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Section 1.1 Le positionnement de la théorie des ressources dans la théorie de la firme

1.1.2 La conception de la firme

1.1.2.1 L’objet de la firme

Schumpeter garde pour la firme le même objectif ; à savoir la position de monopole. Mais il se distingue des structuralistes par la manière. Ainsi, l’entreprise est à la recherche d’opportunités par la création et l’adoption de nouvelles manières de produire qui rendront obsolètes les positions des firmes rivales, ce qui réduirait l’entreprise à la vision d’un entrepreneur.

L’efficience est l’objet essentiel de la firme et ce au niveau de sa production et de sa distribution, selon l’école de Chicago.

Selon Coase (1937 ; 1952) l’objet de la firme consiste à s’organiser pour minimiser (voire éviter) les coûts de transaction ; ces coûts sont liés à l’utilisation des mécanismes de prix de marché.

La théorie de l'agence assimile la firme (et l'organisation) à un ensemble de contrats, un nœud de contrats (Jensen et Meckling, 1976).

Edith Penrose (1959) en définissant la firme comme une collection de ressources limite l’objet de celle-ci aux seuls déploiements et combinaisons des intrants au lieu de s’intéresser au problème d’opportunisme (contrairement à la Théorie du coût de transaction ; Williamson et Coase).

La même idée a été partagée et introduite dans le domaine de la stratégie d’entreprise par Wernerfelt (1984). Olavarieta (1996) par exemple définit l’entreprise comme l’ensemble des intrants (ressources) qui vont lui permettre de travailler et de mettre en œuvre ses stratégies.

1.1.2.1 La croissance de la firme

Parlant de la croissance ou la taille de la firme, celles-ci ne sont limitées que par les économies d’échelles comme le préconisaient les néoclassiques (Demsetz, 1972). Selon Bain la principale barrière à la croissance de la taille et de la portée de l’activité des firmes est l’intervention de l’Etat, à laquelle nous pouvons ajouter les ententes entre entreprises du même secteur qui peuvent constituer une autre barrière à cette croissance. En effet les accords d’ententes, affaiblissent la concurrence et peuvent ainsi l’amener à une situation de statu-quo.

La seule motivation pour l’expansion de la firme est le renforcement de la position de monopole, ou à la limite, la prévention contre la prise de pouvoir (monopolistique) d’autres firmes.

Pour Schumpeter la croissance de la firme est tributaire du niveau de son investissement dans « l’innovation radicale ». Or cet investissement nécessite des moyens financiers qui sont faciles à obtenir par les entreprises en monopole, vu leur pouvoir. Ce qui leur confère deux types de pouvoirs (Connor, 1991) :

Un pouvoir de marché ex-ante ; qui leur permet de s’octroyer les ressources nécessaires pour investir dans des projets innovants et risqués.

Un pouvoir de marché ex-post ; qui constitue une motivation pour faire ces investissements.

La croissance de l’entreprise, selon l’école de Chicago, est tributaire des gains de performance dégagés par son efficience. La taille et la portée sont donc déterminées par le niveau de coût (efficience) qu’elle s’est fixé comme objectif (Connor, 1991). Les entreprises les plus efficientes vont donc croître plus vite que celles qui le sont moins, ce qui rendrait le secteur plus concentré.

Dans le cadre de l’économie des coûts de transaction, la firme peut faire appel à l’offre sur le marché si elle estime que c’est le moyen le plus efficient pour répondre à ses besoins. La deuxième alternative consiste à « internaliser » ces coûts par la firme qui va jouer elle- même le rôle du marché. La firme comme le marché, sont deux méthodes alternatives de coordination de la production (Coase, 1937).

La croissance de la firme est tributaire de l’importance des coûts de transactions. Ainsi lorsque l’entreprise dispose de ressources excédentaires1 elle aura le choix entre les vendre sur le marché ou les exploiter en interne. Quand les coûts liés à « l’internalisation » sont moins élevés que ceux liés à « l’externalisation » de ses activités, l’entreprise croît, car elle va opter pour l’internalisation, et elle choisira une stratégie de diversification orientée vers les industries liés aux ressources spécifiques, ce qui permet d’économiser les coûts de transaction (Jon Tae Lee, 2007).

Selon la théorie d’agence la croissance de la firme, en particulier la croissance par diversification et son orientation, dépendra des choix du dirigeant qui optera toujours pour des investissements susceptibles de lui conférer plus de pouvoir.

Ce qui fait que l’investissement en des activités relevant de son domaine de compétences (diversification liée) ne fera que renforcer son enracinement.

L’asymétrie d’information encourage les dirigeants à exploiter les actifs de l’entreprise pour leur propre intérêt et peuvent ainsi opter pour la stratégie de diversification, liée à leur domaine de compétences, comme moyen pour augmenter leur richesse personnelle (Montgomery, 1994).

L’une des hypothèses de base de Penrose (1959) dans sa « théorie de la croissance » de la firme est que l’histoire de celle-ci compte. Ainsi, le profil en termes de ressources qui caractérise l’entreprise n’est autre que la résultante de son passé. L’entreprise s’accroît par le redéploiement des ressources en excès (à cause de l’indivisibilité de celles-ci et du caractère cyclique de la demande), dans d’autres activités (Penrose fait à ce niveau allusion à la diversification et sa direction).

La croissance est donc un processus évolutif basé sur un accroissement cumulatif des connaissances collectives (Penrose, 1959) ou de l’apprentissage des ressources (Mahoney, 1995). Ce processus permet d’accroître les connaissances en ce qui concerne les ressources de la firme, toutes les deux vont collaborer à la création de nouvelles options d’expansion et au renforcement de la capacité d’absorption (Cohen et Levinthal, 1990).

En réponse à l’école de Chicago, Penrose avance que : « La rentabilité, la survie et la

croissance de la firme sont dépendantes beaucoup plus de son habilité à établir une ou plusieurs « bases », relativement imprenables, lui permettant d’adapter et d’étendre ses opérations dans un monde concurrentiel incertain et changeant, que de l’efficience à organiser la production d’une gamme très large de produits ».

Selon Wernerfelt (1989), la croissance de la firme se trouve contrainte par ses ressources clés telles que ; (1) l’insuffisance des travailleurs et d’intrants physiques, (2) l’insuffisance des ressources financières (3) le manque d’opportunité d’investissement adéquat et (4) le manque de capacités « managériales » suffisantes.

Néanmoins, Penrose (1959) considère que la croissance de la firme ne sera limitée qu’à long terme et ce par les ressources internes de management (en faisant allusion aux dirigeants) ; C’est ce qu’on appelle « l’effet Penrose ». Cet effet suggère que lorsqu’une entreprise suit une croissance rapide durant une période, elle doit tendre à la ralentir la période suivante.

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