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2.6 Variables cataclysmiques

2.6.3 Composantes de l’émission

2.6.3.1 Le disque d’accrétion

Le disque d’accrétion peut être modélisé simplement par une succession d’anneaux ayant une

émission de corps noir à différentes températures, qui sont croissantes lorsque l’on se rapproche de

la naine blanche (La Dous 1989). Selon ses rayons intérieur et extérieur, ce disque émet de

l’infra-rouge à l’ultraviolet lointain, voire jusqu’aux rayons X mous (Warner 1996, §2.6). Le disque

d’ac-crétion est la principale composante de l’émission ultraviolet des variables cataclysmiques (p.ex.

Godonet al. 2008). Un spectre simulé de l’émission de ce disque est reproduit à la Figure 2.10.

A cause de la contribution du disque d’accrétion dans le visible, la position sur le diagramme HR

d’une variable cataclysmique est à gauche de la séquence principale (plus bleue et plus chaude).

FIG. 2.10– Spectres du disque d’accrétion d’une variable cataclysmique. Les spectres correspondent

à différents taux d’accrétion : (1) 10−7, (2) 10−8, (3) 10−9Man−1. (La Dous 1989)

Ce disque d’accrétion est une composante importante des systèmes non-magnétiques, ainsi que

des polaires intermédiaires. Les systèmes de type AM CVn semblent posséder un disque

d’accré-tion, cependant il est constitué principalement d’hélium, de carbone et d’oxygène (p.ex. Nelemans

2005).

2.6.3.2 La couche limite

La matière tombe sur la naine blanche au niveau de la couche limite, où l’énergie cinétique est

convertie en rayonnement X. Cette émission a été modélisée par Patterson & Raymond (1985a,b)

et est illustrée à la Figure 2.11.

Le plasma optiquement fin (points dans la Figure 2.11) émet un rayonnement continu de

frei-nage (bremsstrahlung) d’une températureT108K (kT 10 keV) et le plasma optiquement épais

(zone ombrée) émet comme un corps noir à une températureT (13)×105K. Ce modèle

per-met de rendre compte globalement de l’émission X des variables cataclysmiques du voisinage du

Soleil (Patterson & Raymond 1985a).

Les quasi-novae ont un fort taux d’accrétion et correspondent au cas (a) de la Figure 2.11 et

les novae naines en quiescence correspondent au cas (b). L’émission des quasi-novae semble donc

plus molle en X que celle des novae naines et est en partie décalée vers l’ultraviolet et le visible

à cause de l’émission de type corps noir, ce qui semble être le cas dans les observations ROSAT

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FIG. 2.11– Représentation de la couche limite dans une variable cataclysmique pour un taux

d’ac-crétion fort (a) et faible (b). (Patterson & Raymond 1985a)

(Verbuntet al.1997 ; Motchet al.1996). Une composante de rayons X durs est cependant attendue

par le plasma optiquement fin d’une couronne dans tous les cas (Patterson & Raymond 1985a).

2.6.3.3 Éruptions de nova naine en X

L’émission X est aussi affectée par ces éruptions (Warner 1996, §3.3.6). Le milieu devient en

effet optiquement épais lors de la phase d’éruption et l’émission X est donc plus molle et

ther-malisée. En moyenne, il y a trois fois moins d’émission de X durs par rapport à l’état quiescent.

Cependant, dans la progression de l’éruption, le flux X peut augmenter d’un facteur 5 avant d’être

atténué lors du maximum de luminosité dans le visible, comme c’est la cas pour SS Cyg (Wheatley

et al.2003 ; Warner 1996, §3.3.6). La nova naine YZ Cnc présente une anticorrélation marquée

entre le flux X et le flux dans le visible lors d’éruptions successives (Verbuntet al.1999).

En général, les variations de flux X d’un facteur 5 à 10 sur une échelle de temps allant de

plusieurs heures à plusieurs jours sont associées à des éruptions de nova naine (Wheatley et al.

2003 ; Baskillet al.2005). Cependant, ce genre de variation en X peut aussi être observée pendant

l’état quiescent de quelques variables cataclysmiques (Baskillet al.2005).

2.6.3.4 Choc à la surface des pôles magnétiques

Pour les polaires, le flot d’accrétion est guidé par le champ magnétique directement jusqu’aux

pôles magnétiques, comme cela est représenté à la Figure 2.12 (Warner 1996, §6). L’émission X

contient principalement deux composantes : une émission de rayons X durs de type bremsstrahlung

à la températureT 3×108K (kT 30 keV) et une émission absorbée et ré-émise par la surface

de la naine blanche sous la forme d’une émission de corps noir de températureT 4×105 K,

dans l’ultraviolet ou les X mous (Warner 1996, §6). Les polaires présentent un déficit d’émission

en ultraviolet et dans le visible d’un facteur 100 environ, dû à l’absence de disque d’accrétion (p.ex.

Webbet al.1999 ; Warner 1996, §6).

FIG. 2.12– Représentation du choc aux pôles magnétiques d’une variable cataclysmique magnétique.

(Patterson 1994)

Pour les polaires intermédiaires, le disque d’accrétion peut être simplement tronqué et

l’émis-sion est due au disque d’accrétion, à la couche limite de ce disque (à une certaine distance de

la naine blanche) et aux chocs au niveau des pôles magnétiques (Patterson 1994, p.ex.). Le flot

d’accrétion prend la forme de rideaux d’accrétion. Cette géométrie particulière pourrait expliquer

l’excès d’émission de rayons X mous dans certains systèmes, qui serait ré-émise par la surface de

la naine blanche et qui serait visible ou non selon l’inclinaison du système (Evans & Hellier 2007).

2.6.3.5 Autres composantes

L’étoile compagnon, de type tardif émet principalement dans l’infrarouge et le visible (voir

§1.1.3.2). C’est la composante principale de rayonnement dans ces domaines, où l’on peut détecter

les raies caractéristiques de la secondaire et déterminer son type (p.ex. Webbet al.2002b ; Warner

1996, §2.9.4).

Dans les systèmes où la naine blanche est visible directement, comme les polaires et polaires

intermédiaires, son émission de type corps noir à des températures de l’ordre de 104−105 K

(Ostlie & Carroll 1995, §15) peut contribuer à l’émission globale dans l’ultraviolet et le visible

(p.ex. Mateo & Szkody 1984).

Le flot d’accrétion de l’étoile compagnon vers la naine blanche rejoint le disque d’accrétion

avec une vitesse supersonique en un point chaud. Ce point chaud pourrait dans certains cas émettre

autant voire plus que les autres composantes dans le visible et même atteindre une température

suffisante pour émettre dans l’ultraviolet (Warner 1996, §2.4.3). Dans les systèmes à éclipses, la

contribution du point chaud peut être observée et séparée du reste de l’émission (Warner 1996,

§2.4.3).

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2.6.3.6 Luminosités X

L’émission X est localisée dans l’environnement proche de la naine blanche, comme on peut

le constater pour les systèmes à éclipses (Wheatley & West 2003). Ce sont donc la couche limite

ou les chocs au niveau des pôles magnétiques de la naine blanche qui sont la principale origine du

rayonnement X.

La luminosité des variables cataclysmiques en X varie de 1029 à 1033 erg s−1 pour les objets

détectés avec ROSAT (0,52,5 keV, Verbuntet al.1997). La luminosité X des objets de type AM

CVn semble toutefois en général plus faible que pour les autres classes, inférieure à 1031 erg s−1

(Ramsayet al.2005). L’émission X des polaires intermédiaires (DQ Her) semble par contre plus

importante en moyenne, en général entre 1031et 1033erg s−1(Verbuntet al.1997).