configuration du territoire d’une exploitation, en les positionnant, selon des hypothèses, le long du gradient de qualité de représentation des deux pôles « organisation agricole » (ici, les modes et facteurs d’organisation des activités dans le cadre du fonctionnement de l’exploitation agricole) et « organisation écologique » (ici, la connectivité biologique pour certaines espèces). Ces indicateurs potentiels doivent être validés ; les connaissances dont nous disposons actuellement pour tester leur qualité descriptive est variable d’un indicateur à l’autre et selon le pôle

considéré. Une réflexion est menée également sur la façon de les combiner pour disposer d’un outil d’évaluation qui soit de qualité descriptive et d’opérationnalité satisfaisante.

Les indicateurs positionnés en 1 sur « l’axe - gradient » sont des descripteurs de la dispersion des parcelles d’usage par rapport au siège d’exploitation. Il s’agit de descripteurs synthétiques pour l’ensemble de l’exploitation à partir de métriques de distance euclidienne, ou encore de distance par les itinéraires effectifs. Il a été maintes fois montré la qualité de ce type de descripteurs pour inférer l’organisation des modes d’utilisation des terres dans les exploitations qui fonctionnent sur un modèle « centre-périphérie ». Dans un tel modèle, les activités selon leur type nécessitent différents niveaux de fréquence des allers-retours au siège d’exploitation (suivi/surveillance, allers-retours des vaches laitières pour la traite, etc.). Par ailleurs, ces descripteurs rendent compte des opportunités d’acquisition foncières dans les exploitations agricoles. En revanche, ces descripteurs peuvent donner assez peu d’indications sur la taille et les connexions entre des taches d’occupation ou d’utilisation des terres similaires (un exemple d’indication : les parcelles proches du siège d’exploitation sont également proches entre elles, ce faisant, elles peuvent être clés dans la contribution

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