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2.5 Le Temps dans le programme en univers social au premier cycle du

2.5.3 Les composantes de la compétence

Dans le programme, la compétence est découpée en composantes (voir figure 4 qui suit). Il faut envisager les composantes de compétence comme des « démarches jugées essentielles à son développement ou à son exercice » (MEQ, 2001, p.9).

À la lecture des composantes de la compétence, nous retrouvons concordances avec les éléments essentiels de l’apprentissage du temps définis par Grossin (1996) et annoncés ci-dessus, ainsi qu’avec les composantes du temps historique déterminées par les chercheurs québécois cités.

Isolons la composante de compétence « Reconnaître des caractéristiques d’un groupe en tant qu’organisation sociale », nettement orientée vers le concept de société, et penchons- nous sur les quatre autres composantes.

Figure 4 : les composantes de compétence(MEQ, 2002, p. 167)

Il est intéressant de s’arrêter un instant sur l’organisation des composantes autour de l’anneau central de la compétence : cette disposition pourrait nous sembler « aléatoire », et même si nous savons que les concepteurs du programme l’ont voulu ainsi pour souligner la synergie entre elles (MEQ, 2001). Mais, nous souhaitons offrir à cette organisation un point de départ. En effet, il nous semble impossible d’approcher les composantes de compétence « évoquer des faits de la vie quotidienne d’ici et d’ailleurs, d’hier et d’aujourd’hui » et « explorer des paysages d’ici et d’ailleurs, d’hier et d’aujourd’hui » sans avoir abordé au préalable (ou sans aborder conjointement) la composante « se repérer dans l’espace et dans le temps ». De la même façon, il nous semblerait difficile de « comparer des paysages et des réalités sociales d’ici et d’ailleurs, d’hier et d’aujourd’hui », sans avoir « évoqué » et « exploré » les éléments sujets à comparaison. Ainsi, nous pourrions envisager de progresser en trois étapes plus ou moins successives :

- Se repérer dans le temps ;

- Évoquer des faits de la vie quotidienne d’hier et d’aujourd’hui ; - Comparer des réalités sociales d’hier et d’aujourd’hui.

Bien sur, il est possible d’aborder ces composantes de façon simultanée (ex : en évoquant un fait de la vie quotidienne d’hier, nous le repérons dans le temps), mais nous insistons

sur le fait que les deux dernières dépendent de la première et que la dernière dépend des deux précédentes.

Le concept de temps (comme celui d’espace) se lit donc à travers ces composantes avant tout comme un outil de repère (de l’individu, mais surtout d’une société). C’est par sa capacité à « se repérer dans le temps » grâce aux outils (calendrier et ligne du temps) dont il va apprendre la « lecture » comme la « construction », que l’élève pourra apprécier le temps identifié comme « hier » versus le temps identifié comme « aujourd’hui » des réalités sociales et paysages évoqués dans les composantes. Si nous nous référons au point « Explicitation » du texte intitulé « Sens de la compétence » (MEQ, 2001, p.166), dès les premières lignes, cette idée nous est précisée : « (…) c’est apprendre à lire et visualiser une réalité spatiale et temporelle ». Or, « lire » comme « visualiser » une « réalité » (temporelle), ne peut se faire sans une mise en contexte (temporelle) de cette réalité. Et cette « mise en contexte » ne peut se faire sans repères ! De plus, la suite de la phrase du texte d’explicitation va dans le sens de la nécessité d’une priorité à accorder, selon le programme, à la maîtrise des outils de repérage et de mesure du temps : « Cela implique l’appropriation et la maîtrise d’outils de représentation de l’espace et du temps » (MEQ, 2001, p.166). Cependant, nous ne devons pas oublier qu’il ne s’agit pas de réduire la compétence à l’apprentissage de la maîtrise d’outils pratiques. À partir de « l’appropriation et de la maîtrise » des outils de repérage (temps conçu), l’élève pourra alors exprimer son vécu (temps vécu) et découvrir celui des autres (temps historique), en évoquant et explorant des faits de la vie quotidienne et des paysages dans une perspective de comparaison.

Quels sont ces outils et dans quelles perspectives doivent-ils être utilisés ? C’est ce que les savoirs essentiels nous précisent.

2.5.4 Les savoirs essentiels

À la lecture des savoirs essentiels, ce qui nous surprend avant tout, c’est l’utilisation du terme « connaissances » pour définir ce qui serait plutôt de l’ordre de « pistes » pour aborder les différents concepts, de points d’ancrage pour travailler les composantes… En effet, si nous prenons pour définition de « connaissance » : « ce que l’on sait pour l’avoir appris » (Le Robert Micro, 1998), qui serait la définition adoptée par le sens commun, tout autant que par l’ensemble du système éducatif, il semble évident que, par exemple, « les traits physiques à différents âges de la vie » sont difficilement qualifiables de « connaissances » !

En revanche, ces « points d’ancrage » nous guident vers ce qui, dans la vie de l’élève, pourrait être utilisé pour travailler la compétence « méthodique » à développer (comparer), ainsi que la capacité à « se repérer dans l’espace et le temps » (MEQ, 2001) tout comme les techniques rattachées à l’utilisation et à la construction des outils relatifs à ces concepts.

Quelles sont ces « connaissances » (ou points d’ancrage) ?

- Des « faits » (« de la vie de l’élève » et « de celle de ses proches », MEQ, 2001), à « évoquer » et « comparer », mais aussi et surtout à « situer » sur une « ligne du temps » ou un « calendrier », les deux « techniques relatives au temps » (MEQ, 2001) que le programme prévoit.

- Des « personnes », dont il s’agira d’observer les « traits physiques à différents moments de la vie », leurs « activités à différents âges de la vie » et les « objets utilisés couramment » (MEQ, 2001, p.168). Tout cela dans une perspective à nouveau de comparaison, d’identification du changement, orientée sans doute vers l’idée d’évolution…

- Des groupes (prémisses au concept de société) « auxquels l’élève appartient ». L’élève est invité à en décrire les « membres », leurs « besoins » et « l’interdépendance dans leur satisfaction » ainsi que les règles communes de fonctionnement.

À ces « connaissances » donc, sont associées des techniques. Nous l’avons évoqué plus haut, les deux « techniques relatives au temps » que le programme prévoit de travailler sont « la ligne du temps » et le « calendrier » (MEQ, 2001, p.168). L’élève, au cours du premier cycle du primaire, devra en faire la « construction », la « lecture » et, nous l’avons déjà dit, y « situer des faits de sa vie et de celle de ses proches » (MEQ, 2001, p.168) ; il en utilisera « les repères », et fera, à partir d’eux, du « calcul de durée ». Soulignons que nous sommes étonnée de ne voir aucune remarque au sujet de la lecture de l’heure, sans doute envisagée comme du ressort de la famille…

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