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PARTIE 3 INTERVENTION SUR LE TERRAIN DE STAGE

1. L E CONTEXTE DE POLITIQUE LINGUISTIQUE

3.2. Compte rendu de l’entretien

Dans ce compte rendu, les titres des sous-parties reprennent les rubriques de mon guide d’entretien ainsi que les questions qui leur sont associées.

3.2.1. La motivation

3.2.1.1.

Pourquoi les apprenants ne seraient-ils pas motivés ?

L’enseignante de FLE m’expliqué que ce n’était pas uniquement dans son cours que les apprenants ne seraient pas motivés. Elle en avait déjà discuté avec ses collègues et le

Head Teacher. Le Head Teacher a reconnu lui-même qu’il était difficile de motiver les

apprenants, surtout en classe de langue. Selon ma tutrice de stage, leur manque de motivation est dû à plusieurs facteurs. Tout d’abord, elle pense que les apprenants ont déjà trop de cours et qu’ils ont beaucoup de devoirs dans les autres matières. Elle croit donc qu’ils ont trop de pression sur eux. De plus, les apprenants restent dans l’enceinte de l’école pendant huit ou dix heures par jour selon la nationalité des élèves. À cause de la chaleur, ils sont en général fatigués, ils n’ont alors pas envie de travailler.

Ensuite, l’apprentissage d’une langue étrangère en plus de l’anglais leur est imposé. L’anglais est déjà une deuxième langue pour eux. Les étudiants non laotiens essayent aussi d’apprendre le laotien pour mieux s’intégrer. Toujours selon l’enseignante, donner deux heures d’une autre langue étrangère est peut-être de trop. Qui plus est, le choix de langue est restreint à trois langues. Certains n’ont pas eu la possibilité d’aller dans la classe de leur choix car il n’y avait plus de place dans celle-ci.

Ma tutrice a aussi évoqué leur rapport à la langue française. D’après elle, le français ne les intéresserait pas. Ils voudraient apprendre le chinois et le japonais qui sont des langues plus utilisés en Asie du Sud-Est. Ils ne comprendraient pas la pertinence du français. Un de ses élèves lui a dit que son père détestait les Français. Cet élève, suivant les représentations de son père, disait lui aussi qu’il n’aimait pas les Français. Pour l’enseignante, c’était un

Ma tutrice m’a dit que si les apprenants n’avaient pas envie de travailler, c’est aussi parce qu’ils ne voulaient pas suivre le cours de français. Certains apprenants ont fait savoir à l’enseignante qu’ils n’étaient pas dans sa classe par choix. Elle m’a expliqué que le contexte sociolinguistique aurait une influence sur la motivation des élèves. En effet, ces derniers auraient préféré être dans la classe de chinois ou de japonais car d’après elle et comme je l’ai souligné lors de la présentation du contexte de stage, ce sont des langues qui auraient plus d’utilité pour les Laotiens. Par contre, les Laotiens éprouveraient peu d’intérêt à parler français car ce n’est plus une langue très utilisée au Laos. Bien qu’elle n’ait aucun moyen de le prouver, elle croit que les parents d’élèves aussi préfèreraient que leurs enfants apprennent le chinois ou le japonais. L’enseignante pense que parmi tous ses apprenants, soit une soixantaine d’adolescents, il n’y en aurait qu’une dizaine au maximum qui suivrait son cours par choix.

Enfin, elle pense aussi que ce serait peut-être dans leur culture. Les Laotiens seraient de nature passive. Entendre ses collègues enseignants de géographie et de mathématiques dire que ses élèves sont peu motivés et passifs pendant leurs cours est rassurant pour elle car elle se dit que ce n’est pas sa faute. Selon elle, les apprenants ne seraient donc en général actifs que dans très peu de cours.

3.2.1.2.

Ont-ils déjà été motivés ?

L’enseignante n’a pas vu ses apprenants motivés très souvent. Un de seules fois où elle a vu les apprenants motivés était durant la sortie scolaire. Ils étaient allés manger une galette des rois dans un café appartenant à un boulanger français. Avant de pouvoir manger les pâtisseries, ils devaient écouter le boulanger expliquer comment faire une galette, puis écrire la recette sur une feuille. Les élèves, en particulier la classe de la 3e, ont été très attentifs et ont bien travaillé. Ma tutrice de stage m’a expliqué que les apprenants étaient très gourmands. Selon elle, s’il y a de la nourriture à la clé, les apprenants seraient motivés. D’ailleurs, elle aurait aimé faire un atelier cuisine mais l’école n’est pas assez équipée. En classe, l’enseignante a eu l’occasion de voir les apprenants motivés lorsqu’elle fait des jeux. Néanmoins, elle ne peut pas faire des jeux tout le temps car non seulement elle manque de temps mais aussi, comme le reflète le questionnaire, le ludique ne plait pas à tout le monde.

3.2.2. Le jeu en classe de langue

Ma tutrice de stage a dit essayer de faire des jeux souvent pour attirer l’attention des apprenants et les rendre plus actifs. Elle a remarqué qu’ils ont tendance à plus participer pendant ce type d’activité. Elle a fait de toute sorte de jeux en classe : pendu, bingo, jeux de société, memory, petit bac, tabou. En général, elle fait des jeux soit en début de cours en guise de révision, soit en fin de cours en guise de mise en pratique des notions venant juste d’être traitées en classe. Elle choisit les activités ludiques en fonction de leurs intérêts mais surtout en fonction des objectifs pédagogiques. Elle garde toujours en tête que les jeux doivent être constructifs. Il ne s’agit pas seulement de trouver un moyen de rendre les apprenants heureux en classe. Il est indispensable qu’à la fin du jeu, ces derniers aient appris quelque chose.

4. Synthèse des données

En utilisant des outils d’enquête variés, j’ai pu récolter plusieurs données en lien avec mon objet d’étude. Cette diversification d’outils m’a permis de collecter des informations auprès de sources différentes et donc d’avoir le point de vue de tous les acteurs sur deux thèmes qui sont au cœur de mon mémoire : la motivation et le jeu. À présent, il serait pertinent de faire des liens entres les données recueillies à l’issue de l’observation de classe, du questionnaire et de l’entretien.