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PARTIE 3 INTERVENTION SUR LE TERRAIN DE STAGE

1. L E CONTEXTE DE POLITIQUE LINGUISTIQUE

1.3. Compte rendu des observations

J’ai noté plusieurs points intéressants pendant la période d’observation de classe. Cependant, dans le cadre de mon étude, je ne vais aborder que les éléments qui me seront utiles pour mon projet de conception.

1.3.1. Les langues utilisées en classe de FLE

Dans la salle de classe, la langue la plus utilisée est l’anglais. La plupart des apprenants parlaient anglais entre eux. Les apprenants s’adressaient à ma tutrice le plus souvent en anglais mais parlaient parfois en laotien. L’enseignante utilisait le laotien seulement pour réprimander les élèves. Le reste du temps, elle passait par l’anglais pour donner des ordres et expliquer la leçon. Lorsqu’elle donnait les consignes, elle les disait d’abord en français puis en anglais. Pour ce qui est du lexique, elle évitait la traduction en utilisant des flashcards ou en faisant des gestes. Pour la grammaire, elle utilisait du métalangage anglais pour expliquer les notions. Elle essayait d’utiliser le moins possible le

laotien car d’une part c’était déconseillé par l’établissement et d’autre part tous les apprenants ne parlaient pas cette langue. Elle passait tout de même par cette langue pour la phonétique. En effet, elle comparait les sons français à des sons laotiens pour aider les élèves laotiens à mieux prononcer les mots. Pour les apprenants non laotiens, elle essayait de faire des comparaisons avec des mots anglais.

1.3.2. Les modalités de travail

L’enseignante concevait une séquence différente pour ses quatre groupes de niveau. Elle donnait le même cours à un même groupe de niveau, quelle que soit leur classe. Elle proposait donc les mêmes tâches et utilisait les mêmes supports pour toutes ses classes, de la 6e à la 2nde. L’ordre dans lequel les activités étaient proposées et les modalités de travail étaient aussi les mêmes. Le cours de 6e était légèrement différent. Elle a fait des activités ludiques avec ces dernières alors qu’elle n’en a pas fait avec les autres classes.

Pendant les cours que j’ai observés, ma tutrice de stage privilégiait le travail en groupe-classe et le travail individuel. J’entends par « groupe-classe », l’ensemble des apprenants d’un même groupe de niveau et non l’intégralité des élèves de la classe. J’utilise ici ce terme par opposition à « travail en groupe ». La phase de repérage se faisait avec tous les apprenants d’un même groupe-classe. Les exercices de systématisation se faisaient individuellement.

1.3.3. Des apprenants passifs

Avant mon arrivée au Laos, ma tutrice et moi avions échangé quelques emails. Elle m’avait prévenue que les apprenants ne seraient pas motivés. Une de mes interrogations principales était donc de voir comment pouvait se refléter ce manque de motivation.

J’ai trouvé les apprenants très passifs. Ils semblaient ne pas avoir envie d’étudier. Ainsi, dans la classe de 6e, lorsque l’enseignante leur posait des questions, personne ne répondait. Je pense qu’elle a tenté de les stimuler en leur demandant par exemple de se lever pour faire une activité mais personne n’a réagi. Elle les a donc laissé faire l’activité assis.

Dans toutes les classes, le taux de participation était très faible. L’enseignante posait des questions à tout le groupe en espérant une manifestation de la part d’au moins un élève. Face au grand silence des élèves, elle devait interroger individuellement les apprenants. Si elle le ne faisait pas, le cours n’aurait peut-être pas avancé très rapidement. Je pense qu’une des raisons du manque de participation était que les apprenants ne comprenaient pas ce qu’on

attendait d’eux du fait de la langue utilisée. Ils semblaient perdus. Ils semblaient aussi ne pas avoir envie d’étudier. J’ai par exemple vu des élèves faire des dessins sur leur cahier au lieu d’être attentifs au cours.

Le manque de motivation pour effectuer les tâches demandées a entraîné quelques débordements. J’avais l’impression que plusieurs apprenants cherchaient une excuse pour ne pas travailler. Ils disaient avoir envie d’aller aux toilettes ou avoir oublié du matériel scolaire dans leur casier. L’enseignante leur donnait donc l’autorisation de sortir mais ils pouvaient mettre jusqu’à dix minutes pour revenir. Au lieu de faire leur fiche d’exercices, j’ai vu des élèves bavarder, se maquiller, se prendre en photos. Les fiches d’exercices (voir annexe 2), entièrement fabriquées par l’enseignante, ne me paraissaient pas exhaustives. En effet, les exercices proposés (deux exercices de traduction et un exercice de conjugaison) me semblaient être plutôt courts. Pour le cours correspondant à cette fiche, l’enseignante leur avait laissé une heure et demie pour la compléter mais très peu de personnes l’ont finie.

1.3.4. Le ludique en classe de FLE

J’ai pu voir également une activité ludique que l’enseignante a proposée à sa classe de 6e. Le jeu étant le thème central de mon projet de conception, il était important de bien

observer cette activité car cela pouvait me donner quelques pistes, notamment sur la façon dont le jeu est introduit en classe.

Les conditions d’enseignement n’étaient pas faciles pour cette classe. En effet, le cours avait lieu le vendredi après-midi. Les élèves affirmaient être trop fatiguées pour apprendre le français. De plus, notre salle de classe était au-dessus du gymnase de l’école. Pendant l’heure de FLE, le gymnase servait de salle de répétitions pour la troupe de musique de l’école. Ils jouaient du tambour. Le son des tambours était très fort si bien que les apprenantes avaient des difficultés à s’entendre parler. Elles n’étaient alors pas motivées pour travailler. Elles réclamaient des jeux. L’enseignante a accepté de faire un bingo en fin d’heure. Pour cette activité, les apprenantes étaient très excitées. On pouvait les voir sourire et sauter de joie lorsqu’elles gagnaient. D’après ce que j’ai vu, elles semblaient aimer l’activité en cours. Elles étaient plus motivées pour jouer au bingo que pour travailler directement sur la grammaire française.

2. Enquête auprès des élèves

Après avoir effectué mon observation de classe, je désirais recueillir plus d’informations sur les apprenants. Pour faire cela, je leur ai fait remplir un questionnaire sur le rapport à l’apprentissage du français (voir annexe 3). Le but était d’avoir leur point de vue sur le cours de FLE. À travers ce document, je cherchais à connaître les motivations des élèves, leur rapport à l’apprentissage du FLE et leurs intérêts pour les jeux. Ce questionnaire me semblait être un outil pertinent pour récolter des informations d’une source que je considérais « sûre ». En effet, qui mieux que les apprenants eux-mêmes saurait ce qu’ils aimaient et ce qui les motivaient ? Les données que je m’apprêtais à recueillir étaient cruciales pour la bonne réalisation de mon projet.