Chapitre 1 : État de l’art sur la modélisation de la dégradation thermochimique de la VI. Conclusion de l’état de l’art La description complète de la dégradation thermique de la biomasse est très complexe. Il s’agit d’un problème multi-composé, multi-phase et multi-échelle. Le bois est un mélange de cellulose, d’hémicellulose, de lignine et d’autres composés. Sa décomposition donne un grand nombre d’espèces liquides, gazeuses et solides. Durant la combustion, ces composés vont subir des réactions secondaires pour donner naissance à d’autres espèces. Nombreux sont les modèles cinétiques de pyrolyse de la biomasse proposés dans la littérature. En général, les modèles cinétiques globaux permettent une certaine compréhension de la cinétique de la pyrolyse de la biomasse, mais sans prédire, en détails, la formation des différents produits. De plus, l’utilisation de ce type de modèles ne permet pas d’avoir d'informations détaillées en termes de voies réactionnelles. Le mécanisme cinétique semi-détaillé développé par l’équipe du professeur Ranzi, peut être considéré comme le modèle le plus sophistiqué à ce jour pour étudier la pyrolyse de la biomasse et prédire les rendements et la composition du gaz, du goudron et des résidus solides produits. Récemment, des modèles mécanistiques ont été développé pour étudier la pyrolyse des constituants de la biomasse notamment la cellulose. Ce type d’approches permet d’obtenir des 69 informations à l’échelle moléculaire et d’identifier les différentes voies de décomposition des polymères constituant la biomasse. Néanmoins, ces mécanismes sont générés par des logiciels et des outils internes, ce qui rend difficile leur utilisation par d’autres chercheurs. Pour prendre en compte l’effet des réactions secondaires en phase gazeuse des composés volatils produits au cours de la pyrolyse de la biomasse, il faut coupler le schéma cinétique de la dévolatilisation aux réactions de décomposition des goudrons primaires. Étant donné le grand nombre de produits formés, des composés modèles ou «surrogates» sont choisis pour représenter les goudrons issus, soit de la pyrolyse de l’holocellulose (LVG, HAA, HMFU, furfural...), soit de la pyrolyse de la lignine (phénol, gaïacol, anisole...). La combustion du bois est peu étudiée dans la littérature, par rapport à sa pyrolyse. Les mécanismes cinétiques d’oxydation de la biomasse proposés sont généralement constitués par une ou plusieurs réactions globales qui ne représentent pas la chimie complexe impliquée par la combustion de la biomasse. Pour prédire avec précision la formation des polluants, il faut faire recours à des mécanismes cinétiques de combustion du bois plus détaillés Différents phénomènes physiques (transfert de chaleur, diffusion, écoulement...) peuvent également intervenir dans la combustion de la biomasse. Un modèle global de combustion de bois nécessite, alors, à la fois un schéma cinétique détaillé et un modèle de transfert thermique. Les approches CFD sont très utilisées dans la littérature, pour étudier l’écoulement au cours de la combustion de la biomasse. Ces approches, gourmandes en temps de calcul, utilisent généralement des mécanismes cinétiques peu détaillés qui ne permettent pas de suivre la formation des polluants. L’approche compartimentale, basée sur le développement des réseaux de réacteurs idéaux équivalents (ERN Equivalent Reactor Network) a été également utilisée pour modéliser la dégradation thermique de la biomasse, notamment au cours de la gazéification. Cette approche qui modélise l’aéraulique dans des systèmes plus au moins complexes d’une façon simplifiée, permet de prendre en compte une chimie plus réaliste. Ce présent travail a pour objectif de développer un modèle global de la combustion du bois dans les appareils de chauffage domestique. Pour ce faire, un modèle cinétique détaillé est développé pour représenter à la fois la dévolatilisation de la biomasse et les réactions secondaires en phase gazeuse des composés volatiles émis au cours de la pyrolyse primaire. Le modèle cinétique de pyrolyse utilisé est celui de l’équipe du professeur Ranzi [82], qui peut 70 être considéré comme le mécanisme le plus complexe à ce jour pour décrire la dévolatilisation de la biomasse. Différents tests sur des points expérimentaux issus de la littérature sont réalisés pour connaître les limitations de ce modèle. La description du modèle de pyrolyse primaire, les hypothèses adoptées et les différents tests font l’objet du chapitre 2. A ce modèle de dévolatilisation, un modèle de pyrolyse secondaire et de combustion est ajouté. Ce modèle est composé essentiellement par des mécanismes d’oxydation des surrogates choisis pour représenter les composés volatils issus de la pyrolyse d’holocellulose (cellulose-hémicellulose) et de la lignine. Le mécanisme global ainsi développé, BioPOx (Biomass Pyrolysis and Oxidation) est validé sur un grand nombre de points expérimentaux de la littérature. La structure de ce modèle BioPOx ainsi que les différents tests effectués sont décrits au chapitre 3. Afin de modéliser la combustion d’une bûche de bois dans un poêle, le modèle cinétique global, BioPOx, est couplé à un modèle de transfert de chaleur simplifié.L’approche ERN, permettant l’utilisation d’une chimie détaillée en simplifiant le modèle d’écoulement, est adoptée au cours de ce travail pour modéliser le fonctionnement d’un insert à bûche, représenté par un réseau de réacteurs chimiques idéaux. Le modèle global qui considère à la fois une cinétique chimique détaillée et le transfert thermique est validé sur des résultats expérimentaux sur les émissions gazeuses obtenues dans un insert à bois. La description du modèle thermique, son couplage avec le modèle cinétique BioPOx, ainsi que la validation du modèle global sont abordés dans le chapitre 4. Chapitre 2 : Modèle cinétique de la Dans le document Modélisation chimique détaillée de la combustion de la biomasse dans les appareils de chauffage domestique en vue de réduire leurs émissions polluantes (Page 94-97)