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Les espaces

II.2. L’impact du numérique dans la conception fonctionnelle et spatiale des BU

II.2.3. Un concept difficile à s’approprier

Il ressort assez clairement que le concept de learning centre n’est pas toujours bien compris de notre public. « C’est une innovation qui peine à passer dans les mœurs » dit un enseignant interrogé. « Que manque-il au juste au SCD de mon établissement pour pouvoir

être considéré comme un learning centre ? », s’interroge un vice-président. « Le projet de

learning centre : son centre, c'est quand même la bibliothèque », précise une directrice de SCD. À travers ces remarques, il convient de reconnaître que le concept de learning centre reste flou dans l’esprit de certaines personnes rencontrées. Plus surprenant, ces dernières ne parviennent pas à dire si l’espace documentaire dont elles parlent est, ou n’est pas, un

learning centre. En a-t-il d’ailleurs l’apparence ? Dispose-t-il de toutes les caractéristiques ?

Un vice-président affirme par exemple qu’un « learning centre n’est rien d’autre qu’une

bibliothèque qui a évolué en interne ». Preuve que, dans son esprit, c’est une vision assez

vague qui domine.

Le learning centre est ici perçu comme le résultat d’une évolution, sans plus de précisions. Il aurait pu être attendu que les sondés se prononcent sur la fonction d’un learning centre, la plus-value qu’il apporte, son infrastructure, sa spécificité, son fonds documentaire, l’atmosphère qui y règne... C’est plutôt une perception très syncrétique qui domine. Ce n’est donc pas tant sa fonction globale qui échappe à leur perspicacité que les éléments qui le caractérisent ; ceux précisément qui permettent de dire si l’objet dont ils parlent peut être, ou non, considéré comme un learning centre. Sur cette même question, mais cette fois mise au conditionnel (c’est-à-dire sur ce que le learning centre devrait être et les fonctions qu’il devrait assurer), des éléments plus fins se dégagent. Par exemple « qu’un learning centre

devrait impliquer plus étroitement des personnes extérieures au SCD » nous laisse entendre

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étudiants et être tourné vers des pratiques innovantes […] avec un accent mis sur l’assistance à l’usager » ajoute une bibliothécaire. Voilà quelques-uns des éléments relatifs à « ce qu’il

devrait faire ». Par ailleurs, les fonctions ou « missions » des learning centres apparaissent différentes en fonction des régions : « Il y des learning centres, comme celui de […] par

exemple, qui sont très centrés sur l’entreprise et l’innovation et d’autres, comme celui de […] qui est perçu comme très centré sur la pédagogie ». Ce serait parce que « les instigateurs ont fait le choix, dès le début, d’une pédagogie réellement humaine …» (directeur de BU).

Le learning centre offre un espace quelque peu différent. Il a vocation à être plus fédérateur encore qu’une BU. L’un des projets de learning centre a pour objectif « de

rassembler en un seul et même lieu la recherche documentaire, l’apprentissage des langues (le Centre de Langues en Autoformation Multimédia – CLAM) et les TIC (technologies de l’information et de la communication). D’autres services tels que le service universitaire de l'action culturelle (SUAC) ou le service d’information et d’orientation (SIO) pourront également s’y ajouter. Ce concept innovant favorise le travail collaboratif et le partage des savoirs et des ressources. Il place en effet les bibliothèques au cœur du processus éducatif, où l’étudiant est l’acteur principal de son apprentissage »20.

Une des représentations partagées par la majorité des personnes interviewées est qu’un

learning centre est résolument tourné vers les nouveaux usages des étudiants et les pratiques

pédagogiques innovantes.

Au cours de ces entretiens, est également évoquée, par plusieurs enseignants et quelques VP-CFVU, la question de la plus-value apportée par les learning centres en comparaison de ce que peuvent offrir notamment les SCD. Ils ne comprennent pas bien, concrètement, les objectifs visés. Ils se disent aussi assez peu informés de ce que leur université projette de faire dans ce domaine, tout en reconnaissant qu’ils n’ont plus trop le temps de participer aux réunions traitant de cette question. Pour les personnels des SCD, le ressenti est identique. Ce constat majoritaire provient en particulier d’établissements universitaires dans lesquels le

learning centre n’est qu’une perspective, sans ancrage concret, et dont la réalisation n’est pas

imminente. Dans d’autres établissements, plus minoritaires, l’objectif de créer un learning

centre et sa plus-value potentielle sont connus sans qu’ils ne soient pour autant décrits avec

beaucoup plus de détails.

Il semblerait donc qu’il y ait une assez forte corrélation (assez attendue) entre la connaissance de ce qu’un learning centre est susceptible d’apporter avec l’état d’avancement du projet. Toujours en lien avec les initiatives en cours de réalisation, il est également constaté que plus les personnes interrogées sont impliquées dans les projets de learning centres, plus elles fréquentent régulièrement les réunions traitant de cette question et plus la connaissance qu’elles en ont est précise. Si ce résultat est, somme toute, assez intuitif, l’intérêt d’en faire état ici est de pouvoir le confirmer par une analyse fine du contenu. La perception des acteurs à propos des learning centres est donc relativement différente d’un établissement à un autre et

20 La Région Alsace participe à la construction de la bibliothèque universitaire « Learning Center » sur le

campus de l’Illberg à Mulhouse. Source :

http://www.region.alsace/sites/default/files/fichier_joint/compresse/05_15_cpresse_bibliotheque_universitaire_il lberg.pdf

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les deux éléments clivants seraient d’une part l’état d’avancement du projet et d’autre part, le degré d’implication des acteurs dans ce projet.