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de conditions édaphiques ou géologiques particulières, comme dans le cas de la forêt sur silex. Mais ce déterminisme ne peut de nouveau pas être généralisé. Certains liens sont peut-être exclusifs dans un sens mais pas dans l’autre (par exemple une podzolisation a toujours lieu sous de la végétation acidifiante, mais des myrtilles ou des épicéas ne poussent pas uniquement sur des podzosols).

4.7 Conclusion

Les loess

Au fil de ce travail, la présence de matériau allochtone dans la zone étudiée est devenue une évidence. Les loess, que Pochon (1973, 1978) fut le premier à décrire, ont déjà été étudiés par plusieurs auteurs (Adatte, 2000; Bouyer et al., 1978; Havlicek, 1999; Havlicek & Gobat, 1996). Ces limons sont issus de la métamorphie alpine. Erodés par les glaciers du Würm, ils subissent une déflation quand ceux-ci se retirent. Le vent les dépose entre autre sur la chaîne jurassienne, et ce déjà avant la fin de la glaciation würmienne, jusqu’à la disparition totale des glaciers et la colonisation par la végétation. Le dépôt, qui a une épaisseur moyenne de 40 cm, est ensuite redistribué par différents facteurs (l’eau, la pente, la vie). Sur ce substrat allochtone, le développement des sols prend une voie différente de celle de la pédogenèse calcaire à laquelle il faudrait s’attendre dans le Jura. Des mélanges sont possibles, entraînant des conditions particulières mélangeant les caractéristiques des deux voies, acide et calcaire (Havlicek, 1999).

Si ce travail ne présente aucun fait nouveau ou révolutionnaire, il ap-porte encore une fois la preuve, si besoin est, que les loess ont une impor-tance considérable dans l’environnement jurassien. Effectuer des recherches pédologiques dans ces montagnes sans prendre en compte ce facteur ne sem-ble aujourd’hui plus très pertinent. Dans notre cas, l’intérêt pour les loess s’est aussi vu renforcé par la difficile chronologie de mise en place des silex.

En effet, si l’apport éolien est plus ou moins daté à la fin du Würm, le cas des silex n’est pas aussi clair. La présence des limons sous les clastites de silex permet de se faire une idée de ce qui s’est déposé en premier, même si beaucoup d’autres questions se posent encore.

Pour terminer sur les loess, il semble que de plus amples recherches soient nécessaires. En effet, aussi pionniers qu’aient été les travaux de Pochon, cune véritable étude n’est venue les compléter depuis 30 ans. Or, il y au-rait encore beaucoup à faire ! Pochon a identifié plusieurs dépôts de loess,

provenant d’époques et d’endroits différents et ayant une composition dis-tincte. Ces phases spécifiques pourraient être précisées et datées. En recher-chant les moraines d’origine, du Würm ou du Riss et ce peut-être à travers toute l’Europe, il serait ensuite possible de caractériser chaque dépôt. Une base de données regroupant toutes les informations sur les loess et leurs ca-ractéristiques serait sûrement du plus grand usage pour nombre de person-nes !

Conclusions personnelles

Les objectifs de ce chapitre personnel, à savoir la description de la zone, peuvent difficilement être atteints ou ne pas l’être. Un certain nombre de résultats, de faits et d’hypothèses sont présentés dans le but de comprendre comment s’est mis en place ce paysage. Des facteurs prépondérants sont définis et des liens entre eux apparaissent. Les couches du paysages sont étudiées séparément, puis sont confrontées les unes aux autres. Des analyses un peu plus poussées sont effectuées sur les formations superficielles. Toutes ces pièces du puzzle s’assemblent en une hypothèse finale qui conclut ce chapitre, même si de nombreux points pourraient encore être approfondis.

En ce qui concerne les processus du Quaternaire et l’histoire des silex, de premières pistes sont lancées. Cependant, il est encore trop tôt pour tenter une synthèse car d’importants éléments sont dévoilés dans les pages à venir.

Chapitre 5 Pédologie

5.1 Introduction

5.1.1 Définitions

Ce chapitre ne peut commencer sans une certaine définition du "sol". De façon intuitive, c’est là où nous marchons, là où les plantes poussent. C’est d’ailleurs une des définitions du dictionnaire (BORDAS, 1995) qui propose :

"couche superficielle de l’écorce terrestre considérée comme ce qui porte les êtres et les choses". Or cette vision est un peu réductrice quand nous avons à l’esprit, par exemple, l’existence de formations superficielles. Il est possible de trouver, toujours dans le même ouvrage de référence : "partie superfi-cielle de l’écorce terrestre, qui résulte de la transformation de la roche-mère sous-jacente, telle qu’elle a été modifiée par divers processus chimiques et bi-ologiques, au contact de l’atmosphère et en fonction de la végétation". Même si cette définition n’est de loin pas parfaite (nous le remarquerons plus tard), elle confère au sol la possibilité de naître, d’évoluer et de mourir donc de vivre selon une genèse. En résumé, pour avoir un sol il faut une "pédo" (sol)

"-genèse" (naissance, création) (BORDAS, 1995).

Pour affiner cette notion, il est nécessaire de définir quels sont les prin-cipaux facteurs d’évolution. Ils sont de deux types : physiques et chimiques (Duchaufour, 1972). Dans le premier cas, il s’agit par exemple du gel, qui peut fragmenter et redistribuer des objets. Il y a aussi l’eau qui est capa-ble de transporter les particules, et surtout la vie qui brasse l’ensemcapa-ble des horizons de surface, que ce soit par la faune ou par la flore. Pour le second facteur, c’est plus compliqué. Il est impossible de résumer ici les nombreux articles et livres qui parlent de ces phénomènes mais l’eau et le bios jouent un rôle prépondérant. Gobat et al. (2003) proposent dix-sept processus de pédogenèse, qu’ils soient de nature physique ou chimique.

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5.1.2 Intérêts de la zone

L’étude d’une zone calcaire comportant des silex laisse à penser que deux mondes pédologiques doivent s’affronter. D’un côté, il y a le développement de sols où les carbonates dirigent la pédogenèse et empêchent, par exemple, l’acidification du profil (Pedro, 1972). De l’autre, un substrat siliceux permet une évolution vers les sols acides. Dans cette vision, une frontière nette doit délimiter les deux zones et être visible autant du point de vue pédologique qu’au niveau des végétaux calcicoles et calcifuges. Cependant, un autre acteur redistribue les données : le loess (Pochon, 1973). Celui-ci va tamponner le rôle des carbonates en les isolants physiquement des horizons supérieurs.

La richesse des sols ne peut qu’être stimulée par cette diversité géologique.

S’ajoute à cela une topographie accidentée proposant des points bas sous forme de dolines ou de talwegs et des points hauts formés de bosses ou de crêtes. Le régime hydrique du sol est donc variable suivant l’écoulement des eaux.

Dès lors, une typologie précise de l’ensemble des types de sols devient intéressante. Une vision statique de la couche édaphique du site n’est pas suffisante pour comprendre les liens et les rôles des sols dans le paysage.

C’est pourquoi une enquête sur les processus passés et actuels complète la typologie classique des sols.

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